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Actualités nationales... - Page 243

  • « Faire entendre notre refus des dérives actuelles des médias dominants »...

    L’observatoire des médias Acrimed vient de lancer un appel « à l’ensemble des forces politiques de la gauche de gauche, aux journalistes et à leurs syndicats, aux collectifs de journalistes précaires, aux médias alternatifs comme à l’ensemble des usagers des médias, pour contester les dérives médiatiques actuelles et penser urgemment la réappropriation démocratique des médias (des) dominants ». Nous le relayons sur notre site, en appui à une démarche salutaire.

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  • Amiante : la justice aux ordres lave plus blanc que blanc...

    22 ans après les premiers dépôts de plaintes, la Cour de cassation annule définitivement les mises en examen pour homicides et blessures involontaires dans le dossier des expositions à l’amiante concernant les chantiers navals de la Normed et de l’université de Jussieu.

    Cette décision tombe après plusieurs autres, concernant la plupart des dossiers amiante constitués dans la période de mobilisation qui a conduit à l’interdiction de l’amiante en 1997.

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  • Jeunesse : Même Macron, même combat...

    Depuis plus de deux semaines, la jeunesse scolarisée a emboîté le pas aux Gilets jaunes et s'est aussi mêlée à la lutte contre Macron.

    En cause, la hausse des frais d'inscription pour les étudiantEs étrangerEs, la plateforme de sélection Parcoursup et la réforme du bac, pour laquelle les élèves de seconde sont utilisées comme cobayes. Mais au-delà, notamment dans les franges les plus populaires de la jeunesse, c'est la contestation de tout un monde : celui de Macron et de sa politique en faveur des plus riches. Si on peut entendre le « Macron démission » sur de nombreux blocages routiers, les manifestations lycéennes font fréquemment la part belle au « Lycéens, Gilets jaunes, même Macron, même combat ».

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  • Pas de trêve pour les luttes, pas de cadeaux pour Macron...

    Le bilan du week-end témoigne, à l’échelle nationale, d’un reflux du mouvement des Gilets jaunes. Mais cela n’efface pas la profondeur de la colère, l’ancrage de la contestation et la nécessité d’intervenir, de militer pour construire la mobilisation contre le gouvernement.

    Les manifestations du 15 décembre ont été, dans la majorité des endroits, réduites par rapport aux week-ends précédents, même si on ne peut faire aucune confiance aux chiffrages donnés par l’État. Dimanche et lundi, les blocages étaient également moins nombreux que les semaines précédentes. Mais on aurait tort d’enterrer la mobilisation, qui a montré sa capacité à rebondir et à innover. 

    En effet, la colère n’a pas été réduite par les annonces de Macron et de Philippe. La répression a certes découragé certainEs manifestantEs, mais de nombreux blocages sont maintenus, modifiés, relancés. Le gouvernement, par la voix de Castaner, a annoncé sa volonté de les casser cette semaine, afin d’en finir avec le mouvement, mais la répression pourrait également produire l’effet inverse, puisqu’elle prouvera que le gouvernement agit, en réalité, à l’opposé de sa volonté revendiquée de « dialogue ».

    Le mouvement face à des problèmes politiques

    Le bilan des dix derniers jours est notamment celui de l’échec, que l’on espère temporaire, du lien entre le mouvement des Gilets jaunes et le mouvement ouvrier organisé. Les appels syndicaux aux 8, 14 et 15 ont été très limités, sans parler de la plaisanterie de l’appel de la CGT à faire grève le 18 décembre, absolument pas relayé ni réellement organisable dans les lieux de travail.

    Même s’il y a des exceptions plutôt réussies, à Avignon, Nîmes ou Bordeaux par exemple, on a ainsi pu observer les limites d’une mobilisation où, d’un côté, le mouvement ouvrier traditionnel ne mobilise pas fortement, en particulier sur la question des salaires, et où de l’autre les blocages ne basculent pas dans les lieux de travail. Ce sont souvent les couches les plus précarisées de la classe ouvrière qui se mobilisent, et qui ne parviennent pas à cette étape à entraîner les grosses structures et à basculer elles-mêmes dans la grève.

    Sur les lycées, le constat est similaire, puisque ce sont les établissements les plus populaires qui bougent, mais ne parviennent pas à se structurer fortement ni à entraîner ceux qui rassemblent les couches habituées à s’organiser. Les mobilisations étudiantes ont été très fortes mais peinent à se solidifier et s’étendre.

    De l’aspiration démocratique au détournement institutionnel

    Une offensive a été menée cette semaine pour entraîner la mobilisation du terrain de la lutte vers celui de la délégation de pouvoir. Depuis le début du mouvement, une grande aspiration démocratique s’est exprimée, pour que celles et ceux d’en bas puissent décider. Des forces politiques variées se sont appuyées sur cette préoccupation pour proposer le référendum d’initiative citoyenne (RIC) comme issue au mouvement, dans le contexte des difficultés de sa construction. Sur les barrages, il est bien souvent présenté comme une façon de débattre et de décider à partir du niveau local… alors que pour les partis institutionnels, ce sera quasiment l’inverse, une nouvelle forme de référendum pour faire croire à la population qu’elle décide. 

    Pour décider, pour agir, il faut nécessairement connaître les données permettant de faire des choix : en ouvrant les livres de compte des entreprises, en levant le secret bancaire et commercial, en ayant la possibilité de contrôler l’activité des élus et de les révoquer, en ayant véritablement le temps et les moyens d’organiser des discussions et des prises de décision démocratiques,y compris en mettant en cause les pleins pouvoirs patronaux dans les entreprises.

    Alors que le mouvement était axé sur le pouvoir d’achat et la démission de Macron, la place prise par le RIC, si elle traduit de manière déformée l’importance des questions démocratiques, est le signe d’une mobilisation qui, dans le cadre de son reflux et de la pression institutionnelle, cherche une nouvelle perspective plus accessible. Comme toute mobilisation, il n’échappe pas aux flux et aux reflux de la conscience, et en l’absence de perspectives d’ensemble, la situation actuelle est même, comme on l’a vu dans certains endroits, propice au retour des préjugés nationalistes dans le mouvement.

    Construire, proposer des perspectives

    Ces éléments ne doivent pas nous faire oublier que le mouvement auquel nous assistons depuis plus d’un mois est sans précédent par son caractère politique, car il correspond à un point de rupture, à l’explosion d’une crise latente qui touche, au-delà des Gilets jaunes, tout le prolétariat.

    Il est donc capital de soutenir et construire encore la mobilisation comme une révolte de notre classe sociale, qui va se prolonger dès samedi, et qui se poursuivra en 2019. Ne pas céder le terrain au courants d’extrême droite ou à ceux qui proposent des solutions institutionnelles, maintenir les blocages et les manifestations, construire les mobilisations spécifiques sur les salaires, contre la réforme du lycée et la sélection, etc.

    Enfin, nous devons faire tirer des bilans d’étape de cette lutte contre Macron et son monde : pour obtenir de réelles victoires et en finir avec Macron et le gouvernement, si l’on peut envisager des combinaisons entre différentes modalités d’action, il n’y aura pas de raccourci à la construction de l’unité d’action la plus large et à la grève générale. Les prochains jours nous donnent encore l’occasion d’aller dans ce sens : les mobilisations du 22 décembre, voire dès début janvier, seront l’occasion de continuer à proposer l’unité du monde du travail, l’unité entre les Gilets jaunes et le mouvement ouvrier organisé, la liberté de manifester et le refus de la répression intense qui s’est abattue sur le mouvement, avec la revendication de l’arrêt des poursuites contre l’ensemble des manifestantEs.

    Antoine Larrache

  • Oui, il faut abolir la CSG...

    L’abolition des « taxes », ces impôts injustes qui pèsent avant tout sur les classes populaires, est l’une des principales revendications du mouvement des Gilets jaunes. Avec la suppression des taxes sur les produits pétroliers, l’abrogation de la hausse de CSG pour les retraitéEs est l’une de leurs premières revendications. 

    Les pensions sont bloquées depuis 2014. Début 2018, la hausse de CSG (contribution sociale généralisée) de 1,7 point (pour les 60 % au dessus de 1 200 euros) a eu pour effet une baisse significative des revenus des retraitéEs. Elle explique leur présence nombreuse et militante sur les ronds-points et dans les manifestations des Gilets jaunes.

    Dans une enquête du journal le Monde sur le consentement à l’impôt, la CSG apparait en avant-dernière position, juste avant la taxe sur les revenus pétroliers, parmi les taxes les moins justifiées. 37 % des sondéEs seulement l’approuvent.

    Qu’est ce que la CSG ?

    Créée par le gouvernement Rocard (PS) en 1990 la CSG est une taxe « préaffectée » : elle sert exclusivement au financement de la Sécurité sociale. Son montant s’élevait en 2017 à 99 milliards d’euros, soit nettement plus que l’impôt sur le revenu (74 milliards d’euros la même année), et constituait les deux tiers des impôts et taxes affectés à la protection sociale. Avec les mesures Macron-Philippe, elle devrait atteindre les 120 milliards en 2018. 

    La CSG grève lourdement le budget des salariéEs, des chômeurEs et des retraitéEs. Son taux (à l’origine de 1,1 %) est désormais le suivant :

    Salaires et primes : 9,2%

    Pensions de retraite : 8,3% (3,8% pour les pensions inférieures à 1200 euros)

    Allocations de préretraite et allocations chômage : 9,2% (et 6,2%)

    Revenus de placements (dividendes + plus-values immobilières) : 9,9%

    Certains revenus des jeux : 9,9%

    C’est donc, pour une grande partie des classes populaires, plus de 8 % à 9 % de leurs revenus « bruts » qui disparaissent dans le financement de cette taxe, alors que les salaires augmentent très peu et que les pensions sont bloquées.

    La CSG est, de plus, un impôt injuste : proportionnelle aux revenus, elle pèse de la même façon sur chacunE, qu’il soit riche ou pauvre.

    « Baisser le coût du travail »

    Selon ses défenseurs, la CSG serait « juste » car elle mettrait « tous les revenus » à contribution. Cette présentation est un écran de fumée mensonger.

    En réalité la CSG est financée à plus de 80 % par les salariéEs, les retraitéEs et les chômeurEs. La contribution des revenus du capital est marginale. 

    Mais là n’est pas l’essentiel. Le but de la CSG, ouvertement assumé par ses défenseurs, est de « baisser le coût du travail », en diminuant voire en supprimant les cotisations sociales (payées par les employeurs) et en lui substituant un impôt essentiellement payé par les salariéEs (actifs ou retraités).

    Le gouvernement Macron-Philippe poursuit le basculement opéré par ses prédécesseurs. Augmentant de 20 milliards la CSG, il vient « en même temps » de faire voter dans la loi de financement de la Sécurité sociale la transformation des 20 milliards du CICE (cadeau fiscal de Hollande aux patrons) en 20 milliards d’exonération définitive de cotisations sociales pour les employeurs. Démonstration parfaite de la politique de « Robin des bois à l’envers » de Macron et de son gouvernement : 20 milliards sont ponctionnés sur les plus pauvres pour être redistribués aux plus riches…

    Abolition de la CSG, 100 % cotisations sociales, 100 % sécu !

    Ce transfert, vers les salariéEs, du financement de la protection sociale, s’accompagne de coupes dans les budgets de celle-ci, réduisant les revenus des retraitéEs, durcissant les conditions d’indemnisation du chômage, étranglant les hôpitaux, diminuant les remboursement des soins par l’assurance maladie, et aboutissant à l’augmentation des tarifs des mutuelles pour accéder aux soins, augmentation qui vient s’ajouter aux « dépenses contraintes » des salariéEs.

    Il est donc parfaitement légitime d’exiger la suppression complète de la CSG, en précisant qu’elle doit s’accompagner de son remplacement intégral par des cotisations « patronales » ou « employeur », de la suppression des assurances complémentaires (mutuelles...) et du remboursement intégral des soins, sans avance de fonds par la Sécurité sociale.

    Jean-Claude Delavigne

  • 18 décembre, avec les migrant·e·s...

    La mobilisation du 18 décembre, avec les migrantEs et pour la liberté de circulation, est appelée par 250 signataires, une douzaine de collectifs de sans-papiers, plusieurs syndicats nationaux dont la confédération CGT (Philippe Martinez a annoncé sa présence à la manifestation du 18 sur Paris), des associations, des mouvements et collectifs de solidarité avec les migrantEs et antiracistes dont la Roya Citoyenne, les États généraux des migrations, RESF, la Marche des solidarités, le Collectif Rosa Parks, le Comité Adama… 300 000 tracts ont été sortis en région parisienne, et les 80 000 destinés à Paris sont déjà tous partis.

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  • Macron menace, Macron enfume. Mobilisation générale !

    On n’en attendait pas grand-chose, tant les ministres avaient fait un pilonnage sur tous les médias depuis deux jours… et on n’a effectivement pas été déçu. Pour autant, le discours de Macron aura été ce soir très révélateur de la nature de la politique de Macron, même quand il vacille face au mouvement des gilets jaunes.

    Première démonstration, celle de la méthode, brutale. Que le discours de Macron commence par la question des « violences » n’étonnera pas. « Le calme et l'ordre républicain (…) doivent régner », et à quel prix… Des gilets jaunes aux lycéens, touTEs gazés, touTEs tabassés, et Macron promet simplement que ça va continuer.

    Ensuite s’affirme toujours le même mépris social. « Je n’oublie pas qu’il y a une colère, une indignation, beaucoup de Français peuvent la partager », rajoutant sans rire trouver la colère « juste à bien des égards »… De qui se moque-t-il, lui le mandataire des plus riches qui veut maintenant nous faire croire à son empathie envers les plus en difficulté ?

    Enfin, le catalogue de mesurettes - égrainées en deux minutes puis suivies de beaucoup de blabla - est l’illustration de la redistribution des richesses sauce macroniste. Nous resservant le plat moisi déjà présenté en son temps par Hollande de l’« état d'urgence économique et social », l’essentiel des mesures présentées montre que le président sait être généreux... avec l’argent public, et sans jamais toucher au capital, au fric des plus riches. Le salaire des travailleurs au SMIC augmenté de 100 euros ? Que les capitalistes se rassurent, il ne leur en coûtera rien puisqu’il s’agira seulement d’une revalorisation de la prime d’activité. Des heures supplémentaires ? Oui mais sans impôts ni cotisation sociale... Encore plus fort que Sarkozy ! Une prime de fin d’année pour les salariéEs ? Oui mais à la discrétion des patrons. Et bien entendu, que l’on ne parle pas d’une restauration de l’ISF, « revenir en arrière nous affaiblirait »… C’est pourtant toute sa politique qui nous fait revenir en arrière ! Au final, seuls les retraitéEs qui gagnent moins de 2000 euros par mois seront satisfait de voir l’injuste hausse de la CSG subie cette année enfin annulée. Tout ça pour ça ?

    Après ce discours pour rien, le mouvement des gilets jaunes continue, rejoint par celui de la jeunesse qui connaît mardi une nouvelle journée de mobilisation. « L’acte 5 » se prépare pour le week-end prochain, et tous les mécontentements doivent converger. L’heure est à la mobilisation générale, pour un blocage du pays, notamment par la grève. Face à ce mouvement profond contre la vie chère, Macron doit céder : mettre fin aux taxes injustes, faire payer les riches, augmenter les salaires et les revenus. Nous pouvons les faire reculer.

    Montreuil le lundi 10 décembre

  • Vous avez dit "fake news" ?

    C’est désormais devenu un rituel : toute mobilisation sociale est accusée, par les autorités et leurs relais médiatiques, de propager des « fake news ». Le mouvement des Gilets jaunes n’échappe pas à cette règle, et l’on a assisté ces derniers jours à un étrange ballet, dans les médias et sur les réseaux sociaux, consistant à recenser les rumeurs, les photos ou les vidéos relayées dans les « milieux » Gilets jaunes et assimilables à des fake news.
    Il ne s’agit évidemment pas de relativiser ce phénomène : des « informations » erronées et/ou farfelues, des vidéos de violences policières datant de précédentes mobilisations… ont bel et bien circulé. Et l’on ne peut qu’insister sur la nécessaire vigilance dont il s’agit de faire preuve à l’heure où, notamment via les réseaux sociaux, des images ou des nouvelles non vérifiées peuvent se diffuser à vitesse grand V, qui induisent en erreur et desservent les mobilisations. 
    Mais l’on ne peut qu’être frappé par ce soudain amour de la vérité et de la rectitude chez des responsables politiques et des personnalités médiatiques qui ne rechignent pas, quand cela les arrange, à répandre de nombreuses informations approximatives, voire carrément fausses. Qu’il s’agisse de venir en soutien à Macron ou de délégitimer le mouvement, tous les moyens semblent en effet bons, et les chasseurs de vérité sont soudains moins prompts à dénoncer les fake news.
    Les plateaux qui ont suivi le discours de Macron le 10 décembre sont, à cet égard, une leçon de choses. Les petits soldats de la Macronie, qu’ils soient députés, ministres, éditorialistes ou « experts », ont ainsi martelé que « le SMIC » serait « augmenté de 100 euros ». Soit une fake news de premier ordre, puisque ce n’est pas le salaire minimum qui va augmenter, mais le montant de la prime d’activité, et que le chiffre de 100 euros est obtenu par une addition bancale. 
    Ce n’est pas le seul exemple du genre : des comptes rendus de manifestations qui ressemblent à des copier-coller des rapports de la préfecture, aux improbables « études » tentant d’attribuer le développement du mouvement des Gilets jaunes à la Russie ou à l’ancien conseiller de Trump Steve Bannon, que n’a-t-on entendu du côté de la Macronie politique et médiatique ! Mais de toute évidence, le pouvoir et ses relais n’arrivent pas à retourner l’opinion, qui soutient toujours majoritairement le mouvement des Gilets jaunes. Et c’est une (vraie) bonne nouvelle !

    Julien Salingue

  • Malgré la répression et le baratin de Macron, notre classe ne se tiendra pas sage !

    À peine 13 minutes, Marseillaise comprise, pour donner des preuves d’« amour » à celles et ceux qui se mobilisent ou soutiennent les revendications sociales des Gilets jaunes : tel était le défi de Macron lundi soir… Mais à l’exception de certains commentateurs politiques, et de responsables des Républicains ou du RN qui estiment qu’il y a un pas, les réactions aussi bien des Gilets jaunes que des lycéenEs ont été immédiates : Macron nous a une fois de plus infligé son mépris de classe.

    Le fait politique majeur reste qu’il a été contraint à ce discours, contraint d’abandonner sa posture d’inflexibilité, ce qui est, en miroir, un encouragement à renforcer, élargir et approfondir nos mobilisations, pour imposer de vrais reculs au président des riches et à ceux qu’il défend.

    Des entourloupes qui ne roulent personne
    Ce qui est au centre de la mobilisation des Gilets jaunes et qui leur assure un large soutien, c’est la revendication d’une augmentation significative des revenus, pour « vivre et pas survivre ». Alors Macron a fait des pieds et des mains, les yeux rivés sur son prompteur, pour tenter de nous faire croire qu’il allait donner du « pouvoir d’achat ». 100 euros « de plus » pour les salariéEs au SMIC, la défiscalisation des heures supplémentaires et de la prime exceptionnelle de fin d’année, en fonction des capacités des entreprises...
    Mais une formule résume tout : « sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur » ! Si on passe sur le fait que les ministres missionnés pour assurer le service après-vente bégayaient quant aux modalités de mise en œuvre de cette annonce, il est toutefois clair que l’on ne parle pas ici d’une augmentation de salaire, c’est-à-dire du SMIC horaire. Il s’agit en réalité de cumuler des mesures déjà annoncées, qui seront simplement anticipées afin d’afficher ce compte rond de 100 euros. Mais ce ne seront que des primes (qui ne donnent pas de droits pour la retraite), et tous les salariéEs payés au SMIC horaire ne les toucheront pas.
    Depuis des années, les exonérations de cotisations patronales et les défiscalisations, présentées comme des encouragements à l’embauche, ont seulement démontré leur capacité à tirer les salaires vers le bas. La défiscalisation des heures supplémentaires, en plus d’imposer la flexibilité aux salariéEs qui les réalisent, est en outre contradictoire avec la création d’emplois. De plus, l’annulation pour 2019 de la hausse de CSG pour les retraitéEs touchant moins de 2 000 euros, ne garantira pas leur pouvoir d’achat, alors que les pensions évolueront moins vite que les prix ! Et surtout, ces mesures, « entre 8 et 10 milliards d’euros », ne seront pas payées par les entreprises, mais par une fiscalité toujours injuste et par des économies sur les services publics.

    Macron « dans la seringue »
    Cette allocution marque bien un tournant. Macron a été contraint de sortir de son silence hautain. C’est l’enracinement de la mobilisation des Gilets jaunes, l’élargissement de la contestation dans la jeunesse scolarisée, et la menace de l’extension à des secteurs du monde du travail, qui l’ont imposé.
    Ceci dit, Macron a bien tenté d’y résister. D’abord en désavouant ses ministres, pour montrer qu’il reste le seul maître à bord... du Titanic, mais aussi en commençant son discours par l’annonce qu’il n’y aurait aucune indulgence contre les « violences inadmissibles », qu’il mettrait tous les moyens pour ramener le « calme et l’ordre républicain ». Contre le mouvement lycéen, 700 interpellations sur la seule journée du jeudi 6 décembre avec, en point d’orgue, la mise en spectacle de l’humiliation des 153 jeunes de Mantes-la-Jolie. Contre les manifestantEs de samedi dernier, des centaines de blesséEs et des milliers d’interpelléEs. La force la plus brutale a été déployée, mais elle n’a rien empêché : en début de semaine, le mouvement lycéen gagnait de nouveaux établissements, et les barrages et blocages se maintenaient. 
    À toutes ces colères qu’il prétend comprendre (voire partager...), Macron ne répond pas : rien sur le retrait de ParcourSup, des réformes du bac général et de la voie professionnelle ; rien sur « l’urgence économique et sociale » d’augmenter tous les revenus et de partager le travail ; rien sur la justice fiscale, pas de retour à l’ISF. Au contraire même, il prétend pouvoir poursuivre ses réformes programmées, de destruction des services publics, de l’assurance chômage et des retraites, tout en agitant la menace d’un débat sur l’immigration. Nous voilà prévenuEs.

    Passer à l’offensive, construire les convergences pour bloquer l’économie
    Macron est loin d’avoir gagné. Pour la première fois depuis bien longtemps, une mobilisation, celle des Gilets jaunes, a ouvert un espace pour un combat offensif avec des revendications porteuses d’espoirs de vivre mieux dans toutes les couches d’un monde du travail acculé à la défensive par les défaites cumulées depuis deux décennies. C’est précieux et fragile à la fois, et une course de vitesse est engagée. 
    Il appartient maintenant aux salariéEs d’utiliser, en plus des blocages, l’arme de la grève pour réellement bloquer l’économie. La journée de mobilisation du vendredi 14 décembre peut être une étape, malgré les conditions de cet appel, la direction de la CGT refusant délibérément de le connecter aux mobilisations des Gilets jaunes et ne fixant même pas clairement l’objectif de la grève. Mais Solidaires, ou encore des structures syndicales CGT ou FSU, s’en emparent pour en faire une journée de grève en solidarité avec les mobilisations lycéennes et avec les manifestations du lendemain, l’Acte V du mouvement des Gilets jaunes.
    C’est le caractère massif de ces deux jours qui pourra poser des limites au déploiement de plus en plus démesuré des violences policières et judiciaires, mais aussi construire la perspective d’une généralisation des grèves, bloquer le pays pour bloquer l’économie, toutes et tous ensemble, pour gagner.

    Cathy Billard