Cinq mois après le décès de Thibault-Bilal, victime d’une chute de scooter dans le quartier de La Faourette, la famille et ses soutiens luttent pour obtenir la vérité et la justice. Malgré l’ouverture d’une enquête, la famille fait face à un silence inquiétant et à des intimidations politiques, alors que l’impunité semble prévaloir.
«Toulouse, laboratoire de la fin de l’état de droit ? » Cette question ouvrait la conférence de presse tenue vendredi 27 juin 2025 par Layla Zedah, belle-sœur de Thibault-Bilal, porte-parole du Comité Vérité et Justice, les avocats de la famille, Maîtres P. NaKache et M. Khennouche, avec le soutien de la LDH.
En introduction, Maître NaKache annonçait qu’un juge d’instruction avait été nommé et une information judiciaire ouverte pour « homicide involontaire et non-assistance à personne en danger ». Au bout de cinq mois, il était temps ! Et surtout, on ne s’appesantira pas sur le « cafouillage procédural » qui a de fait privé la famille pendant un temps de faire valoir ses droits et ceux du défunt.
Le 24 janvier 2025, Thibault-Bilal décédait des suites d’une chute de scooter dans le quartier de La Faourette. Aussitôt, les jeunes du quartier avaient appelé à un rassemblement. La famille et les proches avaient organisé une marche blanche. Bilal, 34 ans, mécanicien et père de famille, était une figure emblématique du quartier, « une personne lumineuse », appréciée pour « son humour et sa gentillesse ». Depuis, plusieurs témoignages ont indiqué que cette chute avait été provoquée par une intervention policière.
Cinq mois de non-réponses et d’intimidations
Dès le 19 février 2025, soutenue par ses avocats, la famille portait plainte pour « homicide involontaire et omission de porter secours ». Elle demandait la saisie de l’IGPN et la communication des éléments du dossier, le rapport d’autopsie, les images de vidéosurveillance, l’audition des témoins, l’analyse complète des éléments personnels,
Aujourd’hui, cinq mois ont passé pendant lesquels la famille n’a reçu aucune information ou s’est vue opposer, systématiquement, le secret de l’enquête et la mise sous scellé ! Pendant cette période, la présence policière dans le quartier s’est faite oppressante. Les mêmes policiers sont toujours sur place. Des membres du Comité Vérité et Justice ont été verbalisés. J.L. Moudenc, maire de droite, a annoncé le 4 avril 2025, par voie de presse, qu’il portait plainte contre le CPES du Mirail, un des soutiens du Comité Vérité et Justice pour Bilal, pour propos diffamatoires envers la police.
Le 15 juin dernier, un rassemblement appelé par la famille et le comité a été interdit par un arrêté hallucinant de deux pages et demie dans lequel le préfet se permet de donner des indications sur le décès de Bilal avant la justice, évoque un risque de trouble à l’ordre public à partir de « slogans hostiles au maire de Toulouse et plus généralement aux forces de l’ordre », et joue de l’amalgame politique, mêlant organisations de soutien à la Palestine, luttes de mal-logéEs, entre autres, pour disqualifier l’action de la famille.
« Nous n’allons pas nous taire… »
« Nous prenons conscience de l’ampleur et de la complexité des problèmes… notre exigence de vérité, notre quête de justice dépasse notre drame personnel, … le silence et l’opacité c’est pire que la mort elle-même … comment faire le deuil dans de telles conditions ? » Layla Zedah a exprimé au nom de la famille, des proches et du comité vouloir ne pas s’en arrêter là : « Plus de 200 associations, partis, syndicats sur la ville avaient répondu positivement à notre demande de soutien avant le rassemblement interdit, nous allons réfléchir à une initiative à la rentrée. »
Correspondante