Après des semaines de menaces d’insurrections armées en cas de défaite, Trump peut, cette fois-ci, difficilement invoquer le trucage des élections par les démocrates. Il a gagné, et il a même gagné en nombre de voix. Les électeurEs lui ont accordé près de 72 millions de voix contre plus de 66 millions pour Kamala Harris.
On l’attendait, même si on espérait pourtant encore que le candidat Trump ne l’emporte pas... Or, c’est tout le contraire : les républicains gagnent même la majorité au Sénat.
Une majorité des électeurEs a donc fait le choix la brutalité d’un homme blanc réactionnaire, raciste et misogyne, un capitaliste climato-sceptique dont l’obscène slogan de campagne « Drill, baby, drill » (« Fore, chéri, fore ») résume sa caricature et replonge ses électeurs dans le fantasme d’une Amérique toute-puissante. Mais en Amérique comme en Europe, le système économique sans avenir de la course aux profits et son ordre social inégalitaire, engendre le repli sur un passé fantasmé et la promesse d’un avenir radieux sans rien changer… sinon d’exploiter, violenter, discriminer et polluer toujours davantage.
Si les démocrates, en particulier Kamala Harris, étaient à juste titre contestés par les militantEs de la cause palestinienne pour leur soutien à Israël et leur complicité dans le génocide en Palestine, c’est plus généralement le bilan socio-économique de Joe Biden qui a été sanctionné, car les inégalités n’ont jamais été aussi fortes aux États-Unis. Malgré l’absence d’illusions des forces de gauche dans le vote Kamala Harris et la politique capitaliste libérale qu’elle représente, faire obstacle au retour de l’extrême droite au pouvoir était au cœur des préoccupations, comme le disait par exemple Angela Davis : « Je le dis avec beaucoup d’hésitations. Mais je pense qu’à ce stade, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter l’élection de Donald Trump. Ceci afin d’éviter l’ascension du fascisme aux États-Unis ».
L’élection de Trump est à l’image du monde en guerre dans lequel le capitalisme nous entraîne et où l’extrême droite gagne toujours plus de pouvoir. Cette élection reflète le recul du débat public au profit de la violence politique, des fake news et des anathèmes ; elle reflète la brutalité des rapports sociaux et de la méthode politique que porte l’extrême droite.
Elle annonce l’approfondissement des guerres commerciales et du protectionnisme, le mépris total de la lutte contre le changement climatique. Elle annonce le pire pour les peuples qui subissent aujourd’hui l’impérialisme et le colonialisme en Palestine, au Liban, en Ukraine, au Kurdistan, ou qui risquent de le subir dans le futur, comme à Taïwan.
La montée des extrêmes droites en Europe et des autoritarismes en général dans ce contexte économique morose, mais aussi la situation écologique dramatique ont tout à nous faire craindre de l’élection de Trump et de ses conséquences.
Ainsi, c’est à la construction d’un nouveau rapport de forces contre le racisme, le sexisme, le carbo-fascisme et le capitalisme que nous continuons de nous atteler, en lien avec toutes celles et ceux qui luttent en ce moment aux États-Unis et partout dans le monde.