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Faut-il fermer les écoles ?

Vendredi 26 mars au soir, Jean-Michel Blanquer a annoncé un protocole sanitaire renforcé alors que la situation épidémique est dramatique dans de nombreux établissements, en particulier en Île-de-France. Effectivement, en Seine-Saint-Denis de nombreux établissements se retrouvent dans des situations de clusters, sans que le gouvernement ne daigne faire quoi que ce soit en dehors des effets dannonces...

On le sait depuis plusieurs semaines maintenant : la situation épidémique dans de nombreux départements de France est devenue incontrôlable. Samedi 27 mars, en Seine-Saint-Denis (le département le plus touché en France métropolitaine), le taux dincidence était de 777,7 pour 100 000, alors qu’au pic de l’épidémie de seconde vague en novembre, il ne dépassait pas 570. Depuis quelques semaines, mais plus encore ces derniers jours, les chiffres de lÉducation nationale montre une augmentation croissante des taux de positivité dans les écoles : on a vu saccroître le taux dincidence, sur la tranche d’âge 0-14 ans, de 31% la semaine dernière. Ce nest un secret pour personne, bien que le gouvernement ait essayé de nombreuses fois de faire croire le contraire, le virus circule bien dans les écoles.

Des droits de retrait et de la colère

Dans nombre d’écoles, de collèges et de lycées cest en réalité une situation de cluster qui a été mise à jour. Un pourcentage allant de 10 à 40% des enseignantEs testés positifs, de nombreuses classes en éviction, l’éviction des personnels cas contacts et souvent aucun remplacement prévu. C’est comme cela quon se retrouve avec des classes bondées dans les écoles, les élèves de certaines classes étant répartis quand leur professeurE manque à l’appel. En collège et en lycée, le manque deffectif est criant, alors que le climat est anxiogène.

Blanquer a proposé au rectorat, dans ses annonces vendredi soir, de recruter plus de remplaçants. Plus de contrats précaires donc à envoyer dans les établissements les plus touchés par le covid, qui se retrouvent aussi être dans les endroits les plus pauvres. Parce que lon sait que cest dans ces établissements que les protocoles sanitaires sont plus que jamais impossibles à appliquer, parce que les masques sont défectueux et il ny en a jamais assez. Parce quil manque de tout : d’agentEs pour désinfecter correctement lensemble des classes, de budget, despaces pour permettre un mètre entre chaque élève (deux pour le variant anglais). Depuis le début de la semaine dernière, ce sont ces établissements dont les professeurs se sont mis en droit de retrait à Aulnay-sous-Bois, Drancy, La Courneuve, Montreuil, Sevran et Saint-Denis. Dans chacun de ces établissements touchés de plein fouet par la situation sanitaire, le droit de retrait a été refusé par le rectorat de lAcadémie de Créteil estimant que le protocole sanitaire « couvrait les agents ». Pourtant, pour ne prendre quun exemple, au lycée Eugène Delacroix à Drancy, ce sont vingt parents d’élèves qui sont décédés depuis le mois de mars dernier des suites du Covid-19.

En refusant les droits de retrait le rectorat explique en réalité aux professeurEs et personnels de lÉducation nationale quils et elles peuvent bien tomber malade, leurs élèves et leurs proches aussi, rien ne sera fait de plus.

Vers la fermeture des écoles

Dans ces établissements, les profs en droit de retrait réclament une fermeture temporaire afin de faire retomber l’épidémie. En réalité, souvent, la demande est aussi relayée par les représentants de parents d’élèves tant la situation est dramatique. Le gouvernement répond alors à l’envi que le confinement nest pas bon pour les apprentissages, et que cela creuse les inégalités. Et cest complètement vrai. En particulier pour les établissements scolaires d’éducation prioritaire, on sait déjà ce que sera le coût dune fermeture même temporaire. Mais des réponses avant den arriver là, il y en avait. Tout de suite à la sortie du premier confinement, il y aurait pu avoir embauche massive de profs, titularisation de lensemble des contractuelEs dassistants d’éducation (avec un statut), d’agentEs dentretien. On aurait pu réduire les effectifs de classe, repenser le temps de travail. Puis en octobre-novembre, il était possible daccepter de travailler en demi-groupes comme le demandait lensemble des profs et non seulement en lycée. C’était aussi possible de prévoir une campagne vaccinale en priorisant aussi les professions régulièrement en contact avec le virus, donc lÉducation nationale. Plutôt que de réprimer, de mettre des couvre-feux inutiles, de criminaliser les sorties entre amiEs, il était possible de faire autrement. Aujourdhui, malheureusement, il faut fermer les écoles qui se trouvent dans les départements les plus touchés, réduire les programmes, faire une campagne dépistage ainsi quune campagne vaccinale de toute urgence.

Blanquer démission !

Vendredi, face aux annonces d’un énième durcissement du protocole sanitaire impossible à appliquer, #BlanquerDémission se trouvait dans les principales tendances sur Twitter. Sauf que sur le terrain la situation est plus complexe en termes de mobilisation. Si le SNUIPP a déposé un préavis de grève pour cette semaine afin de couvrir les possibles grèves dans les écoles, la réaction syndicale est assez faible et la possibilité de se coordonner est pour linstant très difficile. Bien sûr, la situation objective est difficile, entre les collègues en éviction, et la difficulté de maintenir des cadres collectifs dans cette crise. Cependant, nous navons pas le choix, cest seulement le rapport de forces qui nous permettra de gagner, avec la mise en place dAG ou dheure dinfo syndicale, afin de le construire.

Mimosa Effe

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