Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Audiovisuel public 1, Dati 0 !

Cinq jours sans la radio publique ! C’est la visibilité (auditive !) donnée à la grève des salariéEs de Radio France contre une réforme de l’audiovisuel public très idéologique, conduite par Rachita Dati, et soumise le 30 juin à l’Assemblée nationale.

À l’appel de l’intersyndicale de France Télévisions, Radio France et l’INA, iels étaient plus d’un millier à braver le soleil brûlant sur la place du Palais-Royal à Paris pour contester le projet de loi avant de partir en manif. 

Un projet mal ficelé battu

Les arguments de Rachida Dati en faveur de la holding de l’audiovisuel public ont laissé perplexes la plupart de ses interlocuteurs, y compris dans son propre camp, qui s’est faiblement mobilisé pour s’opposer à la motion de rejet présentée par les Écologistes. La gauche rassemblé 75 voix pour adopter la motion de rejet, quand il en fallait 67. Ce sont ajoutées les voix du RN. En tout, 94 voix pour le rejet, 38 voix contre. Le bloc central n’était pas là. 

Cette réforme était bien mal ficelée. Est-ce la raison pour laquelle Dati a été lâchée ? Mathieu, militant CGT de France TV présent à la manifestation, expliquait que « pour beaucoup de députés, le projet Dati n’est pas très clair, parce qu’à la fin — on le sait la réforme c’est pour soi-disant faire des économies — quand on chiffre, on arrive à 65 millions, et cela n’apparaît jamais nulle part dans le projet de loi »

Il n’est pas le seul à se demander « pourquoi, alors qu’on a quatre entreprises à la base, on réunit tout le monde pour refaire cinq filiales ». Marie, salariée à l’INA (Institut national de l’audiovisuel), se demande elle aussi « pourquoi on s’attaque à quelque chose qui fonctionne déjà très bien ».

Selon Mathieu de la CGT, « il n’y a pas eu d’études de coût, il n’y a pas eu d’études d’impact. Le projet sous-jacent n’est jamais avancé clairement ». De quoi en effet décrédibiliser le projet, pourtant dans les tuyaux depuis 2019. 

Une réforme de longue date

Voulu par Macron depuis 2017, ce projet de réforme de l’audiovisuel public présenté comme un renforcement par la ministre de la Culture actuelle, s’apparente plus à un démantèlement. D’abord conduit par Franck Riester avant d’être arrêté par le Covid, puis par Laurent Lafon, cette réforme n’en finit pas d’arriver. Elle vient donc de prendre encore du retard et devra repasser au Sénat à l’automne.

L’objectif est double : privatiser et remettre en cause l’indépendance et la pluralité. Renaud Dalmar, réalisateur à France Culture et délégué syndical CFDT, le résume ainsi : « il y a aussi tout un aspect idéologique dans le projet de la loi : il faut casser ce qui est le cadre social-protecteur, il faut casser la production en interne et ouvrir aux entreprises privées. Alors que, aujourd’hui, la totalité de ce que nous utilisons est fabriqué en interne. C’est de la fabrication de service public, bio ! »

Le combat des salariéEs, mais aussi des usagerEs, pour une information indépendante et plurielle est loin d’être terminé. Il est d’autant plus crucial à l’heure des empires médiatiques de Bolloré et compagnie. Il en va du droit d’être informé. Ce n’est qu’un rejet, il en faudra d’autres pour déjouer les attaques contre la culture et la liberté d’opinion ! 

Fabienne Dolet

Écrire un commentaire

Optionnel