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  • Le pouvoir frappe fort : on ne se laissera pas faire !

    Depuis le recours au 49.3, et davantage encore depuis le rejet de la motion de censure à l’Assemblée nationale, le pouvoir a décidé de taper fort sur la mobilisation : arrestations ciblées de militantEs, interpellations massives dans les manifestations, déchaînement de violences policières… Le gouvernement est ultra-minoritaire et le sait, et comme la mobilisation est loin de faiblir, il n’a d’autre choix, s’il entend aller au bout de son passage en force sur les retraites, que de frapper, dissuader, intimider.

    Depuis deux mois et le début de la mobilisation pour la défense de nos retraites, certains glosaient sur le fait que la police serait étonnamment discrète, conséquence d’un « changement de doctrine » au niveau du ministère de l’Intérieur et, partant, des préfectures. S’il est vrai que les manifestations se déroulaient globalement mieux que lors des précédentes mobilisations d’ampleur, entre autres et notamment le mouvement des Gilets jaunes, nous étions toutefois loin d’une situation « apaisée » : violences contre des manifestantEs, affrontements réguliers dans certaines villes (Rennes, Nantes, Paris…), interventions contre des blocages, etc. 

    Déchaînement de violences 

    La violence et la pression n’avaient donc jamais disparu, même si leur intensité était beaucoup plus basse que ces dernières années, en raison notamment de la massivité des manifestations et de la « largeur » de l’arc intersyndical. Mais force est de constater que, depuis quelques jours, le ton a changé, avec notamment le retour remarqué des sinistres BRAV-M dans les rues de Paris.

    Jeudi 16 mars au soir, ce sont ainsi 310 personnes qui ont été interpellées, dont 292 à Paris. Samedi soir, on comptait 169 interpellations, dont 122 à Paris. Lundi soir, 287 interpellations, dont 234 à Paris. Et rien ne semble indiquer, à l’heure où ces lignes sont écrites, que la tendance va s’inverser.

    Il s’agit de toute évidence non seulement de faire du chiffre mais aussi de faire peur, de dissuader. Ces interpellations se déroulent en effet dans le cadre d’interventions particulièrement violentes, avec usage massif de gaz, coups de matraque et tirs de LBD, et des scènes de violences qui rappellent la répression des Gilets jaunes. Un déchaînement qui fait dire à un CRS, cité par Mediapart, à propos des BRAV-M : « Ils mettent le bordel plus qu’autre chose. Ils matraquent dans tous les sens. Après ce sont des collègues parfois mais on n’a pas le même état d’esprit. Il y a pas mal de policiers passés par la BAC dans leur rang et formés à aller au contact, peu importe qui ils ont en face. C’est cela le danger. »

    Faire front face à la répression 

    Nous ne sommes pas de ceux qui tentent de distinguer entre les bons CRS et les mauvais BRAV-M. Ces corps de répression sont là pour mater la contestation sociale, et nous n’avons aucune raison d’espérer de leur part autre chose que de la violence. Mais le fait que certains, au sein même de ces forces de répression, en viennent à s’inquiéter, en dit long…

    D’autant plus que ces violences s’accompagnent d’interventions ciblées contre des actions, voire contre des militantEs à leur domicile, comme cela a été par exemple le cas à Marseille contre des syndicalistes de la CGT énergie. Il s’agit bien d’une politique globale, et non d’incidents liés à des flics beaucoup trop zélés ou un peu trop fachos : le pouvoir sait qu’il est sur la corde raide, et il a fait le pari, à défaut d’avoir réussi à convaincre, d’une répression d’ampleur pour faire taire la contestation.

    Dans une telle situation, il est de la responsabilité de la gauche sociale et politique de s’opposer, de manière unie, à cette nouvelle offensive contre nos droits démocratiques. Et il est essentiel de se serrer les coudes, de s’organiser partout pour réagir collectivement face aux violences, face aux interpellations, face aux mises en garde à vue : s’ils touchent à l’un ou l’une d’entre nous, c’est à l’ensemble du mouvement qu’ils s’attaquent. Nous ne reculerons pas, nous ne nous laisserons pas intimider, nous ne lâcherons rien !

    Julien Salingue

  • Dégageons Borne, Macron et leur réforme : la vraie démocratie est dans la rue !

    À 9 voix près, la censure n’a pas été votée. Ces 9 voix montrent le faible soutien dont dispose le gouvernement dans son Assemblée, élue au scrutin majoritaire avec 12 % des inscritEs au premier tour. 49.3, 47.1, motion de censure, l’illégitimité de Macron, de son gouvernement et de la 5e République sont totales.

    Il faut en finir. Mais Macron a choisi la confrontation avec le mouvement ouvrier, ses organisations, ses droits démocratiques. La répression, utilisée pleinement depuis le 49.3, les nombreuses arrestations dans la jeunesse, en sont le symbole. Et ce ne sont pas les appels de Borne au « devoir d’exemplarité » des forces de l’ordre ou le rappel à « l’indispensable proportionnalité de l’usage de la force » de Darmanin qui nous feront croire que ce gouvernement ne continuera pas dans sa lancée. Au cours des trois premières nuits de confrontation, ce ne sont pas moins de 425 personnes qui ont été placées en garde à vue, en ne prenant que le chiffre sur Paris.

    Brutalité et illégitimité

    L’indignation suscitée par le recours au 49.3 donne un second souffle à la mobilisation. Les secteurs déjà mobilisés sont confortés dans leurs actions : débrayages dans le privé, grèves des éboueurs, dans différents secteurs de l’énergie (hydroélectrique, centrales nucléaires, dépôts pétroliers et raffineries), grève dans les transports, dans l’éducation… De manière complémentaire, de nombreux blocages ont lieu dans les villes, ainsi que des manifestations spontanées quotidiennes.

    Et depuis le rejet des motions de censure, l’illégitimité et la brutalité du pouvoir apparaissent plus flagrantes encore. On a vu Borne savourer sa victoire dans l’Hémicycle, puis annoncer qu’elle saisissait elle-même le Conseil constitutionnel. Ainsi, après avoir nié la rue et la démocratie sociale, elle s’avise (un peu tard) que sa réforme pourrait n’être pas conforme… à la Constitution qui sert pourtant ses intérêts et ceux de ses amis depuis près de 64 ans.

    Élargir, massifier avec détermination

    Et si les députéEs de la Nupes viennent eux de déposer un recours au Conseil constitutionnel, la seule réponse possible reste celle de la rue, d’une intensification de la mobilisation, avec la construction de la grève de masse, ce jeudi 23 mars mais aussi par l’élargissement de la grève reconductible.

    La vraie démocratie est bien dans la rue, en renforçant les AG et en multipliant les assemblées populaires. La manifestation de jeudi doit être encore plus massive que la précédente, montrer la ­détermination populaire pour gagner.

    Les organisations du mouvement ouvrier, syndicats, associations, partis doivent contribuer à construire une alternative au système et discuter d’une plateforme de revendications à opposer à ce pouvoir : pour le retrait de la contre-réforme, mais aussi le retour de la retraite à 60 ans, pour des augmentations de salaires, pour une transition écologique, des moyens pour l’éducation et les hôpitaux, pour l’assurance chômage, le retrait de la loi Darmanin, etc. Les réunions publiques et débats unitaires, qui existent déjà dans de nombreuses villes, doivent se multiplier pour en discuter.

    Décider par nous-mêmes et pour nous-mêmes

    L’aspect totalement antidémocratique de la 5e République apparaît à une échelle de masse. Qui doit décider ? Une assemblée constituante sur les cendres de la 5e République est une nécessité pour choisir les priorités d’une organisation sociale au service de la majorité de la population et pour faire émerger une société débarrassée du capitalisme : le monde du travail et toutes celles et ceux qui font tourner la société doivent donc pouvoir décider de sa bonne marche et s’auto-organiser en conséquence.

    L’ampleur de la mobilisation a remis en évidence la lutte acharnée qui existe entre les classes sociales, et la possibilité d’un recours de la bourgeoisie à une solution autoritaire ne peut être écartée. Cela renforce la nécessité de la construction d’un front unique le plus large possible sur un programme clair. Pour tout cela, le NPA propose que toutes les organisations du mouvement ouvrier et du mouvement social se réunissent dans les prochains jours.

    Bien entendu, cela ne remplace pas la mobilisation sociale, la construction de la grève et des manifestations, du blocage. Ce sont au contraire des outils complémentaires pour que ce conflit, qui est depuis le début un conflit politique entre la classe possédante et les classes populaires, trouve une issue dans la victoire du monde du travail et de la jeunesse.

  • Nice, printemps des migrations...

    Du 1er au 30 avril 2023, à Nice,
    le Printemps des Migrations nous invite à migrer, 
    de quartier en quartier, de dedans en dehors,
    d’art en d’art, de lieu en lieu, sans frontières.

    Nice, Niça, Nizza, Nissa, Nikaia… tantôt du nord, tantôt du sud,
    ligure, sarde ou savoyarde, lieu de départ ou d’arrivée : 
    Nice depuis toujours par delà les frontières.

    https://printemps-des-migrations.org/

  • Femmes migrantes, femmes debout...

    Dire aujourd’hui que 50 % des migrantEs sont des femmes est devenu presque une banalité mais cela ne signifie pas qu’elles sortent pour autant de l’invisibilité. Sauf quand elles se battent pour leurs droits, comme dans les hôtels Ibis entre 2019 et 2021.

    Cette migration féminine, par sa présence massive, est partie intégrante de la résistance aux politiques migratoires violentes mises en place par tous les gouvernements de la forteresse Europe, avec la complicité de nombreux régimes réactionnaires du Sud. Ces derniers servent, moyennant finance, de gardes-chiourmes pour leurs propres populations.

    « Migrantes : servantes de la mondialisation »

    Les femmes des pays sous domination de l’impérialisme sont en première ligne de sa politique d’asservissement, de violence militaire, de pillage direct et indirect (via la dette avec les programmes d’ajustement structurel néolibéraux imposés par la Banque mondiale et le FMI). Poussées à l’émigration par les guerres, les désastres écologiques, la misère et l’endettement de leur famille, bien souvent à leur charge et aux besoins de laquelle elles tentent ainsi de subvenir, ces femmes transgressent à la fois le rôle qu’on leur assigne dans le pays de départ et celui que l’Union européenne voudrait leur imposer.

    Pourtant, quand elles ont gagné leur droit à la circulation — au péril de leur vie et exploitées par des réseaux mafieux — et sont arrivées au bout de leur long et douloureux parcours d’exil, c’est pour grossir les rangs des chômeurEs et précaires (avec tous les dangers qui vont avec, y compris la prostitution contrainte) et, « au mieux », pour se faire surexploiter dans des emplois subalternes (dans les métiers du care ou le travail domestique). Ce que résume une formule de Michel Agier sur la place des femmes migrantes dans la division sexuelle et racisée du travail mondial : « Les migrantes sont devenues servantes de la mondialisation. »

    Migrantes : victimes et combattantes

    Pour arriver au bout de leur voyage, leur vécu et leur stratégie diffèrent de ceux des hommes migrants. Elles mettent en leur cœur d’autres questions, d’autres problématiques et, en particulier, la centralité du corps. Les corps de ces femmes sont marqués massivement par les abus sexuels et grossesses contraintes. Elles vivent souvent leurs corps à la fois comme un handicap qui les rend plus vulnérables mais aussi comme un outil de survie et de résistance.

    Tout au long de leur parcours, ce n’est qu’un continuum de violences. Elles sont à la fois victimes et combattantes. La seule transgression des frontières politiques, raciales et sexuelles qu’elles doivent mener de front en fait déjà des résistantes au quotidien.

    Pour une politique de l’accueil digne !

    S’impose la nécessité d’un espace pour exprimer ce qu’elles ont subi et y être écoutées avec bienveillance : le viol, le rapport à la maternité (laisser ses enfants, garder ou pas des enfants du viol, prendre le risque d’accoucher dans un bateau qui part à la dérive), affronter la mort en permanence. S’impose aussi en urgence des dispositifs pour soigner les blessures physiques et morales afin de se reconstruire, de retrouver sa dignité et son droit à l’intimité. Pourtant, le gouvernement préfère embaucher plus de flics que d’ouvrir des centres de santé pour soigner toutes les séquelles de ces souffrances.

    Avec ce titre de séjour pour les métiers en tension, le gouvernement Macron veut offrir aux patrons la main-d’œuvre des femmes migrantes — qui sont massivement employées dans ces métiers de l’hôtellerie et du «care ». Elles en seront les ­premières victimes.

    « La honte doit changer de camp ! »

    Victimes ou/et combattantes, elles résistent à leur façon quelle que soit leur situation. Comme l’exprimait la marche des femmes sans-papiers de 2020 :

    « Nous, les femmes du monde entier, subissons les agressions patriarcales et sexistes sur quasi tous les continents et dans toutes les sociétés. Celles d’entre nous qui parcourons ce monde sans le droit de le faire, à cause du préjudice de notre naissance, du lieu, de notre genre ou de notre sexe, sommes parties pour un "monde meilleur" au risque de nos vies ! Survivantes de l’exil à la merci des violences que le parcours nous fait subir, nous sommes debout ! »

    Commission immigration-antiracisme du NPA
  • Entretien : « Ce qui arrive aux sans-papiers est significatif de l’ensemble des attaques contre le monde du travail »...

    Dans un contexte politique de durcissement des mesures répressives et de privation des droits fondamentaux des migrantEs, nous avons rencontré Saïd Bouamama, co-fondateur et porte-parole du Comité des sans-papiers 59, engagé de longue date dans les luttes de l’immigration et des quartiers populaires dans la région des Hauts-de-France.

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  • Ouvrez, ouvrez les frontières !

    En 10 ans, 26 000 personnes sont mortes en Méditerrannée, chiffre sans doute en-dessous de la vérité. En 2015, le corps d’Aylan échoué en Turquie avait ému. Aujourd’hui, les drames se succèdent dans l’indifférence générale.

    Le 26 février, au moins 70 migrantEs sont mortEs noyéEs près de la plage de Steccato di Cutro en Calabre. Ils venaient de Turquie et avaient cherché à éviter la Grèce et ses camps. La barque avait été repérée par un avion de Frontex, mais aucun secours ne leur était venu en aide.

    Frontex et la guerre des États européens contre les ONG

    La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, dirigeante du parti fasciste Frères d’Italie, a exprimé sa « profonde douleur » face à ce drame et juge qu’il est « criminel de mettre en mer une embarcation de 20 mètres… avec 200 personnes à bord et une mauvaise météo ». Le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, membre de la Ligue du Nord, a expliqué qu’il fallait arrêter les départs, seule façon d’éviter les mortEs. Ignoble !

    Il n’y a plus de bateaux sauveteurs des États européens, seulement des bateaux des ONG. En Italie, le gouvernement d’extrême droite a engagé une guerre contre les ONG qui viennent secourir les migrantEs en perdition en Méditerranée. Le nouveau décret pris par le gouvernement de Giorgia Meloni oblige les navires humanitaires à effectuer un seul sauvetage à la fois dans une journée, les contraignant à accoster dans un port avant de retourner pour en secourir d’autres.

    Ces navires ne pourront plus accoster dans des ports situés à proximité du sauvetage, mais devront remonter plus au nord des côtes italiennes. SOS Méditerranée parle d’une guerre qui leur est menée et estime que cela vise à les faire « disparaître de la Méditerranée centrale ». Pour Médecins sans frontières, éloigner les ports où les bateaux peuvent se rendre complique les sauvetages en ­augmentant les coûts en carburant.

    L’Europe : un espace de non-accueil

    De plus en plus de voies d’exil sont fermées rendant les passages de plus en plus dangereux. Lors de la visite du Premier ministre anglais Rishi Sunak le 11 mars à Paris, Macron et lui se sont mis d’accord sur un marchandage ignoble : empêcher toute traversée de la Manche, toute arrivée de réfugiéEs venant de France en Angleterre, en échange de quoi le gouvernement anglais verserait 541 millions d’euros pour financer des patrouilles policières sur les côtes françaises et construire un CRA dans le nord de la France.

    Ursula van der Leyen veut que l’Europe redouble « d’efforts concernant le pacte sur la migration et l’asile ». Lorsque le 10 juin 2022, les 27 États ont adopté un « mécanisme volontaire de solidarité », il ne s’agissait pas de solidarité vis-à-vis des migrantEs mais entre les pays de l’UE pour répartir les demandeurEs d’asile.

    Dans la même logique, la base de données européenne Eurodac permettant le fichage des migrantEs et des demandeurEs d’asile pourra être étendue aux pays limitrophes, renforçant toujours plus les frontières européennes. Il s’agira d’externaliser toujours plus loin, de tenir à distance celles et ceux qui sont considéréEs comme « indésirables », de payer des pays comme la Libye pour interdire les passages. Le développement dans les Balkans d’un système de collecte de données des personnes exilées et qui sera commun avec l’UE illustre cette volonté d’un flicage anti-migrantEs à l’échelle d’un continent.

    Commission immigration-antiracisme du NPA