Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Contre les violences faites aux femmes : nous sommes solidaires et en colère !

    Depuis début septembre, 51 hommes sont jugés pour avoir violé Gisèle Pélicot, victime de soumission chimique par son conjoint, qui avait recruté ces agresseurs sur internet.

    Non à la culture du viol !

    Ils ont entre 26 et 73 ans, ils sont pompier, infirmier, boucher, conseiller municipal, retraité… ils représentent un échantillon de “tous les hommes” et ce ne sont pas des “monstres”. Ils incarnent ce que nous, féministes, expliquons depuis des années : tous les hommes ne sont peut-être pas des violeurs mais chacun d’entre eux peut en être un. 

    Le viol fait l’objet d’un traitement particulier consistant à chercher la responsabilité du côté de la victime. Mais dans le procès Mazan, les faits sont extrêmement bien documentés et le principal accusé les a reconnus : impossible de s’en prendre à la victime, d’expliquer ces actes par des “coups de folies” commis par des “monstres”. Les vraies questions sont donc visibles : question du consentement, de la culture du viol et de la domination masculine, tant sur le plan social, politique que juridique.

    Le temps de la colère !

    Partout, des milliers de femmes se reconnaissent dans l’histoire et les questions soulevées par ce procès :  Gisèle Pélicot n’est plus une victime anonyme. Mazan n’est plus un fait divers. Nous l’avons investi de son poids politique. Nous ne le lâcherons pas. Notre colère est prête. Ce samedi 14 étaient organisées partout en France des mobilisations de soutien à Gisèle. Plus de 10 000 femmes ont manifesté. Nous devons continuer et tout mettre en œuvre pour construire un mouvement massif contre les violences faites aux femmes.

    Notre corps nous appartient

    Sur le fond on retrouve toujours la remise en cause de notre autonomie physique et morale. Le corps des femmes ne leur appartient jamais vraiment, qu’on parle de violences et de viol ou de l’avortement, de sexualité, de tenue vestimentaire, etc… Et on remet toujours en question notre droit à choisir pour nous même et par nous même.

    L’IVG sera toujours un des premiers droits attaqués par les réactionnaires et l’extrême droite qui aimeraient contrôler nos corps. Nous l’avons vu aux USA ou en Italie. C’est un droit fragile et nous devons lutter pour le conserver et s’assurer qu’il puisse s’appliquer dans les faits. Car avec la fermeture de centres IVG, il y a chaque année en France  5000 femmes forcées de se rendre à l’étranger pour avorter. Pour une IVG réellement accessible nous voulons : 

    • L’allongement des délais légaux pour accéder à l’IVG à 24 semaines. 

    • Le suppression de  la clause de conscience concernant les professionnels de santé, 

    • La garantie du libre choix de la méthode employée. 

    • La réelle ouverture aux sages-femmes de la possibilité de réaliser des IVG avec formation et rémunération en conséquence. 

    • Un investissement massif et à hauteur des besoins en moyen humain et matériel pour garantir l’accès à l’IVG, la réouverture des centres IVG et les lits d’hôpitaux IVG fermés, rouvrir des centres de planification familiale.

    • Garantir à toutes l'accès à la contraception gratuite et sans ordonnance lorsque cela est possible.

    • Financer la recherche et promouvoir la contraception masculine

    • Des vrais cours d’éducation sexuelle à l’école

    • Une politique pour les médicaments essentiels pour réaliser les IVG afin de garantir leur production

    Soutien à toutes les femmes qui se battent pour obtenir le droit à lIVG dans le monde

      Le 28 Septembre soyons nombreuses à manifester à l’occasion de la journée internationale de lutte pour le droit à l’avortement ! Préparons le 25 novembre Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes !

  • Souscription : Pour une gauche de combat, un local pour le NPA !

    Le NPA lance une souscription pour se doter d’un local abritant ses activités politiques internationales, nationales et franciliennes, la rédaction de sa presse papier et digitale, son imprimerie et sa librairie.

    Pour préparer l’avenir face au danger de l’extrême droite, au chaos capitaliste et pour aider à la reconstruction de notre camp social, notre projet est de racheter un bâtiment intimement lié à l’histoire de notre courant.

    Un local lié à l’histoire de notre courant

    En septembre 1968 paraissait le premier numéro de Rouge, le journal de ce qui était encore la JCR. Ce n’est qu’en mars 1976 que la LCR franchit un double cap. D’abord en faisant de Rouge un véritable quotidien, mais aussi en étant capable d’imprimer elle-même ses publications grâce à la création de l’imprimerie Rotographie. Dès lors, dans un même lieu furent rassemblés l’atelier de presse mais aussi la rédaction de Rouge, ainsi qu’une partie des activités ­directionnelles de la LCR.

    Cette infrastructure politique construite autour d’une d’imprimerie est un cas unique. Elle a probablement été l’une des clés de la longévité de notre courant marxiste-­révolutionnaire, de la LCR au NPA. Depuis cinquante ans, bien des choses ont changé. Presque tout d’ailleurs... sauf le bâtiment dans lequel notre imprimerie, la rédaction de notre journal et la direction de notre organisation se sont installées au 2 rue Richard-Lenoir, à Montreuil.

    Occupé auparavant par une activité de métallurgie, le bâtiment fut ensuite loué sans discontinuer par l’imprimerie Rotographie. L’idée d’en devenir propriétaire n’est pas ­nouvelle. Mais depuis 2022, le projet apparaît comme une nécessité. Aujourd’hui, il devient concret. En effet, le local parisien qui abritait depuis 24 ans notre librairie, nos salles de réunion et les locaux de la IVe Internationale vient d’être vendu. Nous devons le quitter dans quelques mois.

    Un local tourné vers le futur et utile au mouvement

    Ce projet d’achat et de rénovation vise à rassembler dans un même lieu toutes nos activités : des salles de réunion, des bureaux pour le parti et l’Internationale, la presse, une imprimerie et une librairie. Mieux encore, il vise à renforcer notre ouverture et notre utilité pour le mouvement social en offrant ou louant des salles, en imprimant le matériel d’autres organisations, en proposant des événements dans une librairie militante mais ouverte au dialogue.

    Ce projet est aussi très ambitieux sur le plan financier. Voilà pourquoi nous faisons appel à la solidarité afin de récolter 800 000 euros d’ici début 2025.

    Notre camp social, celui des exploitéEs et des oppriméEs, a plus que jamais besoin de s’organiser. À son échelle, unitaire et révolutionnaire, dans la rue, les urnes, les lieux de travail et d’étude, le NPA a toujours œuvré en ce sens, pour une gauche de rupture et de combat. Voilà pourquoi nous avons participé pleinement au Nouveau Front populaire depuis juin dernier. Mais après avoir écarté le danger immédiat de l’extrême droite au pouvoir, tant reste à faire !

    En soutenant le NPA dans le projet d’achat et de rénovation de son local historique, vous nous permettrez de continuer à exister au service des luttes contre ce vieux monde capitaliste, dans la perspective d’un ­socialisme écologique et démocratique.

  • Budget de la Sécu, l’autre coup de force en préparation...

    Avec la prolongation pendant plus de cinquante jours d’un « gouvernement démissionnaire » puis la nomination de Barnier, vieux cheval de retour de la droite, comme Premier ministre, Macron, tente d’imposer par tous les moyens la poursuite des politiques libérales désavouées dans les urnes en juin-juillet. Cela se concrétisera à l’automne par le vote du budget de l’État, et celui du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

    Lire la suite

  • Veillée pour un cessez le feu effectif à Gaza...

    Samedi 14 septembre 2024 à partir de 20 h 00
    promenade des Anglais, Nice, au niveau de la plage des Galets, face au Mc Do.

    Projection de vidéos, prises de parole sur le génocide en cours
    pour exiger la fin immédiate de toute action militaire.
    Appel à actions: boycott, sanctions internationales, arrestation
    et jugement des criminels de guerre et contre l'humanité.

  • RéfugiéEs mortEs en mer : briser le silence...

    Nouveau naufrage dans la Manche : 12 personnes ont perdu la vie. Quelques jours après, une pirogue sombrait au large des côtes sénégalaises faisant plus de 26 morts et de nombreux disparus.

    Depuis le début de l’année 2024, 43 personnes sont mortes dans les eaux de la Manche. On ne peut pas citer toutes les tragédies en Méditerranée, devenue une scène macabre de crimes contre l’humanité.

    D’après les chiffres de l’OIM (Office international des migrations), les morts sur les chemins de l’exil ont augmenté de 20 % cette année. Ce ne sont pas des drames isolés dus à la fatalité ou à une crise « humanitaire » dont les causes sont uniquement attribuées à des troubles « ailleurs », famines, guerres, misère disculpant les États capitalistes du Nord. La propagande médiatique au service des puissants invoque une prétendue « menace migratoire » qui n’est qu’un fantasme pour faire accepter les pires horreurs.

    Le « contrôle de l'immigration » est un mirage qui n'empêche pas les déplacements de population mais qui organise la mort des plus vulnérables aux frontières et la précarité des autres au service des intérêts capitalistes dans des économies qui reposent sur le dos des sans-papiers. Les réfugiéEs originaires le plus souvent d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie, d’Amérique du Sud viennent des pays anciennement colonisés, dominés, asservis, où leurs ancêtres ont largement contribué à la prospérité des pays riches de l’Europe et de l’Occident !

    Les dirigeants européens poursuivent une logique coloniale en construisant une Europe qu’ils voudraient réserver uniquement aux Européens ! Et ces mortEs aux frontières et dans les mers sont la conséquence directe de leurs politiques migratoires meurtrières menées depuis des décennies. Les frontières tuent. Il est insupportable que de tels drames continuent dans l’indifférence générale !

    Suite au naufrage dans la Manche, des associations, organisations réagissent, afin de briser le silence, en appelant à des actions dans diverses villes côtières du Nord-Ouest : au Havre, au Tréport, à Rouen… Le NPA appelle à soutenir toutes les initiatives qui seront prises et à mener la lutte à une plus grande échelle pour la liberté d’installation et de circulation, l’égalité des droits, l’abolition de Frontex et des différents accords d’externalisation.

  • Rencontres internationales de jeunes : Un grand succès pour le camp cette année !

    Pour la 3e année consécutive, la 39e édition des RIJ (Rencontres internationales de jeunes) a eu lieu en France. Après une période où le nombre de participantEs était en baisse, le camp connaît un nouveau souffle ! Nous étions 230 jeunes, contre 150 l’année dernière. Une participation à battre l’an prochain ?

    La délégation des Jeunesses Anticapitalistes du NPA était la plus nombreuse : 76 personnes, avec beaucoup de sympathisantEs. Cela témoigne de la dynamique dans notre parti, notamment après les législatives, et montre que nos idées et nos revendications font écho à des jeunes en dehors de notre organisation.

    De nombreux pays étaient présents (en majorité européens) : Belgique, Danemark, État espagnol, Suisse, Suède, Norvège, Écosse, Angleterre et unE camarade des Philippines. Nous avons aussi accueilli des camarades de Lettonie, de Lituanie, avec lesquelLEs les échanges ont permis de mesurer l’ampleur de la répression politique en Europe de l’Est vis-à-vis de toute idée progressiste de gauche.

    À noter que des camarades irakiens seraient venuEs si leur visa n’avait pas été refusé à cause des Jeux olympiques. De manière générale, il faut renforcer nos liens internationalistes pour renforcer la venue de jeunes en dehors de l’Europe.

    Soutien à la Palestine de tous les horizons

    La Palestine a été une des préoccupations principales de ce camp. Une commission permanente Palestine s’est réunie et a abouti sur un communiqué. Cela a permis d’échanger sur nos expériences militantes de cette année, très différentes selon les pays, et de réfléchir à des perspectives communes de mobilisation dans la jeunesse en soutien à la Palestine et pour la fin du génocide.

    L’antivalidisme arrive en tant que sujet propre sur le camp. Il a toujours été traité et mentionné, mais cette année, une conférence et des ateliers étaient au programme. L’espace en non-mixité des personnes racisées a eu un impact politique important sur le camp avec des revendications des concernéEs et une prise de conscience globale de la nécessité d’y répondre. Même s’il y avait plus de personnes racisées que l’année dernière, elles représentent une minorité sur le camp et il est indispensable d’en faire un espace où elles ne sont pas oppressées et prennent toute leur place.

    Le camp international jeune, un espace autogéré qui fonctionne !

    Les RIJ se déroulent dans un lieu d’échange et de découverte, avantage d’un camp entre jeunes où l’erreur fait partie de l’apprentissage. Le camp fonctionne en autogestion, de l’organisation du programme à la dispense des ateliers, en passant par la réalisation des tâches ménagères. Cette semaine de RIJ permet la découverte et ­l’approfondissement de grands sujets politiques incontournables (antiracisme, féminisme, écosocialisme, anti-­LGBTIphobies...) ou l’expérience de la non-mixité. 

    La présence d’une « Awareness Team » a pour but de créer des espaces les plus sûrs possibles avec écoute et bienveillance. Au cours de la semaine, des activités diverses telles que des jeux ou des soirées nous permettent de sortir des normes sociétales dans lesquelles nous sommes enferméEs au quotidien. Les échanges avec les jeunes sur le camp nous apportent toujours, qu’ils aient lieu sur les temps de formation ou informels, au sein d’une délégation ou (et surtout) dans les rencontres avec les camarades d’autres pays.

    Les RIJ sont finalement une occasion de vivre un temps dans une société que nous essayons de rendre plus juste. Vivement l’année prochaine, en Belgique où ils seront organisés par la Gauche Anticapitaliste !

    Les Jeunesses Anticapitalistes

  • Sacrifier ou libérer les otages ? Les manifestantEs israéliens ont choisi leur camp...

    Pour Benyamin Netanyahou, les manifestations de masse qui ont éclaté dans tout le pays visaient à le renverser, lui et son gouvernement. Cet objectif a été explicitement énoncé par presque toutEs les orateurEs montés sur scène lors de la principale manifestation à Tel Aviv, où plus de 300 000 IsraélienNEs ont envahi les rues après que l’armée a récupéré les corps de six otages de Gaza. […]

    La libération des otages avant tout

    Dans l’ensemble, l’opposition à la poursuite de la guerre n’est pas motivée par des préoccupations morales : les actions génocidaires d’Israël à Gaza n’ont pas été mentionnées, et aucun appel à la réconciliation ou à la paix avec les PalestinienNEs n’a été lancé. Les manifestantEs se préoccupent avant tout de leurs concitoyenNEs détenuEs à Gaza et réclament un « Deal Now » qui aboutirait à leur libération. Néanmoins, ces appels ont une portée considérable.

    Même dans l’éventualité d’un cessez-le-feu temporaire qui faciliterait un premier échange d’otages et de prisonnierEs, tel que celui envisagé par l’accord actuellement sur la table, il semble que Netanyahou craigne la difficulté à renouveler l’effort de guerre, une fois l’armée retirée des corridors de Philadelphie et de Netzarim, et après que des centaines de milliers de PalestinienNEs auront été autorisés à retourner dans le nord de la bande de Gaza. […]

    Les manifestantEs ne croient pas que l’arrêt de la guerre, du moins à ce stade, constitue une menace pour leur existence, contrairement à ce que prétendent Netanyahou et ses porte-parole depuis les premiers jours des combats. Bien au contraire, ils et elles perçoivent la poursuite de la guerre comme une menace directe pour la vie des otages et, dans une certaine mesure, pour la leur. C’est le sens subversif de l’appel au « Deal Now », même si toutes celles et ceux qui l’ont lancé n’en ont pas compris l’implication.

    Un choix entre « Deal Now » et « Sacrifice Now »

    La droite israélienne continue d’affirmer que ce n’est pas le corridor Philadelphie qui fait obstacle à un accord, mais plutôt le chef du Hamas Yahya Sinwar et ses conditions impossibles. La plupart des analystes israélienNEs de haut niveau en matière de sécurité rejettent désormais cet argument, insistant plutôt sur le fait que ce sont les conditions fixées par Netanyahou, sous la pression de Bezalel Smotrich et d’autres membres de l’extrême droite de son gouvernement, qui sabotent l’accord — même après que le Hamas a surpris Israël en acceptant une proposition qu’Israël avait lui-même soumise. […]

    Le choix est maintenant, quoique tardivement, clair pour tous et toutes : poursuivre la guerre indéfiniment en mettant en danger la vie des otages ou mettre fin à la guerre pour les libérer. La droite israélienne choisit la première solution, tandis que les centaines de milliers de personnes qui descendent dans la rue estiment qu’aucun objectif de guerre ne vaut le sang des otages. […]

    Il est difficile de prévoir si cette large mobilisation débouchera sur un changement politique ; cela dépendra de nombreux éléments sans rapport avec le mouvement de protestation, y compris la pression américaine. Le défi est énorme : non seulement renverser un gouvernement et contrecarrer son projet législatif, mais aussi arrêter la guerre la plus longue et la plus sanglante de l’histoire du conflit israélo-palestinien. Mais un refus massif d’accepter le récit qui vient d’en haut est un premier pas important — et c’est exactement ce à quoi nous assistons aujourd’hui.

    Meron Rapoport, le 4 septembre 2024, traduction JB pour l’Agence Media Palestine

    À lire en intégralité : « Sacrifier ou libérer les otages ? Les manifestantEs israéliens ont choisi leur camp » https://agencemediapales…

  • Draguignan, 1974 : des soldats manifestent dans la rue...

    Au lendemain d’un Mai 68 durant lequel les casernes sont restées presque muettes, l’esprit « soixante huitard » y pénètre peu à peu : révoltes individuelles, soldats sanctionnés pour avoir distribué des tracts antimilitaristes, début d’organisation dans des comités éphémères. 

    Les mobilisations s’amplifient à partir de la loi Debré visant à supprimer les sursis à l’incorporation des appelés du contingent. En 1973, l’élection de Giscard met fin au gaullisme et à sa relation particulière à l’État et à l’armée. Le développement des armes nucléaires ouvre la voie au débat sur l’organisation de la défense nationale. La lutte des paysans du Larzac renouvelle l’antimilitarisme. La jeunesse issue de mai 1968 arrive dans les casernes. 

    L’Appel des Cent

    Dans ce cadre de l’élection présidentielle, les militants révolutionnaires engagent la signature d’une pétition : augmentation de la solde, libertés démocratiques, refus des missions anti-ouvrières, une vingtaine de revendications précèdent les signatures de cent soldats du contingent, rendues publiques en mai 1974 1. Si ce type de lutte avait fait ses preuves avec le Manifeste des 121 contre la guerre d’Algérie ou le Manifeste des 343 pour l’avortement, les conditions de lutte de 100 anonymes isolés dans leurs casernes sont plus délicates. 

    Avec quelques flottements, la hiérarchie militaire et le gouvernement se lancent dans une répression modérée : mise en prison pour quelques semaines, mutations, menaces diverses. Cependant les signatures se multiplient, les mutations favorisant la diffusion de l’Appel des Cent. Le glacis médiatique se brise et le débat devient public.

    La manifestation

    À Draguignan dans le Var, dans le 19e régiment d’artillerie, des signataires de l’Appel créent un comité de soldats. En arrivant dans la caserne, certains appelés se renseignent : « Où peut-on signer l’Appel des Cent ? » L’ambiance s’en ressent. Tout est prétexte à résistance, à incidents : brimades, problèmes de cantine, propos racistes, etc. Les derniers mois ont vu se développer dans les prisons des modes d’action spectaculaires qui ont porté les revendications sur le devant de la scène. L’idée fait son chemin dans l’esprit des appelés qui souhaitent faire connaître leurs luttes et leurs revendications.

    Lundi 9 septembre, en fin de journée, le comité distribue dans la caserne un tract contenant l’Appel des Cent et la liste des 200 signataires de l’unité, accompagné d’un texte des « Antillais » dénonçant le racisme et les brimades dont ils sont les victimes. Réunis le soir, nous décidons de nous retrouver le lendemain pour poursuivre l’action. L’idée d’une manifestation fait son chemin. 

    Le lendemain, le 10 septembre 1974, bien que la hiérarchie ne se manifeste guère, l’ambiance est tendue. À 13 h 30, nous nous retrouvons à une trentaine : discussions, votes, nous décidons de nous retrouver à 14 heures dans la cour pour sortir en manifestation. À 14 heures, nous commençons à nous compter : 10, puis 20, puis 50 ; après on ne compte plus ! Nous estimons que nous sommes assez nombreux pour manifester. Le lieutenant de service se place dérisoirement sur notre chemin devant la porte de sortie. Nous nous retrouvons dans la rue. 

    Après quelques hésitations, les premiers mots d’ordre sortent des rangs : « La solde à 1 000 francs », « Sorties en civil », « Des perms toutes les semaines », « On est des hommes, pas des bêtes », « Faites l’amour, pas la guerre ». La présence de journalistes finit de créer l’ambiance, et c’est sans complexe que nous traversons la ville. 

    Nous faisons un sit-in devant la sous-préfecture. Le commandant de la caserne tente de nous faire rentrer tranquillement en camion. Nous décidons de rentrer en manifestant dans le centre-ville. Au retour, nous nous payons un tour de caserne en appelant nos collègues enfermés dans les bâtiments à nous rejoindre. Quelques heures plus tard, le commandant de la région militaire vient entendre nos revendications, assortissant ses réponses de menaces. 

    La répression

    Le lendemain, la riposte de la hiérarchie militaire est rapide et brutale : dans le cours de la matinée, neuf appelés sont emmenés subrepticement et emprisonnés au camp de Canjuers, toujours dans le Var. Des dizaines de soldats sont interrogés. La Sécurité militaire cherche des meneurs.

    La classe politique est horrifiée. Syndicats et partis de gauche soutiennent avec des grands « mais nous ne sommes pas antimilitaristes ». Après deux mois d’arrêt de rigueur dans différentes casernes de France, trois meneurs sont fabriqués par l’instruction. Pelletier, Ravet et Taurus sont présentés devant le tribunal permanent des forces armées de Marseille et emprisonnés aux Baumettes. Une campagne de soutien sans précédent se développe, alliant notre défense à la condamnation de l’armée bourgeoise. Pétitions, meetings, manifestations se multiplient associant organisations politiques, syndicats, organisations antimilitaristes et de défense des droits humains.

    Le procès qui a lieu à Marseille les 7 et 8 janvier 1975 se termine en débâcle pour l’institution militaire et le gouvernement avec des peines de principe pour les trois appelés. C’était le début d’un combat de plusieurs années dans les casernes.

    Robert Pelletier

    • 1. Robert Pelletier, « Il y a 50 ans, un antimilitarisme actif déstabilise l’armée », La revue l’Anticapitaliste n° 155, avril 2024.
  • Antimilitarisme et solidarité ouvrière...

    Dès la fin du 19e siècle, le rôle de l’armée dans la répression de la Commune de Paris et des grèves ouvrières nourrit un antimilitarisme ouvrier. 

    Un tel mouvement d’opinion n’empêche nullement la boucherie de la Première Guerre mondiale, malgré les positions de Lénine et des Bolcheviks, reprises dans la quatrième des 21 conditions d’adhésion à la IIIe internationale, fixées par le 2e Congrès en 1920 1

    La propagande communiste parmi les troupes rarement mise en œuvre

    La « mise en œuvre » n’est victorieuse que dans la Russie de 1917, malgré les tentatives notamment dans l’armée ­allemande. Si le Parti communiste français tient encore le cap lors de la guerre du Rif (intervention de la France à partir de 1924), ces belles résolutions ne résistent pas à la stalinisation du PCF et de l’IC. 

    De la stalinisation au renouveau des luttes 

    En 1935, dans un communiqué commun, Laval et Staline affirment « ne laisser aucun des moyens de leur défense nationale s’affaiblir » et reconnaissent le droit de la France à « maintenir ses forces armées à un niveau conforme à sa sécurité ».

    Le contexte de la Deuxième Guerre mondiale ne se prête guère aux manifestations d’antimilitarisme, même si un petit nombre de militantEs, notamment trotskistes, tentent d’imposer une distinction entre la guerre contre les nazis et celle contre les « boches ». 

    Les guerres coloniales réactivent une hostilité à l’armée. Et les débats s’amplifient avec le coup d’État au Chili et l’action décisive du Mouvement des Forces armées dans le renversement du fascisme au Portugal. Un renouveau générationnel et militant pour des luttes antimilitaristes. 

    Robert Pelletier

    • 1. « Le devoir de propager les idées communistes implique le besoin particulier d’une propagande systématique et persévérante parmi les troupes. Là où elle interdite par des lois d’exception, elle doit se poursuivre illégalement. S’y refuser, c’est trahir le devoir révolutionnaire, chose incompatible avec l’affiliation à la IIIe Internationale. » Les Quatre Premiers Congrès mondiaux de l’Internationale communiste, 1919-1923, réédition en fac-similé, Maspero, p. 39 et 40.