Mardi 3 juin, alors que Steeve Üne était encore en audition, l’ordonnance des trois juges d’instruction qui ont auditionné les autres militant·es de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain) a été rendue publique. Elle ordonne la libération des quatre premiers : Christian Tein, Guillaume Vama, Dimitri Qenegei et Erwan Waetheane, après avoir autorisé Frédérique Muliava et Brenda Wanabo à rentrer au pays et retrouver leurs familles.
Cette ordonnance montre ce que les emprisonné·es, déporté·es en France et leurs soutiens expriment depuis le début : les accusations extrêmement graves étaient sans aucun fondement matériel. Elles avaient un double objectif. D’abord, discréditer la CCAT, regroupement d’organisations et d’associations indépendantistes ayant pour but d'organiser la résistance au passage en force du gouvernement français. Ensuite, tandis que ce gouvernement avait fait voter le 14 mai la fin du processus de décolonisation et provoqué le soulèvement de la jeunesse de Kanaky, il s'agissait pour lui de désorganiser les cadres de la résistance populaire.
Cette ordonnance de libération (mais sans prise en charge du retour au pays pour les détenu·es) est une nouvelle défaite politique pour Macron et pour ceux de son gouvernement qui veulent s’opposer à l’indépendance de Kanaky-Nouvelle Calédonie, après la suspension de la loi sur le dégel du corps électoral.
Pour autant, ces colonialistes ne renoncent pas, nous le savons. Ils ont fait appel de l’ordonnance. Les détenu·es sont donc maintenu·es en prison jusqu’au passage devant le président de la Cour d’appel en fin de semaine et une nouvelle décision de la chambre d’instruction la semaine prochaine.
La violence de la répression policière, mais aussi de la répression politique par des sanctions économiques – que sont l’arrêt des facilités financières aux collectivités territoriales alors qu’un·e salarié·e sur 7 a perdu son emploi et que les prix flambent – ne sont pas venus à bout de la volonté de la population d’en finir avec la colonisation.
L’urgence est donc :
- la libération des prisonnier·es de la CCAT ;
- leur relaxe des accusations politiques ;
- et le retour au pays à la charge de l’État français.
L’urgence, c’est aussi le retour des dizaines de détenus kanak – on ne les oublie pas – qui ont également été déportés dans des prisons françaises et se retrouvent coincés à 16 000 km de chez eux dans la plus grande précarité.
C’est une des conditions à l’avancée des discussions politiques que Macron organise à partir du 12 juin sur l’avenir du territoire. En Kanaky-Nouvelle Calédonie comme partout, il est fini le temps des colonies !