Le second tour des élections municipales a donc bien eu lieu le 28 juin.
Ces élections témoignent d’une crise démocratique sans précédent et, plus que jamais, l’illégitimité du pouvoir.
Actualités nationales... - Page 177
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Crise démocratique et illégitimité du parti au pouvoir après les municipales...
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Amnesty épingle le racisme de la police française.
Alors qu’une fresque « Contre le racisme et les violences policières » provoque l’indignation des syndicats de policiers et de leur hiérarchie, Amnesty International écrit, dans son rapport « Police et pandémie », paru le 24 juin : « Dans le cadre du contrôle du respect des mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19, la police a visé de manière disproportionnée les minorités ethniques et les groupes marginalisés dans toute l’Europe, par des violences, des contrôles d’identité discriminatoires, des mesures de mise en quarantaine forcée et des contraventions ». Ce rapport met en évidence l’exacerbation d’un racisme institutionnel et la concentration dans un espace-temps très particulier de cas de violences policières qui le mettent en œuvre sous couvert « d’urgence sanitaire ». Si 12 pays européens présentent des situations similaires, on peut noter que la France coche toutes les cases.
À propos des migrantEs, le rapport explique : « Non seulement les autorités françaises n’ont pas permis aux personnes en mouvement d’avoir accès à de l’eau potable, à des structures d’assainissement et à un logement approprié, mais elles ont également procédé à des dizaines d’expulsions forcées et empêché les défenseurEs des droits humains d’offrir une aide humanitaire aux migrantEs, réfugiéEs et demandeurs ou demandeuses d’asile. » Ce qui s’accompagne évidemment de contrôles au faciès, menaces, insultes, violences physiques attestées par des témoignages, ainsi que par des amendes pour les soutiens.
« L’application par la police des restrictions des déplacements dans le cadre de la pandémie de Covid-19 a renforcé les tendances déjà discriminatoires et illégales du maintien de l’ordre dans ces quartiers. En Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France métropolitaine, où la plupart des habitants sont originaires d’Afrique du Nord et de l’Ouest, le nombre d’amendes pour infraction au confinement était trois fois supérieur à celui du reste du pays ». Et pourtant, souligne le rapport, le confinement y était respecté comme ailleurs, malgré les problèmes de logement.
Enfin, « la police a infligé des amendes à des personnes d’origine nord-africaine, des personnes noires ou appartenant à d’autres groupes ethniques minoritaires sans procéder à aucun contrôle individuel en face-à-face pour constater l’infraction. »
Ce qui amène le rapport à conclure : « Il faut de toute urgence lutter contre la triple menace que représentent la discrimination, l’utilisation illégale de la force et l’impunité de la police. » Préconisation d’autant plus d’actualité que l’on découvrait quelques jours auparavant, lors de la publication du rapport annuel de l’IGPN, que dans « les infractions alléguées », les « injures à caractère raciste ou discriminatoire » ont disparu… suite à une décision du 20 mars 2020.
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Macron une fois de plus délégitimé, construisons notre propre représentation politique...
Les élections municipales sont une claque pour Macron. Sibeth Ndiaye a parlé de scores « extrêmement décevants », des représentants significatifs de La République en Marche ont été battus, à Tours, à Besançon, à Bordeaux et surtout à Paris.
Cela montre une fois de plus à quel point Macron et son gouvernement sont illégitimes. L’élection du Premier ministre Édouard Philippe au Havre ne peut pas cacher cet état de fait.
La gauche institutionnelle profite de la défaite de Macron
Cette débâcle profite à Europe écologie - Les Verts et au Parti socialiste d’une part, à la droite Les Républicains d’autre part. Cela peut paraître paradoxal au moment où les institutions et les partis traditionnels sont discrédités. EELV et le PS ont réussi à gagner des mairies importantes en s’appuyant sur le rejet de la politique violemment réactionnaire de Macron et sur la recherche d’une alternative écologique dans le cadre de la grande crise climatique et du coronavirus. Mais leurs victoires ne sont pas appuyées sur les mobilisations sociales, sur la construction d’équipes militantes dans le monde du travail. Et elles décevront, comme ont déçu Mitterrand, Hollande, Hidalgo.
Tout cela semble être bien loin de ce qui s’est construit dans la mobilisation contre la réforme des retraites, contre les violences policières et pour la santé. Dans le même temps, les listes présentées par le Parti communiste ont connu un échec, et la France insoumise a défendu des politiques très différentes suivant les villes.
Le danger de la droite et de l’extrême droite
À l’opposé, Les Républicains et pour une moindre part le Rassemblement national, sans briller, montrent à quel point la droite réactionnaire ou fascisante possède un socle important, le RN prenant en particulier la ville populaire de Perpignan.
Les échecs de Macron ne se solderont pas mécaniquement par une remontée du mouvement social. Si les mobilisations ne sont pas assez fortes, cela peut même au contraire, profiter à la droite et l’extrême droite.
Ce qui est en jeu, c’est notre capacité à faire face aux attaques que nous subissons, que ce soit les violences policières et racistes, la pénurie dans les hôpitaux alors que la deuxième vague de l’épidémie du coronavirus est toujours possible, les suppressions de postes dans le public comme dans le privé.
Dans les prochaines semaines, nous mettrons tout en œuvre pour construire ces luttes, pour qu’elles convergent, pour obtenir justice pour les victimes de la police, pour interdire les licenciements et partager le temps de travail, pour imposer la création d’un million d’emplois dans la fonction publique, en particulier hospitalière.
Reconstruire une alternative en s’appuyant sur les luttes
C’est sur cette base que des perspectives politiques de rupture avec le capitalisme pourront être posées. Il s’agira en effet, de construire une alternative réelle, sur la base des mobilisations des Gilets jaunes, des luttes antiracistes et du monde du travail. L’élection de trois militantEs au conseil municipal à Bordeaux, dont notre camarade Philippe Poutou, en tête d’une liste liée aux mobilisations des Gilets jaunes, des quartiers populaires, des salariéEs, montre qu’il est possible de construire ce type de dynamiques et de proposer une alternative de rupture avec les politiques des classes dominantes, qu’elles soient avancées par la droite traditionnelle ou par la gauche institutionnelle.
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Municipales : le pouvoir est sanctionné, une alternative au système reste à construire...
Crise sanitaire, crise économique, crise sociale, et donc crise démocratique… Avec une abstention record, ce second tour des municipales confirme que le système démocratique organisé par et pour ceux d’en haut ne marche plus. Le désaveu du pouvoir actuel, dont les principaux représentants et candidats sont largement sanctionnés à l’exception du Premier ministre au Havre, rejoint la colère contre tout un système et ceux qui le défendent. Les dures semaines de la pandémie qui ont succédé à un mouvement social contre la réforme des retraites, la gestion désastreuse de l'épidémie par ce gouvernement, son mépris toujours vérifié envers les classes populaires… c’est tout ce qui a nourri la sanction contre Macron et ses amis, au premier comme au second tour.
Alors que les conséquences néfastes de la crise économique éclatent depuis plusieurs semaines sous la forme de plan sociaux, de suppressions d’emplois, d’un chômage en forte augmentation, l’impopularité de Macron et de ses choix politiques éclabousse aussi dans certaines villes les autres partis institutionnels, que ceux-ci soient de droite comme de « gauche »… Dans ce contexte, on assiste à une poussée de l’écologie libérale qui polarise aujourd’hui la gauche institutionnelle. C’est le cas à Lyon, Besançon, Strasbourg, Poitiers ou Tours… Si, au vu notamment de l’ampleur de la crise climatique et des graves menaces qui pèsent sur l’avenir de la planète, les aspirations écologiques sont évidemment légitimes, la solution ne viendra toutefois pas de ceux qui, comme EÉLV, ont fait depuis belle lurette une croix sur la transformation de la société, se contentant d’un saupoudrage vert capitalo-compatible.
Pourtant face à la crise écologique, sociale et économique, il y a urgence et l’arrivée du Rassemblement national à la tête de la mairie de Perpignan, une ville de plus de 100 000 habitantEs - une première pour l’extrême droite depuis l’élection de Jean-Marie Le Chevallier à Toulon en 1995 - montre que la crise actuelle peut aussi accoucher du pire. L’élection ce soir de candidatEs issus de listes combatives, comme notre porte-parole Philippe Poutou à Bordeaux, montre que d’autres voies sont possibles, mais que s’il reste important d’envoyer dans les conseils municipaux des représentantEs du monde du travail et de ses luttes, la transformation ne vient pas, et ne viendra pas des urnes. C’est d’autant plus vrai face à cette crise.
L’heure est à la mobilisation générale : pour en finir avec ce système, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces. Ces dernières semaines, les premières manifestations, de sans-papiers, contre les violences racistes policières, pour un service public hospitalier à la hauteur des risques sanitaires sont des encouragements. La résignation n’est pas de mise, les colères existent et doivent converger, contre Macron et ses amis capitalistes, dont l’illégitimité est confirmée par leur déroute de ce soir, et plus globalement contre la violence de tout un système qui nous précipite chaque jour un peu plus vers la catastrophe sociale et écologique.
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De Stonewall à Black Lives Matter jusqu'à Nice : des émeutes salutaires !
Nice, dimanche 28 juin à partir de 12h00, place Garibaldi...
L’urgence sanitaire a monopolisé notre attention et celle des médias.
Pour autant, nous ne devons pas oublier les victimes des discriminations et nos combats contre les inégalités.
Le mois de juin est traditionnellement le mois des Prides.
Il y a 50 ans, à Stonewall, un bar new-yorkais, ce sont nos ami.e.s trav et trans racisé.e.s qui, à coup de talon, ont bravé la police et dressé des barricades face à la répression étatique.
Partout dans le monde, être femme, trans, bi, lesbienne, gay, dégenré.e, racisé.e, ou aimer simplement et différemment, sont des raisons d'avoir peur.
La société patriarcale et consumériste exclut une majorité d'entre nous, en nous imposant des valeurs conservatrices.
Nos luttes sont nécessairement solidaires des mouvements émancipateurs #MeToo, Black Lives Matter et No Border.
Rendez-vous le dimanche 28 juin à partir de 12h, place Garibaldi (repas partagé, stands, musique, expo...)
Nous soutiennent : Punk&Paillettes, Aides, Full Girlz, ADN, Le Planning Familial, Le Graf, Solidaires 06, ATTAC 06, C.A.C.A, etc. -
Syndicalistes contre le racisme, pour la justice et l’égalité (tribune)...
Plus de 100 syndicalistes de différentes organisations sont signataires de cette tribune « contre le racisme, pour la justice et l’égalité ». Elles et ils appellent à renforcer les mobilisations contre les violences policières, soutenir l’autonomie des luttes antiracistes, régulariser les sans-papiers, rendre visibles les discriminations et inégalités raciales au travail pour mieux les combattre.
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Faisons face au chômage et aux violences policières et racistes !
Les masses d’argent dépensées par les États pour sauver l’économie sont colossales. Bien supérieures aux sommes déjà astronomiques qui avaient été engagées pour sauver les banques en 2008-2009. Cet argent, les capitalistes vont vouloir le faire payer aux travailleurs/ses comme ils nous l’avaient fait payer suite à la précédente crise. Déjà, Macron l’a déclaré à la télévision, il nous faudrait travailler plus pour rembourser les banques. Les réformes des retraites à points et de l’assurance chômage pourrait être remise sur la table en septembre.
TouTEs ensemble contre les suppressions de postes
Les prévisions pour 2020 prévoient une chute du PIB entre 11 et 14%. Ces chiffres montrent l’ampleur de la crise économique qui vient. Même le ministre Bruno Lemaire parle d’un million d’emplois supprimés dans les mois à venir. Nous en avons déjà un avant-goût avec l’annonce de 1233 emplois supprimés chez Nokia et 464 chez Airbus D&S, après les 10 000 à Air France, 4600 chez Renault. Dans de nombreuses entreprises, les patrons exercent un chantage à l’emploi, comme à Derichebourg à Toulouse où la menace de 700 licenciements a servi à raboter de près de 500 euros les revenus des 1700 employéEs du groupe.
La bagarre contre les licenciements commence maintenant. Bien souvent, quand l’entreprise ferme, il est trop tard. Nous devons exiger dès maintenant l’interdiction des licenciements, quelle que soit leur forme (fin de CDD, de missions d'intérims ou de sous-traitants, etc.). À l’échelle des branches, ce sont aux grands groupes d’assurer le maintien de l’emploi. Dans certains secteurs, comme l’automobile ou l’aéronautique, la question de la réorientation de la production doit être posée : c’est aux salariéEs et à la population de contrôler ce qui doit être produit pour satisfaire d’abord les besoins sociaux et écologiques.
Surtout, plutôt que de jeter des centaines de milliers de personnes dans la misère, il est temps de réduire du temps de travail. Nous devons travailler moins pour travailler mieux touTEs.
Le capitalisme ne s’éteindra pas tout seul, aidons-le !
Au plus fort du confinement, des millions de personnes ont vu l’incapacité du système à faire face efficacement à la crise sanitaire. Les capitalistes, les gouvernements à leur service, n’ont pas su protéger la population, ils ont détruit pendant des années l’hôpital public, ils n’ont pas cherché à réorienter la production pour répondre à l’urgence sanitaire.
Cette réalité a été encore plus violente dans les quartiers populaires, face aux violences policières et au racisme, mais également pour les femmes face aux violences et aux inégalités domestiques décuplées par le confinement. Elles ont bien souvent été en première ligne pendant l’épidémie, à l’hôpital, dans la grande distribution comme à la maison avec le télétravail.
Pour tenir, le gouvernement est obligé de renforcer sa politique sécuritaire : interdictions de manifester, répression politique et syndicale, violences racistes et policières dans les quartiers… Il a profité du confinement pour renforcer un peu plus cette dynamique vers la surveillance de masse permanente des individus. Il compte également sur la passivité de millions de personnes qui ont subi le déconfinement et espèrent retrouver une vie « normale ».
Pour faire face, pour en finir avec ce système pourri, nous ne pouvons compter que sur nos propres forces et nos mobilisations. Les premières manifestations, celles des sans-papiers, celles contre les violences racistes policières et le 16 mai dernier les dizaines de milliers de soignantEs dans les rues du pays sont des encouragements pour une lutte globale contre le capitalisme.
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Non aux violences policières...
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Déboulonnons Macron et son gouvernement !
Coincé entre la montée des mobilisations contre les violences racistes et policières, les manifestations pour le droit à la santé pour toutes et tous et des élections municipales qui vont probablement tourner au fiasco pour les listes amies du gouvernement, Macron s’est cru obligé de s’inviter à 20 heures dimanche 14 juin. Obligé au regard des errements de Castaner ou de Blanquer, de l’invisibilité de Pénicaud ou de Belloubet, d’un discrédit croissant d’un gouvernement de menteurs et d’incompétents.
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16 juin : des dizaines de milliers de manifestantEs ont déconfiné les exigences pour la santé et l’hôpital...
220 cortèges, des centaines de manifestantEs dans les villes petites et moyennes, des milliers dans les grandes agglomérations, les cortèges des hospitalierEs et de leurs soutiens ont connu partout un très grand succès.
Près de 20 000 à Paris, près de 20 000 à Toulouse, plus de 10 000 à Lyon plus de 7 000 à Bordeaux entre 4 et 5000 à Montpellier à Tours ou à Rennes, 3000 à Angers, 2500 à Rouen, à Caen et à Besançon , 2000 au Havre, 1600 à Dijon entre 1500 et 2000 à Quimper 1000 à Toulon ou à Tarbes
Les chiffres dans les petites villes avec un petit hôpital, sont de l’ordre de plusieurs centaines
A titre d’exemple dans le Finistère ; 300 à Quimperlé, 450 à Morlaix, 200 à Douarnenez, plus d’une centaine à Concarneau. Dans les côtes d’Armor 400 à St Malo. Dans le Var, entre 5 et 700 à Draguignan. Dans le Doubs, 1000 à Lons le Saunier 400 à St Claude.
Partout les taux de grévistes ont été élevés.
Partout la mobilisation a aussi concerné les EHPAD, le secteur médicosocial, a touché également les aides à domicile.
Partout les manifestations ont regroupé à la fois les personnels du soin, mais aussi celles et ceux qui les ont soutenus pendant le confinement et disent désormais dans la rue que la santé et l’hôpital doivent être une priorité pour le société et disposer des moyens nécessaires (syndicats interprofessionnels, Gilets Jaunes…)
Des exigences claires
En finir avec le manque de lits et de personnel, de salaires décents et reconnaissant leur travail pour tous les professionnels. En finir avec un fonctionnement qui met le soin au service de la gestion et non l’inverse
L’arnaque du Ségur de la santé a fait long feu, et se retourne même contre le pouvoir. Elle ne fait qu’accroitre la colère des personnels, qui après avoir été envoyés « au front » sans moyens, sans protection ont le sentiment que la chape de plomb de l’austérité et du « management » autoritaire retombe à nouveau sur les services. Un slogan résume bien l’état d’esprit : « je n’ai pas eu le COVID, mais vous m’avez transmis la rage »
Le succès de cette journée pose la question des suites, car nul ne se fait d’illusion, il va falloir frapper encore plus fort et dans la durée pour obtenir gain de cause. La date du 30, avant la période des congés circule déjà.
Jean-Claude Laumonier

