Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Face à Blanquer et ses contre-réformes, étendre et généraliser la grève...

Jeudi 4 avril, la grève a une nouvelle fois été très puissante dans l’Éducation nationale, particulièrement dans le premier degré. Les taux de grévistes ont été impressionnants dans certains départements, comme à Paris où il a atteint les 70 %, dans les Hauts-de-Seine (60 %), dans la Haute-Garonne ou encore en Loire-Atlantique (40 %)…

Si nationalement les taux de grève ont été moins forts dans le second degré, la mobilisation y a toutefois été importante. Les lycées professionnels, notamment, ont été de la partie : ainsi dans le 95, 170 enseignants et enseignantes ont voté la grève reconductible. La colère des enseignantEs s’est également manifestée à travers les manifestations qui ont eu lieu sur tout le territoire : plusieurs milliers de manifestantEs à Paris, 1 200 à Nantes, 1 500 à Angers, 500 à Clermont-Ferrand, Montpellier, Lyon… Les différentes AG qui se sont réunies à la suite de ces manifestations ont rassemblé beaucoup de collègues : 220 à Paris, 170 à Toulouse, près de 400 à Nantes, etc.

Toutes les raisons de se révolter

Il faut dire que les raisons de se ­révolter sont nombreuses. « L’école de la confiance » de Blanquer n’est autre chose que la mise au pas des enseignantEs. Dans le premier degré, la création des établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux, qui regrouperaient dans une même entité les écoles et les collèges de secteur, permettrait de réaliser de nouvelles économies, avec la mutualisation des moyens matériels et humains. Cela signifierait également, pour les enseignantEs du premier degré, la disparition des directeurs et directrices d’école, remplacés par les chefs d’établissement de collège et de lycée. 

Dans le second degré, la réforme du lycée général réduit encore le nombre d’options et d’heures disciplinaires. La réforme du bac liquide purement et simplement le caractère national de ce diplôme. Tout cela va dans le sens de ­l’accentuation de la sélection sociale mise en place par Parcoursup. Enfin, dans l’enseignement professionnel, la réforme Blanquer diminue de manière considérable les horaires disciplinaires, avec à la clef des milliers de suppressions de postes. 

Mais ce qui a le plus révolté les collègues, et qui est mis en avant dans toutes les manifestations, c’est le système autoritaire que Blanquer cherche à mettre en place dans l’Éducation nationale. L’article 1 de la loi dite « École de la confiance » s’appuie ainsi sur le prétendu « devoir de réserve » des fonctionnaires pour menacer de poursuites judiciaires les profs qui oseraient critiquer sur les réseaux sociaux la politique du ministère ! Et Blanquer n’a pas attendu le vote de sa loi pour réprimer les enseignants et enseignantes : ainsi, le 27 mars, 4 professeurEs du collège République à Bobigny, connus pour leur engagement syndical, ont appris qu’ils et elles faisaient l’objet de procédures disciplinaires, dont des mutations forcées pour deux d’entre elles et eux ! 

Construire la grève reconductible pour gagner

Face à cette politique, enseignants et enseignantes se mobilisent et s’organisent. Les différentes journées de grève qui se sont succédé ont mis Blanquer en légère difficulté. Le 27 mars, il déclarait ainsi au Parisien : « Je suis prêt à amender mon projet de loi ». Mais force est de constater que, pour l’instant, il a réussi à maintenir le cap ! Il est donc nécessaire de renforcer le rapport de forces en faveur des enseignantEs. 

Les profs en sont bien conscients, puisque dans différentes AG, la question de la grève reconductible a été clairement posée. Mais, pour l’instant, le pas n’a pas encore été franchi. Sans surprise, la politique des directions syndicales n’aide pas : alors que les AG du 19 mars avaient voté une nouvelle date de mobilisation le 28 mars, l’intersyndicale, Snuipp en tête, s’est précipitée pour annoncer la grève du 4 avril. Et aujourd’hui, alors que dans les AG du 4 avril, beaucoup de collègues ont évoqué la reconduction de la grève, l’inter­syndicale appelle à un nouveau temps fort le 18 avril, mais surtout explique que la nouvelle grande journée de mobilisation sera le 9 mai, jour de grève appelée par l’inter­syndicale de la Fonction publique. Bien sûr, cette journée apparaît désormais comme un objectif de mobilisation, qui devrait d’ailleurs regrouper bien plus large que la seule Fonction publique. Mais surtout, cette date pourrait clairement devenir le point de départ d’un mouvement qui s’ancre et se donne les moyens de gagner en entamant un bras de fer, par la grève reconductible. 

Il est plus que jamais nécessaire de renforcer l’auto-organisation à la base. C’est en se regroupant, en se retrouvant entre collègues de différentes écoles, de différents bahuts, en impulsant des AG de ville mais également des AG départementales, que l’on pourra regrouper nos forces et se donner mutuellement confiance. C’est également en tissant ces liens, en organisant les tournées d’établissements, qu’il sera possible d’étendre et de généraliser la mobilisation. Car face à Macron et Blanquer, une seule voie est possible : la grève reconductible de toute l’éducation, de la maternelle à l’université. 

Aurélien Perenna

Les commentaires sont fermés.