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Bayrou, le funambule au service des riches et des écocidaires !

Quatrième Premier ministre nommé en moins d’un an, Bayrou est désormais le Premier ministre le plus impopulaire de la 5e République, avec seulement 17 % d’opinions favorables en juin 2025. L’échec du conclave sur les retraites est un désaveu cinglant pour lui.

Bayrou a pourtant tout fait, jusqu’au dernier moment, pour sauver la possibilité d’un accord sur les retraites. Jusqu’à se couvrir de ridicule en proposant de rabaisser l’âge de liquidation sans décote de 67 à… 66 ans et demi. Cet échec révèle l’impossibilité, aujourd’hui, pour le bloc présidentiel, de s’élargir à gauche. Cet élargissement était pourtant la feuille de route donnée par Macron à Bayrou, dont c’est également la ligne historique. 

Pas d’alliés pour adopter la réforme des retraites

Bayrou s’est donc vu une nouvelle fois opposer un refus de cette frange de la gauche, qui est pourtant encline par elle-même à défendre des politiques de destruction des conquis sociaux. Ces courants, dont il ne reste de gauche à peu près que le nom, essaient cependant de ne pas perdre totalement ce qui leur reste de crédibilité quand ils s’en revendiquent. Leur fonction est en effet de ne pas laisser l’espace de la gauche uniquement occupé par des forces moins alignées sur l’agenda libéral. Or un tel positionnement est aujourd’hui incompatible avec la validation ouverte de la réforme des retraites. 

C’est le résultat du rapport de forces issu des mobilisations massives contre la réforme des retraites et des élections législatives de l’an dernier, avec le sursaut de mobilisation électorale du « peuple de gauche » à la faveur du rassemblement de ses organisations dans le Nouveau Front populaire. Bayrou n’a donc pas trouvé d’allié du côté des organisations syndicales — aucune des centrales d’accompagnement n’ayant ratifié l’accord avec le Medef. Il n’en a pas trouvé davantage du côté des forces politiques, le PS dans sa totalité, ses sensibilités les plus droitières comprises, défendant la censure du gouvernement sur cette question. 

Un gouvernement qui poursuit sa politique austéritaire

Il n’y aura pas de censure immédiatement. Le RN refuse de la voter sur les retraites. Et, les institutions étant ce qu’elles sont, le gouvernement va pouvoir continuer à dérouler son programme : il impose sa réforme des retraites, il passe en force sur la loi écocide Duplomb (voir article page 6), il maintient son soutien à la politique génocidaire israélienne (voir article page 4), il veut casser l’audiovisuel public, il prépare un plan massif d’austérité pour le budget de l’État et pour la protection sociale, etc. Des ballons d’essai sont déjà lancés contre l’assurance maladie : limiter les arrêts maladie à 15 jours et la prise en charge des cancers en rémission. L’indécence du ­pouvoir est révélatrice du niveau de violence sociale de ses projets.

Unitaires et révolutionnaires

Malgré l’impopularité du gouvernement, malgré ses échecs, malgré la faiblesse de sa base sociale et politique, aucune riposte de notre camp n’est pour l’heure à l’horizon, laissant un pouvoir minoritaire et illégitime poursuivre ses politiques. Du côté des forces politiques, l’électoralisme domine et l’essentiel de l’activité est axé sur les scrutins à venir, municipaux et/ou nationaux. Du côté du mouvement social également, on reste souvent sur un appel à un référendum ou à un vote du parlement sur la réforme des retraites. La question de la relance unitaire des mobilisations ne semble même pas à l’ordre du jour.

Il ne s’agit certainement pas de dire qu’il suffirait d’appuyer sur un bouton pour qu’une mobilisation générale voie le jour. Mais face à une 5e République à bout de souffle, à une impasse institutionnelle profonde, il nous appartient de proposer une autre voie. Celle de la construction d’un rapport de force par les luttes, de ruptures institutionnelles et politiques majeures, du développement d’espaces d’action auto-organisés, vers une alternative anticapitaliste, écosocialiste. Du climat aux guerres, des inégalités aux coups de force antidémocratiques : le ­capitalisme, c’est l’enfer.

Olivier Lek Lafferrière et Fabienne Dolet

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