À quelques jours des élections européennes, le Conseil politique national du NPA-l’Anticapitaliste s’est réuni pour faire le point sur nos positions et interventions, en particulier sur les luttes internationalistes, mais aussi pour parler de diverses échéances internes et avancer dans la préparation du 6e congrès.
Communiqués du NPA... - Page 15
-
Conseil politique national : Intervenir et construire...
-
Contre la loi Eustache-Brinio, riposte Trans !
Sans aucune surprise, le Sénat a adopté la proposition de loi Eustache-Brinio (LR) contre les mineurs trans, la plus restrictive d’Europe, par 180 voix contre 136 seulement.
Amendée en commission, la loi remplace une interdiction pure et simple des soins trans par un « encadrement » par des équipes spécialisées et un délai de deux ans pour l’accès aux retardateurs de puberté. Dans les faits, au vu de l’état du service public de la santé et des inégalités territoriales, cela amènera les mêmes résultats : l’impossibilité d’accès aux soins pour les mineurs trans alors qu’ils sauvent des vies en améliorant considérablement la santé mentale.
Les sanctions contre les médecins qui accompagnent les mineurs trans en dehors de ces équipes spécialisées peuvent aller jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende ; les mêmes sanctions que pour les auteurs de thérapies de conversion, que Jacqueline Eustache-Brinio soutient.
Le rapporteur Alain Milon (LR) et ses collègues ont expliqué qu’avec leur article 3 relatif à la pédopsychiatrie, il n’était pas question de psychiatriser de nouveau la transidentité. Mais toutes les interventions des sénateurs favorables à la loi ont répété qu’il fallait privilégier une approche par « la psychothérapie » afin que le jeune « se réconcilie avec son sexe », soit des thérapies de conversion.
Après avoir laissé planer le doute, le gouvernement par la voix du ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, a finalement appelé à voter contre la loi. On ne peut que s’en réjouir, mais les longs moments d’hésitation nous rappellent qu’il n’y a rien à attendre de ce gouvernement.
Pour bloquer le passage de cette loi, il n’y aura pas d’autres choix qu’une mobilisation de masse et unitaire sur la durée, d’une Riposte Trans comme les week-ends des 4-5 et des 25-26 mai ; depuis les Pride jusqu’à l’Existransinter et après.
L’unité de tout le mouvement social, avec les associations trans, LGBTI et les collectifs féministes, les syndicats et les partis, doit se faire en défense des personnes trans et de leurs revendications. C’est la seule façon de gagner de nouveaux droits, en premier lieu le changement d’état-civil sur simple demande, libre et gratuit ainsi que aussi l’arrêt des mutilations des mineurs intersexes, la PMA pour tous-tes, le remboursement des frais liés à la transition…
Le NPA l’Anticapitaliste et sa commission LGBTI porteront cette orientation ces prochaines semaines et ces prochains mois.
-
Contre le « choc des savoirs », pour un « choc des moyens »...
Samedi 25 mai, une intersyndicale de l’éducation incluant la CFDT et l’UNSA ainsi que la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves) appelait à des manifestations dans toute la France contre la réforme portée envers et contre tout par Gabriel Attal.
Des manifestations se sont déroulées dans tout le pays, réunissant des dizaines de milliers d’enseignantEs et de parents. Ce n’était pas un déferlement mais bien l’expression de l’enracinement de convictions. D’abord du refus du projet de transformation de l’école publique. Refus du renoncement au projet d’une école conçue comme un socle éducatif commun pour toute la jeunesse. Refus d’une école systématisant le tri social pour sélectionner les futurs cadres et discipliner les futurs exécutants.
C’était également l’expression d’une conscience du rapport de force. Comme Blanquer avant lui, Attal met en jeu son autorité. Il balaie toutes les expertises de terrain qui invalident la capacité à mettre en œuvre son projet. Il veut prouver sa détermination à imposer sa « vision » pour l’école.
Alors que les réunions de préparation de la rentrée se multiplient, tous les problèmes posés par cette réforme se concrétisent. Il est de plus en plus évident que la rentrée de septembre n’aura rien à voir avec les conditions au nom desquelles Attal mettait en avant sa réforme, celles d’une prétendue amélioration des conditions de travail des élèves et de leurs enseignantEs.
Le manque d’enseignantEs en particulier en maths et en français (pas assez de candidats pour les postes mis au concours) provoquera inévitablement une embolie des groupes de niveaux. Les enseignantEs du 1er degré vont être transforméEs en évaluateurs et évaluatrices qui éduquent des compétiteurs maîtrisant les codes et broient les autres.
Autant dire inacceptable, et cette journée du 25 mai ne pouvait qu’appeler à utiliser tous les interstices permettant d’accélérer la faillite de cette loi pour aboutir à son abandon.
Commission Éducation nationale
-
Stop à la répression contre les militantEs écologistes...
Vendredi et samedi ont eu lieu deux actions contre la destruction écologique programmée par les grandes entreprises, avec la complicité de la macronie : le blocage de l’assemblée générale d’Amundi (principal soutien de Total) ainsi que la manifestation contre le projet Greendock à Gennevilliers (92).
Lors de la première mobilisation, 175 militant.es ont été nassé.es pendant presque huit heures sur les marches de la tour Amundi au cœur de Paris. Nous rappelons que la pratique de la nasse est illégale, d’autant plus pour une durée aussi longue. Pendant cette interminable nasse, les militant.e.s n’ont pu accéder à l’eau, à la nourriture ou aux toilettes, ce qui est particulièrement déshumanisant. Nous contestons cette pratique répressive violente contre des personnes qui se mobilisaient dans le cadre d’une action pacifique sans atteinte à des personnes. Iels ont été ensuite envoyé.e.s en garde à vue, sans motif, et ont presque tou.te.s été relâché.e.s sans poursuites.
Le lendemain, lors de l’opération Greendock à Gennevilliers, la BAC en civil a violemment dispersé la manifestation, avec jets de lacrymos, de grenades de désencerclement, et tirs de flashballs... Parmi les 2000 manifestant.es, 53 ont été envoyé.e.s en garde à vue, encore une fois sans aucun motif, puis libéré.es.
La pratique généralisée des gardes à vue à visée dissuasive est une violation des libertés fondamentales, notamment celle de manifester. C’est un danger pour toute la population qui hésite de plus en plus à se rendre à des manifestations ou actions, fussent-elles légales, au risque d’être confrontée à la répression. Cette criminalisation de celles et ceux qui militent pour le climat, contre les projets écocides organisés par les grands groupes mondiaux, fait suite à la répression féroce de la mobilisation de Sainte-Soline et à la tentative de dissolution des Soulèvements de la Terre par Darmanin.
Le NPA l’Anticapitaliste demande l’abandon des poursuites pour tous les manifestantEs. Nous appelons à une riposte collective contre la criminalisation de l’action militante, que celle-ci soit comme ici en défense de la planète, pour la solidarité avec le peuple palestinien ou pour la défense des services publics (comme à Carhaix en Bretagne).
-
#MeToo à l’hôpital : libérer la parole partout...
Le 10 avril dernier, la docteure infectiologue Karine Lacombe a pris la parole contre les violences sexistes et sexuelles à l’hôpital et a mis un nom symboliquement fort sur ces violences : celui de Patrick Pelloux, médecin urgentiste, connu pour ses apparitions médiatiques dans les mobilisations en défense notamment des services d’urgences à l’hôpital. Depuis, de nombreuses femmes se sont exprimées sur les violences qu’elles subissent au travail. Après le monde du cinéma, c’est au tour de l’hôpital de connaître son MeToo.
-
Massacre de Rafah : il est urgent d’arrêter les crimes de l’Etat d’Israël !
La ville de Rafah vient à nouveau d’être la cible d’une offensive d’une extrême violence de la part du gouvernement israélien. Ce dernier a délibérément ciblé un site géré par l’agence de l’ONU pour les réfugié.es palestinien.nes (UNRWA) au nord-ouest de la ville, et huit missiles ont été envoyés par l’armée coloniale israélienne sur un campement situé dans une zone déclarée “zone humanitaire sûre”. Ce bombardement a fait à cette heure 45 mort.e.s et près de 250 blessé.e.s (selon le ministère de la Santé du Hamas). Un massacre qui s’est déroulé dans un silence médiatique assourdissant.
Quelques jours plus tôt, le 24 mai, la Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l’ONU, avait pourtant ordonné l’abandon de « toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah qui serait susceptible d’infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d’existence capables d’entraîner sa destruction physique ou partielle ». La Cour avait aussi ordonné à Israël de maintenir ouvert le passage de Rafah pour laisser l'accès « sans restriction » à l'aide humanitaire. Enfin, la Cour internationale de justice a exigé le cessez-le-feu immédiat.
A l’évidence, comme vient de le montrer une nouvelle fois cet effroyable massacre, cela ne suffit pas pour empêcher Netanyahou de continuer en toute impunité sa politique génocidaire. Ce criminel de guerre, contre qui le procureur de la Cour pénale internationale demande un mandat d'arrêt, doit être arrêté.
C’est une véritable boucherie qui se déroule sous nos yeux. Dix jours après la commémoration de la Nakba, les Palestinien.nes subissent un nouveau traumatisme qui s’inscrit dans 76 ans d’occupation et de crimes en Palestine par le gouvernement israélien. Cela doit cesser.
Les ventes d’armes françaises à Israël sont une honte et doivent être immédiatement suspendues. Israël mène une politique criminelle, et la France en est complice, tout comme l’Union européenne qui n’a toujours pas suspendu son accord d’association avec l’Etat d’Israël.
Le NPA l’Anticapitaliste appelle à se rassembler ce soir et ces prochains jours pour dénoncer ce massacre, imposer un cessez-le-feu immédiat et exiger des sanctions contre Israël, ainsi que la fin des livraisons d’armes.
-
La flamme de la surveillance...
Alors que la flamme olympique progresse sur le territoire français, la France est désormais sous l’œil des médias du monde entier jusqu’au 8 septembre. Pour le pouvoir en place, il est hors de question que la fête soit gâchée par de vulgaires contestations écologiques ou sociales, alors même que contexte politique extrêmement instable et tendu les rend probables.
-
La résistible ascension des extrêmes droite en Europe...
En France, les extrêmes droites constitueront sans doute la première force politique lors des élections européennes de juin 2024 et sans doute la deuxième (ou la troisième) force à l’échelle de l’Union européenne.
-
Kurdistan : condamnations honteuses dans le procès de Kobané...
En 2014, alors que la ville de Kobané au nord-est de la Syrie était assiégée par Daesh, le HDP avait appelé à des manifestations pacifiques de solidarité en défense de la ville. Ces manifestations avaient été attaquées par l'extrême droite nationaliste donnant lieu au saccage et à l'incendie de nombreux locaux du HDP (qui avaient fait 46 mort.es civils). Poursuivies pour « pour meurtre, incitation à l’insurrection et atteinte à l’intégrité et l’indivisibilité du pays », de nombreuses personnalités et éluEs du HDP ont été condamnéEs par un tribunal aux ordres près de 10 ans plus tard, jeudi 16 mai, à des peines extrêmement lourdes.
Selahettin Demirtas, l'ex-coprésident du HDP, déjà emprisonné depuis 2016, a été condamné à 20 ans de prison pour « aide à la perturbation de l’unité et de l’intégrité de l’État » et à 4 ans et 6 mois de prison pour « incitation à commettre une infraction ». Il a été condamné en outre à 2 ans et 6 mois pour son discours lors du Newroz le 21 mars 2016 et à 1 an et 6 mois pour « incitation à désobéir à la loi » lors de son discours à Diyarbakir le 29 février 2016. Soit un total de 42 ans et demi de prison ! Figen Yüksekdağ a été condamnée à 19 ans d’emprisonnement sans remise de peine. L’ancienne co-présidente du HDP est maintenue en détention. Elle a été condamnée en outre à 4 ans et 6 mois pour « incitation » et à 1 an et 6 mois pour « propagande en faveur d’une organisation illégale ». Avec le cumul des peines prononcées dans différents procès, Mme Yüksekdag est condamnée à un total de 32 ans et 9 mois de prison. Ahmet Türk, personnalité très connue et co-maire de la métropole de Mardin (qui vient d'être élu en mars à une très large majorité) a été condamné à 10 ans de prison pour « appartenance à une organisation illégale ». Pour Nazmi Gür, ancien député du HDP, la peine d’emprisonnement à perpétuité aggravée a été réduite à 18 ans d’emprisonnement. Il a été condamné à 4 ans et 6 mois de prison pour « incitation à commettre une infraction ».
Ce ne sont que quelques exemples de la répression féroce exercée par le régime de l'AKP, le parti islamiste d'Erdogan et du MHP, parti d'extrême droite, les fameux « Loups Gris ». Pendant ce temps, que fait le gouvernement français ? Le parquet anti-terroriste ordonne des perquisitions et des arrestations de militants kurdes réfugiés en France, ordonne à la police belge de perquisitionner les locaux des télévisions kurdes à Denderleeuw près de Bruxelles. La police en profitera pour saccager les locaux et couper la possibilité d'émettre. Le gouvernement français expulse des militants kurdes vers la Turquie sachant parfaitement qu'ils seront emprisonnés et torturés à leur arrivée. Cette collaboration active avec un régime dictatorial qui emprisonne journalistes, écrivainEs, éluEs et militantEs politiques pour des décennies pour des délits d'opinion doit cesser tout de suite !
Stop à la complicité française ! Sanctions contre la Turquie !
Retrait immédiat du PKK de la liste des organisations terroristes !
Non aux arrestations et expulsions de militantEs kurdes en France et en Europe !
Solidarité avec le DEM (le nouveau nom du HDP menacé d'interdiction) !
-
Pour une Europe des travailleur.es et des peuples, contre Macron et l’extrême droite, construire les luttes, rassembler une gauche de combat...
4 pages en PDF
Pour une Europe des travailleur.es et des peuples,
Contre Macron et l’extrême droite,
Construire les luttes,
Rassembler une gauche de combat
« Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe est mortelle – elle peut mourir –, elle dépend de nos choix »… En prononçant ces mots le 25 avril lors de son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Macron a mis bien malgré lui l’accent sur la dégradation du projet des classes dirigeantes européennes.
À ce titre, les années 2015 et 2016 ont marqué un tournant historique. D’abord la première sortie de l’Union européenne d’un État, et non des moindres, avec un Brexit réactionnaire. Ensuite la fermeture meurtrière de ses frontières face aux migrant.es. Enfin la soumission politique et économique du peuple grec en lutte. Ainsi, l’Union européenne est apparue comme un regroupement dont on peut sortir si l’on est fort, qui oppresse si l’on est faible et contestataire, et qui préfère laisser mourir par milliers plutôt que d’accueillir.
Contre leur Europe des banques, de la guerre et des barbelés
Face aux conflits armés, en Ukraine comme en Palestine, les États européens sont divisés et lancés dans une course à l'armement et à la remilitarisation, preuve, s’il en était besoin, de l’échec d’une politique européenne capable de garantir la paix. La perspective d’une « défense crédible » européenne s’appuyant sur un bouclier antimissile, et peut-être même le développement de ladite dissuasion nucléaire est défendue par Macron.
L’instabilité mondiale, liée notamment aux conséquences du dérèglement climatique, va continuer à jeter sur les routes de l’exil des millions de personnes, à accroître les concurrences impérialistes ou régionales pour les ressources naturelles. Tout cela ne peut avoir pour conséquence que d’accentuer les guerres.
Au sein de l'Union européenne, les 10 % les plus riches détiennent 67 % des richesses, avec des disparités selon les pays. Pour défendre “la concurrence libre et non faussée”, les classes dirigeantes européennes imposent l’austérité. Pour gérer l’inflation, des directives austéritaires ont laissé les coudées franches à la Banque centrale européenne, tandis que des mesures – même limitées – de progrès social ou environnemental sont balayées. Que ce soit face aux directives européennes qui veulent imposer un timide “devoir de vigilance” aux entreprises, ou améliorer les conditions de travail des salariéEs uberisés, la macronie s’oppose fermement à toute remise en cause du pouvoir des classes dirigeantes à exploiter sans limites. Le glyphosate est réautorisé pour les dix prochaines années et la proposition de réglementation sur l’usage durable des pesticides, rangée au placard.
Pour la rupture, votons pour la liste de l’Union Populaire conduite par Manon Aubry
Les classes dirigeantes européennes mènent des politiques de plus en plus sécuritaires et autoritaires. Elles ne veulent rien lâcher et poursuivent leur offensive capitaliste. Désormais, tous les États de l’Union sont soumis à une poussée de l’extrême droite. Le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme augmentent, entretenus par tous ceux qui ont intérêt à nous diviser et nous affaiblir.
En France, le RN est crédité d’au moins 30% d’intentions de vote. La macronie est aux abois, sans boussole politique autre que le maintien des profits des ultra-riches, et la gauche politique est divisée depuis que le bloc électoral de la Nupes a explosé. Le mouvement social fait face à une répression étatique sans précédent, en particulier pour son soutien à la cause palestinienne.
Il y a urgence à faire exister une réelle alternative à cette Europe, à rassembler dans la rue et dans les urnes. Lors du scrutin du 9 juin prochain, il y a urgence à donner le plus de voix possible à la liste la mieux placée pour réunir à une large échelle les suffrages exprimant la volonté de ne pas se résigner, d’en découdre avec le système. C’est pourquoi le NPA l'Anticapitaliste appelle à voter pour la liste de l’Union Populaire conduite par Manon Aubry.
Mais cela ne suffira pas. Nous avons besoin de construire les mobilisations, sur nos lieux de travail ou d’études, dans nos quartiers, afin de mettre un coup d’arrêt à Macron et à l’extrême droite, à changer d’Europe.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour une rupture anticapitaliste, pour une Europe écosocialiste
Refuser leur Europe de l'austérité, construire une Europe du commun et de la solidarité
Depuis les deux traités de Rome de 1957, acte de naissance de la construction capitaliste européenne, tous les choix politiques ont été faits pour construire une Europe anti-démocratique, celle des marchés et de la concurrence, favorisant la libre circulation des marchandises, des biens, des services et des capitaux. Depuis le traité de Maastricht en 1992 qui instaure la monnaie unique jusqu’aux traités d’Amsterdam (1997) de Lisbonne (2007), qui établit la Constitution européenne battue en brèche en France lors du référendum de 2005, mais ratifié par Sarkozy en 2008 avec l’approbation de Hollande, l’Europe s’est construite sans les peuples, au nom du marché. C’est la privatisation et la marchandisation de tout qui a servi de boussole politique, y compris des biens communs comme la santé, l’éducation, le logement… et même l’air pur ! Les inégalités sociales au sein des États et entre les États n’ont fait que s’accroître, comme l’ont montré de façon exacerbée, les pressions sur les gouvernements grecs à propos de leur dette, entre 2010 et 2015, et les pressions sur les gouvernements de gauche dans l’État espagnol et en Grèce. Une des premières mesures pour rompre avec cette logique est d’annuler les dettes.
Combattre leur Europe forteresse, ouvrir les frontières
Au fil de sa construction, cette Europe a renforcé ses frontières, fermant les ports aux embarcations qui transportent les migrantEs et s’appuyant sur des dispositifs de surveillance comme Frontex. Le budget de cette agence a explosé : de 6 millions à sa création en 2005 à 845 millions en 2023 !
Alors que plus de 25 000 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée depuis 2014, que les agissements scandaleux de certains garde-côtes sont mis en lumière et que les accointances politiques du directeur de Frontex avec l’extrême droite sont désormais publiques, l’Europe continue de se barricader… Un nouveau pacte européen pour la migration et l’asile (NPMA) vient d’être adopté par le Parlement européen. Il perpétue en l’aggravant le « système Dublin » : critère du principe de pays de première entrée considéré comme responsable de l’examen des demandes d’asile, augmentation de la durée de cette responsabilité à 20 mois, exclusion des frères et sœurs de l’accès à la réunification familiale… Exigeons l’abrogation de ce pacte comme de toutes les mesures et lois racistes. Pour une Europe solidaire, exigeons l’ouverture des frontières, la liberté de circulation et d’installation !
Pour une vraie démocratie, rompre avec l'Europe des traités
Bien éloignée des mythes fondateurs humanistes, la construction de cette Europe de la « concurrence libre et non faussée » (ce dogme libéral), a été imposée aux peuples par des institutions pour la plupart non élues. Le Conseil européen est la réunion plusieurs fois par an des chefs d’État ou ministres concernés qui donnent les grandes orientations. Elles sont ensuite examinées par la Commission qui, elle seule, possède le monopole des propositions de lois et de règlements. Celle-ci exécute et gère les politiques communes, comme la PAC, la politique économique... Elle veille au respect de la concurrence « libre et non faussée » et ses directives peuvent par exemple imposer l’ouverture à la concurrence des marchés intérieurs. Elle défend les intérêts de l’UE dans les négociations de l’OMC, dans la mise en place des traités de libre échange. Le Parlement européen, élu au suffrage universel, est l’instance qui a le moins de pouvoirs, et ne peut rien décider seul, étant sous la coupe du Conseil. Il n’a donc de parlement que le nom. Il faut rompre avec les traités antidémocratiques qui régissent cette Europe, pour une vraie coopération entre les peuples.
Lutter pour une Europe écosocialiste et solidaire
Pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux, il faut une transformation révolutionnaire de cette construction européenne pour construire une Europe écosocialiste opposant les solidarités à la concurrence actuelle.
Pour y arriver, il est vital d’enlever aux classes dirigeantes et aux capitalistes leur capacité de nuisance. Cela passe par le socialisation, c’est-à-dire la réquisition sous contrôle direct des travailleur·ses et des usager·es, de plusieurs secteurs clefs de l’économie – l’énergie, les banques et assurances, la grande distribution, l’industrie alimentaire, le logement, la santé, l’éducation, les transports – pour pouvoir engager les transformations nécessaires. Une telle réquisition rendrait possible la redistribution des profits, la planification des transitions nécessaires (vers une production d’énergie décarbonée, vers une alimentation sans pesticides…), mais surtout la réorganisation du secteur autour des besoins réels, qui peuvent enfin être garantis, tandis que les productions inutiles et nuisibles mais rentables peuvent être abandonnées.
Au niveau européen, cela commence par prendre dès maintenant des mesures radicales afin d’harmoniser par le haut les législations sociales et environnementales et de garantir l’égalité des droits contre les discriminations, en créer de nouveaux (afin par exemple d’assurer les meilleures conditions d’accès à l’IVG, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays d’Europe).
Combattre la guerre de Poutine, aider la résistance ukrainienne
Le 24 février 2022, Vladimir Poutine lançait son « opération militaire spéciale » vers Kiev et l’ensemble du territoire de l’Ukraine. Il escomptait consolider son annexion de la Crimée et son contrôle d’une partie du Donbass par une chute rapide du gouvernement Zelensky. Depuis deux ans, cette guerre sur le sol européen continue. Face aux difficultés actuelles de la résistance ukrainienne, nous devons redoubler nos actions de solidarité envers le peuple ukrainien. La politique ultralibérale du gouvernement Zelensky met en difficulté la résistance alors que, pour gagner, il faudrait une mobilisation générale.
Nous défendons inconditionnellement le droit à la résistance armée et non armée face à l’occupation. Nous revendiquons l’annulation de la dette de l’Ukraine et l’armement de la résistance, afin qu’elle ait les moyens de résister à la Russie, tout en conservant son indépendance, politique et économique. Mais nous nous opposons à toute intervention militaire occidentale directe, qui ne correspond pas à la demande des Ukrainien.nes. Nous dénonçons les discours bellicistes de Macron qui cache son inaction réelle, puisque la France n’a en réalité livré que très peu d’armes à l’Ukraine mais aussi sa politique de militarisation qui se traduit par l’augmentation des budgets militaires, sans aucun rapport avec l’Ukraine.
Palestine : arrêter le massacre à Gaza
Cette campagne européenne est marquée par le génocide du peuple palestinien commis par l’État d’Israël. La tragédie que vivent les Palestinien.nes depuis le 7 octobre a déjà conduit à la mort au moins 35 000 personnes (probablement bien plus), dont des milliers d’enfants, et plonge près de deux millions de personnes dans une tragédie humanitaire sans précédent. Netanyahou et son pouvoir d’extrême droite veulent continuer la guerre autant qu’ils le peuvent pour éradiquer toute présence palestinienne dans la bande de Gaza et, à plus long terme, en finir avec les Palestinien·nes dans cette région.
Nous ne pouvons laisser faire ce massacre, commis avec la complicité active ou passive des grandes puissances. Le pouvoir macroniste veut criminaliser par tous les moyens la solidarité avec la Palestine mais il est possible d’agir : sur tout le territoire, participons aux manifestations de solidarité, construisons des collectifs de soutien au peuple palestinien, participons aux campagnes de boycott des produits israéliens… Au niveau européen, il faut mettre fin à l’accord d’association entre l’Union européenne et l’État d’Israël. Nous pouvons arrêter cet État d’apartheid et ses soutiens, les grandes puissances occidentales. Pour une Palestine libre, avec l’égalité des droits pour toutes et tous et le droit au retour des réfugié·es sur leur terre.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Unitaire et révolutionnaire : construire une force pour porter nos combats
Les crises sociales, écologiques, démocratiques se conjuguent et se renforcent, causant toujours plus de précarité et de désespoir, et sans perspectives collectives et émancipatrices, c’est l’extrême droite, de plus en plus menaçante, qui marque des points. Elle a déjà gagné des positions qui étaient inimaginables jusqu'ici, et dirige ou participe aux gouvernements de plusieurs pays (Italie, Danemark, Hongrie…). Et ici, la politique menée par Macron, Darmanin et Cie ouvre la voie à Le Pen, Bardella et Zemmour. Nous n’avons plus le temps d’attendre !
Se rassembler dans la rue et dans les urnes
Celles et ceux qui luttent et résistent, doivent regrouper leurs forces et leurs énergies, en regroupant toutes celles et tous ceux qui se battent au quotidien. Nous nous sommes retrouvé·es côte à côte dans les mobilisations de ces dernières années : contre les réformes des retraites, dans le mouvement des Gilets jaunes, dans les mobilisations féministes, environnementales ou contre le racisme et les violences policières, contre la casse des services publics de santé et d’éducation. Et ces prochaines semaines, nous devons continuer à nous mobiliser dans la rue, sur nos lieux de vie et de travail, à commencer pour la solidarité avec la Palestine, contre sa criminalisation.
Mais face aux menaces, nous devons aussi faire bloc dès qu’on le peut pour les élections : rassembler les anticapitalistes et les antilibéraux dans une gauche de combat qui s’appuie sur les mobilisations et dont le programme de rupture serait un point d’appui pour les luttes du monde du travail, pour la solidarité avec les Palestinien.nes, dans les grandes mobilisations récentes comme dans l’agriculture… À gauche, le PS ou EÉLV ont participé depuis des décennies à construire une Union européenne au service des capitalistes. À l’opposé de cette orientation, nous avons voulu œuvrer ces derniers mois au rassemblement des forces prêtes à désobéir aux traités et directives de l’Union européenne pour mettre en place des politiques de rupture avec la gestion capitaliste. Nous avons en particulier cherché un accord avec la liste d’Union Populaire, et nous regrettons que La France insoumise ait mis en avant les désaccords que nous pouvons avoir – par exemple sur la question des formes de soutien à la résistance ukrainienne – pour refuser de regrouper sur sa liste cette gauche de combat en tirant toutes les conséquences de l’échec de la Nupes. Pour autant, il est nécessaire que la liste de l’Union Populaire conduite par Manon Aubry fasse le plus de voix possible le dimanche 9 juin.
S’organiser pour l’écosocialisme
Que ce soit face à la guerre, pour obtenir de nouveaux progrès sociaux, l’égalité des droits ou des mesures écologiques réelles, nous avons besoin de nous organiser face aux classes dominantes : pour en finir avec ce système, et mettre en place une société débarrassée de l’exploitation et des oppressions, que nous appelons écosocialisme.
Une force politique « pour la transformation révolutionnaire de la société », parce que tout pas en avant, toute mesure allant dans le sens de la majorité, passe par une opposition concrète à l’ordre social et à ceux qui le défendent, par un affrontement avec l’État des classes dirigeantes qui défendent leurs propres intérêts. Cela veut dire que le monde du travail et plus largement l’ensemble de la population doivent prendre leurs affaires en main.
Pour construire cette organisation, nous nous adressons à tout.es les anticapitalistes, à toutes celles et ceux qui subissent le capitalisme et veulent agir pour le renverser. Ce système économique et social produit une multiplicité de formes et de rapports d’exploitation et d’oppressions. Pour leur résister, les luttes ont besoin de converger, d’avoir un cadre commun pour aider à les articuler et les construire face à un ennemi commun.
Ce combat révolutionnaire, nous voulons le mener avec toutes celles et tous ceux qui veulent agir, dès maintenant, pour changer le monde. Rejoindre le NPA l’Anticapitaliste, c’est participer à un outil utile pour construire cette force anticapitaliste, unitaire et révolutionnaire, dont nous avons besoin, c’est se donner les moyens collectifs de mener ce combat.
Rejoignez-nous, il y a urgence !