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NPA l'Anticapitaliste 06 et 83 : le blog - Page 145

  • Drame de Crépol : par nos solidarités, faire taire les fachos qui attisent la haine...

    De jeunes nationalistes français se réjouissent de « l’efficacité irlandaise ». Fdsouche titre sur l’incendie d’un centre pour migrantEs à Dublin, à la suite d’une attaque au couteau devant une école, tandis le triste meurtre de Thomas Perotto à Crépol fait monter au créneau les groupuscules d’extrême droite.

    Quelques jeunes nervis tentent d’ailleurs une piteuse aventure, samedi 25 novembre, à Romans-sur-Isère... où Éric Ciotti ne voit qu’une manifestation de l’immense émotion qui parcourt le pays. Reconquête ! et le Rassemblement national trustent antennes et réseaux sociaux. Tous sont poussés par le traitement médiatique du fait divers tragique de Crépol. Une aubaine pour distiller la xénophobie, sous couvert de « fait de société » « systémique » !

    En Irlande comme en France, le mécanisme de l’emballement est similaire. Stanislas Rigault, le jeune zemmourien, s’en félicite : « heureusement, (…) avec des comptes, avec Fdesouche, avec des militants de droite, nous avons réussi à faire monter cette affaire pour que les médias mainstream commencent à en parler ». Jordan Bardella, président du RN, l’affirme dans un message vidéo : « à chaque fois la même barbarie, les mêmes individus, les mêmes indignations, les mêmes faits, et après : quoi ? Rien ».

    Le fait divers pour viser l’immigréE

    Quels « mêmes faits » agite la fachosphère ? Délinquance et criminalité recoupent des réalités différentes, avec des gravités, des fréquences, des auteurs, des victimes diverses. Bardella et consorts ne s’encombrent pas de nuances. Dans son discours, la description des « bandes de cités (…) venues pour planter des blancs » rappelle immanquablement les exactions du Hamas. L’insécurité ne toucherait que les Français « de souche » soumis à une « une barbarie d’atmosphère qui est le fait de gens à qui la France a tout donné qui, en très grande partie, sont issus de l’immigration... [qui ne sont] pas Français comme vous et moi » (toujours selon Bardella sur Europe 1). La fenêtre médiatique des zemmouriens leur sert essentiellement à déplorer un « francocide ». L’insécurité est la thématique chérie pour régurgiter une seule et même idée simpliste, instillée parmi les travailleurEs touchés par les grands médias et les réseaux sociaux : viser l’immigration, puis l’immigré, le « Français de papier », réduit à ce qu’ils désignent comme musulman ou racaille de cité. Vieille recette brune.

    Face à la saturation médiatique, organiser concrètement la solidarité

    Et après : « rien » ? Au-delà du prétendu laxisme judiciaire, Bardella avance sa réponse politique : « depuis mai 68, l’autorité de l’État, et l’autorité dans la société en général s’est effondrée » (toujours Europe 1). Visant à affermir son électorat dans les classes populaires et moyennes, le RN s’adresse à « cette France ordinaire, celle qui ne casse pas, celle qui se lève tôt et qui travaille dur », écho aux émeutes de cet été. Ses solutions, inefficaces pour prévenir les déviances violentes en tout genre, dessinent en revanche la société qu’il promet y compris aux familles « de souche » : policière, xénophobe et antisociale. Il faut s’attaquer méthodiquement à l’incohérence — ou au contraire à l’effroyable cohérence — des idées du RN qui portent dans les classes populaires.

    Allumer des contre-feux dans l’immédiateté dictée par le « tweet », en piochant d’autres faits divers pour tenter de saturer l’espace médiatique est une illusion. Les mobilisations antiracistes doivent continuer d’expérimenter des formes concrètes de solidarité pour casser la logique du « nous » (Français de souche, de la « France périphérique ») contre « eux » (l’étrangerE, l’immigréE et les descendantEs d’une immigration récente). Une tâche difficile qui requiert obstination et lente impatience.

    Commission nationale antifasciste

  • TDoR : honorer les mortEs, se battre pour les vivantEs...

    Plus d’une quarantaine de rassemblements pour la journée du souvenir trans (TDoR) ont été organisés en France cette année pour rendre hommage à toutes les personnes trans disparues, assassinées ou poussées au suicide. Des évènements privés ont également eu lieu dans d’autres villes, comme Dijon.

    Pour rappel, entre octobre 2022 et septembre 2023, l’ONG Transgender Europe recensait 327 assassinats de personnes trans dans le monde, et un total de 4 369 entre 2008 et 2022. Les personnes trans sont aussi plus susceptibles de connaître la misère et la précarité. Elles sont deux fois plus nombreuses à vivre dans la pauvreté que la population générale, et le taux de suicide des personnes trans est sept fois plus élevé.

    Premier TDoR à Orléans et Saint-Brieuc

    Ces rassemblements ont regroupé de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de personnes comme à Rennes ou bien à Lille. Certaines villes ont connu leur premier TDoR à l’image d’Orléans ou Saint-Brieuc. À Paris, le rassemblement pour le TDoR était organisé par Acceptess-T et le FLIRT.

    Devant plusieurs centaines de personnes, des prises de parole se sont succédé, évoquant les conditions de vie précaires des personnes trans, l’intersection entre les différentes oppressions (racisme, sexisme, validisme, etc.) et la transphobie, dénonçant le projet de loi Darmanin sur l’immigration ou la loi de 2016 de pénalisation des clients. De nombreux témoignages de proches de personnes trans disparues ont également marqué la soirée.

    L’autre élément marquant de cette année, c’est l’appel de la CGT1 et de Solidaires2 à participer au TDoR. Dans plusieurs rassemblements, les organisations syndicales ont ainsi pris la parole. Cela marque un tournant dans le sens où le mouvement trans s’est longtemps construit en parallèle du mouvement ouvrier, en raison de l’exclusion massive des personnes trans du salariat, et par conséquent, de l’investissement de ces dernières dans les secteurs informels de l’économie comme le travail du sexe.

    Avec la simplification du changement d’état civil obtenue en 2016, la simplification de l’accès aux parcours de transition, la plus grande visibilité liée aux questions trans, une nouvelle génération de personnes trans investit le mouvement social, les collectifs féministes, les organisations syndicales et politiques.

    Convergences avec le mouvement syndical à construire

    Cette convergence a commencé à se mettre en œuvre lors du dernier ExistransInter3, avec la présence d’un cortège intersyndical comprenant Solidaires, la FSE (Fédération syndicale étudiante) et le STJV (Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo) ou l’appel de l’Organisation de solidarité trans à reconstruire les syndicats. 

    Il s’agit de l’encourager, de l’amplifier. En 2024, l’ExistransInter sera de nouveau organisé à l’automne, le 12 octobre. Nous avons un an pour construire cette échéance, pour que le mouvement social s’empare des revendications des personnes trans, pour construire un mouvement de masse alors que l’offensive transphobe est là. Il y a urgence !

    Commission LGBTI

    1. https://www.cgt.fr/comm-…

    2. https://www.cgt.fr/comm-…

    3. Manifestation pour les droits des personnes trans et intersexes.

  • La Marche pour l’égalité en 1983, et après… le combat antiraciste continue pour la justice et l’égalité !

    Ce 3 décembre se tient à Paris une manifestation à l’appel de l’Intercollectif contre le racisme pour l’égalité et la justice pour commémorer le 40e anniversaire de la Marche de 1983. Cette année-là, derrière la banderole de tête « pour l’égalité et contre le racisme », une autre banderole : « Rengainez on arrive, la chasse est fermée ». Quarante ans après, la chasse est toujours ouverte ; Nahel en est la dernière victime et le flic qui l’a tué vient d’être libéré. En 1983, comme en 2023, les revendications de justice et d’égalité sont plus que jamais à l’ordre du jour.

    Commission nationale immigration et antiracisme

  • Loi Darmanin, extrême droite, autoritarisme : riposte sociale, antiraciste et antifasciste !

    Alors que les indicateurs économiques sont décevants pour le gouvernement, Darmanin négocie avec Ciotti et les Républicains pour faire passer sa loi anti-migrantEs et Borne dégaine les 49.3 et les politiques antisociales. Un cours autoritaire et une surenchère raciste qui pourrait les prendre à leur propre jeu… pour le plus grand bonheur de l’extrême droite.

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  • Stop à la loi Darmanin encore durcie par le Sénat !

    Le projet de loi immigration est arrivé à l’Assemblée le 27 novembre en commission des lois. Après le passage au Sénat, la loi Darmanin revient… en pire ! Les amendements portés par les sénateurs de droite rendent applicables « au cas par cas » l’article 3 sur les métiers en tension (certains à droite voudraient le voir disparaître), suppriment l’AME (aide médicale d’État) et durcissent encore l’aspect répressif.

    Nous allons assister à la foire d’empoigne des députés LR, RN, macronistes réactivant les discours racistes, xénophobes, islamophobes. Les uns voudront garder la loi telle qu’elle a été votée par le Sénat, d’autres non, le RN étant bien sûr dans le camp des partisans d’une loi la plus répressive possible. En fait, ils sont tous d’accord pour bafouer les droits des étrangerEs, et Darmanin est prêt à tous les arrangements avec les pires réactionnaires pour faire adopter sa loi. Et tout au profit de l’extrême droite, qui peut prétendre, à l’aise, ne « pas faire la politique du pire » !

    En face, les députéEs de gauche des partis de l’ex-Nupes tenteraient de se rassembler contre cette loi. Y parviendront-ils ? C’est à souhaiter, mais il ne faudrait pas que ce soit pour l’amender mais pour l’empêcher de passer.

    Le réel changement en matière d’immigration ne se fera pas à l’Assemblée. Toutes les avancées légales, aussi minimes soient-elles pour les régularisations du séjour, ont suivi de vastes mobilisations. En octobre, les grèves des travailleurEs sans-papierEs sur les chantiers des JO et du Grand Paris ont obtenu, 24 heures après le début de leur grève, une promesse d’embauche, ouvrant la voie à une régularisation de plusieurs centaines de grévistes. Et ils sont et seront, dans les prochaines semaines suivis par d’autres.

    Ils montrent la voie. Il faut que toutes celles et ceux qui sont antiracistes, favorables à un accueil digne et inconditionnel des exiléEs, pour la régularisation de tous les sans-papierEs se mobilisent le 18 décembre (ou le 16 dans certaines villes). La seule façon de lutter contre les inégalités, les oppressions, les discriminations et les privations de liberté qui constituent une menace pour toute la population laborieuse !

    Commission immigration-antiracisme du NPA

  • Contre l’extrême droite, une riposte sociale et antifasciste...

    Attention danger, l’extrême droite est à l’offensive. Au niveau international, elle effectue des percées électorales dans une série de pays, et en France, le triste meurtre de Thomas Perotto, poignardé à la fin d’un bal dans le village de Crépol, donne l’occasion à toutes les nuances de l’extrême droite de vomir leur propagande nauséabonde. 

    Un air du temps qui pue

    Dimanche 19 novembre, le prétendu « anarcho-capitaliste » Javier Milei a été élu président de l'Argentine. Ce fan de Donald Trump, climato-sceptique, anti-avortement, veut dégager "à coups de pied au cul" la "caste politique qui parasite" l'Argentine. Quelques jours plus tard, le leader du PVV, Geert Wilders, a gagné les législatives aux Pays-Bas. Référendum sur le maintien dans l'UE, et surtout gel de l'asile et politique d'immigration plus restrictive : le repli national et la haine comme programme. En Irlande, une attaque au couteau devant une école a entraîné un déferlement de haine à Dublin : incendiant un centre pour migrantEs, des centaines d'émeutiers ont crié : "Mettez-les dehors !"...

    Ici, depuis le meurtre de Thomas Perotto, les représentants du RN et de Reconquête! se livrent à tous les amalgames possibles entre violences et immigration. Selon Zemmour et ses amis, on assisterait à un « francocide ». Pour Bardella, c’est « une barbarie d’atmosphère qui est le fait de gens à qui la France a tout donné qui, en très grande partie, sont issus de l’immigration... [qui ne sont] pas Français comme vous et moi »… 

    Et de la parole aux actes, le racisme violent se déploie. Ainsi, samedi dernier, une petite centaine de nervis d’extrême droite ont débarqué à Romans-sur-Isère (dans le quartier d’où sont originaires les auteurs supposés du meurtre de Thomas) pour organiser une véritable « ratonnade ». Il s'avère de surcroît que ces brutes détenaient des informations sur leurs cibles, lesquelles sont normalement réservées à la police.

    Quand la droite ouvre la voie au pire, ne pas se laisser faire

    Si l'extrême droite se sent pousser des ailes, c’est que d’autres viennent apporter de l’eau à leur moulin… Ainsi, concernant la « ratonnade » organisée samedi par les groupuscules d’extrême droite, Éric Ciotti, le président des Républicains, n’y a vu qu’une manifestation de l’immense émotion qui parcourt le pays… Darmanin, qui condamne les violences de l’extrême droite et veut dissoudre les groupuscules qui en sont à l’origine, défend au même moment son projet de loi stigmatisant les migrantEs. 

    Plus globalement, après leur avoir ouvert symboliquement les portes d’une série de postes à responsabilité à l’Assemblée nationale, avec la marche contre l’antisémitisme du dimanche 12 novembre, la macronie a permis à Marine Le Pen d’intégrer un prétendu “arc républicain” (où le RN prend la place de la LFI), parachevant ainsi son entreprise de dédiabolisation. Cela permet à la politique de Marine Le Pen d’engranger une victoire qui rapproche l’extrême droite du pouvoir. Et le renoncement total du PS, EÉLV et du PCF à affirmer un combat indépendant contre l’antisémitisme les a malheureusement rangés derrière les macronistes, LR et les extrêmes droites.

    Mais le pire n’est heureusement jamais certain. L'ensemble de la gauche sociale et politique devrait prendre ses responsabilités. Le NPA propose à toutes les organisations associatives, syndicales et politiques se réclamant des combats antiracistes, aux mouvements internationalistes de solidarité avec les peuples opprimés, aux cadres de mobilisations contre la loi Darmanin, la construction d’une grande initiative unitaire contre l’antisémitisme, l’islamophobie, et toutes les formes de racisme qui font le beurre de l’extrême droite. Au-delà, cela rend d’autant plus urgent la construction d’une véritable alternative à un système capitaliste qui nourrit les inégalités et donne les fruits pourris de l’extrême droite.

  • Paris 2024, pour les pauvres ni des jeux ni du pain !

    Depuis plusieurs années, Paris et la Seine-Saint-Denis notamment se préparent pour les Jeux Olympiques qui auront lieu l’été prochain. C’est une catastrophe annoncée, qui rend le capitalisme détestable, dans tous les domaines : transports, contrôle sécuritaire, logement, droit du travail.

    Quiconque a séjourné à Paris pendant l’été 2023 a subi des transports simultanément en travaux et donc difficilement praticables. La région Île-de-France n’avait qu’un slogan en bouche : les JO ! Il faut que tout soit prêt pour les JO de 2024 ! Et pourtant, malgré ces travaux rendant la vie insupportable aux FrancilienEs, Anne Hidalgo a annoncé que les transports ne seront pas prêts pour le mois de juillet 2024… Ce qui promet un été sympa, entre la canicule et le manque de métros et de RER !

    Et pour couronner le tout, le prix du passe Navigo va augmenter en janvier 2024 (comme chaque année), et le prix du billet de métro va être multiplié par deux… pour la durée des JO !

    Des moyens sécuritaires inédits

    Le gouvernement et la mairie de Paris ont fait « l’honneur » à la Seine-Saint-Denis de partager les JO avec elle. Mais, il ne faut pas trop que les pauvres ou les militantEs puissent s’approprier cet évènement. Pour bien les contrôler, l’État et les sociétés de sécurité privées ont prévu d’innover : des caméras à reconnaissance faciale qui identifient les individus ayant un comportement jugé anormal (comme marcher à contre-sens d’une foule).

    Ils ont également prévu des zones où il faudra présenter ses papiers d’identité pour les traverser comme ça a été le cas pour la « fanzone » devant la mairie de Saint-Denis pendant la Coupe du monde de rugby.

    Une politique du logement qui chasse les étudiantEs et les précaires

    Pour continuer, les organisateurs des JO ont eu besoin de trouver des logements pour les participantEs aux JO et des hébergements pour les visiteurEs. Ils ont donc eu la bonne idée de réquisitionner les chambres dans les résidences étudiantes avec en contrepartie des places pour assister à la compétition pour les étudiantEs concernéEs (on ne sait pas encore où elles et ils iront dormir pour assister à ces épreuves) !

    Mais les étudiantEs ne sont pas les seulEs concernéEs par cette chasse aux pauvres. Dans Paris et en proche Banlieue, de nombreux hôtels ont cessé leur contrat avec le 115 pour redevenir hôtel à touristes, laissant des dizaines de familles dehors. Et nous ne parlons même pas du nombre de logements vides qui vont servir d’Airbnb pendant les JO ! Les pauvres sont de nouveaux chassés loin de Paris et des villes limitrophes.

    Un prétexte pour casser davantage le droit du travail

    À cela, il faut ajouter la casse sans précédent du droit du travail pour les travailleurEs sans-papiers qui ont travaillé (et parfois sont mortEs) sur les chantiers des JO, mais aussi pour les salariéEs du commerce, de la sécurité et les agentEs de la mairie de Paris (refus de congés, recrutements de contractuels précaires, etc.).

    Bref, ces JO ne sont vraiment pas pensés pour nous !

  • Le sénateur et le verre d'ecstasy : non aux pratiques de domination !

    Mardi 14 novembre, alors que la députée Sandrine Josso est chez Joël Guerriau pour fêter sa récente réélection, celui-ci glisse dans son verre une petite poudre blanche, de l’ecstasy. Depuis il a été mis en examen pour « administration de substance afin de commettre un viol ou une agression sexuelle ».

    Cette affaire a mis sur le devant de la scène médiatique la notion de la « soumission chimique », définie pénalement comme « l’administration volontaire de substance nuisible portant atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’autrui » est le fait de droguer une personne à son insu, par contrainte ou menace, pour commettre un crime ou délit, le plus souvent des viols ou des agressions physiques et sexuelles.

    La soumission chimique encore largement sous-évaluée

    En France, ces agressions sont encore largement sous-estimées mais le sujet devient de plus en plus connu et dénoncé. Ainsi le nombre de plaintes pour soumission chimique a triplé entre 2021 et 2022 passant d’environ 700 plaintes à plus de 2000, et ces chiffres n’incluent pas la question de la vulnérabilité chimique, c’est-à-dire le fait de profiter de l’état second d’une personne qui a elle-même ingéré une substance (alcool, médicaments, etc.) pour l’agresser.

    Car la première image qui peut venir à l’esprit lorsqu’on parle de soumission chimique est celle du GHB, aussi appelée « drogue du viol », versée dans un verre à l’insu de la victime par un inconnu dans un bar (à ce sujet il faut rappeler le mouvement #BalanceTonBar qui avait dénoncé notamment ces agressions dans les milieux festifs). La réalité des faits reste encore à explorer : l’alcool, les benzodiazépines, l’ecstasy sont largement utilisés et, comme le rappelle le Collectif féministe contre le viol, la plupart des cas de soumissions chimiques se produiraient dans le milieu familial ou avec des amis proches.

    Ceux en qui nous avons toute confiance

    Pour Sandrine Josso, ce fut également le cas. Joël Guerriau était pour elle un ami de longue date chez qui elle s’était rendue en « toute confiance ». Son témoignage montre la violence insidieuse que représente la soumission chimique. Sans bruit, sans coup, sans cris : il va allumer puis éteindre la lumière, pour augmenter les effets de la drogue, puis la suivre jusqu’au taxi qui doit la ramener chez elle…Plus tôt cette année, un article du Monde revenant sur le procès de Dominique P., cet homme qui avait droguée sa conjointe durant plusieurs années pour la livrer à des dizaines d’hommes, avait déjà abordé ce sujet de la soumission chimique et la difficulté pour les victimes de pouvoir comprendre ce qui leur arrive et y échapper.

    Car la soumission chimique s’accompagne d’une amnésie pour la victime et parfois de troubles de la mémoire à long terme. Pour les membres du mouvement « M’endors pas », il faut aussi faciliter l’accès aux tests toxicologiques, bien souvent refusés lors des démarches de la victime et pourtant essentiel pour démontrer la domination chimique de leur agresseur. 

    Enfin, la question de la soumission chimique en soulève une seconde : celle de la préméditation des viols. Il faut briser l’idée reçue de la « zone grise » dans laquelle un homme n’aurait pas « pris conscience » qu’il violait ou agressait une femme dans un état second. Amnesty International estime au contraire que 71 % des viols sont prémédités. La question de la soumission chimique pourrait encore faire augmenter ce chiffre.

    Commission nationale d'intervention féministe