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L'Anticapitaliste : le journal, numéro 672...

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Un remaniement ministériel et deux prises de parole plus tard, l’apaisement tant voulu par le président n’est toujours pas au rendez-vous en cette fin juillet.
En 2020, Darmanin suffoquait : « Quand j’entends le mot violences policières, personnellement je m’étouffe ». Ce dernier lundi 24 juillet, c’est le directeur général de la Police nationale, Frédéric Veaux qui déclarait que « savoir le policier en prison [l’empêchait] de dormir » après le placement en détention d’un policier marseillais dans le cadre d’une enquête sur des violences policières considérant « qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail ». Une déclaration qui suivait une véritable manifestation de policiers marseillais lors de la mise en examen de leurs collègues.
Cette réaction s’inscrit dans une dangereuse escalade des prises de position face à la multiplication des révélations des violences policières. Déjà, après la mise en examen du policier qui a tué Nahel, le syndicat Alliance se permettait de déclarer que « le policier, comme tout citoyen, a le droit à la présomption d’innocence », critiquant les réactions pourtant mesurées de Macron. Dans la foulée, ce même syndicat s’associait à l’UNSA Police dans un communiqué qui multipliait les expressions provocatrices : « Hordes sauvages », de « nuisibles », « chienlit » subie « depuis des décennies », « les policiers sont au combat car nous sommes en guerre. Demain nous serons en résistance et le gouvernement devra en prendre conscience ».
Il n’y a là rien d’étonnant dans une profession dont plus de 60 % des membres ont voté pour l’extrême droite lors de la dernière élection présidentielle. Si les magistrats directement concernés se replient derrière la légalité de la procédure et la possibilité de recours, leurs syndicats majoritaires s’inquiètent du fait qu’« un degré a été franchi dans la gravité et dans la remise en cause de l’institution judiciaire. »
Le plus inquiétant réside dans la discrétion des membres du gouvernement s’exprimant par tweet pour le pourtant expansif Dupont-Moretti, silencieux pour Darmanin. Emmanuel Macron, de son côté, affirmait lundi comprendre « l’émotion » des policiers.
En difficulté au Parlement, rejeté par le monde du travail, le pouvoir est dans l’incapacité de s’opposer aux dérives, qu’il favorise largement, d’un appareil policier plus que jamais sous influence de l’extrême droite et menaçant même de se dégager des lois de leur République.
Robert Pelletier
Un mois après l’assassinat de Nahel, une première mesure chiffrée de la répression d’État est possible. Avec la certitude qu’elle n’est que la partie émergée, car les sources dont nous disposons sont les déclarations tonitruantes des ministres macronistes Darmanin et Dupond-Moretti, et le résultat du travail de solidarité militante autour des victimes, qui ne fait que commencer.
Au vu de ces dernières semaines qui clôturent une année de mobilisation tout aussi chargée, on a bien raison de se dire que l’été doit servir à reprendre des forces et se réarmer politiquement pour affronter la rentrée. Pour cela quoi de mieux que d’être au village vacances de Rives-des-Corbières à Port-Leucate du dimanche 27 au mercredi 30 août ?
Lors de notre précédent article 1, on avait déjà dévoilé quelques noms d’invitéEs présents à notre prochaine université d’été. Livrons-nous ici à de petits focus sur quelques aspects du programme.
Comme le savent déjà les participantEs habituels de notre rendez-vous annuel, il existe deux types d’ateliers dans le programme de notre université d’été :
– les ateliers thématiques indépendants, qui se déroulent sur une demi-journée autour d’un thème unique sans autre suite ;
– les ateliers faisant partie d’un cycle composé de plusieurs séances.
Cette année, dans un mouvement balancé entre retour nécessaire sur l’année écoulée et construction de perspectives pour ces prochains mois, entre luttes sociales et sillon politique, entre constructions unitaires et affirmation révolutionnaire, nous proposons deux cycles.
Le premier permettra de tirer les premiers enseignements de la grande mobilisation sur la contre-réforme des retraites qui s’est tenue entre janvier et mai. Que nous disent ces récentes mobilisations sur l’état de notre classe ? Questions de l’auto-organisation, des « secteurs clés », de la nécessité de la grève générale… Quelles stratégies de lutte ? En réponse, face aux coups de force antidémocratiques et à l’autoritarisme du pouvoir, comment s’affronter au gouvernement ? Un cycle dont une des étapes importantes sera la tenue d’une table ronde de débat mardi 29 août à 17 h avec des représentantEs nationaux de la CGT, de l’union syndicale Solidaires et de la FSU.
Dans le sillage des différentes rencontres et discussions qui ont eu lieu cette année entre forces et collectifs politiques, le second cycle sera consacré à la question de la construction d’une alternative politique et de l’outil pour la porter. Dans un échange articulant interne et externe au NPA, l’enjeu est à la fois d’affiner notre projet stratégique et organisationnel, tout en prolongeant les champs et espaces de discussions avec les organisations que nous avons invitées cette année : Ensemble !, Rejoignons-nous, La France insoumise, l’Union communiste libertaire, la Gauche écosocialiste… Et même les ex-Soulèvements de la Terre, organisation aujourd’hui dissoute par un macronisme liberticide. Méthodes de luttes, recomposition politique, questions stratégiques globales seront abordées dans ce cycle, avec de plus une table ronde dimanche 27 août à 17 h consacrée à l’écosocialisme.
Cette année, notre meeting de rentrée aura lieu lundi 28 août en soirée : aux côtés des porte-paroles du NPA, on devrait y entendre en prise avec l’actualité des militantEs des solidarités internationales, des quartiers populaires… Surprise !.
Les autres soirées seront essentiellement organisées autour de nos projections discussions, avec d’excellents films documentaire présentés par celles et ceux qui y ont participé. Et comme vous allez le voir, nous avons souhaité aborder une grande variété de thèmes. Dimanche soir, on commence avec Nina Faure, militante féministe et réalisatrice du film We are coming. Chronique d’une révolution féministe : « Un plaisir (...) de poursuivre une émancipation collective. Le plaisir d’abolir le patriarcat, tout simplement. » On ne peut mieux dire !
Mardi soir, nous profiterons de la venue de Melissa Gingreau, co-porte-parole du collectif Bassines non merci, pour présenter De l’eau jaillit le feu, film où intervient Thony Martins, un agriculteur mobilisé contre les mégabassines qui sera aussi parmi nous.
Enfin, parce qu’il est impossible après le mouvement exceptionnel sur les retraites que nous avons connu de ne pas revenir sur cette lutte, nous accueillerons le duo de réalisatrice/teur Adeline Gonin et Christophe Cordier autour de leur film En grève consacré à la grève des cheminotEs de la gare de l’Est sur la question des retraites… fin 2019, début 2020.
Et en plus, tous les soirs, des animations, des rencontres, un bar convivial, de la danse et des chansons. Les habituéEs savent…
La semaine prochaine, pour un dernier article avant la suspension estivale de la parution de l’hebdo, on tâchera de se montrer le plus exhaustif possible. D’ici là, vous n’oublierez pas de vous inscrire ? 2
Date limite des inscriptions :
Dimanche 20 août 2023
Commission université d’été
1 – https://lanticapitaliste.org/actualite/vie-du-npa/universite-dete-enfin-en-parle
Les congés payés, le droit au loisir et à l’oisiveté sont une des plus vieilles et des plus importantes revendications du mouvement ouvrier. Gagné de haute lutte, le droit aux vacances est aussi un petit peu de temps que les travailleuses et les travailleurs reprennent sur leur aliénation quotidienne.
Entretien avec Claire Dujardin.
Des peines très lourdes sont tombées sur les personnes interpellées lors des révoltes dans les quartiers populaires à la suite de la mort de Nahel. Claire Dujardin, avocate au barreau de Toulouse et présidente du SAF (Syndicat des avocats de France), livre son point de vue.
Le Collectif Justice des Enfants, dont le SAF est un membre actif, a écrit au sujet de la circulaire du ministre de la Justice : « Le garde des Sceaux, désormais chantre de la surenchère sécuritaire, propose dans sa dernière circulaire du 5 juillet 2023 de pénaliser les parents dont les enfants commettent des délits en lien avec les émeutes, ou d’écarter la présomption de non-discernement des enfants de moins de 13 ans, présomption légale qui est pourtant l’un des acquis positifs du CJPM [code de la justice pénale des mineurs, NDLR]. En ces temps tourmentés, il ne fait manifestement pas bon rappeler la loi lorsqu’elle protège ».
Depuis plusieurs années, et notamment lors des manifestations des Gilets jaunes mais aussi lors de l’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le ministère de la Justice s’immisce dans le travail de la justice pénale en donnant des instructions générales pour inviter les procureurs et les présidents de juridictions à faire preuve de fermeté et de rapidité dans la réponse à apporter aux poursuites des manifestantEs. Souvenons-nous aussi de la note du 12 janvier 2019 du procureur de la République de Paris qui préconisait de ne pas lever les gardes à vue même si l’infraction n’était pas constituée, ou encore de la venue de madame Belloubet au service de traitement en temps réel des procédures pénales du tribunal de Grande Instance de Paris. Ces immixtions de l’exécutif posent de réelles questions quant au respect de l’indépendance de la justice.
Au lieu de rappeler que la justice est indépendante et doit faire son travail sereinement, au lieu de dénoncer les gardes à vue abusives en rappelant aux parquetiers qu’ils doivent veiller et contrôler les mesures privatives de liberté, au lieu de rappeler que la procédure pénale ne peut être détournée au service du maintien de l’ordre, au lieu de rappeler que les mesures pénales qui seraient adoptées à l’encontre des mineurs doivent être éducatives, le Garde des Sceaux se fait le serviteur de l’Intérieur.
Nous sommes désormais coutumiers du détournement de la justice à des fins de répression des mouvements sociaux. Cela n’est malheureusement pas nouveau, et Foucault le disait très justement, « la police est une instance de régulation sociale et de normalisation, et la justice fonctionne pour enregistrer officiellement, légalement, les contrôles de la police ». L’outil le plus efficace pour apporter une réponse rapide et ferme est la comparution immédiate. Cette procédure expéditive et brutale ne laisse pas le temps à la défense de se préparer et va juger sur des dossiers ficelés uniquement sur des constatations policières. Au SAF, nous dénonçons régulièrement et depuis de nombreuses années cette justice de classe et d’abattage qui ne traite principalement que de dossiers concernant des personnes pauvres, des personnes racisées, des étrangers et des manifestantEs désormais. Ainsi, à chaque mouvement social, les audiences de comparution immédiate se remplissent ou se dédoublent. Au détriment des autres services, le service civil notamment qui traite des litiges du quotidien, celui des affaires familiales, la justice pour mineurs, le service d’application des peines...
Les audiences se terminent à des heures indécentes, et les personnels de justice en sont fortement impactés. Dans le cadre des débats sur le projet de loi programmation de la Justice et durant les États Généraux de la Justice, nous avions ainsi fait le lien entre le manque d’effectifs et les choix faits de politique pénale. La justice manque cruellement de magistrats et de greffiers, surtout en matière civile. Or, des magistrats et greffiers sont de permanence sur des tableaux de roulement pour venir siéger sur les audiences pénales ou renforcer les équipes au pénal. Cela est le cas pour les comparutions immédiates mais aussi pour les cours criminelles départementales qui ont remplacé la Cour d’assises. Le rapport du comité Sauvé d’octobre 2021 l’avait souligné, le service civil est le parent pauvre de la Justice. Or, les mesures prises par le Garde des Sceaux dans le projet de loi en cours de débat et bientôt adopté ne viendront nullement apporter la réponse adéquate aux dysfonctionnements graves et importants du service public de la Justice. Il est donc impératif de prévoir plus de magistrats et de greffiers, et de revoir la politique pénale pour donner plus de moyens aux pôles civils des juridictions. Il est également essentiel de valoriser le travail et le statut des greffiers qui sont en ce moment en grève. La Justice est au bord du gouffre et loin d’être réparée.
De nombreux jeunes se sont retrouvés incarcérés, soit du fait de condamnations pénales à de la prison ferme avec mandat de dépôt, soit en détention provisoire dans l’attente de leur audience. C’est le résultat de ces consignes de fermeté du Garde des Sceaux et du battage médiatique autour des émeutes, la justice étant attendue pour rétablir l’ordre. Comme le dit très justement le Syndicat de la Magistrature, « ce n’est pas à la justice d’éteindre une révolte… L’autorité judiciaire pâtit, loi après loi, de la construction d’un ordre policier qui rogne sur les droits et libertés des citoyens, les prive de l’accès à la justice et empêche un réel contrôle judiciaire de la police, au nom de la sécurité ».
La justice a posé un double regard sur ces jeunes : un regard de classe et de mépris face à des jeunes de quartiers, racisés et moins diplômés, et un regard moralisateur qu’on retrouve souvent lorsque des manifestantEs comparaissent devant le tribunal.
La seule réponse qui a pu être apportée est l’enfermement, car les lois françaises sont principalement tournées vers l’incarcération et que la culture de l’enfermement est forte chez les magistratEs. Le SAF demande d’ailleurs qu’un mécanisme de régulation carcérale soit mis en place pour stopper l’inflation. Or, ce n’est pas le choix fait par le Garde des Sceaux qui a décidé de construire encore plus de places de prison. Face à cette justice à deux vitesses, le SAF milite pour que les droits de la défense soient renforcés et invite les personnes concernées à se former sur leurs droits et s’organiser collectivement pour mieux se défendre.
Propos recueillis par la rédaction
« L’acceptation d’une logique de dialogue social et civil, de partenariat et de gouvernance, réduit le salariat à un groupe d’individus ayant en commun une forme juridique d’emploi. Le dialogue et le partenariat sont porteurs d’une idéologie consensualiste incompatible avec la reconnaissance d’intérêt de classe du salariat ». Jean-Pascal Higelé, « Les Formes de la délibération interprofessionnelle. Le sens du dialogue », Sociétés contemporaines, 2012, n° 86.
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