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En Argentine, Cristina Kirchner condamnée et interdite d’élection...

Le champ politique argentin est (à nouveau) en ébullition. Quelques mois avant les élections législatives de mi-mandat, et seulement quelques jours après l’annonce de sa candidature comme députée régionale, la Cour suprême vient de confirmer la condamnation de Cristina Kirchner pour corruption : 6 ans de prison et inéligibilité à vie.

Est-ce que Cristina Kirchner s’est enrichie pendant son mandat ? Énormément. Est-ce qu’elle l’a fait de manière illégale ? Sûrement. L’Argentine est un pays où les politicienNEs sont très corrompuEs, remplissent leurs poches avec l’argent public. Cela exonère-t-il Cristina Kirchner ? Absolument pas.

Une condamnation très politique

Mais il faut comprendre dans quel dossier elle a été condamnée. Il s’agit du dossier le plus faible que la justice a contre l’ex-présidente. Un dossier lancé sous le gouvernement de droite de Mauricio Macri, pour détournement de fonds dans les travaux publics, au bénéfice d’hommes d’affaires proches. Rien de nouveau sous le soleil. En Argentine, la plupart des travaux publics prennent du retard ou ne sont jamais terminés, avec ou sans corruption. Les prix sont souvent gonflés. Les accusations contre Cristina Kirchner devraient, au minimum, s’appliquer aussi à toutes les entreprises de BTP, à tous les exécutifs — locaux, régionaux ou nationaux. Par exemple, le père de Mauricio Macri a fait fortune de cette manière dans les années 1990. Et les preuves impliquant directement l’ex-présidente sont faibles.

C’est un procès déclenché par ses adversaires politiques — qui ont les mêmes casseroles — à un moment où elle était dans l’opposition, et dont le jugement tombe... à nouveau alors qu’elle est dans l’opposition.

Des heurts et une campagne contre la « proscription »

Juste après l’annonce, le péronisme a lancé une campagne contre la proscription et organisé des rassemblements. Certains se sont terminés par des heurts, et une chaîne d’information (connue pour sa ligne éditoriale très hostile au péronisme) a subi des dégradations. Le péronisme reste un mouvement très populaire, capable de mobiliser des travailleurEs pauvres pour faire pression. Ses méthodes de mobilisation sont certes clientélistes, et il a été en grande partie absent des luttes contre l’austérité imposée par Milei. Mais quand il veut mobiliser, il sait le faire.

La campagne contre la proscription est cependant complexe. Le péronisme n’est pas le seul à la dénoncer. L’extrême gauche argentine aussi — avec des nuances et des lignes tactiques différentes — dénonce un procès très politique, sans pour autant soutenir l’ex-présidente ni le péronisme. À l’inverse, le Parti radical et d’autres forces centristes défendent le jugement en insistant sur la perception largement partagée dans la classe moyenne : Cristina Kirchner est vue comme une politicienne corrompue. Et cela malgré l’évidence d’une justice argentine loin d’être indépendante.

La question pour l’extrême gauche argentine est donc la suivante : comment ne pas s’isoler des couches populaires qui gardent confiance dans le kirchnérisme, tout en s’opposant à un procès politique mené par une droite cynique et une justice corrompue ? Et comment continuer à combattre une corruption qui ne commence ni ne s’arrête au kirchnérisme ?

M. N.

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