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  • C’est vrai, nous ne sommes pas dans le même camp !

    «Nous ne sommes pas dans le même camp, madame » : c’est ce que le préfet de police de Paris Didier Lallement a cru bon de répondre à une dame qui l’interpellait dimanche dernier sur la place d’Italie où il avait cru bon de se rendre. Cette réplique a déchainé une certaine indignation devant la rupture évidente de la neutralité en principe exigée des fonctionnaires.

    Pour notre part, cette réflexion est avant tout un révélateur : les préfets sont au service du gouvernement et, au-delà de la classe sociale qui tient les manettes. L’État n’est pas neutre et ne l’a jamais été, a fortiori dans les situations de crise.

    La liste est longue des préfets de Paris et d’ailleurs qui ont réprimé grèves et manifestations. Dans les années 1920-1930, le préfet de police Chiappe se déchaine face aux manifestations, notamment communistes. En mars 1937, à Clichy, la police ouvre le feu contre des manifestants socialistes et communistes : six morts et 300 blessés. Le 14 juillet 1953, la CGT organise une manifestation de République à Nation. Elle est très encadrée : les pancartes ou drapeaux et banderoles « injurieuses » ont été interdites par la préfecture de police, ainsi que les chants et cris « séditieux ». À la fin, la police tire : 7 morts (dont 6 Algériens). Et l’on n’oublie pas qu’a été récemment célébré le souvenir du 17 octobre 1961 où la police du préfet Papon tua des centaines de manifestants algériens. Charonne, Mai 68, mort de Malik Oussekine en 1986 : l’énumération exhaustive serait longue. Ceci sans parler de l’utilisation de la police contre les piquets de grève et pour l’évacuation des usines en grève…

    La répression policière, un temps plus feutrée, a connu un regain de violence depuis la première loi « travail » sous Hollande. Il en est depuis résulté des dizaines de blesséEs et mutiléEs. De droit reconnu par la Constitution, la manifestation est devenue une tolérance soumise au bon vouloir gouvernemental et préfectoral. Le 16 novembre, le préfet Lallement a interdit au dernier moment une manifestation déjà rassemblée place d’Italie. Pendant de longues heures, il a été impossible à celles et ceux qui le voulaient de quitter la place, tandis que se multipliaient les jets de lacrymos et les charges.

    Alors oui, le préfet est dans un camp, les Gilets jaunes et les mouvements de contestation de la politique de Macron dans un autre. D’un côté, le camp du pouvoir et du capital. De l’autre, le camp de celles et ceux qui voudraient que s’arrête la destruction sociale, qui rêvent, de celles et ceux qui se mobilisent pour un autre monde.

    Henri Wilno

  • Bolivie : Non au coup d’État !

    Déclaration du Bureau exécutif de la Quatrième Internationale. 

    Ce n’est pas le moment de tergiverser. La Bolivie subit un coup d’État brutal et violent organisé par une extrême droite raciste, qui a commencé à retrouver un espace politique et un soutien social ces derniers mois dans ce pays andin. Nous dénonçons ce coup d’État et exprimons notre entière solidarité avec le peuple bolivien !

    Au début des années 2000, les mouvements sociaux boliviens dans les campagnes et les villes, dirigés par des paysans indigènes, ont construit un processus long et ardu de lutte contre les mesures néolibérales qui accentuaient l’extrême pauvreté du pays en privatisant tout, y compris l’eau. Peu à peu, un consensus anti-néolibéral s’est formé en Bolivie et la droite a perdu du terrain. Evo Morales, à la tête du MAS, est alors apparu comme une alternative électorale au régime. Un processus de mobilisation et de débat animé et intense a porté Evo Morales et García Linera au pouvoir en 2006. L’histoire de la Bolivie était en train de changer. L’Assemblée constituante dont les indigènes furent le moteur a rédigé la Constitution qui allait transformer la Bolivie en un État plurinational. En 2008, l’extrême droite, composée principalement des oligarchies de propriétaires fonciers blancs, a tenté un coup d’État en empêchant l’approbation de la nouvelle Constitution. La pression et la mobilisation populaire ont été immenses et la Constitution a été promulguée en 2009. Ainsi s’est conclu un moment intense de lutte pour l’hégémonie, et une période de plus grande stabilité a commencé sous la direction du MAS.

    Dans un contexte économique et politique international favorable, la Bolivie a jeté les bases d’une stabilité économique fondée sur la croissance, la répartition des revenus et la réduction de la pauvreté. Cette stabilité a été peu touchée par la crise internationale de 2008, qui a eu tant de conséquences négatives pour le monde et pour l’Amérique latine. Sous le gouvernement d’Evo Morales, la Bolivie a transformé sa structure étatique pour élargir les formes de participation des peuples autochtones, a quadruplé son PIB, a réduit l’extrême pauvreté de 35,2 % à 15,2 % et a été le pays de la région dont la croissance a été la plus rapide. Cependant, peu à peu, à la fois en raison des limites structurelles du pays et des erreurs de direction, ce qui a été appelé le processus de changement a commencé à montrer ses limites. La distorsion entre les discours sur le bien-être et un projet développementiste et extractiviste a entraîné de graves crises au sein du gouvernement et la perte du soutien de ses bases dès 2012. De plus, l’incapacité à renouveler le leadership a également renforcé la difficulté à faire perdurer ce processus.

    En Bolivie, la nouvelle Constitution (promulguée en 2009 lors du premier mandat d’Evo Morales) ne permet qu’une seule réélection. Toutefois, il a été entendu que le premier mandat d’Evo, initié sous l’ancienne Constitution, ne comptait pas. Il a donc été « élu pour la première fois dans le cadre de la nouvelle Constitution » en 2009. Il a ensuite été réélu en 2014. Théoriquement, il ne pouvait plus être candidat. Ne parvenant pas à renouveler son leadership, le MAS a proposé un référendum pour décider s’il pouvait se présenter à nouveau, et en 2016 ce vote a refusé une nouvelle candidature d’Evo Morales. Il a alors fait appel devant la Cour suprême et sa demande a été approuvée. C’est dans de telles conditions d’usure qu’en 2019 il a été candidat contre Carlos Mesa, un des piliers du néolibéralisme, qui avait été renvoyé en 2005 par les mobilisations sociales. Evo Morales a remporté le premier tour des élections au terme d’un processus mal mené et confus, et l’opposition l’a accusé de fraude. L’Organisation des États américains (OÉA), dominée par la droite, a proposé de nouvelles élections. Sous la pression, Evo Morales a accepté. Mais l’extrême droite a porté un coup sinistre.

    L’extrême droite bolivienne, qui avait été vaincue en 2008, est revenue en force dans un contexte international qui lui est favorable, avec Trump président des États-Unis et Bolsonaro au pouvoir au Brésil. Dirigée par Fernando Camacho, un fondamentaliste chrétien, elle a peu à peu réussi à convaincre les militaires de se joindre au coup d’État, ce qui a décidé du processus.

    Il ne fait aucun doute que les positions équivoques d’Evo Morales, de García Linera et du MAS dans la conduite du processus de changement en Bolivie ont contribué à créer des conditions de mécontentement social et à fournir des arguments « démocratiques » à la droite et au coup d’État. Cependant, ce ne sont pas les erreurs du gouvernement Morales qui ont motivé le coup d’État, mais ses réalisations et leur poids symbolique : inclusion sociale, autonomie et émancipation de beaucoup de peuples autochtones, réduction des inégalités et de la pauvreté.

    La méthode utilisée pour forcer la démission du président a été la violence, avec l’incendie de maisons de parents et de sympathisants, la brutalité et l’humiliation publique. Après la démission du président, la violence a continué et tous les partisans d’Evo Morales sont menacés. Des « disparitions » forcées et des détentions arbitraires ont été signalées. Il s’agit d’un coup d’État classique, avec une coalition de comités policiers, militaires et civils.

    Evo Morales et ses partisans ne méritent pas d’être arrêtés ni persécutés. La population bolivienne a trop souffert historiquement. Nous souhaitons qu’elle recouvre la force pour récupérer son pays et nous y contribuerons.

    • Solidarité avec le peuple bolivien, solidarité avec Evo Morales et ses camarades, solidarité avec la Bolivie !

    • Que le coup de force ne dure pas et que le peuple bolivien récupère le pays !

    • La lutte ne finit jamais !

    • No pasarán !

  • Grèce : colère étudiante au bord de l'explosion...

    Chaque année, la commémoration du massacre étudiant de l'université Polytechnique d'Athènes, où les militaires de la junte militaire fasciste (1967 – 73) massacrèrent plusieurs dizaines d'étudiantEs (le nombre exact n'est toujours pas établi) donne lieu à des mobilisations importantes de la jeunesse scolarisée, autour des mots d'ordre toujours d'actualité : « éducation, pain, liberté ».
    Les jours qui précèdent la manif du 17 novembre donnent lieu à des meetings, des fêtes de solidarité, des manifs de toute sorte, dans un contexte de résistance anti-impérialiste et de défense des droits démocratiques.

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  • Jeunesse : déclarons la guerre à la précarité !

    Les bourses qui ne dépassent pas quelques centaines d’euros et souvent versées en retard ; les logements en quantité insuffisante, exigus et parfois insalubres1 ; les petits boulots précaires à côté des études pour les financer ; les galères pour se nourrir entre privations, fins de marché et pour certains, les Restos du cœur ; la renonciation aux soins2 ; le stress permanent de savoir si on va réussir à finir le mois : voilà les multiples visages de la pauvreté qui touche aujourd’hui bien des étudiantEs, à commencer par ceux de milieu populaire. 

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  • Macron sonne du COR pour chasser nos retraites...

    Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a rendu son oracle. Dans un nouveau rapport commandé par le Premier ministre, il prévoit un besoin de financement supplémentaire des régimes de retraites allant de 7,9 milliards à 17,2 milliards en 2025, date de la mise en place de la réforme « systémique » de Macron. Selon ce rapport, le « trou » se creuserait jusqu’en 2030 où il atteindrait entre 22,1 et 26,9 milliards, avant de se résorber par la suite.

    Ce rapport ne fait en réalité que rappeler les conclusions du précédent publié il y a six mois. Il s’inscrit dans une mise en scène du pouvoir servant à justifier le reniement des promesses électorales de Macron et à imposer une nouvelle contre-réforme « paramétrique » des retraites, avant le big bang « systémique » de la retraite par points.

    Macron s’était engagé pendant sa campagne en 2017 à ne toucher ni au niveau des pensions, ni à l’âge de départ en retraite, ni à la durée de cotisation permettant de partir en retraite. Une à une, ces promesses sont remises en cause pour appliquer la politique d’austérité et de baisse de la dépense publique au profit des « premiers de cordée ».

    Acte 1 : l’exécutif demande en septembre au COR d’affiner ses prévisions sur la situation des régimes de retraites. Acte 2 : dans son « show » sur les retraites, Macron annonce à Rodez qu’il « n’a pas la réponse », mais que « si le COR nous dit qu’il manque 8 à 10 milliards, il faudra travailler un peu plus longtemps »… Acte 3 : le pouvoir fait « sonner le COR », qui rend son rapport et confirme ce qu’il disait il y a six mois : un « trou » de 8 à 17 milliards. Acte 4 : le gouvernement est donc « contraint » de prendre des mesures douloureuses immédiates : recul de l’âge de départ en retraite et allongement de la durée de cotisation.

    Au-delà des « prévisions » pour le moins incertaines du COR, une réalité ne fait pas de doute : le nombre des retraitéEs augmentant dans les années à venir, la part de richesses consacrée aux retraites devrait elle aussi augmenter. Ce n’est ni un drame ni une catastrophe : il suffirait d’augmenter légèrement les cotisations sociales patronales pour adapter le système aux besoins, en d’autres termes modifier la répartition des richesses au détriment des plus riches. Ce que précisément refuse l’exécutif, pour lequel la part des retraites doit rester fixe voire diminuer.

    La pitoyable mise en scène autour du rapport du COR, et la double peine - « paramétrique » et « systémique » - désormais annoncée aux salariéEs et au retraitéEs, ne peuvent qu’amplifier la détermination de celles et ceux qui s’apprêtent à se mobiliser à partir du jeudi 5 décembre pour mettre en échec ces projets néfastes.

    Montreuil le 19 novembre 2019

  • Pour en finir avec les violences faites aux femmes : mobilisation générale !

    132 femmes assassinées par leur (ex) conjoint depuis janvier 2019 (chiffre du 12 novembre), 250 viols ou tentatives de viol par jour en France… Plus personne ne peut dire qu’il/elle ne savait pas : depuis deux ans, les témoignages, les affiches avec des messages choc contre les féminicides, ont fait voler en éclat la loi du silence qui étouffait la parole des femmes.

    Un système qui repose sur ces violences

    Tout est fait pour que celles-ci apparaissent comme «  normales  ». En disciplinant les femmes par les violences, cela rend possible leur surexploitation, que ce soit par le travail gratuit réalisé dans le cadre de la famille ou par le travail sous payé dans le cadre du précariat.

    L’exigence portée aujourd'hui par le mouvement féministe à travers le monde est forte et claire : « ni una menos » ! nous ne voulons plus aucune victime ! Partout dans le monde, la mobilisation des femmes est massive et radicale. Il ne s’agit plus de revendiquer l'égalité en droit, mais l’égalité réelle. En effet, nous ne nous contenterons plus de mots inscrits dans la loi, il faut aller au-delà, puisque cela ne suffit pas.

    Obtenir l’égalité réelle

    Pour avoir l’égalité réelle, il faut en finir avec l'inaction, les tolérancesface aux violences qui permettent au système de maintenir la domination sur les femmes :refusde prendre les plaintes au commissariat, délais trop longs de traitement en justice, etc.

    Pour avoir l’égalité réelle, il faut le droit à disposer de son corps, c’est-à-dire avoir accès à l’avortement et à la contraception libres et gratuits, être libre de choisir sa sexualité. C’est cette bataille qui est d’actualité en Argentine, en Pologne… mais aussi partout où le droit à disposer de son corps est remis en cause par les politiques d’austérité.

    Pour avoir l’égalité réelle, il faut les moyens de vivre de manière autonome. Dans les entreprises, il faut mobiliser les femmes pour l’égalité, en particulier salariale. Sur ce plan là, c’est aussi la question des retraites qui est d’actualité : gagner le retrait de la réforme est une priorité pour que les femmes, qui touchent déjà une pension inférieure de 39 % à celle des hommes,ne soient pas davantage pénalisées.

    Pour avoir l’égalité réelle, il faut en finir avec la double oppression raciste et sexiste,qui permet de transférer les tâches domestiques des familles les plus aisées vers des femmes plus pauvres et plus précaires. Il faut réduire le temps de travail et collectiviser dans de véritables services publics ce qui peut l’être : prise en charge de la petite enfance, de la perte d’autonomie, etc.

    Notre indispensable mobilisation

    Pour gagner l’égalité réelle, il faut un mouvement fort des femmes, dans lequel elles s’organisent elles-mêmes, et qui attaque directement le système. Partout, des femmes agissent dans des groupes locaux, dans les syndicats, dans des collectifs…

    La lutte contre les violences faites aux femmes franchit les frontières. Son développement passe par des revendications unifiantes et une mobilisation par des grèves, des grèves féministes, qui bloquent le système et le remettent en cause.

    Nous sommes mobilisées tous les jours pour coller des affiches, informer, dénoncer. Samedi 23 novembre, nous serons dans la rue contre les violences sexistes et sexuelles. Le jeudi5 décembre et après, nous serons en grève pour nos retraites. Le 8 mars, nous serons à nouveau en grève pour l’émancipation des femmes. Féministes et anticapitalistes tant qu’il le faudra !

    Le 18 novembre 2019