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Emploi : Face à la catastrophe annoncée, mobilisation !

Encore plus prévisible que les catastrophes liées au dérèglement climatique, la vague de suppressions d’emplois prend une tournure dramatique cet automne. Masqué après le Covid et le « quoi qu’il en coûte » puis par les Jeux olympiques, le ralentissement économique a des conséquences qui s’aggravent chaque jour.

Si le chiffre de 140 000 ruptures conventionnelles ou la perte d’emplois de 30 000 patrons de PME peuvent frapper les esprits, la réalité est encore plus dramatique. Au premier trimestre 2024, le taux de chômage au sens du BIT (Bureau international du travail) atteint 7,5 % soit 0,4 point au-dessus du niveau atteint au dernier trimestre 2022 et au premier trimestre 2023 (le plus bas depuis 1982). Selon la prévision de l’Insee de juillet dernier, le taux de chômage s’établirait à la fin de l’année à 7,6 % de la population active. Des chiffres globaux qui ne disent évidemment rien sur la qualité de ces emplois (salaire, type de contrat, durée du travail).

Du secteur privé

Le secteur automobile est en première ligne. Confrontés à la concurrence chinoise notamment, les grands groupes européens et nord-américains ont depuis longtemps engagé restructurations, fusions, regroupements dans un vaste Monopoly censé préserver la productivité mais surtout les profits et les retours aux actionnaires. L’ensemble de la filière, toujours centrale dans l’industrie française avec ses 100 000 salariéEs, est frappé avec les sous-traitants, les équipementiers. C’est ainsi que Stellantis et Renault, après la suppression de milliers d’emplois, prévoient de nouvelles tailles dans les effectifs au regard des prévisions de ventes saturées par le prix exorbitant des véhicules électriques. Michelin et ses annonces de fermeture de deux usines illustre de la pire façon les conséquences sur l’ensemble de la filière.

Le secteur de la chimie n’est pas en reste avec la suppression programmée de 15 000 emplois sur les 200 000 que compte la filière et les 5 000 indirects chez Solvay, Syenso, Weychem, ExxonMobil et Vencorex.

De même dans l’industrie spatiale, la branche « défense et espace » d’Airbus envisage la suppression de 2 500 emplois sur les 35 000 du secteur, et la branche de Thales liée à cette activité en prévoit 1 300. La construction, le commerce de l’habillement bas de gamme, la grande distribution avec Auchan qui annonce 2 400 suppressions de postes sur 54 000 en France, subissent les effets des baisses d’activité généralisées et de l’inflation.

Au secteur public

Le secteur public est à l’origine de 75 % des créations d’emplois depuis un an. Entre mi-2023 et mi-2024, il est à l’origine de 95 000 nouveaux emplois (+ 1,2 %) sur un total, public et privé confondus, de 129 000. À partir du rapport de la Cour des comptes et des lettres des différents ministères, les préconisations devraient être lourdes de conséquences sur l’emploi. La purge consisterait à supprimer 100 000 emplois permettant une économie de 4,1 milliards par an à partir de 2029 et donc la suppression de milliers d’emplois.

Construire la riposte

Une ou deux décennies après les grandes mobilisations contre des fermetures de sites emblématiques notamment dans l’automobile ou le commerce, les mobilisations sont aujourd’hui bien plus difficiles. Les ruptures conventionnelles, les mobilisations de désespoir pour des primes « exceptionnelles », les sorties des activités professionnelles ne permettent guère une montée des solidarités, des mises en commun, des coordinations des luttes. Pourtant la lourde utilisation des liquidations des emplois précaires mène aujourd’hui à des suppressions d’emplois traditionnellement perçus comme stables, durables.

Des colères, des mobilisations existent dans plusieurs secteurs, dans plusieurs régions. Leur mise en commun, leur coordination doivent se faire en liant les batailles pour l’emploi, pour la santé au travail à la mise en question des finalités du travail et la prise en compte des préoccupations écologiques. Le gouvernement et ses appuis de droite et d’extrême droite saturent le champ politique avec l’insécurité et les attaques contre les immigréEs. Les batailles sur le budget ou le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), enfermées dans le champ institutionnel, ne permettent pas d’engager des mobilisations à la hauteur des enjeux. 

Partis, syndicats, mouvements associatifs qui se sont coalisés dans le cadre des élections doivent mettre à leurs agendas, à leurs ordres du jour, dans l’urgence, la construction de mobilisations sur l’emploi, contre les licenciements. Des relais doivent être utilisés (12 novembre pour la RATP, 21 novembre pour la SNCF) ou proposés dans la perspective des dates du 5 décembre (fonction publique), du 12 décembre (journée nationale sur l’emploi). Pas plus que la grève générale, le « Tous ensemble » ne se décrète ; il faut le construire.

Robert Pelletier

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