Le printemps dernier a été riche en annonces et promesses des mastodontes du Net. Zuckerberg qui disait l’idéologie de la vie privée comme dépassée il y a 10 ans en revient et prend pour nouveau slogan « The future is private ». Depuis l’élection de Trump et l’usage détourné du fonctionnement des annonces de Facebook, les événements n’ont cessé de creuser et ternir l’image de ces quasi-institutions de nos interactions quotidiennes : entre exploitation massive et non-contrôlées des données, fuites et failles de sécurités.
Actualités internationales... - Page 87
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Hypocrisie et confusion autour de la confidentialité sur Internet...
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Contre les violences racistes, aux États-Unis et ailleurs !
Les tueries d’El Paso et Dayton, aux États-Unis, ont fait 29 morts et plus de 50 blessés. Ces meurtres posent la question des armes à feu, mais surtout du racisme d’État, dans le pays de Trump… et ailleurs.
Ce sont deux jeunes hommes, de 21 et 24 ans, qui ont attaqué des latino-américains. Ce sont les 21e et 22e tueries de masse aux États-Unis depuis le début de l’année. Bien sûr, la disponibilité des armes à feu est un facteur permettant ce type de crimes. Mais rappelons qu’en Suisse, 46% des habitants en ont une, et qu’il y a seulement 5 décès par arme à feu pour 100 000 personnes, contre 12 aux États-Unis. Rappelons aussi que les deux tiers des morts par arme à feu sont des suicides.
Un crime raciste
Ce ne sont donc pas les armes à feux qui sont la cause principale de ces tueries, mais bien le racisme.
Le racisme, les violences contre les non-blancs, sont d’ailleurs un élément constitutif de la construction des États-Unis, de la colonisation à l’esclavage, en passant par les violences policières régulières contre les noirs ou les crimes contre les latinos.
Chaque année, plus de 1 100 personnes sont tuées par la police, majoritairement des noirs (étude du journal PLOOS Medecine).
Le racisme tue aux États-Unis, et la présidence Trump l’encourage avec sa politique qui est celles des suprématistes blancs. Il multiplie les sorties contre les migrants, y compris en disant à des parlementaires démocrates de retourner « d’où elles viennent ».
Ces discours racistes visent à solidifier l’exploitation des différentes communautés, à les diviser et à maintenir une peur intérieure qui permet d’imposer un ordre social totalement injuste. Plus de deux millions de personnes incarcérées, dont la moitié sont afro-américains et un plus d’un quart sont latinos. C’est un moyen de contrôler, de faire travailler quasi gratuitement des millions de personnes.
Et la France ?
Mais le racisme, la violence et leur encouragement par l’État ne sont pas l’apanage des États-Unis. Un rapport de J. Toubon, Défenseur des droits, a dénoncé cette année les « ordres et consignes discriminatoires » données à la police. Le soir de la victoire de l’Algérie à la Coupe d’Afrique, des individus cagoulés ont attaqué des familles célébrant la victoire à la batte de base-ball à Lyon. Sans parler de la disparition de Steve à Nantes, un exemple parmi tant d’autres des violences policières plus globales.
Ce n’est pas par hasard que Christophe Castaner, ministre de l’intérieur, a déclaré « la haine n’a pas sa place dans la République. […] Chaque coupable doit être trouvé et jugé », là où Trump vient de déclarer « la haine n’a pas sa place aux États-Unis. […] Il faut que ça s’arrête ».
La réalité est que ni l’un ni l’autre ne veulent en finir avec le racisme. Ils souhaitent juste que la violence soit le monopole de l’État. Comme l’avait précisé le ministre Darmanin à propos des Gilets jaunes, « Dans un État républicain, le monopole de la violence légitime, c’est celle des policiers et des gendarmes ».
Pour vaincre le racisme, il faut de grandes mobilisations des premièrEs concernéEs, victimes du racisme, travailleurEs sans-papiers pour imposer l’égalité réelle. Pour en finir avec les violences policières, il faut imposer le désarmement de la police.
Il y a urgence, aux États-Unis et ailleurs, dans un monde où la violence et la misère sont de plus en plus répandues, à stopper cet engrenage infernal.
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Solidarité avec Cyro Garcia, victime du système Bolsonaro...
Cyro Garcia, professeur de science politique, sociologie juridique, histoire du droit et anthropologie à l’Université d’Iguaçu (UNIG) dans l’Etat de Rio de Janeiro (Brésil), vient d’apprendre qu’il était licencié de son poste pour un motif purement idéologique. L'UNIG est une université privée et l'ambiance y est très répressive. Des enseignants y ont déjà été licencié-e-s pour avoir fait grève suite à des retards de paiements de leurs salaires. Le licenciement de Cyro Garcia par son directeur, un supporter avoué de Bolsonaro, vise pour des raisons politiques et idéologiques non dissimulées, un dirigeant du PSTU dans cet Etat, celui-là même dont Bolsonaro est originaire.
Cyro Garcia a appris par son directeur que ce licenciement n’avait rien à voir avec la qualité de son travail d’universitaire – « bien au contraire », lui a-t-il été précisé – mais purement et simplement parce que son « profil idéologique ne correspond pas aux nouvelles directives qui sont mises en place dans cette institution, principalement depuis l'arrivée du nouveau gouvernement ». Il s’agit donc d’un acte de persécution idéologique, qui fait déjà l’objet d’une campagne de solidarité (#FICACYRO) lancée par des étudiant-e-s de cette fac. C’est aussi une mesure de discrimination contraire à la Liberté académique garantie par la Constitution brésilienne. En s’attaquant à Cyro Garcia, les relais de Bolsonaro à l'UNIG s’attaquent à un militant connu de l’extrême-gauche brésilienne.
Cela se situe dans le cadre politique et idéologique très autoritaire et dangereux que l'on sait. Après l'échec momentané de la campagne nauséabonde intitulée "école sans parti" visant à se débarrasser d'enseignants "gênants" notamment en appelant les élèves à dénoncer le "doctrinarisme" de profs de gauche, on voit que de façon décentralisée, les bolsonaristes, ne renoncent pas à mettre en application les « promesses » de campagne du président : faire taire les voix de gauche, et en particulier les voix discordantes dans les universités et les institutions.
Le NPA s'élève contre ces tentatives, locales et nationales, de museler la gauche et l'extrême-gauche, et proteste énergiquement contre cet interdit professionnel insupportable contre Cyro Garcia. Les principes de la Liberté académique doivent être défendus.
Pas de licenciement d'enseignants pour cause idéologique dans les écoles et les universités, publiques et privées! Cyro Garcia doit garder sa chaire à l’UNIG !
Ce sont les étudiants de l'UNIG qui ont raison en luttant pour le maintien de Cyro Garcia à son poste.
Bolsonaro et bolsonaristes, bas les pattes devant la Liberté académique dans les écoles et universités brésiliennes !
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Europe criminelle ! Ouvrez les frontières !
Jeudi dernier, plus de 110 migrantEs ont disparu après le naufrage de leur bateau au large de la Libye alors qu’ils tentaient de rejoindre les côtes italiennes. Une nouvelle et tragique démonstration de la politique meurtrière de cette Europe forteresse.
Des chiffres insupportables
Avec ce nouveau drame, le total des victimes noyées qui tentent de rejoindre l'Europe en partant de la Libye est de 571 personnes depuis le début de cette année... Un bilan qui fait de cette route dite de la « Méditerranée centrale » la plus meurtrière des routes maritimes empruntées par les migrantEs pour rejoindre l'Europe. En 2018, le bilan était de 1314 mortEs selon l'Organisation Internationale pour les migrations.
Selon les chiffres officiels, le nombre de disparuEs en Méditerranée a baissé, en comparaison du plus fort de la « crise » des réfugiéEs en 2015-2016 (plus de 4000 noyéEs) et 2016 (plus de 5000). Mais, comme l’affirme un rapport du Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés publié en 2018, l’an dernier, 2275 migrantEs ont perdu la vie, noyés dans les eaux méditerranéennes, en raison des frontières barbelées entretenues par les grandes puissances européennes.
Aucune fatalité
Il n’y a aucune fatalité à cela : la Méditerranée est un cimetière humain parce que les dirigeantEs européens refusent d’accueillir. Nombreux sont les bateaux d’ONG à avoir été bloqués en mer et interdits d’accoster dans le port le plus proche, en violation complète du droit de la mer et des conventions internationales. Au lieu d’aider les ONG de sauvetage, celles-ci sont attaquées (l’arraisonnement du Sea Watch 3 il y a quelques semaines traité comme un navire militaire hostile), leurs capitaines arrêtées, leurs actions salies à coups de discours laissant entendre un lien entre ces ONG et les « passeurs », avec des législations de plus en plus répressives et une indifférence généralisée face à la violation des droits des personnes exilées.
Ces politiques sont à remettre dans le contexte plus général d’une Europe forteresse empêchant l’accès au territoire européen : délivrance restrictive de visas, construction de murs, contrôle militarisé des frontières aériennes, terrestres et maritimes, renvois forcés dans les pays d’origine et sous-traitance du contrôle des migrations à des États peu ou pas du tout démocratiques, comme le Maroc, la Turquie et la Libye...
Macron, Salvini… tous coupable !
Là où ils sont au pouvoir, les partis d’extrême droite ou de droite extrême appliquent une politique drastique de fermeture des frontières, de traque des migrantEs ouvertement raciste. Ainsi, depuis plusieurs jours, le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini bloque toujours sur un navire dans le port militaire d’Augusta 130 migrantEs tant qu’un plan de répartition immédiate n’aura pas été convenu avec l’Union européenne... Mais ces politiciens dangereux et criminels agissent avec la complicité des gouvernements et institutions européennes, à commencer par celle du gouvernement français.
Ainsi, Calais, Vintimille, Mayotte… sont des terrains d’expérimentation des moyens policiers de surveillance et de répression. Lundi, vingt associations ont interpellé les autorités locales dans une lettre ouverte avant la possible évacuation d'une structure accueillant 700 migrantEs à Grande-Synthe (Nord), se disant « inquiètes » qu'elle n'entraîne « plus de précarité »…
Nous ne pouvons compter ni sur les gouvernements en place dans toute l’Europe ni sur les instances internationales. Il faut construire une vraie solidarité internationale pour imposer la liberté de circulation et d’installation, seul moyen d’empêcher l’hécatombe des migrantEs.
Le mardi 30 juillet 2019
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Pays basque : liberté pour Josu Urrutikoetxea et les prisonnierEs politiques !
Josu Urrutikoetxea a été arrêté le 16 mai alors qu’il se rendait dans un hôpital public de Haute-Savoie.
Il est depuis enfermé à la Santé, sans visite ni courrier. Une cour d’appel a statué sur sa remise en liberté, mais il a été de nouveau arrêté avant même avoir passé la porte de la prison car l’État espagnol demande son extradition. L’examen du mandat d’arrêt européen aura lieu le 16 octobre. -
Syrie : Solidarité avec la population abandonnée de la région d’Idleb !
Jeudi 20 juin, deux membres de l’opposition syrienne démocratique tenaient à Paris une conférence de presse tentant de secouer l’indifférence que subissent les quatre millions d’habitantEs et réugiéEs de la région d’Idleb (ou Idlib) en Syrie.
Ceux-ci sont soumis à la fois au blocus et aux bombardements cyniques et meurtriers du régime syrien et de ses alliés, et à l’oppression des milices d’Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex Al Nosra liée à Al-Qaeda) qui ont pris le dessus parmi les forces armées s’opposant à Assad. -
Grèce : La défaite de Syriza se fait au profit de la droite...
Les législatives du 7 juillet ont réservé une surprise, que n'ont pas comprise les médias français.
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Apartheid climatique...
« Pour pénétrer dans le Nouvel-Auber, il fallait une carte spéciale contenant une puce qu’on disait impossible à reproduire. […] Le système de climatisation épargnait aux promeneurs les rigueurs de l’hiver, la bulle protectrice laissait filtrer quelques timides rayons solaires, on se serait cru au printemps ; même l’air était plus respirable que dans les autres quartiers de la capitale ; les pompes anti-pol rejetaient vers la grande banlieue nord les effluves crachés par les rares usines tournant encore dans les environs. […] L’an dernier les femmes de résidents avaient protesté par une pétition massive : les parois de la bulle filtraient les rayons bronzants mais en laissant passer d’autres néfastes pour la peau. Les réparations avaient couté la bagatelle de dix-huit milliards d’eurécus. » Gérard Delteil, que les lecteurs de l’Anticapitaliste connaissent bien, décrit ainsi un Paris de l’avenir dans un livre publié en 1990, Balles de charité. Ce Paris connait un véritable apartheid social et climatique et est divisé en zones entre lesquelles la circulation est limitée et contrôlée.
L’apartheid climatique, c’est précisément la perspective que dénonce Philip Alston, rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits humains, qui a déclaré que les effets du réchauffement climatique risquent de porter atteinte non seulement aux droits fondamentaux à la vie, à l’eau, à l’alimentation et au logement de centaines de millions de personnes, mais aussi à la démocratie. Son rapport conclut : « Les droits de l’homme pourraient ne pas survivre aux bouleversements à venir. »
Le rapport déclare que la crise climatique frappera le plus brutalement celles et ceux qui vivent dans la pauvreté, beaucoup d’entre elles et eux perdant l’accès à une nourriture et à de l’eau adéquates. « Nous risquons un scénario "d’apartheid climatique" où les riches paient pour échapper à la surchauffe, à la faim et aux conflits alors que le reste du monde est abandonné à ses souffrances ». Et d’illustrer son propos : « Lorsque l’ouragan Sandy a fait des ravages à New York en 2012, privant les New-Yorkais vulnérables et à faible revenu d’électricité et de soins de santé, le siège de Goldman Sachs a été protégé par des dizaines de milliers de ses propres sacs de sable et l’électricité produite par son générateur. » La société décrite par Delteil se profile…
Une preuve de plus que lutte contre le changement climatique et anticapitalisme sont inextricablement liés, quoi qu’en pensent un certain nombre de politiciens qui font de l’écologie un fonds de commerce électoral.
HW
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G20 : triplement des subventions publiques aux centrales à charbon !
Selon un rapport récemment publié par quatre ONG internationales, les pays du G20 fournissent chaque année au moins 56,3 milliards d’euros d’aides au charbon. Des sommes considérables de la part des pays les plus industrialisés (et les plus pollueurs) du monde, et ce malgré leur engagement solennel, il y a 10 ans lors du sommet de Pittsburgh, à « rationaliser et abandonner progressivement à moyen terme les subventions inefficaces accordées aux combustibles fossiles qui encouragent la surconsommation ».
Si les aides à la production directe de charbon sont en baisse, celles attribuées aux centrales à charbon ont explosé, avec un quasi triplement entre 2014 et 2017, passant de 15,1 milliards d’euros par an à près de 41,6 milliards. Une « aberration écologique », comme l’ont souligné les auteurs du rapport, puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de subventionner une industrie vieillissante, peu rentable et très polluante, au détriment de l’organisation d’une véritable transition vers des énergies renouvelables. Comme le souligne Ipek Gencsu, l’une des principales auteures du rapport, « les gouvernements prennent le relais des investisseurs, qui quittent le secteur avec le manque de rentabilité. Mais soutenir une industrie déclinante ne fait que repousser une transition inévitable et en renchérir le coût. »
J.S.
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Le Royaume-Uni suspend ses ventes d’armes à l’Arabie Saoudite...
« Le gouvernement n’a pas évalué si la coalition dirigée par les Saoudiens avait commis des violations du droit international humanitaire par le passé, pendant le conflit au Yémen, et n’a fait aucune tentative pour le faire ». Ainsi s’est exprimé, le 20 juin, le président de la division civile de la cour d’appel de Londres, saisie depuis 2015 par l’ONG Campaign Against Arms Trade (CAAT) au sujet des ventes d’armes britanniques à l’Arabie saoudite et de leur usage au Yémen. Dans la foulée, le gouvernement annonçait suspendre ses exportations d’armement vers le royaume saoudien, tout en précisant qu’il ferait appel de la décision de justice.
Comme l’a expliqué Amnesty International, « la Cour a mis en avant un aspect crucial : l’importance des recherches que nous avons menées avec d’autres ONG et l’ONU, qui constituent des éléments de preuve fiables quant aux risques inhérents à l’approbation d’exportations d’armes vers l’Arabie saoudite ». Autant dire que l’incessant travail de documentation et de dénonciation des crimes commis par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite a porté ses fruits, même s’il ne s’agit que d’une victoire partielle et provisoire.
Il n’en demeure pas moins que cette décision peut être un point d’appui pour celles et ceux qui se mobilisent, dans les pays alliés de l’Arabie saoudite, pour que cessent les complicités de crimes de guerre. On ne peut que partager le point de vue de Bénédicte Jeannerod, de l’ONG Human Rights Watch : « La décision de la cour d’appel de Londres est historique et envoie un signal très fort aux pays européens, comme la France, qui continuent de vendre des armes à l’Arabie saoudite malgré ses violations systématiques contre les civils au Yémen. Le gouvernement français devrait en tirer les leçons et cesser immédiatement ses transferts d’armes à ce pays. »
J.S.