Entretien avec Joseph Daher, chercheur et militant.
Propos recueillis par Julien Salingue.
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Entretien avec Joseph Daher, chercheur et militant.
Propos recueillis par Julien Salingue.
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Les grandes villes bien sûr : Bayonne, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Paris, Rennes, Strasbourg, Toulouse… mais aussi Briançon, Foix, Dunkerque, Verdun, Royan, Privas, Tarbes, Lannion, Romans, Montauban, Figeac…
Le vendredi 18 décembre, ce sont des manifestations dans plus de 50 villes sur tout le territoire, autour des mots d’ordre de l’Acte 4 du mouvement des sans-papiers : « Liberté, Égalité, Papiers ! »
Ces vendredi 18 et samedi 19 décembre, des manifestations ont lieu dans plus de 50 villes autour des mots d’ordre de l’Acte 4 du mouvement des sans-papiers : « Liberté, égalité, papiers ! ». Quelque chose a commencé à changer grâce à la mobilisation extraordinaire de ce mouvement depuis le 30 mai dernier et la marche nationale des sans-papiers de septembre et octobre.
Leur bilan de fin d’année est éloquent... Alors qu’ils se montrent toujours incapable de proposer une politique cohérente pour résister à la pandémie de Covid-19, Macron, Castex, Darmanin et leurs amis poursuivent leur fuite en avant autoritaire et sécuritaire.
Travail, famille et couvre-feu
Comme on pouvait s’y attendre, les courbes de contaminations au Covid-19 sont sans appel, bien loin du seuil des 5 000 cas diagnostiqués par jour, fixé comme objectif par Macron. Sans surprise, les mesures annoncées jeudi dernier sont dans la droite ligne des précédentes : travail, famille, répression ! Si, à partir de ce mardi 15 décembre, il est de nouveau possible de se déplacer partout sur le territoire sans attestation... nous serons sous le régime du couvre-feu entre 20 heures et 6 heures. Tous les établissements recevant du public (théâtres, cinémas, stades) restent fermés encore trois semaines. Avec pour seul cadeau la soirée du réveillon de Noël… Et pour le reste, c’est sanction généralisée si on sort des clous !
Le gouvernement garde donc le cap fixé par Macron dans son allocution d’il y a trois semaines, tout en révisant ses ambitions à la baisse… Ce qui ne l’empêche pourtant pas de se féliciter de sa politique ! Le nombre d’hospitalisations peut bien être supérieur à celui du mois de mai, la politique de « traçage » avoir peu d’effets et le nombre de travailleurEs pauvres augmenter, peu importe !
Du contrôle social à la répression générale
La méthode du pouvoir reste inchangée : contrôle des populations et répression renforcée. Au lieu de s’appuyer sur la solidarité et l’auto-organisation de la population, de conjuguer accompagnement bienveillant et mesures sanitaires et sociales cohérentes, l’approche punitive reste la règle. Gare aux amendes, et restez touTEs chez vous… sauf pour bosser !
De cette approche répressive d’une politique de santé publique au déploiement de toute la panoplie sécuritaire, il n’y a qu’une ligne, droite et tout à fait cohérente... Le gouvernement a beau avoir manœuvré en laissant la main aux parlementaires pour réécrire l’article 24 de la loi « sécurité globale », ce sont encore des dizaines de milliers de personnes qui étaient dans la rue samedi dernier pour exiger le retrait du projet, auquel se conjugue le refus de toutes les lois liberticides, dont le projet de loi sur le « séparatisme » qui stigmatise les musulmanEs…
Dès lors, comme lors des manifestations parisiennes de ces dernières semaines, il ne reste plus au pouvoir que le déploiement policier disproportionné, les provocations, les arrestations et les gardes à vue totalement arbitraires, pour tenter d’empêcher que notre colère s’exprime collectivement dans la rue.
« On répond quoi ? Résistance ! »
À l’opposé des mesures inefficaces du gouvernement contre la pandémie, c’est de l’organisation de la solidarité par la population elle-même, hors de toute logique du profit et contre toutes les mesures liberticides, dont nous avons besoin. Sans recrutements massifs dans les hôpitaux, sans embauches pour la recherche des cas contacts, sans développement d’une politique de santé communautaire alliant professionnelEs de santé et population, sans mesures sociales (garanties de revenu, conditions d’hébergement dignes et acceptables par la personne et ses proches, soins gratuits…), pas grand-chose n’est possible pour combattre ce virus.
Pour une politique de santé publique cohérente, contre les lois et mesures liberticides, il n’y a pas de trêve dans la mobilisation. Dès ces prochains jours, à l’occasion de la journée internationale des migrantEs vendredi 18 décembre, nous serons au côté des sans-papiers pour exiger leur régularisation. Et en janvier s’annoncent déjà des initiatives (grèves et manifestations) contre les licenciements et les suppressions de postes, pour le service public d’éducation ou contre la loi de sécurité globale. Pour la défense de nos droits, pour nos libertés, la mobilisation solidaire doit continuer.
On s’en doutait déjà : Macron se moque de nous et du climat. Après des mois de dépeçage des propositions faites par la Convention citoyenne pour le Climat, Macron nous fait le bon vieux coup du référendum.
Il n’y avait déjà plus personne pour croire qu’il reprendrait « sans filtre » les 149 propositions. Dès juin, il avait exclu la taxe de 4 % sur les dividendes pour les entreprises qui en versent plus de 10 millions par an, la limitation de la vitesse à 110 km/h sur autoroute... Puis ce fut le tour du moratoire sur la 5G, de la limitation de la publicité pour les SUV et autres monstres hyper-polluants. Exit aussi la taxe sur les engrais azotés pourtant responsables des émissions de Nox, un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2, l’obligation de rénovation thermique des logements… Bref, les travaux de la Convention sont totalement vidés de toutes les mesures qui auraient risqué de s’en prendre un tant soit peu aux intérêts de l’industrie chimique, automobile, publicitaire... Et pendant ce temps, Macron ne manque pas une occasion d’utiliser le climat pour vanter de manière mensongère le nucléaire !
On pourrait même éclater de rire quand Macron dit « vouloir éviter les mesures coercitives » ou déclare « Je pense parfois qu’un interdit n’est pas la meilleure des choses »... en plein débat parlementaire sur les pires lois liberticides ! Mais la situation est dramatique, et le bouleversement climatique est à l’œuvre. Ainsi l’année 2020 sera parmi les trois années les plus chaudes jamais mesurées. Les catastrophes, dont les phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique sont le principal moteur, ont doublé en vingt ans, tuant plus de 1,2 million de personnes dans le monde depuis 2000. Il est de plus en plus certain que le seuil de 1,5 °C d’augmentation de la température sera franchi dans les années 2030… L’inaction climatique depuis cinq ans saute aux yeux : même le Conseil d’État est obligé de donner raison à la ville de Grande-Synthe et à la campagne « L’Affaire du Siècle » contre l’État !
Aussi, un référendum pour inscrire la défense du climat et la préservation de l’environnement dans la Constitution apparaît pour ce qu’il est : une petite manœuvre politicienne minable, d’autant plus misérable qu’elle concerne la menace la plus grave et la plus globale à laquelle l’humanité est confrontée.
Mathilde Larrère est historienne et militante féministe.
Elle est spécialiste des mouvements révolutionnaires et du maintien de l’ordre en France au XIXe siècle. Actuellement enseignante chercheuse à l’université de Marne-la-Vallée, elle raconte « l’Histoire comme émancipation ».
Nous l’avons rencontrée pour discuter de son dernier ouvrage Rage against the machisme qui a été publié en août 2020.
Certains voudraient les opposer mais le combat pour la séparation de l’Église et de l’État ne peut que servir la cause des femmes.