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NPA l'Anticapitaliste 06 et 83 : le blog - Page 3

  • La théorie du fascisme chez Trosky...

    Par cette version abrégée de l’introduction de Mandel à Comment vaincre le fascisme, on peut identifier aisément les caractéristiques du « cycle » fasciste mis au jour par l’auteur. 

    La théorie du fascisme de Trotsky se présente comme un tout à six éléments ; chaque élément est pourvu d’une certaine autonomie et connaît une évolution déterminée sur la base de ses contradictions internes ; mais ils ne peuvent être compris qu’en tant que totalité close et dynamique, et seule leur interdépendance peut expliquer la montée, la victoire et le déclin de la dictature fasciste.

     

    a)

     La montée du fascisme est l’expression de la grave crise sociale du capitalisme de l’âge mûr, d’une crise structurelle, qui, comme dans les années 1929-1933, peut coïncider avec une crise économique classique de surproduction, mais qui dépasse largement une telle oscillation de la conjoncture. [...]

     

    b)

     Dans les conditions de l’impérialisme et du mouvement ouvrier contemporain, historiquement développé, la domination politique de la bourgeoisie s’exerce le plus avantageusement — c’est-à-dire avec les coûts les plus réduits — au moyen de la démocratie parlementaire bourgeoise […] Cette forme de la domination de la grande bourgeoisie — en aucun cas la seule, du point de vue historique — est toutefois déterminée par un équilibre très instable des rapports de forces économiques et sociaux. Que cet équilibre vienne à être détruit par le développement objectif, et il ne reste plus alors à la grande bourgeoisie qu’une seule issue : essayer, au prix du renoncement à l’exercice direct du pouvoir politique, de mettre en place une forme supérieure de centralisation du pouvoir exécutif pour la réalisation de ses intérêts historiques. [...]

     

    c)

     Dans les conditions du capitalisme industriel monopoliste contemporain, une aussi forte centralisation du pouvoir d’État, qui implique de plus la destruction de la plus grande partie des conquêtes du mouvement ouvrier contemporain (en particulier, de tous les « germes de démocratie prolétarienne dans le cadre de la démocratie bourgeoise », comme Trotsky désigne à juste titre les organisations du mouvement ouvrier) est pratiquement irréalisable par des moyens purement techniques, étant donné l’énorme disproportion numérique entre les salariés et les détenteurs du grand capital.

     

    d)

     Un tel mouvement de masse ne peut surgir qu’au sein de la troisième classe de la société, la petite bourgeoisie, qui, dans la société capitaliste, existe à côté du prolétariat et de la bourgeoisie. Quand la petite bourgeoisie est touchée si durement par la crise structurelle du capitalisme de l’âge mûr, qu’elle sombre dans le désespoir (inflation, faillite des petits entrepreneurs, chômage massif des diplômés, des techniciens et des employés supérieurs, etc.), c’est alors qu’au moins dans une partie de cette classe, surgit un mouvement typiquement petit bourgeois. [...] Dès que ce mouvement, qui se recrute essentiellement parmi les éléments déclassés de la petite bourgeoisie, a recours à des violences physiques ouvertes contre les salariés, leurs actions et leurs organisations, un mouvement fasciste est né. [...]

     

    e)

     La décimation et l’écrasement préalables du mouvement ouvrier, qui, lorsque la dictature fasciste veut remplir son rôle historique, sont indispensables, ne sont toutefois possibles que si, dans la période précédant la prise du pouvoir, le plateau de la balance penche de façon décisive en faveur des bandes fascistes et en défaveur des ouvriers. [...]

     

    f)

     [...] Si le mouvement ouvrier est vaincu et si les conditions de reproduction du capital à l’intérieur du pays se sont modifiées dans un sens qui est fondamentalement favorable à la grande bourgeoisie, son intérêt politique se confond avec la nécessité d’un changement identique au niveau du marché mondial. La banqueroute menaçante de l’État y pousse également. La politique de quitte ou double du fascisme est reportée au niveau de la sphère financière, attise une inflation permanente, et, finalement, ne laisse pas d’autre issue que l’aventure militaire à l’extérieur. [...]

    Ernest Mandel

  • Ernest Mandel était l’un des plus grands penseurs marxistes du 20e siècle...

    Né le 5 avril 1923, il y a un siècle, Ernest Mandel a été l’un des penseurs majeurs de cette période. De son militantisme juvénile dans le cadre de la résistance antinazie à ses derniers jours, Mandel a été un défenseur intransigeant des idéaux socialistes et des intérêts de la classe ouvrière.

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  • « Deux ans depuis le 7 octobre, résister est un droit, notre lutte continue pour en finir avec la complicité européenne »...

    Déclaration d’organisations de la diaspora palestinienne en Europe

    Alors que nous commémorons les deux ans du 7 octobre 2023, nous, Palestinien·nes d’Europe, prenons la parole avec clarté et détermination. Ce jour-là n’est pas venu de rien. Il est le produit de 75 ans de dépossession, 18 ans de siège brutal et d’innombrables agressions contre notre peuple.

    Le peuple palestinien subit l’une des campagnes d’extermination les plus violentes et systématiques de l’histoire moderne

    Depuis près de deux ans, le peuple palestinien subit l’une des campagnes d’extermination les plus violentes et systématiques de l’histoire moderne. À Gaza, plus de 60 000 personnes ont été tuées et plus de 140 000 ont été blessées, mais nous savons que les chiffres réels sont probablement quatre fois plus élevés, des chiffres masqués sous les décombres et le blocus. Gaza a été rasée, des familles et des générations ont été exterminées. Israël a mis en œuvre une famine délibérément organisée, utilisant l’aide humanitaire comme une arme contre plus de deux millions de civil·es. Des enfants sont affamé·es, des hôpitaux sont bombardés et des journalistes, des médecins et des civil·es sont pris pour cible en toute impunité. Toutes les infrastructures nécessaires à la vie ont été détruites. Ce n’est pas une « guerre ». C’est une campagne génocidaire dont l’objectif clair est le nettoyage ethnique et l’extermination. 

    Mais Gaza n’est pas la seule cible. De la bande de Gaza à la Cisjordanie, des territoires occupés en 1948 aux camps de réfugié·es du Liban et de la Syrie, et à travers toute la diaspora palestinienne, le sionisme mène partout sa guerre contre les Palestinien·nes. En Cisjordanie, le nettoyage ethnique se poursuit par la démolition, les raids militaires et la terreur imposée par les colons. Par-delà les frontières, notre identité, notre mémoire et la résistance sont attaquées.

    Nous sommes ici en exil, pas par choix, des témoins au sein d’États particulièrement complices du maintien de notre oppression

    Ce projet génocidaire est rendu possible par des milliards de dollars d’aide militaire, par le soutien politique et les livraisons d’armes provenant des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Union européenne et d’autres pays. En Europe, les gouvernements présentent la « reconnaissance » symbolique en même temps qu’ils continuent à livrer des armes et à permettre le commerce. Nous rejetons cette hypocrisie. La reconnaissance sans mesures concrètes — sanctions, embargo — n’est pas une reconnaissance ; c’est un habillage pour le génocide. En tant que Palestinien·nes de la diaspora, notamment d’Europe, notre rôle n’est pas seulement de protester, mais d’organiser notre lutte : dénoncer la reconnaissance sans droits, exercer une pression sur les institutions qui financent et arment Israël, apporter nos revendications — droit au retour, restitution de nos terres et de nos biens, libération — au centre du pouvoir de l’Europe.

    Nous ne demandons pas la permission de vivre, nous luttons pour notre libération

    Nous sommes ici en exil, pas par choix, des témoins au sein d’États particulièrement complices du maintien de notre oppression.

    Notre lutte politique prend de l’ampleur — elle est plus forte, plus unie et de mieux en mieux organisée.

    Nous réaffirmons notre droit à la résistance, qui est une nécessité en temps de domination coloniale. Les tentatives visant à criminaliser notre lutte ou à détourner notre résistance échoueront. Nous ne demandons pas la permission de vivre, nous luttons pour notre libération.

    En Europe, nous exigeons :
    ∙ La fin immédiate et inconditionnelle du génocide
    ∙ Un embargo total sur les armes à destination d’Israël
    ∙ Une aide humanitaire complète et sans restriction à Gaza
    ∙ La levée du blocus
    ∙ La libération de tous les prisonnier·es palestinien·nes 
    ∙ Des poursuites contre tous ceux qui se sont rendus complices de crimes de guerre et de génocide
    ∙ Des sanctions contre les responsables israéliens, leurs banques, les institutions, les entreprises qui participent au génocide.
    ∙ La suspension de l’accord d’association UE-Israël en vertu de l’article 2
    ∙ La réparation et la reconstruction de Gaza
    ∙ La reconnaissance et mise en œuvre du droit au retour des Palestinien·nes (résolution 194 de l’ONU)

    Toute reconnaissance qui ne démantèle pas l’annexion, l’apartheid et le siège n’est pas de la solidarité mais de la complicité

    Nous rejetons la « vague de reconnaissance » européenne d’un hypothétique mini-État sculpté à partir de fragments de la Cisjordanie et de Gaza. Cela n’arrête aucunement le génocide ni ne rétablit nos droits. Cela affaiblit notre peuple, fait disparaître les Palestinien·nes de 1948 et les réfugié·es et cela renforce ce que les tribunaux internationaux et le Conseil de sécurité de l’ONU ont jugé illégal. Les Palestinien·nes forment un peuple avec des droits — au retour, à l’égalité, à la liberté de mouvement et à l’auto­détermination.

    Toute reconnaissance qui ne démantèle pas l’annexion, l’apartheid et le siège n’est pas de la solidarité mais de la ­complicité.

    Le mouvement de solidarité mondial ne peut être arrêté

    Partout dans le monde, des millions de personnes — de Londres à Tanger, de Johannesburg à Paris — ont dit non au génocide et oui à la justice.

    Elles font face à la censure, à la répression et à la criminalisation. Les politiques européennes, à travers la reconnaissance d’un État palestinien hypothétique et soumis à diverses conditions, tentent d’éteindre nos revendications. Mais le mouvement de solidarité mondial ne peut être arrêté.

    Complicité ou résistance : en tant que Palestinien·nes, nous avons fait notre choix et nous appelons toutes les personnes dotées d’une conscience à faire de même

    Gaza est la boussole morale de notre époque. Elle a révélé les fractures qui existent au sein de l’empire et contraint le monde à faire un choix : la complicité ou la résistance. En tant que Palestinien·nes, nous avons fait notre choix. Et nous appelons toutes les personnes dotées d’une conscience à faire de même.

    Jusqu’au retour, jusqu’à la libération, jusqu’à ce que chaque centimètre carré de notre terre soit libre.

    Beitna (Belgique)
    Comunitat Palestina de Catalunya (Catalogne)
    Giovani Palestinesi d’Italia (Italie)
    Internationalt Forum (Danemark)
    Palestinian Youth Movement (Grande-Bretagne)
    Urgence Palestine (France)

  • Le roi dans le palais des courants d’air...

    Seul sur les quais de Seine, Macron croit pouvoir nous rejouer (mal) Mitterrand en promeneur du Champ de Mars. La vérité est plus cruelle, Macron est seul. Ses alliés circonstanciels (LR) lui ont lâché la main dimanche, après l’affront de la nomination du gauchiste Bruno Le Maire au ministère des Armées. Il faut croire qu’il n’y a de la place que pour un seul Bruno dans ce gouvernement de fin de règne.

    Même les plus proches, comme Édouard Philippe, demandent maintenant la démission du président. Même Gabriel Attal, qui tente désespérément de le défendre en expliquant ne pas vouloir son départ, indique publiquement ne pas comprendre ses décisions. Il n’y a donc plus de doutes, Macron est en difficulté, plus affaibli que jamais.

    Après les mobilisations des Gilets jaunes, des retraites et les mouvements des 10 et 18 septembre, l’Élysée semble trop grand, 2027 trop loin. Après des années à régner à coups de matraque, de LBD et de 49.3, Macron se croyait peut-être invincible. Il pensait sûrement que le Medef lui serait redevable, car il leur a rendu de grands services, avec de nombreuses contre-réformes, notamment celle des retraites, et les milliards d’aides aux entreprises. Mais le prix à payer de ces mesures est désormais son incapacité à gouverner. Or, les patrons peuvent être reconnaissants, mais les services passés ne comptent pour rien si le manque à gagner est trop grand. Il pourra avoir une médaille, mais difficile de garder le pouvoir.

    Macron 1er était le début d’une nouvelle dynastie, construite avec une finesse tactique faisant exploser le PS et LR et absorbant tout ce qui était autour de lui. Mais il n’a construit qu’un château de sable. Et il n’y a rien à attendre de ses alliés ou de ses collaborateurs, débauchés dans les partis de « l’ancien monde », comme il les appelait en 2017 : ils ne pensent qu’à 2027. La construction politique de Macron semble s’effondrer. 

    Mais à chaque étape s’opère un nouveau glissement sur la droite. Le barrage à l’extrême droite a été emporté par la marée il y a bien longtemps. Ce qui reste à savoir est à qui il voudra donner les clés de l’Élysée ou si on pourra les lui arracher.

    Martin Hache