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Actualités nationales...

  • Lettre aux organisations fondatrices du NFP...

    Cher·es camarades,

    Il y a plus d’un an, nous avions réussi à rassembler et à mettre en mouvement l’ensemble des forces sociales et politiques (partis, syndicats, associations) de notre camp pour les législatives de juin 2024. Le NPA-l’Anticapitaliste a été partie prenante de cette campagne dans la circonscription de Carcassonne, avec la candidature de notre porte-parole Philippe Poutou, et dans l’ensemble des circonscriptions où nos militant·es ont battu le pavé et construit ces campagnes. C’est à ce titre que nous nous adressons à vous aujourd’hui.

    Alors que la crise politique et sociale devient de plus en plus aiguë, Macron, plus faible et plus illégitime que jamais, ouvre à nouveau une crise majeure dans le pays en s’accrochant au pouvoir. Il pave la voie au Rassemblement national et à ses idées, dont les réponses racistes et autoritaires tentent une partie de la classe dominante.

    Face au danger de l’arrivée au pouvoir de l'extrême droite, nous avons le devoir de mettre tout en œuvre pour l'empêcher et pour construire une alternative. Il nous faut retrouver la voie d’une unité très large sur la base du programme que nous avions défendu dans le cadre du NFP. Ces revendications ont été portées par des millions de travailleurs·euses et par la jeunesse lors des mobilisations des 10 et 18 septembre, et encore le 2 octobre dernier avec l’ensemble des syndicats, associations, collectifs et les Assemblées « Bloquons tout ». Ces revendications (retraite à 60 ans, augmentation des salaires et des minima sociaux, plafonnement des loyers, interdiction des licenciements, justice fiscale, sociale et écologique, refus du militarisme…) sont clairement majoritaires dans le pays. Elles doivent être mises en œuvre pour faire face à l’urgence sociale et écologique.   

    Dans un tel contexte, nous avons toutes et tous une grande responsabilité mais, en tant que forces fondatrices du NFP, vous avez une responsabilité particulière. Plutôt que de diviser les forces, il est au contraire indispensable de faire renaître la dynamique du Nouveau Front populaire : une dynamique d’unité, qui rassemble le social et le politique, soit l’ensemble des forces de notre camp. Faire le choix de rassembler une seule partie des organisations du NFP, c’est au contraire nous condamner à la catastrophe.
    Toutes les forces sont nécessaires pour changer le rapport de forces : militant·es de la gauche politique, syndicalistes, militant·es pour la Palestine, abstentionnistes, déçu·es de la politique, etc. Tout doit être fait pour faire débattre, organiser, mettre en mouvement l’ensemble de la gauche, de notre camp social et du mouvement ouvrier dans les batailles qui sont devant nous.

    À ce titre, nous déplorons la décision d’exclure certaines organisations parties prenantes du NFP des discussions qui ont eu lieu ce mardi 7 octobre. Nous réitérons notre proposition d’une rencontre prochaine réunissant l’ensemble des forces qui ont participé au NFP. Dans l’immédiat, nous souhaitons participer à la réunion appelée notamment par les Écologistes et LFI ce mercredi 8 octobre, qui, selon les formulations publiées, s’adresse à l’ensemble des forces parties prenantes du NFP. Nous devons préparer toutes et tous ensemble la riposte sociale et politique nécessaire pour mettre un terme à la politique de Macron et pour barrer la route à l’extrême droite.

    Veuillez croire, cher·es camarades, en l’expression de nos sentiments unitaires et anticapitalistes sincères.

    Le Comité exécutif du NPA-A

  • Soutien aux sept de Bayonne...

    Mardi 7 octobre, se tient au tribunal judiciaire de Bayonne le procès contre sept militantEs poursuiviEs pour avoir organisé une action de désobéissance civile revendiquée : aider des migrantEs à traverser la frontière entre le Pays basque sud et le nord. Ils et elles risquent dix ans d’emprisonnement et 250 000 € d’amende.

    Depuis 2018, la présence policière à la frontière au Pays basque s’est intensifiée. Les contrôles d’identité racistes et les expulsions à chaud se multiplient. Contre la politique répressive et raciste des États, qui cible les migrantEs fuyant les guerres et la misère, c’est la population qui s’auto-organise pour résister et venir en aide.

    La mobilisation populaire finira par payer. Près de 40 000 personnes, ainsi que 80 organisations, ont signé des actes d’auto-inculpation dans le cadre de la campagne « J’accuse », qui a pour but de rendre visible cette criminalisation de la solidarité et de retourner l’accusation contre l’État français pour sa politique criminelle et meurtrière aux frontières.

    Le NPA-l’Anticapitaliste a été partie prenante de cette campagne depuis le début et se tient aux côtés des camarades poursuiviEs en justice. Notre direction politique a voté en juillet son auto-inculpation et sa participation nationale à la campagne « J’accuse ».

    Nous exigeons la relaxe immédiate des sept camarades accuséEs et jugéEs pour des faits qui ne constituent pas un crime.

    Nous dénonçons une fois de plus les politiques migratoires racistes et xénophobes de l’État français et de l’Union européenne, ainsi que la persécution et la criminalisation des personnes migrantes.

    Nous exigeons la régularisation de tous les « sans-papiers » et l’ouverture des frontières.

    Le NPA-l’Anticapitaliste appelle à participer au rassemblement qui aura lieu le 7 octobre, devant le tribunal de Bayonne, à 13 h, en soutien aux sept militantEs poursuiviEs.

  • Contre les agressions négrophobes à Lyon...

    Le 26 septembre des agressions négrophobes ont accompagné la Biennale de Lyon : trois artistes NoirEs ont été cibléEs dans un restaurant, insultéEs puis suiviEs et agresséEs par un groupe de jeunes hommes, justifiant leur attaque par leur soutien à Trump.

    Cette attaque rappelle la chasse à l'homme négrophobe dont un village de la Creuse a été le théâtre cet été. Les insultes proférées, les coups portées et la traque qui s’en est suivie sont la marque d’une extrême droite en roue libre et d’un racisme plus décomplexé que jamais.

    Le NPA-L’Anticapitaliste apporte tout son soutien aux victimes et dénonce les agressions qu’elles ont subi. Celles-ci s'articulent à une série de violences négrophobes survenues ces dernières années en France (lynchages, attaques aux couteau, agression sur les terrasses).

    La publicisation récente des intimidations de la police française à l'encontre de celleux qui dénoncent le racisme en Guyane manifeste clairement les effets des politiques coloniales, et le rôle de premier plan que jouent nos institutions, et en particulier la police dans la légitimation de l'ordre racial.

    Tout cela ne serait pas possible sans la participation pleine et entière de l’État et du gouvernement français à un racisme systémique qui opprime les personnes racisées. En menant une politique de stigmatisation, en glorifiant son passé colonial, en criminalisant les migrantEs venuEs d’Afrique, en externalisant avec l’Union Européenne les politiques migratoires et en armant toujours plus une police toujours plus raciste, l’État et le gouvernement français fabriquent et nourrissent la négrophobie.

    Le NPA-L’Anticapitaliste appelle l’ensemble des organisations engagées dans l’antiracisme (collectif, syndicats, partis politiques) à prendre la mesure de la fascisation de la France et à y opposer dans l’unité toutes les formes d’autodéfense populaire nécessaires pour y mettre un coup d’arrêt.

  • Après Lecornu, imposons par nos luttes un gouvernement populaire de rupture !

    Trois petits tours et puis s’en vont. À peine arrivé, voilà le gouvernement Lecornu déjà reparti. Près d’un mois après sa nomination, Sébastien Lecornu avait dévoilé un gouvernement fait de revenantEs et de morts-vivants : Darmanin, Retailleau, Dati, et même Le Maire… Douze heures plus tard, Lecornu a donc posé sa démission : il signe le mandat le plus court de Premier ministre de la 5e république, symbole d’une crise politique qui s’approfondit et s’accélère.

    Macron incarne un pouvoir illégitime, moribond, faible et détesté. À chaque jour qui passe, la crise de régime s’approfondit. Macron est incapable aujourd’hui de trouver un gouvernement qui puisse durer plus de quelques jours. Dans ce contexte, il devra pousser toujours plus loin ses alliances vers la droite, jusqu’à amener le RN au pouvoir. Qu’il le fasse en nommant un Premier ministre RN ou en dissolvant l’Assemblée nationale, sa seule feuille de route est de poursuivre la politique de l’offre au service des plus riches et du patronat. Le RN mènera des politiques violemment anti-migrantes, racistes et liberticides mais aussi ouvertement favorables aux classes dominantes, Le Pen et Bardella ont depuis longtemps donné tous les gages au patronat et au Medef.

    Alors que Macron s’était présenté en 2017 comme le prétendu rempart face à l’extrême droite, il lui aura ouvert la voie durant ses deux mandats. Sa responsabilité est totalement engagée dans la crise que nous vivons. Il ne lui reste plus qu’une chose à faire : partir !

    Demain ou dans quelques jours, le RN et derrière lui toutes les forces les plus réactionnaires, autoritaires et racistes de ce pays peuvent prendre le pouvoir (comme elles l’ont déjà déjà fait aux États-Unis, en Russie ou encore en Israël). Face à cette perspective sinistre, le NPA-l’Anticapitaliste appelle l’ensemble de la gauche sociale et politique à discuter et à se retrouver d’urgence pour préparer la victoire de notre camp et faire barrage à l'extrême droite.  En premier lieu, il faut renforcer  les mobilisations qui vont venir après celles, réussies, du 10 et du 18 septembre. Organisations politiques, forces syndicales, associations, « Bloquons tout », nous devons marcher ensemble autour d’un programme qui est majoritaire dans la population : le programme du NFP et les revendications que l'intersyndicale a portées pour le 18 septembre constituent une base pour un gouvernement populaire de rupture.  

    Dans l’unité la plus large, les travailleurs et travailleuses, comme la jeunesse doivent reprendre l’offensive et imposer par leurs mobilisations une véritable rupture sociale, démocratique et environnementale.. Nos mots d’ordre pour en finir avec Macron et la 5e République : unité des forces de gauches sociales et politiques, grève générale, gouvernement des travailleurs et constituante ! Tout doit être mis en œuvre afin que ces revendications majoritaires dans la population puissent être réalisées au plus vite: un véritable partage des richesses, la taxation des riches, l’interdiction des licenciements, la retraite à 60 ans, le développement des services publics et des gratuités, la hausse des salaires, des pensions et de tous les minimas sociaux !

    Reprenons la rue toutes et tous ensemble !

  • L’économie française en stagnation, sous perfusion de l’État...

    La croissance annuelle du PIB dépassait régulièrement les 6 % avant les années 70, puis 4,5 %. Depuis la crise de 2008, elle ne redécolle plus, restant autour des 3 %. La croissance des États-Unis n’a plus dépassé ce chiffre, hors reprise post-Covid. Elle ne serait que d’1,7 % en 2025. La Chine s’en sort mieux dans l’absolu, avec une croissance de 5 % en 2024, mais qui baisse fortement chaque année, alors qu’elle dépassait régulièrement les 10 % avant 2008. 

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  • Rentrée sociale : faire monter la pression pour gagner  !

    On a rarement vu émerger spontanément des dates de mobilisation au cœur de l’été ! C’est pourtant ce qui s’est passé avec le 10 septembre, et des assemblées se sont tenues dans de nombreuses villes en plein mois d’août, réunissant des dizaines voire des centaines de personnes. La colère gronde manifestement mais le poids des défaites des dernières années, les pertes de repères, pèsent significativement sur les possibilités de son expression dans un mouvement collectif. 

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  • 10-18 septembre : le bon format pour la révolte...

    L’été et la rentrée sont marquées par la conjonction des crises actuelles : écologique, économique, sociale et politique. Notre camp social commence à relever la tête avec le mouvement Bloquons tout le 10 septembre et la grève interprofessionnelle du 18 septembre. La solution est entre nos mains, en approfondissant les crises pour renverser ce système.

    L’été 2025 a été un des plus chaud jamais enregistré. Outre la canicule planétaire, les forêts ont brûlé en France et dans le monde. Des pluies diluviennes meurtrières se sont abattues au Pakistan et dans le sous-continent indien. De quoi convaincre le dernier des climato- sceptiques qu’il est urgent d’agir pour lutter contre la crise climatique. Le génocide a continué en Palestine, même l’ONU s’en est émue. Et rien n’est fait, ou si peu, par nos dirigeants pour y mettre un terme. Des flottilles de la liberté se sont élancées pour apporter des vivres aux gazaoui·es, nous leur souhaitons de réussir. À l’abri dans les bureaux climatisés de Matignon, Bayrou se souciait aussi peu de cela que des agressions de Bétharram et confirmait ses réformes d’austérité. Pour économiser 43,6 milliards d’euros, il planifie des réformes validistes de la prise en charge des soins, de l’augmentation de la franchise sur les médicaments et les consultations médicales, le contrôle accru sur les médicaments et consultations afférentes aux affections longue durée (ALD), sans compter le gel des salaires et pensions des fonctionnaires. Pour récupérer 14 milliards, loin de taxer les profits, Bayrou envisage de ne plus indexer l’impôt sur l’inflation, ce qui fera entrer 400 000 foyers dans l’impôt et, cerise sur un gâteau empoisonné, de supprimer deux jours fériés. Voilà ce qui l’a conduit à sa perte.

    Alors, disons-le clairement : nous refuserons tout mic-mac gouvernemental qui voudra faire passer par la fenêtre la moindre proposition d’austérité du plan Bayrou !

    Tout bloquer, en grève : reprenons la rue !

    Les mobilisations sociales en cours sont de deux ordres. D’une part le mouvement Bloquons tout, qui emprunte aux Gilets jaunes leur envie d’en découdre avec le pouvoir et Macron et l’occupation de lieux emblématiques tout en s’en distinguant par son refus de tout confusionnisme raciste, et d’autre part l’appel internsyndical à la grève qui pose la question de qui crée de la richesse et de la mainmise du patronat sur les profits. De notre point de vue, rien n’oppose ces deux cadres, bien au contraire : ils se renforcent et mettent au centre la question clé de la démocratie (qui décide ? pour qui ? pour en faire quoi ?). Nous consacrons notre dossier à Ernest Mandel, mort il y a trente ans, infatigable théoricien marxiste et figure importante de la 4e Internationale, qui met justement en avant l’importance de l’hypothèse de la grève générale active (lire l’article de Sandra Cormier, p. 18) pour la prise du pouvoir par les exploité·es et les opprimé·es. Cette prise du pouvoir ne peut se faire qu’en repensant les lieux de démocratie directe (entreprise, école, hôpitaux, quartiers…) comme le montre l’article de Léon Crémieux (p. 22). Dans ce cadre, le parti est un soutien et un aiguillon pour notre classe (lire l’article d’Antoine Larrache, p. 15) et la jeunesse (lire l’article de Raphaël  Greggan, p. 26). Outre son analyse de la situation économique (lire l’article de Simon Saissac, p. 11), Mandel a livré une analyse fine du fascisme qui reste d’une brûlante actualité (lire l’article d’Hafiza b. Kreje, p. 29) dans la situation instable de la période.

    Approfondir la crise

    Face à celles et ceux qui veulent préserver le système capitaliste, qui veulent sauver les maigres marges de manœuvre qui lui reste avant de sombrer, nous répondons que nous ne voulons plus des miettes, mais que nous exigeons maintenant tout le gâteau ! Nous voulons approfondir la crise politique, mais surtout étendre les foyers de résistance, pour résoudre les crises écologique, économique et sociale, en récupérant les profits que les capitalistes font sur notre dos et en mettant fin aux oppressions (sexistes, racistes, LGBTphobes) qui tuent et entretiennent le système. L’État n’est pas neutre dans la crise actuelle. Macron doit démissionner. Nous défendons le programme du NFP comme base d’unité de notre camp social, dans toutes les élections qui se présentent. Nous voulons un Nouveau front populaire vivant, adossé aux luttes sociales, tout en restant conscient·es qu’il n’y aura pas de solution totale dans le cadre de ce système.

    Macron démission !

    Il n’y a pas de mouvement social sans un mot d’ordre clair. Nous refusons la cure d’austérité de ce gouvernement et des suivants. Nous voulons des augmentations immédiates de nos salaires et de nos retraites, nous voulons un partage du travail entre nous toutes et tous, avec des augmentation des salaires et des retraites. Si cela signifie rogner sur les profits, alors c’est ce que nous ferons, tous ensemble, comme le rappelle la chanson «El Pueblo Unido Jamás Será Vencido».

  • « Le rejet de l’écologie est largement déterminé par des intérêts matériels»...

    Entretien avec Antoine Dubiau, militant de solidaritéS Genève et auteur de « Écofascismes » (Grevis, 2022)

    L’invitation de Paul Watson à des événements de gauche cet été a suscité des polémiques.

    Paul Watson est invité parce qu’il apparaît comme une figure écologiste aux yeux du grand public : sa présence permet tout simplement de faire venir du monde sur des événements qui en ont besoin. Par contre, toutes les invitations ne sont pas équivalentes. Le festival Climax à Bordeaux ou l’université d’été de REV (Révolution écologique pour le vivant, le parti d’Aymeric Caron) ont invité l’activiste canadien en le laissant contrôler le récit de son engagement, sans apporter de véritable contradiction. Le cas de la fête de l’Humanité est différent, puisque Paul Watson a été interrogé sur certains sujets à propos desquels ses positions sont critiquées — en particulier son rapport à l’immigration. Des figures comme lui ayant déjà accès à toutes les tribunes médiatiques qu’iels souhaitent, continuer de les inviter nourrit des critiques légitimes. Toutefois, le dispositif proposé par l’Huma me semble plutôt intéressant : cela permet de pousser Paul Watson dans ses retranchements, plutôt que de simplement lui dérouler le tapis rouge.

    D’une certaine manière, son intervention à la fête de l’Huma fut plutôt « utile » puisqu’elle a permis de voir à quel point sa pensée était creuse et inoffensive. Malgré son action et son esthétique radicales, presque anarchistes, le « capitaine » mène un combat extrêmement consensuel aux yeux de la société occidentale puisqu’il ne s’attaque pas vraiment aux intérêts de celle-ci. L’écologie de Paul Watson n’est pas apolitique comme il l’affirme, elle est plutôt dépolitisée puisqu’elle ne désigne pas vraiment d’adversaire dont il faudrait cibler les intérêts à perpétuer le ravage écologique. Ce contraste entre radicalité pratique et consensualité politique confère à l’activiste canadien un large capital sympathie, jusqu’au sommet de l’État.

    Dès lors, peut-on vraiment le considérer comme un écofasciste ?

    Bien qu’il ait récemment endossé lui-même le terme dans un texte publié par Sea Shepherd France, je ne caractériserais pas Paul Watson comme un véritable écofasciste. Dans son discours écolo, on ne retrouve pas les deux caractéristiques fondamentales de l’écofascisme que sont la défense de l’enracinement (un supposé lien écologique entre un individu ou une communauté et son territoire d’origine) et le fait de considérer la nature comme un ordre intangible qui ­structurerait la société. En revanche, Paul Watson est assurément écomalthusien, obsédé par la démographie mondiale : il répète systématiquement qu’il y a trop d’humains sur Terre.

    Probablement conscient du racisme qui fonde presque tous les discours sur la surpopulation, il prétend se contenter de poser des constats sans dicter de programme politique pour réduire la population. Sauf qu’en agitant la question démographique de la sorte, Paul Watson alimente le racisme écomalthusien même s’il affirme ne pas s’y ancrer lui-même. Bien que je ne le considère pas comme écofasciste lui-même, son rapport dépolitisé et malthusien à l’écologie fait de lui un acteur majeur du processus de fascisation de l’écologie que j’ai tenté de circonscrire dans mon livre.

    Tu articules désormais deux notions, celle d’écofascisme, qui était au cœur de ton livre, et celle de carbofascisme.

    Malgré la critique courante dont il fait l’objet dans les espaces militants, l’écofascisme présente un risque relativement marginal par rapport au risque fasciste plus général. Au sein de l’extrême droite contemporaine, le rejet de l’écologie reste dominant : c’est ce que le concept de « carbofascisme » permet de caractériser, en évitant certains écueils.

    Le rejet de l’écologie par l’extrême droite est souvent considéré comme relevant du climatoscepticisme. Ce constat n’est pas faux (et certaines déclarations récentes de Trump l’ont encore montré), mais il cadre le problème de manière relativement idéaliste : le rejet de toute politique climatique ou écologique découlerait d’un manque de connaissances ou d’une absence de croyance dans la science climatique ou écologique. En réalité, ce rejet est largement déterminé par des intérêts matériels, menacés par une politique climatique ou écologique ambitieuse, qu’il faut prendre en compte. Plus que de climatoscepticisme, il serait ainsi plus judicieux de parler d’obstruction climatique ou écologique : cela permet de pointer concrètement les entraves à la recherche comme aux politiques publiques, plutôt que de rester au niveau des discours.

    L’obstruction climatique est une composante particulièrement visible du carbofascisme, qui reste le rapport à l’écologie dominant au sein de ce camp politique. Ce concept désigne la convergence d’intérêts entre le capital fossile et l’extrême droite organisée. Pour le capital fossile, il s’agit de s’allier avec une force politique lui étant favorable afin de garantir ses intérêts économiques directs, en pérennisant la réalisation de profits par l’extraction et l’exploitation d’hydrocarbures. Pour l’extrême droite, les intérêts en jeu sont plutôt politiques : elle prétend défendre une « civilisation occidentale » fantasmée, laquelle est largement adossée aux énergies fossiles. Dans de nombreux cas, la convergence d’intérêts ressemble plutôt à un vrai partage, puisque certains acteurs jouent sur les deux tableaux. En France, c’est notamment le cas de Vincent Bolloré : son empire logistique repose sur la consommation d’hydrocarbures tandis que son offensive médiatique vise explicitement à consolider le camp réactionnaire sur le plan politique. Aux États-Unis, le capital fossile est un soutien indéfectible de Donald Trump depuis 2016. Sa dernière campagne était financée à plus de 15 % par des acteurs du secteur, directement par des entreprises ou par des milliardaires à titre individuel. L’autre exemple particulièrement manifeste de carbofascisme, c’est la Russie de Poutine : plusieurs oligarques russes sont à la tête de grandes firmes d’extraction et d’exploitation d’hydrocarbures. Pour le Kremlin, les ressources fossiles sont également un moyen de pression géopolitique permettant de garantir les intérêts impériaux de la Russie.

    Le carbofascisme est-il porté uniquement par le grand capital ou sa base sociale est-elle plus composite ?

    Les principaux travaux sur le sujet se sont focalisés sur le grand capital, notamment le fameux Fascisme fossile du Zetkin Collective (La Fabrique, 2020). Pour compléter ce panorama, il faudrait aussi caractériser la base sociale du carbofascisme. Celle-ci recouvre la classe d’encadrement ainsi qu’une fraction stabilisée (dans l’emploi, dans la propriété, dans le modèle familial nucléaire) des classes populaires, notamment implantées dans les espaces périurbains. Cette situation géographique rend ces populations dépendantes de la voiture individuelle pour leurs déplacements quotidiens, comme l’ont documenté de nombreuses analyses — notamment pendant les Gilets jaunes. Parce qu’elle est garante d’une certaine stabilité du mode de vie adopté et du confort y étant associé, la voiture individuelle fait aussi l’objet d’une forme d’attachement, qui ne s’oppose pas à la dépendance mais qui s’y ajoute. Fondé sur un échange écologique inégal permettant aux sociétés occidentales de profiter de la prédation des ressources du Sud global, le mode de vie dont la voiture individuelle est un reflet peut ainsi être considéré comme impérial, ainsi que le font les sociologues allemands Brand et Wissen dans Le mode de vie impérial. Ainsi, la base sociale du (carbo)fascisme contemporain repose sur des intérêts matériels bien spécifiques, plutôt que sur la seule circulation du climatoscepticisme dans la société. Les rapports entre écologie et extrême droite ne sont donc pas qu’une affaire sectorielle : l’analyse écologique peut permettre de décrire la dynamique générale de l’extrême droite, tant dans ses rapports avec le grand capital que dans la constitution de sa base sociale.

    Propos recueillis par la rédaction

  • Contre Macron et son monde, construire l’affrontement dans la durée !

    Après les fortes mobilisations des 10 et 18 septembre dernier, la colère sociale est toujours là. Bien que les manifestations soient moins importantes que la dernière fois, ce sont encore des centaines de milliers de personnes qui ont fait grève et ont battu le pavé ce 2 octobre, à l’occasion de plus de 250 manifestations. Alors que l’appel de l’intersyndicale à cette journée d’action a été tardif, laissant moins d’une semaine pour préparer la mobilisation, les travailleurs et travailleuses ont répondu présent·es !

    Lecornu et Macron le savent, leur politique est rejetée massivement, ils sont faibles et illégitimes, sont en difficulté pour constituer un gouvernement car  ils n’ont pas de majorité pour faire voter leur budget d’austérité. Malgré cela, ils se refusent à entendre les revendications de la population, à taxer les riches et à répondre aux besoins sociaux.

    Face à ce pouvoir illégitime au service des plus riches et du patronat et à une extrême droite qui se prépare à gouverner, notre camp social doit reprendre l’offensive. La mobilisation doit se construire dans la durée. Des revendications sectorielles doivent émerger : augmentation des salaires et des minima sociaux, création d’un million d’emplois dans les services publics, un budget pour satisfaire les besoins sociaux et pas pour l’armement et la guerre, l'arrêt  des aides inconditionnelles aux entreprises privées, l’abrogation de la « réforme » des retraites, etc. L'intersyndicale doit proposer rapidement un calendrier de mobilisation pour faire plier Lecornu, Macron et le patronat. Il est clair qu’au cœur de la politique budgétaire de Lecornu et Macron, il s’agit d’attaquer les plus pauvres, les services publics et de saper les fondements mêmes de la sécurité sociale et de la protection sociale en général.  Dans les semaines qui viennent, l’affrontement va se focaliser sur la question du budget et en particulier celui de la sécurité sociale. La mobilisation doit empêcher Macron et Lecornu de dérouler le calendrier institutionnel.

    Des assemblées générales dans les lieux de travail, les lieux d’étude et de vie peuvent permettre d’ amplifier et de consolider la mobilisation, de préparer une grève enfin victorieuse et de faire reculer le gouvernement et le patronat.

    Le NPA-l’Anticapitaliste  appelle l’ensemble des organisations de la gauche sociale et politique à se réunir  rapidement pour discuter d’actions communes au service de la contre-offensive du monde du travail et de l'alternative politique nécessaire à Macron et à son monde.

    Il est urgent d’en finir avec ces politiques qui nous mènent droit vers la catastrophe sociale, démocratique et environnementale. Reprenons la rue toutes et tous ensemble !

  • La taxe Zucman et la panique du capital...

    La panique s’empare de la bourgeoisie face à la proposition de Gabriel Zucman de taxer les ultra-riches à hauteur de 2 % de leur fortune.

    Un vent de panique souffle chez les patrons. Le président du Medef menace d’une « grande mobilisation nationale » contre des mesures « confiscatoires ». Bernard Arnault accuse l’instigateur de ces dangereux projets d’être un « militant d’extrême gauche » qui aurait « la volonté clairement formulée de mettre à terre l’économie française ». Cette « offensive mortelle pour notre économie » pourrait conduire à la « destruction de l’économie libérale, la seule qui fonctionne pour le bien de tous ».

    0,01 % des contribuables

    Qu’est-ce qui provoque la colère du patronat et de la 7e fortune mondiale et première française (131 milliards d’euros de patrimoine) ? Une proposition de taxation des très hauts patrimoines formulée par un économiste français, Gabriel Zucman, enseignant à l’École normale supérieure et à l’École d’économie de Paris, après être passé par la London School of Economics et l’Université de Californie à Berkeley… pas des antres du gauchisme. Sa proposition éponyme est simple : un impôt plancher afin de s’assurer que les ménages disposant d’un patrimoine (biens immobiliers et professionnels — y compris actions, œuvres d’art, etc.) supérieur à 100 millions d’euros contribuent, au minimum, à hauteur de 2 % de ce patrimoine. La mesure concernerait 1 800 foyers fiscaux, soit 0,01 % de l’ensemble des contribuables, et permettrait de récolter entre 10 et 25 milliards d’euros selon les estimations. Une goutte d’eau au regard des milliards que brassent les plus riches. Mais pourquoi cette taxe, qui semble somme toute anecdotique, les énerve-t-elle autant ?

    Un symbole 

    D’abord parce que, dans un contexte de mobilisation sociale inédite en cette rentrée, la popularité de cette taxe (au moins 85 % des FrançaisEs l’approuvent, quelle que soit l’appartenance partisane) leur fait craindre que la bamboche soit peut-être finie. Qu’enfin, ils et elles pourraient devoir rendre (un peu) l’argent qu’ils et elles ont accumulé sur notre dos. Cette taxe est ­symbolique, c’est une digue qui sauterait avec son adoption. Ce qui explique l’entêtement de Macron et Lecornu à la refuser alors que sa mise en œuvre leur permettrait d’établir un deal sur l’adoption du budget avec le Parti socialiste.

    Ensuite, la discussion de cette taxe a plus que jamais montré l’indécence des riches et l’avidité du capital. Les impôts payés chaque année par les centimillionnaires et les milliardaires représentent en moyenne 0,3 % de leur fortune totale. Les milliardaires paient, proportionnellement, deux fois moins d’impôts que la moyenne des FrançaisEs, tous prélèvements confondus. Depuis 1996, le patrimoine des 500 plus grandes fortunes françaises a été multiplié par 14, passant de 80 à 1 128 milliards d’euros ! C’est une progression trois fois plus rapide que celle du PIB, et leur richesse représente 40 % du PIB aujourd’hui contre 6 % il y a 30 ans. Et pour nous ? L’austérité, les 40 milliards de coupes budgétaires, la destruction des services publics et des salaires en berne.

    Nos revendications légitimes

    Enfin, cette taxe a remis au centre de l’agenda politique la question des inégalités et de la redistribution des richesses. Et les capitalistes voient bien que cette taxe est un cheval de Troie. Qu’elle est un point d’appui qui permet d’aller plus loin et de poser la question de qui produit, pour qui, pourquoi et comment. Qu’elle montre la légitimité de nos revendications : hausses et égalité des salaires (en incluant les cotisations), extension de la sphère de la gratuité et des champs de la sécurité sociale, retraite à 60 ans, réduction du temps de travail, etc. Parce que franchement, 2 % c’est bien, mais tout c’est mieux !

    Il y a de ce point de vue un changement dans le climat idéologique et, combiné avec la détermination que le mouvement social a montrée depuis le 10 septembre, on voit bien ce qui effraie la bourgeoisie : l’inversion du rapport de forces. La bourgeoisie a beaucoup à perdre et mettra toutes ses forces dans la bataille, y compris les plus fascistes et réactionnaires s’il le faut, pour protéger le moindre de ses milliards. Et nous, nous avons bien plus que 2 % à gagner : allons les chercher.

    William Daunora pour le groupe de travail économie