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Actualités nationales... - Page 18

  • L’État en croisade contre les musulmanEs...

    Moins d’un mois après le meurtre d’Aboubakar Cissé dans une mosquée, le gouvernement relance une offensive islamophobe sous couvert de lutte contre l’« islamisme politique ». Un rapport sur les « Frères musulmans » alimente cette stratégie en vue des prochaines municipales. Une nouvelle étape dans la fascisation.

    À moins d’un an des élections municipales, l’exécutif lance le fantasme du « frérisme municipal », accusant sans preuves des éluEs, des militantEs et des associations de travailler à une islamisation rampante des institutions locales. En s’attaquant à des acteurs associatifs ou politiques issuEs des quartiers populaires, le pouvoir entend disqualifier toute forme d’organisation autonome et populaire.

    Ce n’est pas un hasard si ce rapport arrive après les attaques contre le CCIE (Collectif contre l’islamophobie en Europe), et dans un contexte où la répression s’abat sur toutes les voix critiques des politiques d’État — en particulier quand elles viennent de personnes racisées. Il s’agit de construire dans l’imaginaire collectif une menace diffuse tapie dans les conseils municipaux, les salles de prière, les associations.

    Fabriquer une menace intérieure

    Ce texte, présenté en conseil de défense, n’a rien d’un travail sérieux : absence de sources, amalgames grossiers, reprises d’idées anciennes, conclusions non démontrées. Il prétend révéler des stratégies d’entrisme dans l’éducation, les services publics ou les médias, mais ne repose que sur des allégations alarmistes. C’est moins un rapport qu’un outil de propagande, conçu pour entretenir la peur et justifier une politique de surveillance généralisée.

    Ce rapport contredit même souvent les résultats des enquêtes scientifiques. Par exemple, un rapport de l’Institut des Hautes Études du ministère de l’Intérieur (IHEMI) publié en mai 2022, fruit du travail d’une dizaine de chercheurEs et de plus de 100 entretiens menés auprès de 32 fédérations sportives, conclut qu’il n’existe pas de phénomène structurel de « radicalisation » ou de « communautarisme » dans le sport associatif en France. Le gouvernement s’est bien entendu abstenu de donner une quelconque publicité à ces constats.

    Une logique complotiste

    La cible n’est pas seulement une organisation précise. C’est tout un pan de la société — musulman ou perçu comme tel — que ce document transforme en corps étranger, en suspect permanent. Sous couvert de neutralité républicaine, l’État continue de fabriquer un ennemi intérieur. Il s’agit clairement d’une offensive complotiste.

    « Ces complotismes représentent le stade ultime de la racialisation, puisqu’ils ne se contentent plus d’altériser la population juive ou musulmane : ils l’élèvent au statut de menace existentielle pour la “civilisation occidentale”. Ce stade de racialisation est essentiel pour justifier des violences physiques à leur encontre, des violences qui se présentent dès lors comme une défense légitime contre un génocide civilisationnel », selon Reza Zia-Ebrahimi, auteur du livre Antisémitisme et islamophobie, une histoire croisée.

    Une fascisation accélérée

    Cette stratégie participe d’une fascisation dont on constate chaque jour l’accélération. L’État ne se contente plus de céder à l’extrême droite : il en épouse les obsessions, les mots, les méthodes. La laïcité est instrumentalisée pour effacer les voix dissidentes, la sécurité devient le prétexte à l’exception permanente.

    En accusant sans preuve, en dissolvant sans procès équitable, en interdisant des expressions, en restreignant les droits, le pouvoir fabrique une société où l’État se pense en guerre contre une part de la population. Face à cette offensive islamophobe menée au plus haut niveau de l’État il faut une riposte unie de toutes les forces de gauche, antiracistes, syndicales et associatives, contre la fascisation en cours.

    Commission nationale antiracisme

  • Moratoire sur les fermetures de maternités ? Et maintenant des actes !

    Le 15 mai, l’Assemblée nationale a approuvé par 97 voix contre 4 un moratoire de trois ans sur les fermetures de maternités de proximité.

    Ce vote, contraire à l’avis du gouvernement, intervient, alors qu’a été rendu public un rapport montrant la hausse de la mortalité infantile en France. Celle-ci est passée de 3,5 décès pour 1 000 enfants nés vivants en 2011 à 4,1 en 2024. Une tendance inverse à celle que l’on constate ailleurs en Europe. La France qui était en 1990 en haut du classement européen pour sa faible mortalité infantile se place aujourd’hui à la 23e place sur 27.

    Scandale sanitaire

    Les causes de cette remontée de la mortalité infantile doivent être analysées et relèvent de facteurs multiples. Les difficultés d’accès aux soins, de la qualité du suivi, de l’augmentation du nombre de « bébés à risque » y jouent certainement un rôle important. La mise en place d’un registre national des pathologies et d’études de santé est une condition pour mieux comprendre et agir.

    Les interventions des parlementaires ont fait le lien entre le scandale sanitaire que révèlent ces chiffres et la politique de fermeture massive des maternités de proximité. En cinquante ans le nombre de maternités a presque été divisé par trois1. Cette hécatombe, justifiée par des arguments de sécurité discutables, est avant tout guidée par les exigences d’un « hôpital entreprise » en quête permanente de « rentabilité ». Les maternités tendent à devenir des « usines à bébés » réduisant l’accouchement à un acte technique dont la « productivité » doit être optimisée, au détriment de son humanité. Quant à la « sécurité » pour la mère et l’enfant, est-elle garantie quand le risque de décès néonatal est multiplié par deux quand le trajet jusqu’à la maternité dépasse 45 minutes ?

    Pas encore gagné

    Le moratoire voté par les députéEs a le mérite d’attirer l’attention sur la régression que constitue la hausse de la mortalité infantile et sur les conséquences de l’affaiblissement et du démembrement de l’hôpital public, que la crise du covid avait déjà mis en lumière. Il ne suffira pas, loin s’en faut, à lui apporter des solutions.

    Rien ne garantit que le texte voté à l’Assemblée « en première lecture » ne s’enlise pas dans les méandres des procédures parlementaires. L’exécutif et la macronie hostiles à ce vote ont déjà montré avec les projets d’abrogation de la réforme des retraites qu’ils avaient de grandes capacités à saboter le vote d’une décision qui ne leur convenait pas.

    Les limites du moratoire 

    Même s’il devait voir le jour, le moratoire n’est qu’une suspension provisoire. Il ne garantit pas le maintien ultérieur d’activité des maternités menacées et encore moins la réouverture des sites déjà fermés. Mais surtout, l’arrêt des fermetures suppose, si on le prend au sérieux, la garantie des moyens pour l’appliquer (présence de personnel formé, budgets).

    Or ces exigences entrent en conflit direct avec l’austérité aggravée annoncée pour les budgets hospitaliers à venir. Les fermetures de lits, de services, d’établissements de proximité est la conséquence des ­politiques d’austérité pratiquées par tous les gouvernements. On ne peut les arrêter sans s’attaquer à ces politiques. Rendre le travail hospitalier attractif par des salaires décents, améliorer les conditions de travail en créant les emplois indispensables est incompatible avec le nouveau tour de vis de 40 milliards annoncé par le pouvoir.

    La nécessaire mobilisation

    Pour réellement mettre en application le « moratoire », il faudrait s’inscrire dans la perspective d’un financement de la santé à la hauteur des besoins. La sincérité de la démarche des députéEs se jugera à leur vote sur le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Sur ce terrain, l’unanimité affichée sur le moratoire risque de ne pas être au rendez-vous.

    Ce n’est pas sur le terrain miné d’un jeu institutionnel que se jouera le maintien ou la réouverture des maternités et hôpitaux de proximité, mais sur celui de la mobilisation sociale unitaire, sans laquelle aucune rupture effective avec l’austérité n’aura lieu. Le vote du moratoire peut servir de point d’appui pour y parvenir, il ne la remplacera pas.

    Commission nationale Santé, Sécu, Social du NPA-A

    • 1. Le nombre des maternités est passé de 1 369 en 1975 à 464 aujourd’hui.
  • Kanaky – Nouvelle-Calédonie : L’extrême droite et l’extrême centre en embuscade...

    Nicolas Metzdof, député membre du groupe macroniste, et Sonia Backés, ancienne secrétaire d’État à la citoyenneté de Darmanin et porte-parole de la droite coloniale, ont mis en échec Manuel Valls dans sa tentative d’arriver à un accord entre les forces politiques locales.

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  • Contre l’extrême droite, reprenons la rue !

    Vox en Espagne, UKIP et Reform UK au Royaume-Uni, AfD en Allemagne, Chega au Portugal, Lega et Fratelli d’Italia en Italie, PIS en Pologne, Javier Milei en Argentine, RN en France, Fidesz en Hongrie, Vlaams Belang en Belgique, FPÖ en Autriche, Parti pour la liberté aux Pays-Bas, tentative inopinée de coup d’Etat institutionnel en Corée du Sud, Bolsonaro au Brésil, et bien entendu Trump 2016 et Trump 2024 : au-delà des situations, rythmes et trajectoires nationales diverses, le cours autoritaire du capitalisme se déploie. Il laboure les régimes bourgeois dits démocratiques depuis la grande crise de 2008. L’extrême-droite fait irruption ou s’impose à petits pas. Elle connaît parfois des reflux, mais consolide partout ses positions… et, de plus en plus, arrive au pouvoir.

    Le macronisme ouvre la voie à l'extrême droite 

    Depuis quelques années, il se dit que le paysage politique français est divisé en 3 blocs de force à peu près égale.  Mais la dynamique en cours est celle d’une fusion croissante entre le bloc central néolibéral et le bloc d’extrême-droite capitalisant tranquillement sur cette dérive.

    Alternant au pouvoir, les vieux partis de gouvernement n’ont eu pour seul programme que la potion néolibérale, destructrice des acquis sociaux, qui de surcroit précipite le déclin du capitalisme national, loin des promesses bidons du « ruissellement » et de la « politique de l'offre » . 

    Cette décomposition a accouché du macronisme avec ses vieilles recettes libérales, sa technocratie devenue impuissante avec le démantèlement de l’Etat, sa suffisance de classe outrée, ses gesticulations diplomatiques, son mépris des institutions et la matraque pour toute réponse à la contestation. Canard sans tête, le macronisme incarne cet extrême-centre libéral-autoritaire qui pave le chemin à l’extrême-droite… comme dans les années 30.

    Un large bloc bourgeois réactionnaire en fusion

    De la droite du PS jusqu’à Reconquête, il mute et tente de trouver un consensus. Sa configuration est encore incertaine dans la perspective de la présidentielle de 2027. 

    Son centre de gravité se trouvera-t-il dans le macronisme radicalisé par Edouard Philippe ? Dans la résurgence de la vieille droite réactionnaire bourgeoise incarnée par Bruno Retailleau ? Dans l’extrême-droite plébéienne portée par Marine le Pen ? 

    Les différentes sensibilités s’affrontent, se reconfigurent et s’acheminent de plus en plus clairement vers la fameuse « union des droites » qui seule peut assurer une défaite profonde et durable de la gauche par l’instauration d’un régime illibéral, voire fasciste. La perpétuation d’un capitalisme zombie et écocide est à ce prix.

    Reprenons la rue !

    Contre les suppressions massives d’emplois dans l’industrie, contre l’islamophobie qui tue, contre l’offensive masculiniste, en soutien aux peuples palestinien et ukranien, il est urgent pour notre camp social de reprendre l’initiative, dans la rue comme dans les urnes, dans l’unité et la radicalité.

  • En finir avec la République pourrissante, reprendre la rue !

    En se mettant en scène avec différents interlocuteurs, mardi 14 mai sur TF1, Macron a cherché à réinvestir le devant de la scène et à montrer qu’il contrôlait une crise politique qui lui a déjà en partie échappé. En sortant du chapeau des soi-disant référendums, il semble acter que plus rien ne se joue au Parlement. Mais alors d’où peut venir le changement ?

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  • Lycées professionnels : le bac de l’inégalité et des discriminations...

    Avez-vous entendu parler du bac pro ? Non. Et pourtant lundi 12 mai, les épreuves démarraient pour les élèves de terminale professionnelle.

    Fruit d’une réforme passée en force, cette nouvelle mouture du bac pro est un pas de plus vers l’inégalité dans le service public d’éducation. Dès son annonce en novembre 2023, le projet a mobilisé une intersyndicale réunissant tous les syndicats de la voie professionnelle avec le soutien de la FCPE. Rejetée le 8 janvier 2024, par le Conseil supérieur de l’Éducation (où siègent les représentantEs des personnels, des usagerEs, parents et élèves et des partenaires de l’État dans l’action éducative), cette « réforme », personne n’en voulait… sauf le gouvernement macroniste. Elle est à rebours même de la manière dont s’est bâtie la voie professionnelle, surtout elle témoigne d’un mépris crasse, tant pour les personnels qui y travaillent que les élèves qui y étudient – très majoritairement issuEs des classes populaires.

    Une « réforme » réactionnaire

    Dans le fond comme dans la forme, cette nouvelle mouture du bac est un retour en arrière totalement discriminatoire et ségrégatif. Le bac pro avait été créé en 1985 pour augmenter les qualifications professionnelles et atteindre l’objectif des 80 % d’une classe d’âge Bac. C’était un bac en 2 ans après deux ans de BEP, voire de CAP donc une possibilité pour les élèves des milieux populaires orientés pour reproduire la force de travail ouvrière d’accéder aussi à un enseignement plus précis dans les matières professionnelles mais aussi de poursuivre des enseignements généraux. Il y avait-là une « marge d’émancipation » dans un monde scolaire structuré par la sélection.

    Le passage au bac en 3 ans – sous prétexte de l’aligner sur le général et technologique – avait été dénoncé par les enseignantEs car il représentait une perte d’une année sur quatre, accentuée par la diminution du volume horaire. Aujourd’hui c’est un tiers de la jeunesse scolarisée dans le secondaire qui l’est en lycée professionnel. Blanquer avait déjà baissé – encore – le nombre d’heures d’enseignements disciplinaires, fragilisant la maîtrise des contenus pour des élèves qui ont besoin de temps et de pratiques pédagogiques adaptées pour surmonter les difficultés de leur parcours scolaire. Cette énième réforme renonce de fait à l’égalité affichée entre les trois voies d’enseignement et clôture la possibilité des élèves de réussir une poursuite d’études en BTS. Et a fortiori en université, ce que Parcoursup rend déjà quasi impossible.

    Une « réforme » discriminatoire

    Et l’implicite se matérialise dans cette organisation anticipée du bac pro. Alors que les élèves des voies générales et technologiques sont en cours, ceux de la voie professionnelle passent donc leurs épreuves un mois plus tôt que l’an passé. Dans les lycées polyvalents, la majorité des établissements, les cours ne sont évidemment pas suspendus, avec tous les problèmes d’organisation que cela peut générer. Personne aujourd’hui ne sait ce qu’il en est pour plus de 200 000 lycéenNEs. Lorsque Blanquer avait voulu anticiper certaines épreuves du bac général en mars, les programmes avaient été adaptés. Pour le bac professionnel, rien, aucune adaptation. Aux professeurEs de se débrouiller pour faire « ingurgiter » un programme avec quatre semaines de moins. Alors que les élèves des voies générale et technologique ont une semaine de révisions, les élèves de professionnel, ont terminé leurs cours le 9 mai et commencé les épreuves le 12. Comme il reste un mois, on propose aux élèves un « parcours Y » : soit des cours renforcés, soit une période de stage en entreprise, désormais faiblement rémunérée. Un « choix » tout relatif et qui réussit à mettre encore de l’inégalité entre lycéenNEs.

    Une gauche digne de ce nom doit non seulement dénoncer cela avec force mais aussi défendre un tout autre projet, émancipé des critères d’employabilités et dédié à la formation d’individus, de leur esprit critique et de leur capacité de délibération. En d’autres termes, travailler à un lycée de l’égalité.

    Cathy Billard et Théo Roumier

  • Pierre-Edouard Stérin, un argentier au service des extrêmes droites...

    Pierre-Edouard Stérin ne se satisfait pas d’être un business angel. Il veut devenir un saint. Peut-être sera-t-il même martyrisé sur son retour d’exil fiscal ? « L’ultra-gauche appelle quotidiennement à sa décapitation » arguent ses conseils pour justifier son absence devant la commission parlementaire sur l’organisation des élections, qui s’inquiète de son influence sur les scrutins à venir.

    Début mai, c’est du côté du RN que vient la dénonciation de ses manœuvres. Le RN voit sa main dans un sondage excluant Marine Le Pen, pour diviser leur parti et favoriser les Républicains. Bien que le directeur de sa holding conseille Le Pen et Bardella, Stérin n’est pas en odeur de sainteté auprès de tous les cadres du RN. Au-delà des élections, son projet nous alerte sur les « éco-systèmes » que tissent les extrêmes droites.

    Portefeuille d’élus

    En 2021, il annonce vouloir « venir concrètement en aide aux plus démunis ». Il lègue sa fortune à son family office pour reverser les dividendes à la bonne cause. Parmi les bénéficiaires, un « acteur majeur de la philanthropie française » qui regroupe fonds de dotation, fonds d’investissement, foncière solidaire et startup studio. On est loin des nécessiteux.

    Dernière étage de son plan, Stérin lance une « pépinière de projets métapolitiques » qui allie « les moyens de l’entrepreneuriat, de l’investissement et du conseil », le fameux projet Périclès. Stérin recrute des équipes passées par des cabinets de conseil et des multinationales ou issues de la haute fonction publique, à l’image de cette « élite politique (...) du conseil municipal (...) aux grands ministères en passant par les assemblées parlementaires » que Stérin compte lever.

    Le premier investisseur français diversifie son portefeuille politique. Il a ses préférences : plus Retailleau et Ciotti que Bardella et Le Pen. Mais comment ne pas investir dans le RN, malgré une ligne économique qu’il juge pas assez libérale ? Devant la commission parlementaire, le DG de Périclès remarque que leur projet n’est pas inédit : métapolitique et réseautage économique ne sont pas nouveaux. Il se veut même « un rééquilibrage » par rapport à ce dont bénéficieraient les « élus de gauche ».

    Travail, famille, écosystème

    Stérin n’est pas le seul financeur : citons Chatillon et Loustau, des petits joueurs, ou leur modèle, un autre exilé fiscal issu de la mouvance gudarde, Jean-François Michaud, récemment décédé. D’autres aussi cherchent à constituer « une réserve d’hommes de pouvoir ». Il est peu probable que les Horaces, ce cercle de hauts fonctionnaires et de cadres du privé entourant Marine Le Pen, bousculent la donne malgré leur récente conférence de presse promettant de passer « de l’ombre à la lumière ». Mais ça s’agite ailleurs : pour la formation des candidats aux municipales, avec une agence de communication de l’empire Bolloré ou un nouveau cycle de formation continue de l’ISSEP, l’école de Marion Maréchal.… pour la formation de cadres, avec l’Institut Iliade ou l’Academia Christiana, qui donnent « une épée et une colonne vertébrale pour ensuite, repartir dans son groupe politique, son foyer, ses projets entrepreneuriaux ».

    Dans ses Mémoires identitaires, Le Gallou, co-fondateur de l’Institut Iliade, lance un appel : « communautarisez-vous ! », imaginant que des « taches blanches pourraient se rassembler dans une sorte de nouvel empire européen ». Dans le JDD en mars 2025, Stérin déclare : « Je ne crois pas dans un État tout-puissant, je crois dans les personnes, dans les familles, dans les communautés locales, dans les entreprises ».

    Des libéraux-conservateurs aux radicaux pourfendeurs du libéralisme, les extrêmes droites en marge du RN partagent un même constat : pour engager des changements profonds, une victoire électorale ne suffit pas, surtout quand le parti en vue est peu militant et faiblement implanté. L’euphorie post-élections européennes de 2024 passée, chacun s’attelle à son propre « écosystème ». Mais leur addition ne constitue pas encore un paysage.

    Qui façonnera le paysage ?

    Dévoiler leurs plans reste une tâche nécessaire. L’urgence de la riposte doit aussi être pensée à long terme. Il nous faut dépasser la dénonciation du camp d’en face pour poser la question de « nos écosystèmes » suffisamment robustes. Sur les lieux de travail, dans les quartiers populaires et les campagnes, les solidarités sont à renforcer voire à construire. Elles jouent avec la culture, l’éducation, le sport, la santé, l’action sociale... Cette tâche peut se mener, même sans argentier philanthrope.

    Commission nationale antifasciste

  • Pour des Prides de lutte et de masse !

    La saison des « marches des fiertés » commence ce samedi 17 mai, Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie (IDAHOT). Jusqu’au mois de juillet, ce sont des millions de personnes à travers la planète qui défileront pour défendre leurs droits.

    Partout dans le monde, les attaques contre les LGBTI+ s’intensifient en suivant le mouvement général de fascisation des bourgeoisies. En Russie, le mouvement LGBTI+ est déclaré « extrémiste » et criminalisé, et l’arrivée au pouvoir de Trump a accéléré la dynamique anti-trans et réactionnaire. Ce dernier met aujourd’hui en péril la lutte contre le VIH à l’échelle mondiale et encourage le génocide à Gaza.

    Offensive réactionnaire

    Au Royaume-Uni, après une campagne financée par des milliardaires, la Cour suprême a réduit la définition de « femme » à un pseudo « sexe biologique » (que la Cour est bien incapable de définir !). Cette décision acte l’impossibilité concrète pour les personnes trans d’exister publiquement car de nombreux emplois ou lieux de vie nécessitent de passer par des espaces non mixtes (vestiaires, toilettes, etc.) auxquels elles n’ont légalement plus accès. 

    La France n’est pas épargnée. Les guets-apens et agressions homophobes se multiplient. Bolloré et Stérin attaquent l’Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS). L’accès à la PMA pour touTEs est loin d’être garanti.

    La Manif pour Tous est au gouvernement. Ses ministres ont voté contre le mariage pour touTEs, contre la PMA pour les couples de femmes, contre la pénalisation des thérapies de conversion. Certains comme Retailleau ont soutenu la loi du Sénat qui interdit les transitions des mineurEs et leur impose des thérapies de conversion. Ce sont les mêmes qui instrumentalisent les questions féministes et LGBTI+ à des fins racistes, islamophobes.

    Et l’extrême droite, grâce à la complaisance des médias et de la macronie, a le vent en poupe et donne le tempo. Elle est raciste, patriarcale, LGBTIphobe. Elle tue comme à La Grand-Combe.

    MobiliséEs pour de nouveaux droits

    Dans ce contexte, nous devons construire l’unité du mouvement social pour gagner de nouveaux droits sans nous contenter de répondre aux attaques des réactionnaires.

    En premier lieu, nous devons nous mobiliser pour gagner le changement d’état civil libre et gratuit, sur simple demande et pour toutes les personnes trans, avec ou sans papiers, comme en Irlande, en Espagne, ou plus récemment en Allemagne ou en Suède. Nous devons aussi gagner l’arrêt des mutilations des enfants intersexes, la PMA vraiment pour touTEs ou le remboursement par la Sécurité sociale des frais de transition.

    C’est pourquoi nous prendrons la rue pour porter ces discours de rupture. Rupture avec le capitalisme, qui nous exploite et nous opprime, avec le pinkwashing des grands groupes. Rupture avec l’hétéropatriarcat, ses normes pourries et ses oppressions LGBTIphobes. Rupture avec le racisme d’État, l’islamophobie, le colonialisme et l’impérialisme.

    Commission LGBTI+