La grève prend aussi là où on ne l’attendait pas. Les avocatEs étant pour l’essentiel des membres d’une profession libérale (en 2016, seuls 4,7 % des avocatEs en région parisienne étaient salariéEs, situation spécifique aux très gros cabinets et aux débutantEs dans la), ils et on ne pense pas forcément à elles et eux lorsqu’on évoque un mouvement de grève. Or, la vague de grèves actuelle touche la profession dans une très large mesure.
Actualités nationales... - Page 194
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AvocatEs en grève illimitée contre la « réforme » des retraites...
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Macron, champion et bouffon de l'écologie !
Que retenir de la virée de Macron à Chamonix, à gravir les pentes déneigées du Mont Blanc, à contempler la mer de glace qui ne cesse de fondre ?
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Nous ne verserons aucune larme sur le sort de Benjamin Griveaux !
Benjamin Griveaux a donc jeté l’éponge dans la course à la mairie de Paris, dans laquelle il était largement distancé, dans les sondages, par Anne Hidalgo et Rachida Dati, entre autres en raison de la candidature dissidente de Cédric Villani.
Un renoncement qui s’est certes fait dans des circonstances particulières, suite à la publication de messages et d'images relevant du domaine privé, un procédé pour le moins sordide, mais qui participe nénamoins d’une dynamique plus large de déstabilisation et de fragilisation du pouvoir. -
Décès de Michel Lequenne, un siècle d’engagement...
Michel Lequenne s’est éteint, sereinement, dans sa maison de retraite, à près de 99 ans, une longue vie d’engagement militant. Nous partageons avec sa compagne Martine et tous ses proches une grande tristesse.
Autodidacte, il impressionnait par sa vaste culture et des analyses marxistes « concrètes » de « situations concrètes », contre tout dogmatisme. Obligé de travailler dès l’âge de 14 ans, il était, comme Martin Eden, littéralement assoiffé de lecture. Il deviendra correcteur, faisant à partir de 1947 une carrière dans l’édition qu’il terminera en 1974 comme chef du service de lecture-correction de l’Encyclopædia Universalis. Réfractaire aux embrigadements (notamment au STO - Le Service de Travail Obligatoire, pendant la guerre), il s’est en même temps engagé dans la résistance collective clandestine et trotskyste.
En 1946 il devint membre du Comité central du Parti communiste Internationaliste, section de la Quatrième Internationale (QI) - dont il fut aussi lors de plusieurs congrès, élu au Comité exécutif. Il s’impliqua dans tous les débats importants de la QI – sous le pseudonyme de Hoffmann – et anima pendant plusieurs années la « T3 » une des tendances de la « Ligue », section française de la QI qu’il quitta en 1988. Il resta impliqué dans bien des débats et fut un des fondateurs de la revue Critique communiste où il a publié de nombreuses études de théorie marxiste, d’histoire ancienne, moderne et de la pensée, ainsi que des critiques littéraires et d’art - poursuivant cette activité après la fusion de cette revue avec celle de ContreTemps, en 2009.
Il laisse plusieurs ouvrages – allant de Christophe Colomb aux Grandes Dames des Lettres en passant par son histoire du trotskysme – que l’on peut trouver sur le site qu’il a construit à l’âge de 96 ans. De 1978 à 1995, il fut membre du groupe surréaliste maintenu.
Tous ceux et celles qui l’ont connu se souviendront de son rire et de son grand chapeau de poète à larges bords. D’accord ou pas avec lui et avec ses emportements, on apprenait toujours de lui. Il aidait à réfléchir. Tu nous manqueras, Michel/Hoffmann
Catherine Samary / Verla
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L’indicateur fictif que le gouvernement a sorti de son chapeau pour nous arnaquer...
Le projet de loi du gouvernement sur les retraites prévoit que les points de retraite seront indexés par défaut sur le « revenu moyen d’activité par tête », un indicateur qui n’existe pas ! Pourquoi ne pas les indexer sur les salaires comme il prétendait vouloir le faire ? Pourquoi ordonner à l’INSEE de fabriquer cet indicateur bidon ? Pour une raison mesquine : cet indicateur évoluerait moins vite que le salaire par tête, et il permettrait de justifier des coupes supplémentaires dans les dépenses de retraite.
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Appel pour un comité de soutien aux mobilisations sociales (tribune unitaire)...
Face à un projet de réforme des retraites amené à accentuer gravement les inégalités, un large ensemble de responsables associatifs et politiques, personnalités du monde artistique, sportif et intellectuel s'engagent à la création d'un «comité national de soutien aux mobilisations» pour accompagner la convergence des luttes «qui prennent des formes inédites, diverses, ancrées localement». -
Oui, nous irons jusqu’au retrait !
Après deux mois de grève reconductible, à la SNCF et à la RATP, mais aussi avec de nombreux secteurs en lutte prolongée dans le traitement des déchets, les raffineries, les ports et docks, la culture, les avocatEs, les enseignantEs et les lycéeNEs, il est indispensable de faire des comptes.
Débattre pour mobiliser
Pour celles et ceux qui ont vu leurs salaires gravement réduits par le retrait des jours de grève, la solidarité financière est plus que jamais d’actualité. Il faut aussi discuter, avec les collègues de son service ou de son entreprise, des boîtes aux alentours, dans son quartier, sur pourquoi le privé mais aussi certains secteurs du public, n’ont pas massivement rejoint le mouvement. Discuter de comment partir touTEs ensemble, pas séparément comme dans le première phase du mouvement, où certainEs sont partiEs le 5 décembre, les autres mi-décembre ou en janvier.
Débattre dans les syndicats de la dispersion des dates, mais aussi des difficultés à mobiliser contre une réforme qui pourtant nous frappe toutes et tous. Dénoncer la participation aux concertations sur un financement qui ne pourra se faire qu’à nos dépends.
Un gouvernement isolé mais brutal
Malgré l’impopularité de sa réforme, le pouvoir est décidé à passer en force. La simulation qu’il ose présenter est dénoncée par les économistes de droite et de gauche comme un enfumage. Et en creusant, il ressort une baisse considérable des pensions pour quasiment toutes et tous, et y compris des baisses sur les pensions des actuels retraitéEs.
Comme tout pouvoir sur la défensive, le gouvernement mise sur la brutalité. Brutalité au Parlement avec la procédure accélérée, les ordonnances échappant à tout débat, le recours possible au 49-3… Violence dans les dénonciations des grévistes, le recours aux réquisitions, les matraquages et gazages des manifestantEs, des enseignantEs ou des lycéeNEs.
Un deuxième souffle pour dégager Macron
Les colères sont multiples avec en toile de fond la contre-réforme des retraites mais plus généralement l’ensemble des attaques visant à dégrader conditions de travail et de vie, les services publics que ce soit à l’hôpital, dans l’éducation nationale ou dans la culture.
Plusieurs syndicats de la RATP appellent à un lundi noir dans les transports le 17 février, et l’intersyndicale à une nouvelle journée nationale de grève le jeudi 20. Ce sont des occasions de consolider la mobilisation là où les luttes n’ont pas cessé, de la relancer ailleurs. Avec comme objectif une nouvelle vague de grèves, vers l’élargissement et la généralisation.
Le NPA propose que soit organisée une grande manifestation nationale à Paris, rassemblant tous les secteurs, tous les acteurs/trices en luttes, pour construire une grève générale. C’est un objectif à mettre en débat partout, dans les syndicats, les AG interpro, sur les lieux de travail et d’études, dans les quartiers…
Comme le sera la manifestation du 8 mars pour les droits des femmes. Les grandes manifestations féministes de novembre dernier avaient joué un grand rôle dans le déclenchement de la mobilisation. En effet, dans les grandes crises du système capitaliste, les manifestations des femmes ont à plusieurs reprises été le point de départ de mobilisations, voire de révolutions, pour construire une autre société.
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La guerre au bac
Les E3C qui cachent la forêt ?
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Hôpital : de la désobéissance à la grève des soins...
Depuis près d’un an, les hospitalièrEs alertent les autorités et la population : l’hôpital public est en danger. La colère portée par la grève des urgences, étouffée en Île-de-France par des concessions rémunératrices et l’octroi d’effectifs supplémentaires, a rebondi avec l’entrée en lutte du corps médical qui a repris mot pour mot les revendications du Collectif inter-urgences.
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Même si Macron ne le veut pas, on est toujours là !
Deux mois après le début de la mobilisation contre la « réforme » de la retraite à points, la mobilisation est toujours d’actualité et se développe sous différentes formes au grand dam du gouvernement.
La grève reconductible à la SNCF et à la RATP est certes terminée, mais n’a pas sonné la fin de la contestation contre la contre-réforme. Bien au contraire. Pas un jour ne se passe sans que des secteurs d’activités ne se fassent entendre par des actions inédites. La grève est bien là, que ce soit celle des pompierEs qui ont manifesté le 28 janvier dernier ; celle des éboueurEs et des agentEs chargés du traitement des déchets de l’Île-de-France ou de Marseille, qui sont en grève depuis plus d’une semaine ; celle des salariéEs de l’énergie qui multiplient les coupures de courant et baisses de production ; celle des personnels hospitaliers et des médecins qui démissionnent à tour de bras depuis quelques semaines et qui appellent à une journée de grève nationale le 14 février prochain. Mais aussi et encore les professions libérales qui ont manifesté massivement le 3 février ; les agentEs et salariéEs de la Culture ou encore les enseignantEs, mais aussi les facs et les labos en lutte qui se sont réunis à plus de 700 le week-end des 1er et 2 février. Sans oublier les lycéenEs, qui sont de plus en plus nombreux à bloquer leurs lycées contre le nouveau bac Blanquer et les fameuses épreuves E3C. Et le gouvernement est en train de comprendre qu’il ne suffit pas d’aller sur les plateaux télé et de siffler la fin de la grève pour que celle-ci se termine.
Tout le monde déteste Macron et son monde
Cette exceptionnelle mobilisation démontre l’ampleur du rejet de cette réforme dans l’ensemble du monde du travail et de la détestation de plus en plus importante envers ce gouvernement. Comment en serait-il autrement quand Pénicaud et les députés LREM ont combattu une proposition de loi proposant de prolonger de cinq à douze jours de congés pour les parents venant de perdre un enfant ? Il aura fallu l’intervention du Medef pour assister à un rétropédalage… Comment en serait-il autrement quand Blanquer a fait prélever un jour de grève aux enseignantEs qui sont allés à l’enterrement de Christine Renon, cette directrice d’école de Pantin qui s’était suicidée en septembre dernier ? Comment en serait-il autrement quand ce gouvernement met en garde à vue plusieurs dizaines d’heures des mineurs ayant bloqué leur lycée ? Comment en serait-il autrement quand ce gouvernement éborgne, mutile celles et ceux qui s’opposent à sa politique d’injustice et de régression sociale ? Comment en serait-il autrement quand Michelin licencieur demande aux salariéEs licenciés de rembourser leurs pneus ou quand la SNCF verse des primes aux non-grévistes et que la RATP sanctionne des grévistes ?
Un gouvernement très fragilisé
Bien que ce gouvernement semble rester droit dans ses bottes, une chose est certaine : il est très fragilisé. Après que le Conseil d’État a émis de sérieuses réserves sur le projet de réforme des retraites, il vient de suspendre en référé la circulaire Castaner sur les prochaines élections municipales. Mais ce n’est pas tout. Après les nombreuses perturbations pendant les vœux des députés et ministres LREM, c’est désormais le tour des candidatEs aux municipales. Édouard Philippe lui-même a dû se confronter, au Havre, à un comité d’accueil de grévistes. Sans oublier qu’à quelques jours du début du débat parlementaire sur le projet de réforme, à l’intérieur de la majorité présidentielle elle-même, les divisions s’accentuent. Avec l’annonce, le 28 janvier, du départ de la députée des Français d’Amérique latine Paula Forteza, ce sont désormais près d’une vingtaine de parlementaires qui ont quitté le mouvement et/ou le groupe parlementaire LREM. Côté municipales, le cas Villani, à Paris, n’est pas isolé : dans les 50 premières villes de France, LREM est confrontée à au moins 17 cas de dissidence, soit dans plus d’un tiers des municipalités. Sans oublier les 22 000 amendements, la motion de censure et les critiques de la droite sur les conditions d’examen du projet de loi. Des signes supplémentaires de faiblesse, et un encouragement à continuer et à amplifier la lutte.
Un nouveau souffle… pour gagner
La reprise du travail dans les secteurs en reconductible, l’épuisement du calendrier proposé par l’intersyndicale nationale dû à la répétition des journées nationales de mobilisation, l’ouverture du débat parlementaire et le début du tunnel des vacances scolaires, tout cela impose de rouvrir largement les discussions sur la stratégie pour construire la mobilisation. S’il faut continuer à défendre la nécessité de la grève, à travailler à son enracinement et son extension, les conditions de son développement sont un peu modifiées à court terme par tous ces facteurs. Le mouvement a besoin de trouver un nouveau souffle, de marquer les esprits, de permettre aux grévistes de gagner de la confiance. Et pourquoi pas une manifestation nationale pour relancer la locomotive ?
Joséphine Simplon