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En quête de respectabilité, l’extrême droite agite le péril rouge...

Immigration et insécurité sont le combo gagnant pour saturer l’espace médiatique et politique, jusque dans la rue. La mobilisation unanime autour de l’affaire Philippine Le Noir de Carlan masque les contradictions qui traversent la fachosphère. Mais ces forces peuvent entrer en phase pour frapper ensemble : par exemple sur une gauche qualifiée à l’envi d’« immigrationniste » ou même « antisémite ».

Dans Valeurs Actuelles en juillet, Marine Le Pen envisageait un « processus de déconcentration » de son parti. Elle avait déjà, en 2018, fait le coup du parti « moins vertical ». La direction du RN fantasme sur l’émergence spontanée d’une génération de cadres formatés pour son projet. Comment, dans la perspective d’une « réorganisation profonde du mouvement », le RN pourrait se couper de la jeunesse militante qui s’active où il est en défaut : l’implantation et la formation ?

Les jeunes fachos pas assez dédiabolisés

De l’Action française à l’Institut Iliade, tous tentent de transformer l’échec du RN aux législatives en offre militante dans leurs propres rangs. La Cocarde pourrait être ce chaînon manquant entre opportunistes respectables fans de Jordan et éléments radicaux de terrain, vertébrés par une tradition politique. Mais l’organisation est limitée au secteur étudiant, peu favorable à une implantation durable. Et elle ne couvre pas tout le territoire. L’incapacité du RN à assumer toute relation avec ses franges radicales le décrédibilise. Raphaël Ayma, porte-parole de Tenesoun (Aix), théorisait de « marcher sur deux jambes », activiste et institutionnelle. Arrivé à son poste de collaborateur parlementaire, il est licencié après une campagne de presse. L’obsession pour la dédiabolisation reste un caillou dans la chaussure de Marine Le Pen.

Allumer des contre-feux vis-à-vis de l’extrême gauche

Elle désignait à Valeurs Actuelles les forces dressées contre elle : « l’extrême gauche » à l’égard de laquelle il existe « une complaisance absolument inouïe » et un maillon qui « pose un sérieux problème (…) : le monde médiatique ». Marine Le Pen insiste qu’il faut « être irréprochable » afin de passer le second tour. Elle aurait aussi besoin de « contre-diaboliser les diabolisateurs », selon l’expression de Jean-Yves le Gallou. Les délires sur l’antisémitisme lors des mobilisations pour la Palestine n’ont pas suffit. Marine Le Pen rêve d’un traitement de la gauche radicale à l’aune de ce que lui réserve la presse critique.

Les jeunes cadres de la nébuleuse ont mûri et retrouvent la stratégie des Identitaires des années 2000 : effrayer ses adversaires et rassurer sa grand-mère. Jean-Eude Gannat, meneur du Mouvement chouan, ex-Alvarium d’Angers, proposait fin juin plutôt que de « botter le cul des islamo-gauchistes », de « comprendre leur fonctionnement et leurs réseaux (...) pour les attaquer de manière chirurgicale, souvent médiatique ou judiciaire ». Le « sursaut sécuritaire » appelé par Jordan Bardella pour sa rentrée politique intègre cette dimension. Les vieux réflexes de lutte contre le péril rouge ont été réactivés avec la campagne du Nouveau Front populaire.

Les demandes d’interdictions des « milices d’extrême gauche » ne sont pas nouvelles. Mais apparaissent depuis peu des enquêtes sur la gauche radicale plus ou moins sérieuses : de la revue Frontières à l’anecdotique Réseau Nemrod, en passant par l’Observatoire des violences politiques. Jusque-là aucune campagne massive n’a été engagée mais tout l’arsenal se met doucement en place pour fournir des billes à Retailleau... et après. Prenons garde que ces contre-feux ne nous prennent de revers.

Commission nationale antifasciste du NPA

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