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Le double objectif de la répression à l’université...

année 2024, cette répression a atteint un pic avec l’utilisation ssytématique de la police pour évacuer les manifestations de protestation sur le génocide. Une répression d’État jusqu’au plus haut niveau car Laurent Wauquiez président de région a ordonné la suppression des subventions de l’université Lyon 2 pour soutien à la Palestine et islamo-gauchisme. Il ne faut pas sous-estimer le précédent que cela crée — qui est d’ailleurs une copie des menaces de Trump sur l’université d’Harvard. Pour Trump et son administration, Harvard est une institution antisémite parce que des étudiant·es se sont mobilisé·es pour la Palestine.

L’instrumentalisation de l’antisémitisme a également fait une avancée pour museler les universités. En effet, il s’agit bien entendu de la raison principale évoquée pour interdire et censurer les voix pro palestiniennes.

En particulier, au sujet de la loi censée lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, la députée  Caroline Yadan a introduit un amendement durant l’examen en séance pour que la définition de l’antisémitisme soit celle de IHRA et qui assimile certaines critiques d’Israël et de sa politique à une nouvelle forme d’antisémitisme. De plus, l’article 3 crée par le recteur une section disciplinaire régionale externe à l’université, qui peut être saisie sur demande de la présidence, et qui peut sanctionner des faits « portant atteinte au bon fonctionnement de l’établissement » ou des faits « en dehors de l’établissement ayant un lien avec ». Il s’agit d’une réponse répressive pour faire taire les mobilisations palestiniennes dans un premier temps et les mobilisations étudiantes dans un second.

Le texte final issu de la commission paritaire a certes exclu la définition de l’IHRA, mais a gardé toutes les dispositions liberticides de l’article 3. C’est une atteinte très grave puisque cela va accélérer les sanctions (comme l’interdiction d’accès à certains bâtiments), les exclusions et la répression des étudiants et étudiantes qui se mobilisent dans les universités et font vivre la solidarité internationale. Cependant, il ne faut pas sous estimer que les étudiant·es juifs.ves peuvent subir de l’antisémitisme à l’université comme dans le reste de la société, les discours qui amalgament l’antisionisme et l’antisémitisme en sont aussi responsables, qu’il y a un vieil antisémitisme de l’extrême-droite bien ancré sur les universités : saluts nazis, jeu de cartes antisémites, croix gammées... Plusieurs affaires récentes impliquant des responsables de l’UNI nous rappellent qui nourrit l’antisémitisme.

Il ne reste que l’hypocrisie des directions universitaires faisant semblant de verser des larmes sur le sort de Gaza tout en interdisant toute expression de solidarité.

Hypocrisie du gouvernement

Cette hypocrisie vient d’en haut. D’ailleurs les directives sous forme de circulaires — sur l’expression de l’antisémitisme par exemple — ou même le rapport de déontologie commandé par le gouvernement qui insiste sur le fait que les universités ne choisissent pas en autonomie leurs partenaires scientifiques. Cet argumentaire du rapport de déontologie visait essentiellement à justifier le maintien des collaborations universitaires avec Israël, insistant — de manière complètement hallucinante — sur le fait que les universités devaient suivre les directives stratégiques de la France, tout en insistant sur les libertés universitaires qui sont censées justifier le partenariat avec Israël.

Cette hypocrisie et ce double langage sur les libertés universitaires s’est particulièrement illustré lors du mouvement Stand Up For Science. L’attaque sur la recherche publique de l’administration Trump s’est faite avec une brutalité et une violence sans précédent. Des chercheuses et chercheurs licencié·e·s du jour au lendemain, des subventions supprimées sans préavis, fermeture des applications de support (comme les mails) interdictions de voyager etc.  tout un ensemble de mesures hallucinantes qui ont complètement décimé un grand nombre de laboratoires de recherches étatsuniens. Cette violence est d’autant plus ressentie comme absurde vu le passé stratégique de financement massif de la recherche fondamentale via l’argent public aux États-Unis. Il a pris pour cible les secteurs de la recherche détestés par la droite : sur le racisme et l’inclusion (DEI) mais également sur le réchauffement climatique et évidemment toutes les études sur les potentiels impacts d’industrie polluantes. La dérégulation néolibérale atteint le sommet de se rendre totalement aveugle aux problèmes pour ne pas avoir à réglementer sur ceux-ci.

Il s’agit également de faire pression sur les universités considérées comme bastion de gauche — comme Harvard évoqué ci dessus — selon la même double logique.

Comme pour la Palestine, il y a eu une réponse à ces attaques par les milieux académiques américains. Stand up for Science a réussi à agréger des dizaines de milliers de chercheurs et chercheuses dans le monde. Des milliers de manifestations et happenings ont eu lieu lors du mois de mai, notamment parmi une population qui ne se mobilise plus depuis des années. Cette mobilisation a permis un démarrage — en fin d’année universitaire malheureusement — d’un mouvement initié par les étudiantes sur la question du budget.

En effet, la colère a notamment été autorisée par Macron et des annonces d’accueil. Le même week-end ou des coupes de plusieurs centaines de millions d’euros du budget de la recherche ont été annoncées, l’Elysée déclarait : « Le Président de la République a porté une vision où la recherche devient un levier d’indépendance, de compétitivité et de souveraineté ». Comme on l’a vu ce discours masque mal surtout un contrôle politique de l’université sous couvert d’indépendance. Ce discours a d’ailleurs été repris par bon nombre de présidents d’université alors qu’ils et elles accompagnent et gèrent les politiques gouvernementales bien souvent avec enthousiasme.

Il reste que même s’il a été timide le mouvement suite à Stand Up For Science montre que potentiellement il existe une volonté de se mobiliser notamment chez les étudiantes et étudiants. Les conditions d’étude se sont tellement dégradées depuis une vingtaine d’années et il y a eu une perte de tradition de lutte à l’université ce qui fait que l’université n’est plus le bastion de contestations que cela a été. Mais malgré la répression et l’atomisation, il y a quand même quelques points d’appui qui font qu’on peut espérer un renouveau d’une génération qui va lutter politiquement pour l’émancipation au sein des universités. 

Édouard Soulier et Mathilde Millat

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