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Tension avec l’Algérie, les frustrations du colon...

Après une courte période de reprise du dialogue, la tension entre l’Algérie et la France s’est accentuée et a escaladé encore d’un cran. Démarrée en août dernier à la suite de la reconnaissance de la légitimité coloniale du Maroc sur le Sahara occidental, elle n’a fait que s’aggraver depuis et représente le niveau le plus grave jamais atteint depuis l’indépendance en 1962.

Le gouvernement français, par la voix de son ministre de l’Intérieur, a décidé de refaire de l’Algérie et de la défaite coloniale un sujet de politique intérieure. Très récemment il avait déclaré : « Il n’y a pas seulement un problème diplomatique, il y a aussi une question de fierté du peuple français, qui ne veut plus que l’Algérie puisse nous humilier », en parlant de l’obstruction de l’État algérien à la réadmission d’une soixantaine de ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire — alors qu’ils résidaient régulièrement en France. 

La droite et l’extrême droite française jettent de l’huile sur le feu

Dans cette crise pèse de tout son poids le discours raciste et colonial de la droite et de l’extrême droite française sur l’Algérie : d’ailleurs Retailleau a menacé de démissionner s’il n’avait pas gain de cause sur le dossier algérien, c’est-à-dire la renégociation de l’accord de 1968.

Alors qu’il a été recadré par Macron et que les tensions semblaient s’atténuer, le ministre des Affaires étrangères s’est rendu le 6 avril en Algérie. Mais le 11 avril, un agent du consulat algérien de Créteil était mis en examen, soupçonné d’être impliqué dans l’affaire de l’enlèvement présumé le 29 avril 2024 d’un influenceur algérien opposé à Tebboune, le président algérien. Dès le lendemain, le pouvoir algérien a répondu en exigeant le départ de 12 agents consulaires et diplomatiques français sous 48 heures. Deux jours plus tard, l’ambassadeur de France à Alger était rappelé, et 12 agents diplomatiques algériens étaient expulsés. Signe que ces ripostes restent ciblées, la diplomatie algérienne a bien pris soin de n’expulser que des agents liés au ministère de l’Intérieur et de ne cibler que ce dernier dans son communiqué.

Droits humains contre anticolonialisme ou la guerre des chefs

Chaque État cherche à gagner des points de légitimité dans la crise. La France se pose en protectrice des droits humains en exigeant la libération de Sansal alors qu’elle n’a jamais exigé la libération de prisonniers politiques lors du Hirak et qu’elle négocie pour renforcer la coopération sécuritaire et migratoire entre les deux pays, avec les violations des droits humains que cela implique. L’Algérie se pare d’un discours anticolonialiste pour satisfaire l’opinion publique tant des Algériens qu’à l’international, alors que le régime ne tolère aucune opposition interne – l’influenceur algérien au cœur du regain de tension était un réfugié politique en France.

Reste que dans cette crise, la France est incapable de réellement peser sur l’Algérie, ce qui renforce le discours colonial tenu par la droite, Retailleau en tête, qui appelle à monter en puissance dans la crise. Celle-ci risque de continuer à être instrumentalisée alors que la guerre des chefs est en cours chez les Républicains. Cette frustration de la droite est un reflet de la perte de puissance de l’empire colonial français en Afrique. 

Edouard Soulier et Sulalat

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