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Actualités internationales... - Page 19

  • Gaza : Nous ouvrirons nos bras aux enfants sans parents, aux parents sans enfants...

    « Je me moque de mourir ; j’espère juste pouvoir voir mon enfant avant » : ainsi s’exprimait Ayman al-Jadi, journaliste. Il n’a pas eu le bonheur de serrer contre lui son nouveau-né : il a été assassiné par l’armée d’occupation alors qu’il attendait la naissance du bébé, dans une voiture marquée « presse », à Nuseirat, devant l’hôpital, avec quatre collègues journalistes, le 26 décembre1. Nassim était parti chercher un sac de farine pour nourrir sa famille. Une bombe larguée par l’occupant l’a assassiné, avec 150 autres personnes attendant comme lui de la nourriture. Lui non plus n’a pas eu la joie de tenir son enfant dans ses bras : Nisma est née après sa mort. Nisma et sa sœur Rahma grandiront son père, mais aussi sans grands-parents, ni oncles, ni tantes, ni cousins, tous massacrés dans le bombardement de leur abri, le lendemain de l’assassinat de Nassim2.

    Israël et ses soutiens savent pertinemment que rien ne peut justifier l’anéantissement par les bombes de tout un peuple, de toute une culture, de toute une histoire. Israël et ses soutiens savent pertinemment que rien ne peut justifier le meurtre par la famine de quatre générations de Palestiniens. Que rien ne peut justifier de priver des soins les plus basiques toute une population. D’où le déni, le négationnisme israélien. Selon le journaliste israélien Jonathan Ofir, « les Israéliens [sont] les plus grands négationnistes d’holocauste »3. Pierre Stambul évoquait dès janvier 2024 le négationnisme israélien4. Les soutiens d’Israël oscillent quant à eux entre déni et politique de l’autruche. Regarder la réalité du génocide en face les renverrait à leur propre culpabilité en tant que complices.

    L’hiver à Gaza était une saison particulièrement enchantée et appréciée – les couleurs encore plus chatoyantes, les lignes encore plus harmonieuses, les parfums encore plus doux. Les premières pluies étaient accueillies avec gratitude, les récoltes d’hiver avec révérence.

    À présent, l’hiver lui aussi est devenu meurtrier. Mais ne nous y trompons pas, ce n’est pas le froid qui tue les bébés, les enfants, les adultes. Ce sont les bombes israéliennes qui ont réduit en amas de gravats leurs maisons, les contraignant de vivre dans des abris de fortune perméables au vent, à la pluie, au froid, comme si jamais ces familles n’avaient habité de belles demeures entourées de jardins. C’est le blocus infligé par l’occupant qui prive toute un peuple de vêtements chauds, de chaussures, de couvertures. C’est le blocus qui les affame et les affaiblit. Et c’est l’inertie complice et criminelle des nations qui laissent mourir, sous nos yeux, deux millions de personnes dans le labyrinthe qu’est Gaza, sans autre issue que la mort par les bombes, la faim, la maladie, le froid. Israël ne s’arrêtera pas de lui-même. C’est à nous de tout mettre en œuvre pour que nos dirigeants mettent fin à l’impunité.

    Les nations regardent ailleurs et l’impunité demeure, alors qu’en six mois, Israël a confisqué en Cisjordanie occupée plus de terres que durant les vingt dernières années cumulées5. Depuis les accords d’Oslo, la Cisjordanie se réduit aux taches de plus en plus clairsemées d’une peau de léopard de plus en plus mitée.

    Comment Israël peut-il prétendre avoir des droits sur une terre qu’il ne cesse de martyriser, arrachant par centaines des oliviers multicentenaires, mettant le feu aux autres, empoisonnant les cours d’eau, coulant du béton dans les sources, passant les cultures au bulldozer, empoisonnant les troupeaux ? Le seul rapport à la terre que l’occupant connaisse est celui de l’exploitation, la destruction, l’accaparement par la force. « Le sionisme est l’antithèse de la vie’ », résume Susan Abulhawa. « C’est l’extinction de la lumière6 ».

    L’histoire de la Palestine est une histoire de partage, de pâturage en commun, de cultures communautaires. Gaza a toujours été une ville sans murailles, ouverte à l’étranger, à l’accueil, à l’échange. Le littoral de Beit Lahiya à Rafah, avant d’être une « bande », était une oasis, un carrefour des cultures, un lieu d’échanges intellectuels et marchands, un vivier humaniste, un verger opulent. Husam Zomlot raconte comment la génération de ses grands-parents a ouvert sa porte aux immigrants venus de l’Est, leur offrant des oranges. « Nous devions le faire, et nous ne le regrettons pas », observe-t-il7.

    Aujourd’hui, Gaza est saucissonnée par l’occupant, divisée par des corridors militaires de plus en plus nombreux8, bordée à l’Ouest par une mer déclarée zone militaire et à l’Est par une frontière parmi les plus hermétiques et militarisées du monde, truffée de miradors, de « zones interdites » larges de 30 à 1 500 mètres et de « zones de risque ». La route Salah el-Din, qui reliait depuis l’Antiquité l’Égypte à la Syrie, n’est plus un lieu de passage mais de mort assurée dans le viseur des drones et des snipers. Cette nuit, cinq personnes chargées de sécuriser l’acheminement de l’aide ont été assassinées sur cette route par un tir de drone, dans la volonté manifeste de favoriser le délitement de la société.

    Les routes à Gaza ne sont plus destinées aux déplacements, transformées en champs de tir ; tout comme les hôpitaux ne sont plus des lieux où on sauve des vies, mais des zones de guerre où blessés et patients se voient subitement privés d’oxygène, sont torturés, exécutés à bout portant, ou, pour les plus chanceux, tirés des lits, déshabillés et poussés dehors. L’ONU a dénombré 136 frappes aériennes contre des hôpitaux à Gaza entre le 12 octobre 2023 et le 30 juin 20249.

    Le monde assiste à la banalisation du bombardement et de la mise à feu des hôpitaux aussi facilement qu’il accepte la normalisation du massacre de masse des civils par les bombes et le blocus. Pour Francesca Albanese, « Israël écrit une des pages les plus sombres de l’histoire des génocides avec de l’encre fabriquée en Occident »10.

    Je voudrais terminer par une pensée pour Ahmad, 5 ans, qui a perdu ses deux parents et une jambe il y a un an et qui, tous les jours, tous les jours, tous les jours, réclame ses parents. Une pensée pour Janna, 5 ans, et Hassan, 3 ans, criant de désespoir, s’agrippant aux corps sans vie de Maissa et Jawad, leurs parents, assassinés par l’occupant aux premières heures de la nouvelle année.

    Envoyons à Ahmad, Janna et Hassan tout notre amour et notre force. Nous retournerons à Gaza. Nous reconstruirons. Nous ouvrirons nos bras aux enfants sans parents, aux parents sans enfants. Palestine vivra.

    Marie Schwab, 4 janvier 2025

    • 1. Tareq S. Hajjaj, Israel kills 5 journalists, 5 hospital staff in 24 hours in Gaza, Mondoweiss, 27 décembre 2024
    • 2. Rola Mosaed, The martyr’s wife, Mondoweiss, 22 décembre 2024
    • 3. Jonathan Ofir, We Israeli are the biggest Holocaust deniers, Mondoweiss, 6 avril 2024
    • 4. Invité de Thomas Legrand, En quête de politique, L’antisionisme est-il forcément un antisémitisme ?, France Inter, émission diffusée le 30 mars 2024, enregistrée en janvier 2024.
    • 5. Mohammed Haddad, Visualising how Israel keeps stealing Palestinian land, Al Jazeera, 11 juillet 2024.
    • 6. Susan Abulhawa on Instagram, Zionism is anthetical to life, 24 mai 2024
    • 7. Husam Zomlot en conférence, 2024, citation exacte, source malheureusement égarée.
    • 8. Mafalsim, Netzarim, Kissufim, Philadelphie.
    • 9. UNHR office of the high commissioner, Pattern of Israeli attacks on Gaza hospitals raises grave concerns - report, 31 décembre 2024.
    • 10. ’Made in the West’ genocide taking place in Gaza : UN special rapporteur, Al Jazeera, 28 décembre 2024.
  • Elon Musk, « coprésident » de Trump...

    Elon Musk, l’homme le plus riche du monde (430 milliards de dollars de fortune personnelle), est devenu il y a quelques mois un des conseillers du président élu Donald Trump. Aujourd’hui, il est devenu bien plus. Les politiciens et les médias le qualifient désormais de « président fantôme », de « coprésident » ou même de « président Musk ».

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  • Ukraine : les étudiant·es face à la guerre...

     

    Fin octobre, avait lieu à Lviv des rencontres internationales étudiantes à l'initiative du syndicat étudiant ukrainien Priama Diia.
    Sur le thème des "universités en guerre", des étudiant•es d'Ukraine, d'Italie, de Pologne, des États-Unis et de France se sont rencontré•es pour échanger sur leurs luttes et leurs modes d'action.
    Les Jeunesses Anticapitalistes du NPA y étaient pour renforcer leurs liens de solidarité concrète avec la jeunesse ukrainienne.
    Pour suivre Priama Diia : http://www.priama-diia.org

  • Toujours mobiliséEs pour la journée internationale des migrantEs !

    À l’occasion de la Journée internationale des migrantEs, une cinquantaine de mobilisations étaient prévues entre le 14 et le 18 décembre partout en France, à l’appel de la Marche des Solidarités et des collectifs de sans-papiers.

    Plus de 300 organisations nationales et locales ont signé l’appel de la Marche des Solidarités, pour dénoncer la montée du racisme en France. De la « loi Darmanin » sur l’immigration votée début 2024, au projet de « loi Retailleau » qui se préparait avant la censure du gouvernement (et qui est toujours d’actualité puisque Retailleau pourrait se maintenir dans le gouvernement Bayrou), en passant par la perspective de l’arrivée du RN au pouvoir : face à l’offensive raciste, les signataires appellent à la désobéissance civile, à la résistance et à la lutte.

    Bienvenue aux migrantEs

    À Paris, près de 10 000 personnes ont manifesté le samedi 14 décembre au départ de la place de Clichy pour rallier la place de la République. Par exemple, dans le cortège, le Collectif des Jeunes de Belleville, composé de mineurEs isoléEs, appelait à soutenir leur lutte à la suite de leur occupation de la Gaîté lyrique depuis le mardi 10 décembre (voir page 3). Près de 250 jeunes exigent une solution d’hébergement digne et immédiate et une prise en charge effective de la part des institutions, comme la loi l’exige. Le mercredi 18 décembre, la Marche des Solidarités a initié un meeting unitaire d’organisation de la suite de la mobilisation, avec la présence de plus de 500 personnes à la Bourse du Travail de Paris.

    Parmi les autres rassemblements où des camarades du NPA-l’Anticapitaliste étaient présentEs le 18 décembre malgré la pluie, on peut citer : Rennes, environ 800 personnes étaient présentes, avec beaucoup de personnes migrantes en lutte issues de gymnases occupés, de squats avec beaucoup de jeunes en tête de cortège ; Grenoble, avec la présence de 600 personnes à la suite d’un appel signé par une cinquantaine d’organisations ; Rouen, 500 personnes ; Le Havre, 200 personnes à l’appel d’une douzaine d’organisations ; Perpignan, 200 personnes derrière la banderole « Bienvenue aux migrantEs — Chez nous, c’est chez vous ! »,  à la suite d’un appel signé par 28 organisations ; Romans-sur-Isère, 130 personnes à l’appel de l’Asti, signé par 24 organisations. 

    On peut toutefois regretter l’absence de couverture de ces mobilisations par les médias nationaux.

    Résister , continuer le combat

    Partout en France, le NPA-l’Anticapitaliste était donc présent pour apporter son soutien aux premierEs concernéEs. Il soutient les revendications suivantes :

    – pour l’égalité des droits de toutes et tous et la régularisation des sans-papiers ;

    – pour la fermeture des centres de rétention, l’abolition du dispositif européen Frontex et la liberté de circulation ;

    – pour le logement de toutes et tous les sans-abris, avec et sans papiers, l’application de la loi de réquisition et l’abrogation de la loi Kasbarian-Bergé ;

    – pour l’accès de toutes et tous à la santé et à l’école ;

    – pour l’abrogation de la loi Darmanin, de toutes les lois racistes, du pacte migratoire européen et du règlement Dublin ;

    – pour la solidarité internationale avec tous les peuples en lutte pour la justice, la liberté, l’égalité et la fin du colonialisme de la Palestine au Sahel en passant par le Liban, de la Kanaky à la Martinique en passant par Mayotte.

    Où que l’on soit néE, solidarité !

    Commission nationale immigration et antiracisme
     
  • Palestine : les horreurs du camp d’Ofer ...

    En février, Rami a été arrêté par l’armée israélienne à l’hôpital Al-Shifa de Gaza. Ce Palestinien de 42 ans a été emmené au tristement célèbre centre de détention de Sde Teiman, où, comme des milliers de Gazaouis détenus dans ce centre, il a subi de graves sévices de la part des gardiens. Mais il a rapidement été transféré au camp d’Ofer, une installation militaire qu’Israël a mise en place pendant la guerre actuelle pour détenir les prisonniers de Gaza, située entre Jérusalem et Ramallah, en Cisjordanie occupée.

    Des témoignages accablants

    +972 et Local Call ont obtenu les témoignages de 19 Palestiniens, dont certains sont des détenus actuels qui se sont exprimés par l’intermédiaire de leurs avocats du groupe israélien de défense des droits de l’homme HaMoked, et d’autres qui ont été détenus au camp d’Ofer avant d’être relâchés dans la bande de Gaza. Ils ont révélé des conditions « similaires, et dans certains cas identiques » à celles de Sde Teiman, comme l’a expliqué l’avocate Nadine Abu Arafeh de HaMoked.

    Les Palestiniens d’Ofer déclarent être menottés et, dans certains cas, enchaînés par les pieds 24 h/24, même pour dormir, manger et aller aux toilettes, à l’exception d’une brève douche autorisée, au mieux, une fois par semaine. Ils décrivent également les coups réguliers que leur infligent les gardiens — dans un cas, jusqu’à la mort — ainsi que les humiliations permanentes, la ­surpopulation extrême et l’absence d’hygiène de base.

    Les Gazaouis détenus au camp d’Ofer, qui est adjacent à la prison du même nom, font partie des détenus palestiniens qu’Israël considère comme des « combattants hors-la-loi ». En tant que tels, ils font l’objet d’une procédure judiciaire très brève : il s’agit d’une audience de trois minutes, menée via Zoom, au cours de laquelle ils sont accusés de « soutenir la terreur », et à la suite de laquelle leur détention est prolongée de six mois ou jusqu’à « la fin de la guerre ».

    Hors-la-loi

    Selon HaMoked 1, 1 772 « combattants hors-la-loi » seraient détenus dans les prisons israéliennes sous la juridiction de l’administration pénitentiaire israélienne (IPS) au mois de décembre 2024. Bien que l’armée n’ait pas révélé le nombre exact de personnes détenues au camp d’Ofer, les estimations suggèrent que des centaines y sont ­actuellement détenues. […]

    Pour les détenus, rencontrer un avocat peut être la seule occasion qu’ils ont de quitter leur cellule. « Il n’y a ni papier ni stylo, nous ne pouvons donc pas déposer de plainte », note un détenu arrêté à Khan Younis en février. « Nous essayons de faire des demandes par l’intermédiaire du shawish [un prisonnier parlant hébreu chargé de faire le lien avec les gardiens], mais la situation ne s’améliore pas. Je rêve de voir la lumière du soleil, ne serait-ce qu’une fois. »

    Mais les visites des avocats ont également eu un coût élevé pour les autres détenus. Un jeune homme de 26 ans a témoigné que lorsqu’un avocat rencontre un prisonnier, tous les autres prisonniers de la cellule sont sortis et enchaînés, les yeux bandés et forcés de s’allonger pendant toute la durée de la visite. « Je prie pour que [les avocats] ne viennent pas nous rendre visite, a-t-il déclaré. C’est le cauchemar de tous les détenus ».

    Oren Ziv, 19 décembre 2024, texte intégral à lire sur agencemediapalestine.fr

  • À Gaza, mourir n’est qu’une question de temps...

    Cette semaine, notre camarade de Millau nous demande une fois de plus de ne pas oublier Gaza.

    À l’âge où d’autres apprennent à lire, à nager, à jouer du piano, Mohammed Said, 6 ans, apprend à marcher sans jambes. Il se déplace sur le sable entre les tentes, sur les moignons de ses membres, amputés 2 cm sous l’aine, avec l’aide de son bras gauche et du moignon de son bras droit, chaussé d’un roller. Ce qu’on retient de lui, que je garde au fond de mon cœur, c’est la lumière de ses yeux et l’éclat de son sourire. Longue vie, petit Mohammed1.

    Les deux missiles israéliens qui lui ont arraché une jambe et massacré sa mère, son père, son frère Mohammed et sa sœur Dalia n’ont pas éteint le vibrant désir de vivre de Dunia Abu Mohsen, 12 ans, animée par trois rêves : une prothèse orthopédique, la fin du génocide et devenir docteur. Une bombe larguée sur l’hôpital où elle se trouvait a assassiné Dunia, ses rêves et le souvenir de ses parents2.

    Quatre résolutions de l’ONU sans effet

    La parole de Karin Huster, de Médecins sans frontières, de retour de Gaza : « Je n’ai pas assez de mots pour décrire la cruauté de ce qui se passe à Gaza. Le pire, c’est de penser que cette apocalypse est d’origine humaine et qu’elle est voulue. Rien dans cette destruction n’est laissé au hasard. Les PalestinienNEs vivent en sursis. Ce n’est qu’une question de temps avant de mourir à Gaza. Il ne s’agit pas d’une famille touchée, mais d’une famille après l’autre, après l’autre, après l’autre. J’ai dû pousser des corps sur le côté pour pouvoir amener des patients à soigner. C’est quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant3. »

    Alors que quatre résolutions de l’ONU4 devraient suffire à imposer un cessez-le-feu à Gaza, alors qu’un embargo sur les armes et des sanctions contre Israël sont des obligations légales5, les PalestinienNEs se voient contraintEs, encore une fois, de céder aux exigences inqualifiables auxquelles l’occupant conditionne un cessez-le-feu. Or le génocide, l’occupation, la colonisation doivent cesser parce que ce sont des crimes ; il n’y a rien à négocier. Si un pays doit rendre des comptes, c’est Israël, et ses soutiens. Si un pays doit se voir imposer des conditions, c’est Israël. Israël réussit le tour de force de faire croire que c’est l’occupant, et non l’occupé, qui est en droit de se défendre, distordant la réalité jusqu’à faire porter à l’opprimé la responsabilité de l’oppression qu’il subit.

    « La résistance contre une occupation militaire coloniale, contre un régime d’apartheid, est légitime », martèle Husam Zomlot, délégué de l’OLP au Royaume-Uni. « Demandez aux résistants français – à moins que vous ne pensiez que l’Allemagne nazie avait le droit de se défendre6. »

    Résistance légitime

    Oui, la résistance palestinienne est légitime, elle est même légale : la résolution de l’ONU du 12 décembre 1990 réaffirme sa légitimité « par tous les moyens à disposition ». Et puisque la résistance est légale, tout soutien l’est aussi – a contrario du soutien à l’occupant dans ses agissements génocidaires et coloniaux, qui est explicitement illégal ; a contrario aussi des pratiques fréquentes en Occident de criminalisation du soutien aux PalestinienNEs.

    Il suffit que l’occupant dise : « Nous menons des frappes ciblées », que l’occupant dise : « La nourriture et l’aide entrent à flot », pour que les médias et les puissants regardent ailleurs. C’est ainsi que des « frappes ciblées » ont annihilé plus de 1 400 familles à Gaza7. C’est ainsi que, samedi dernier, au moment où nous étions rassemblés ici, une « frappe ciblée » sur l’école Al-Majida Wassila, à Gaza-Ville, dans le Nord, a assassiné Hanan al-Ghura, âgée de trois jours, et sa mère. C’est ainsi qu’au même moment, une « frappe ciblée » à al-Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, a assassiné Mohammed al-Qrinawi, journaliste, ainsi que sa femme et leurs enfants. C’est ainsi qu’à Gaza, depuis décembre de l’année dernière, on utilise un sigle pour désigner un enfant blessé, sans aucune famille8. C’était le cas de Mohammed, 5 ans, le crâne traversé par la « balle ciblée » d’un tir de sniper, mort en salle d’urgence, les soins intensifs étant complets. Ce sont les soignants qui ont porté son corps à la morgue. « Il avait de tout petits pieds, de toutes petites mains, et sa dernière expression était celle d’une intense souffrance », se souvient Dr. Tanya Haj Hassan9.

    Que peut l’OMS face à la famine délibérée ?

    Michael Fakhri, rapporteur spécial des Nations-Unies pour le droit à l’alimentation, soulignait au mois de juillet que « 80% des personnes au monde souffrant de famine ou d’un niveau de faim catastrophique sont à Gaza. »10

    La famine à Gaza n’est pas une crise. Une crise n’est pas planifiée, délibérément provoquée. Lorsqu’une crise éclate, le monde met tout en œuvre pour la stopper. La famine organisée par l’occupant n’a qu’un nom : le génocide par le blocus et par la destruction systématique de la souveraineté alimentaire. De même, l’« effondrement » du système de soins n’a qu’un nom : le génocide par le blocus et par le ciblage méthodique des hôpitaux et des médecins.

    Dans quel monde vivons-nous, où la fin d’un génocide est objet de négociations ? C’est comme si le fait d’être signataires de la Convention sur le génocide, de la Charte des Nations unies, de la 4e Convention de Genève, qui, toutes, visent à protéger les civilEs, conférait l’immunité aux États signataires en cas de violation. Comme si le fait d’avoir créé l’OMS (Organisation mondiale de la santé) en 1946, dans le but de graver dans le marbre le droit à la santé et à l’accès aux soins, exonérait les États du devoir de les respecter.

    Je voudrais terminer par une pensée pour la petite Iman, effondrée devant les corps de son papa Nidal et de son frère Mounir, assassinés par l’occupant à l’école Al-Majida al-Wassila, à Gaza-Ville.

    Une pensée pour Nour, qui fête sur leur tombe l’anniversaire de ses deux enfants, Rasha, qui aurait dû avoir 11 ans, et Ahmed, qui aurait dû fêter ses 12 ans, qui ont tous deux survécu à un premier bombardement de leur maison, au mois de juin, et qui ont été assassinés par deux missiles largués sur leur maison par l’occupant le 1er octobre. Ces deux enfants auraient dû avoir la vie devant eux, continuer à se partager leurs livres et leurs perles à enfiler.

    Marie Schwab

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    • 3. MSF | Gaza : « Je n’ai pas assez de mots pour décrire la cruauté de ce qui se passe » (vidéo), 16 décembre 2024.
    • 4. Résolutions des 12 décembre 2023, 25 mars 2024, 10 juin 2024 et 11 décembre2024.
    • 5. Non seulement au regard du génocide mais aussi de 76 ans d’assujettissement et d’oppression, cf. résolution de l’ONU du 18 septembre 2024.
    • 6. Ambassador Zomlot on BBC « Political Thinking: what next after the Genocide in Gaza » (vidéo), Palestine in UK, 3 décembre 2024.
    • 7. Over 1.400 families wiped out by Israel in Gaza: Health Ministry, Anadolu Ajansi, 26 novembre 2024.
    • 8. WCNSF, Wounded Child No Surviving Family
    • 9. A Doctor’s Testimony: The reality of Gaza’s Suffering by Dr. Tanya Haj Hassan (vidéo), UN Palestinian Rights Committee, 27 novembre 2024.
    • 10. UN General Assembly, Report of the Special Rapporteur on the right to food, Michael Fakhri, Starvation and the right to food, with an emphasis on the Palestinian people’s food sovereignty, 17 juillet 2024.
  • Procès de Georges Ibrahim Abdallah : la victoire est-elle proche ?

    Le 15 novembre dernier, le tribunal d’application des peines a émis un avis favorable à la libération de Georges Ibrahim Abdallah, plus vieux prisonnier politique d’Europe, incarcéré à Lannemezan en France.

    Cette fois, contrairement à 2013, le juge n’a pas requis d’expulsion à son encontre (ce qui aurait pu donner la main au ministère de l’Intérieur) mais simplement une libération à la condition d’un retour vers le Liban, prêt à l’accueillir.

    Cette décision est le résultat de la mobilisation qui s’amplifie depuis deux ans, grâce à la détermination du collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, et les comités Samidoun locaux : le juge d’application des peines l’a même mentionné dans son réquisitoire en signalant le trouble à l’ordre public que constitue la présence de Georges Ibrahim Abdallah dans une prison française.

    Réquisitoire du parquet

    Néanmoins, l’État français, à travers la voix du parquet a fait appel de cette décision fin novembre. Et lors de l’audience non publique du jeudi 19 décembre 2024, le parquet, s’associant à la partie civile des États-Unis (un des plaignant de l’affaire) a fait un véritable réquisitoire contre le jugement, témoigne l’avocat du prisonnier, maître Chalanset.

    S’il y a un rejet du jugement, le pourvoi en cassation reste possible, ce qui entraînerait des frais conséquents pour le comité de soutien.

    Décision le 20 février

    La mobilisation pour la libération de George Ibrahim Abdallah doit donc continuer et même s’intensifier, jusqu’à la décision de la cour d’appel le 20 février.

    Samedi 21 décembre malgré une pluie battante, toujours aussi déterminéEs, nous étions plus de 1000 soutiens manifester à Paris.

    Cette campagne est de plus en plus large, de nombreuses personnalités internationales ont signé une tribune1. Rima Hassan a fait une déclaration au Parlement européen2, et la mobilisation dépasse désormais les cercles militants en soutien au peuple palestinien.

    E.M.