À l’heure où le génocide s’intensifie à Gaza avec des images absolument terrifiantes, le mouvement de solidarité est en difficulté pour répondre à la hauteur de l’enjeu.
Devant la famine qui s’approfondit à Gaza, le bombardement d’écoles et l’impossibilité pour le dernier hôpital de fonctionner, une certaine émotion, un certain effroi envahissent enfin l’opinion mondiale. Il était temps.
Des prises de position publiques
Les dirigeants des grandes puissances, à l’instar de Macron, sont forcés de montrer leur distance avec la politique de Netanyahou et de dénoncer le danger de génocide… alors que l’ONU l’a fait depuis plusieurs mois. La France, la Grande-Bretagne et le Canada ont même menacé Israël « d’autres mesures, y compris des sanctions ciblées ».
Sans qu’on sache si cela aura un jour des répercussions concrètes. Car, concrètement, Macron ne lève pas le petit doigt pour empêcher le commerce et les partenariats avec Israël. Il ne fait rien non plus contre la présence de l’État génocidaire au salon du Bourget, par le biais de grandes entreprises de l’armement et de l’aéronautique, comme Elbit Systems qui pèse 7 milliards de dollars de chiffre d’affaires et ou comme Rafael Advanced Defense Systems qui produit des drones, des missiles et du matériel de surveillance.
La prétendue solution à deux États
En revanche, Macron tente de nouveau de nous vendre la fable de la reconnaissance de l’État de Palestine. La proposition est tentante pour de nombreuses organisations, car cela permettrait de faire apparaître la Palestine comme un acteur diplomatique. En réalité, cette proposition ne peut répondre aux besoins de la situation.
Première raison, Macron demande une reconnaissance mutuelle entre la Palestine et Israël, ce qui signifierait pour Israël reconnaître les frontières de son État — ce qu’il n’a jamais fait — et pour les PalestinienNEs, accepter la réalité de l’État raciste, d’apartheid qu’est Israël, tandis que leur territoire consisterait en une galaxie de micros-morceaux d’État dont les connexions seraient contrôlées par Israël.
Cela, en outre, remettrait en selle l’Autorité palestinienne, alors qu’elle est extrêmement discréditée en raison de la répression qu’elle exerce contre les forces de résistance palestinienne et de sa collaboration avec le régime sioniste.
Deuxième raison, cette proposition divise le mouvement de solidarité au moment où il aurait besoin de la plus grande unité contre le génocide. En effet, s’opposent deux options : d’une part, la construction d’un État de Palestine au côté de l’État d’Israël ; de l’autre — l’option que nous défendons — la libération d’une Palestine démocratique, laïque et égalitaire où chacun peut vivre selon sa religion et son origine du moment qu’il accepte son cadre décolonial. Ce débat est inévitable.
Construire la solidarité
La discussion sur l’avenir de la Palestine ne devrait pas nous détourner de la construction du mouvement de solidarité, plus que jamais nécessaire. Il faut imposer des sanctions contre Israël et pour cela, construire le mouvement de solidarité et la mobilisation unitaire.
La bataille contre la dissolution d’Urgence Palestine, qui est une étape démocratique clé, peut être un outil pour unifier le mouvement. Il est possible d’organiser des comités contre la dissolution partout, pour que dans chaque ville les forces qui s’opposent au génocide se rencontrent et s’organisent pour construire une mobilisation unifiée.
Antoine Larrache