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Actualités nationales... - Page 30

  • Draguignan, 1974 : des soldats manifestent dans la rue...

    Au lendemain d’un Mai 68 durant lequel les casernes sont restées presque muettes, l’esprit « soixante huitard » y pénètre peu à peu : révoltes individuelles, soldats sanctionnés pour avoir distribué des tracts antimilitaristes, début d’organisation dans des comités éphémères. 

    Les mobilisations s’amplifient à partir de la loi Debré visant à supprimer les sursis à l’incorporation des appelés du contingent. En 1973, l’élection de Giscard met fin au gaullisme et à sa relation particulière à l’État et à l’armée. Le développement des armes nucléaires ouvre la voie au débat sur l’organisation de la défense nationale. La lutte des paysans du Larzac renouvelle l’antimilitarisme. La jeunesse issue de mai 1968 arrive dans les casernes. 

    L’Appel des Cent

    Dans ce cadre de l’élection présidentielle, les militants révolutionnaires engagent la signature d’une pétition : augmentation de la solde, libertés démocratiques, refus des missions anti-ouvrières, une vingtaine de revendications précèdent les signatures de cent soldats du contingent, rendues publiques en mai 1974 1. Si ce type de lutte avait fait ses preuves avec le Manifeste des 121 contre la guerre d’Algérie ou le Manifeste des 343 pour l’avortement, les conditions de lutte de 100 anonymes isolés dans leurs casernes sont plus délicates. 

    Avec quelques flottements, la hiérarchie militaire et le gouvernement se lancent dans une répression modérée : mise en prison pour quelques semaines, mutations, menaces diverses. Cependant les signatures se multiplient, les mutations favorisant la diffusion de l’Appel des Cent. Le glacis médiatique se brise et le débat devient public.

    La manifestation

    À Draguignan dans le Var, dans le 19e régiment d’artillerie, des signataires de l’Appel créent un comité de soldats. En arrivant dans la caserne, certains appelés se renseignent : « Où peut-on signer l’Appel des Cent ? » L’ambiance s’en ressent. Tout est prétexte à résistance, à incidents : brimades, problèmes de cantine, propos racistes, etc. Les derniers mois ont vu se développer dans les prisons des modes d’action spectaculaires qui ont porté les revendications sur le devant de la scène. L’idée fait son chemin dans l’esprit des appelés qui souhaitent faire connaître leurs luttes et leurs revendications.

    Lundi 9 septembre, en fin de journée, le comité distribue dans la caserne un tract contenant l’Appel des Cent et la liste des 200 signataires de l’unité, accompagné d’un texte des « Antillais » dénonçant le racisme et les brimades dont ils sont les victimes. Réunis le soir, nous décidons de nous retrouver le lendemain pour poursuivre l’action. L’idée d’une manifestation fait son chemin. 

    Le lendemain, le 10 septembre 1974, bien que la hiérarchie ne se manifeste guère, l’ambiance est tendue. À 13 h 30, nous nous retrouvons à une trentaine : discussions, votes, nous décidons de nous retrouver à 14 heures dans la cour pour sortir en manifestation. À 14 heures, nous commençons à nous compter : 10, puis 20, puis 50 ; après on ne compte plus ! Nous estimons que nous sommes assez nombreux pour manifester. Le lieutenant de service se place dérisoirement sur notre chemin devant la porte de sortie. Nous nous retrouvons dans la rue. 

    Après quelques hésitations, les premiers mots d’ordre sortent des rangs : « La solde à 1 000 francs », « Sorties en civil », « Des perms toutes les semaines », « On est des hommes, pas des bêtes », « Faites l’amour, pas la guerre ». La présence de journalistes finit de créer l’ambiance, et c’est sans complexe que nous traversons la ville. 

    Nous faisons un sit-in devant la sous-préfecture. Le commandant de la caserne tente de nous faire rentrer tranquillement en camion. Nous décidons de rentrer en manifestant dans le centre-ville. Au retour, nous nous payons un tour de caserne en appelant nos collègues enfermés dans les bâtiments à nous rejoindre. Quelques heures plus tard, le commandant de la région militaire vient entendre nos revendications, assortissant ses réponses de menaces. 

    La répression

    Le lendemain, la riposte de la hiérarchie militaire est rapide et brutale : dans le cours de la matinée, neuf appelés sont emmenés subrepticement et emprisonnés au camp de Canjuers, toujours dans le Var. Des dizaines de soldats sont interrogés. La Sécurité militaire cherche des meneurs.

    La classe politique est horrifiée. Syndicats et partis de gauche soutiennent avec des grands « mais nous ne sommes pas antimilitaristes ». Après deux mois d’arrêt de rigueur dans différentes casernes de France, trois meneurs sont fabriqués par l’instruction. Pelletier, Ravet et Taurus sont présentés devant le tribunal permanent des forces armées de Marseille et emprisonnés aux Baumettes. Une campagne de soutien sans précédent se développe, alliant notre défense à la condamnation de l’armée bourgeoise. Pétitions, meetings, manifestations se multiplient associant organisations politiques, syndicats, organisations antimilitaristes et de défense des droits humains.

    Le procès qui a lieu à Marseille les 7 et 8 janvier 1975 se termine en débâcle pour l’institution militaire et le gouvernement avec des peines de principe pour les trois appelés. C’était le début d’un combat de plusieurs années dans les casernes.

    Robert Pelletier

    • 1. Robert Pelletier, « Il y a 50 ans, un antimilitarisme actif déstabilise l’armée », La revue l’Anticapitaliste n° 155, avril 2024.
  • Antimilitarisme et solidarité ouvrière...

    Dès la fin du 19e siècle, le rôle de l’armée dans la répression de la Commune de Paris et des grèves ouvrières nourrit un antimilitarisme ouvrier. 

    Un tel mouvement d’opinion n’empêche nullement la boucherie de la Première Guerre mondiale, malgré les positions de Lénine et des Bolcheviks, reprises dans la quatrième des 21 conditions d’adhésion à la IIIe internationale, fixées par le 2e Congrès en 1920 1

    La propagande communiste parmi les troupes rarement mise en œuvre

    La « mise en œuvre » n’est victorieuse que dans la Russie de 1917, malgré les tentatives notamment dans l’armée ­allemande. Si le Parti communiste français tient encore le cap lors de la guerre du Rif (intervention de la France à partir de 1924), ces belles résolutions ne résistent pas à la stalinisation du PCF et de l’IC. 

    De la stalinisation au renouveau des luttes 

    En 1935, dans un communiqué commun, Laval et Staline affirment « ne laisser aucun des moyens de leur défense nationale s’affaiblir » et reconnaissent le droit de la France à « maintenir ses forces armées à un niveau conforme à sa sécurité ».

    Le contexte de la Deuxième Guerre mondiale ne se prête guère aux manifestations d’antimilitarisme, même si un petit nombre de militantEs, notamment trotskistes, tentent d’imposer une distinction entre la guerre contre les nazis et celle contre les « boches ». 

    Les guerres coloniales réactivent une hostilité à l’armée. Et les débats s’amplifient avec le coup d’État au Chili et l’action décisive du Mouvement des Forces armées dans le renversement du fascisme au Portugal. Un renouveau générationnel et militant pour des luttes antimilitaristes. 

    Robert Pelletier

    • 1. « Le devoir de propager les idées communistes implique le besoin particulier d’une propagande systématique et persévérante parmi les troupes. Là où elle interdite par des lois d’exception, elle doit se poursuivre illégalement. S’y refuser, c’est trahir le devoir révolutionnaire, chose incompatible avec l’affiliation à la IIIe Internationale. » Les Quatre Premiers Congrès mondiaux de l’Internationale communiste, 1919-1923, réédition en fac-similé, Maspero, p. 39 et 40.
  • Imposer les mesures d’urgence sociale, démocratique et écologique...

    Pris à son propre piège, Macron continue de mépriser les résultats des urnes… pour mieux servir les riches. Il est temps d’imposer les mesures d’urgence sociale, démocratique et écologique du NFP et d’affronter ceux qui détiennent le pouvoir.

    Olympique ! Voici comment on pourrait qualifier la vie politique française depuis le 9 juin. Le gouvernement Attal pulvérise des records en matière d’autoritarisme. Il détient le record de longévité des gouvernements démissionnaires depuis 1948 : près de 50 jours.

    Le suspense ne semble pas près d’être levé : à peine énoncés, les noms des hypothétiques Premiers ministres disparaissent. Thierry Beaudet, Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand ? Nul ne sait qui l’emportera. Une chose est sûre, il n’aura pas la tâche facile… de ne rien changer à la politique du président.

    Ne rien changer, faire du « pro-business »

    Sous le bruissement médiatique, Macron répond davantage à la pression du Medef qui, fustigeant le programme NFP jusqu’à l’annonce que Lucie Castets ne serait pas nommée, exhortait les futurs dirigeants du pays à poursuivre l’action de Bruno Le Maire. Lequel a été, selon le président du Medef « un artisan déterminé et déterminant [des] politiques pro-business. » Avec le résultat qu’on connaît pour les comptes publics, les services publics et notre avenir ! 

    Au même moment, Patrick Pouyanné, le PDG de Total, mettait en garde contre l’augmentation du Smic, avec l’objectif de défendre les petites et moyennes entreprises. La stratégie de Macron consiste à chercher sur les marges du faible bloc central un Premier ministre susceptible de continuer comme avant sa politique, celle-là même qui vient d’être par deux fois profondément rejetée par la population. 

    Il s’apprête ainsi à nommer un Premier ministre qui ne reviendra pas sur la réforme des retraites, qui se refusera à augmenter immédiatement de 200 euros le SMIC et qui appliquera pieds et poings liés une politique d’austérité au profit des plus riches. Et tant pis si, pour ce faire, il lui faudra composer avec le Rassemblement national et s’assurer qu’il ne vote pas la censure contre un nouveau gouvernement Macron. Marine Le Pen et Bardella ont d’ailleurs annoncé qu’ils étaient prêts à entrer dans ce jeu, certainement en échange de nouvelles offensives racistes et sécuritaires qui ne posent aucun problème à Macron.

    Le déni de démocratie doit prendre fin

    Après avoir dissous l’Assemblée, il a décidé de dissoudre la volonté populaire, ce qui témoigne d’une très profonde crise de régime. Afin de dénoncer ce scandale démocratique, des manifestations se mettent en place pour le 7 septembre. Le NPA-l’Anticapitaliste participera à ces manifestations et appelle d’ores et déjà à les poursuivre dans la durée. Le déni de démocratie doit prendre fin, il faut imposer le programme du Nouveau Front populaire : l’augmentation des salaires et revenus, l’abrogation de la réforme des retraites, des moyens pour les services publics, une planification écologique, etc.

    Pour faire appliquer ne serait-ce que ces mesures d’urgence du programme du NFP, il nous faudra vaincre les résistances des ultra-riches et de la bourgeoisie qui a taillé sur mesure les institutions avec lesquelles Macron continuera de jouer tant que nous le laisserons faire… et poser la question du pouvoir. 

    La Ve République a fait son temps. Les institutions actuelles sont profondément anti-démocratiques et ne permettent pas de répondre à l’urgence sociale et écologique. Elles offrent en effet aux possédants de quoi contourner la volonté populaire de mettre en place une politique de progrès social, qui serait la seule voie à suivre pour faire vraiment reculer l’extrême droite.

    Une vraie démocratie fondée sur les besoins

    Pour changer cette société usée, une assemblée constituante représentative de notre camp social, issue des luttes et démocratiquement élue, doit renouveler en profondeur les institutions. Il nous faut en finir avec la concentration des pouvoirs par un président. Nous voulons une véritable démocratie, fondée sur le débat démocratique à la base, sur les besoins de la population organisée et active.

    Partis, syndicats, associations, électeurs du NFP, ensemble, l’heure est à l’unité des forces de gauche sociales et politiques et à la mobilisation contre Macron et sa politique, pour faire reculer l’extrême droite. Nous avons confiance en nos forces !

  • Une rentrée pas tout à fait comme les autres...

    La rentrée se tient dans un contexte inédit. Alors que seules les affaires courantes devraient être traitées, des consignes budgétaires sont données aux ministères dont celui de l’Éducation nationale. 

    La ministre prétendue « démissionnaire » Nicole Belloubet a demandé la sanctuarisation du budget du ministère de l’Éducation nationale. Une déclaration de pure forme : les budgets antérieurs, et celui qui se profile, n’ont jamais répondu aux réels besoins de l’école. Et en cette rentrée 2024, ce sont plus de 3 000 profs qui manquent. 

    La continuité d’un projet de classe pour l’école

    Surtout, elle a, lors de sa conférence de presse, déroulé la continuité d’une politique contestée depuis plusieurs années. Alors qu’aucune mesure concrète d’amélioration des conditions de travail n’a été annoncée, les groupes de niveaux eux se mettent en place. Dans le premier degré, l’élargissement à tous les niveaux des évaluations nationales standardisées généralise la mise au pas de la profession en imposant des pratiques pour mieux les contrôler. C’est aussi un outil de management qui permet de « gérer » l’institution en fonction des résultats. L’exécutif poursuit son entreprise idéologique de destruction de l’école en s’attaquant profondément à ses fondements émancipateurs d’égalité et de construction d’esprits critiques. Il a un projet de classe de la maternelle au lycée dans une continuité totale du quinquennat Blanquer. 

    La ministre démissionnaire n’hésite pas à décider des économies aux dépens des élèves de lycée professionnel : elle abandonne la promesse de donner 500 euros aux élèves pour leur permis de conduire, alors que les apprentiEs en bénéficient déjà !

    En parallèle, la dégradation des conditions de travail des personnels et d’apprentissage des élèves passe encore un cap : inclusion réalisée avec trop peu de moyens — et des AESH toujours aussi maltraitréEs —, effectifs trop chargés dans les classes, manque de remplaçantEs empêchant l’exercice des droits à la formation comme aux temps partiels… Tout cela sur fond de crise d’attractivité du métier d’enseignant toujours aussi prégnante, notamment à cause de salaires trop bas.

    Reprendre l’initiative et être en grève le 10 septembre

    C’est dans ce cadre que la FSU-SNUipp mais aussi la CGT et Sud-Éducation ont décidé d’appeler à la grève le 10 septembre prochain. Considérant que les conditions de cette rentrée ne sont pas acceptables, ces organisations souhaitent montrer qu’elles ne seront pas passives. Avec le vote du budget en ligne de mire, il y a effectivement urgence à tout faire pour arracher ce qui serait nécessaire pour le service public d’éducation. 

    Par ailleurs, cette journée marque aussi la reprise du mouvement en Seine-Saint-Denis où les personnels exigent toujours un plan d’urgence. L’heure est à chiffrer établissement par établissement, école par école, les postes non pourvus, les élèves sans affectation et les classes surchargées, pour, en lien avec les parents, préparer une mobilisation seule capable de débloquer les moyens pouvant répondre aux besoins. Enfin, un large front syndical appelle, sous des modalités diverses, à un blocage autour des évaluations du premier degré.

    Les raisons de la colère sont multiples et légitimes. Au vu de l’échéance budgétaire qui arrive, les organisations syndicales doivent prendre l’initiative et proposer un plan d’action qui permette de créer le rapport de force nécessaire à l’obtention de moyens. Le 10 est un premier pas qu’il faut poursuivre et amplifier.

    Commission éducation nationale

  • Barnier à Matignon : nommé par Macron, adoubé par le RN !!!

    Les électeurEs n’ont pas voté pour ça !

    C’est sous ces auspices qu’un homme, pas vraiment nouveau, arrive à Matignon près de deux mois après le deuxième tour des législatives. Et au mépris le plus total de ses résultats. Le message de ce deuxième tour avait pourtant été limpide : la majorité des personnes qui ont voté, ont exprimé leur volonté de faire barrage au RN et ont donné une majorité relative au Nouveau Front populaire.

    En décidant d’exclure l’hypothèse d’un gouvernement formé par le NFP, Macron faisait le choix d’installer le Rassemblement national en arbitre du maintien ou non d’un gouvernement de droite. Il nomme un vieux routier de la politique, issu du parti qui a le moins de députés, qui a cumulé les participations à des gouvernements anti-sociaux et auprès des institutions européennes non élues et garantes de l’orthodoxie budgétaire, c’est-à-dire de la destruction des services publics et des droits sociaux. Ce n’est pas lui qui va abroger la contre-réforme des retraites et porter le SMIC à 1600 euros ! 

    Tout cela a des conséquences concrètes : d’abord de renforcer la place du RN donc des obsessions qui lui tiennent lieu de programme. Et le RN l’a annoncé, il ne censurera pas un gouvernement qui met la « question de l’immigration et de la sécurité » au centre de sa politique. Deux jours après la mort de 12 personnes dont une dizaine de jeunes femmes dans la Manche, nommer Barnier – qui a été le négociateur des accords du Brexit, responsable du durcissement des conditions d’arrivée des migrantEs au Royaume-Uni, c’est un symbole lourd de menaces. Nous n’oublions pas ses prises de positions violemment anti-immigrés lors de la campagne présidentielle de 2022. En réalité, Macron est en train de nommer un gouvernement d’extrême droite sous les atours lisses et bien élevés du grand bourgeois Barnier

    Toutes celles et ceux qui se sont engagéEs dans la volonté de faire barrage à l’extrême droite et sa politique et qui ont voulu exprimer l’urgence d’une rupture avec toutes les politiques libérales de casse des conquis sociaux doivent prendre la mesure du déni démocratique de Macron, permis par les institutions. Il y a urgence à imposer l’agenda des besoins sociaux. Et seules les mobilisations sociales et politiques sont en capacité de le faire : l’abrogation de la réforme des retraites et le retour vers les 60 ans, l’augmentation générale des salaires à commencer par le SMIC, la réparation et l’extension des services publics pour protéger les besoins vitaux des êtres humains et de la nature sont des urgences qu’il faudra imposer dans les grèves, les manifestations, le blocage du pays s’il le faut. La responsabilité du NFP est de réunir toutes les organisations politiques, syndicales, associatives qui se sont engagées dans la campagne électorale, pour préparer ces mobilisations et les faire vivre dans les lieux de travail, d’études et les quartiers avec des comités locaux du NFP. 

    Le 7 septembre sera une première étape pour prévenir Macron et Barnier que la censure du gouvernement se prépare dans la rue. 

  • Attaque violente en cours contre les opposantEs à l’A69...

    À partir du 1er septembre certaines coupes d’arbres sont autorisées jusqu’à la mi-novembre. Période cruciale pour défendre les arbres qui empêchent le passage du chantier de l’A69 entre Castres et Toulouse. Le 30 août, l’État a frappé très fort, mobilisant 300 gendarmes au service du bétonneur Atosca, pour déloger les opposantEs qui occupent la ZAD de la Cal’Arbre. 

    Tentes lacérées, constructions abattues, objets personnels détruits... Ce lieu occupé depuis février 2024 a été entièrement saccagé. Ce déchainement de violence met en danger la vie des grimpeurEs qui résistent au sol et dans les chênes centenaires, derniers obstacles physiques à ce projet mortifère. UnE des camarades — sous pression policière — a fait une chute de 8 mètres : iel souffre de plusieurs fractures de la colonne vertébrale.

    La préfecture du Tarn a mis tous les moyens pour faire avancer le chantier, malgré l’illégalité des interventions sur la zone où se trouvent des espèces protégées (grand capricorne, dont les larves vivent dans les troncs des vieux chênes ; trèfle écailleux, qui prospère dans la prairie alentour). Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées ont demandé « au procureur et à l’Office français de la biodiversité une intervention en urgence absolue » car le concessionnaire n’a réalisé aucune des mesures limitant les conséquences des travaux, demandées par un arrêté préfectoral.

    Passage en force et irrégularités

    Au fil des mois, le climat local s’est durci, comme à Sivens précisent plusieurs opposantEs. Insultes, menaces par les vigiles d’Atosca, intimidations par des groupes pro-autoroute. Si les médias locaux — notamment la Dépêche du Midi, soutien inconditionnel de l’A69 — relaient avec complaisance l’incendie du coffrage d’un pont ou celui d’une voiture de police, ils restent muets sur les agressions dont sont victimes les opposantEs. Le 13 août, à Bacamp (camp de base), un commando a incendié la voiture et la tente d’opposantEs. Dans la nuit du 25 août et celle du samedi 31, plusieurs départs de feu ont eu lieu au Verger de Verfeil, mettant en danger la famille qui résiste aux pressions d’Atosca.

    Le moratoire réclamé par les associations, inscrit dans le programme du NFP, doit permettre à la justice de se prononcer sur les irrégularités commises par le concessionnaire à toutes les étapes du projet. Les courriers échangés entre l’administration et Atosca, révélés par Mediapart, documentent le passage en force pour déboiser des zones protégées. Trois nouvelles plaintes ont été déposées cet été : destruction et atteinte à la conservation d’espèces en dehors du cadre autorisé avec la circonstance aggravante de la bande organisée ; trafic d’influence et prise illégale d’intérêt visant le député Terlier, président de la commission d’enquête parlementaire ; entrave au libre écoulement d’un cours d’eau — concernant un risque d’inondation dans la vallée du Girou déjà en tension à cause de la sècheresse.

    Abandonner le projet et soutenir les opposantEs

    Ce modelage du territoire et de nos vies par le tout-camion et le tout-voiture artificialise les sols, accélère l’urbanisation et le développement des métropoles, menace les ressources en eau et la biodiversité, contribue massivement aux émissions de gaz à effet de serre responsables du chaos climatique.

    Sur les chantiers, tout change très vite, d’heure en heure : l’action policière est brutale, la résistance est déterminée. Il est urgent de rester informé et de renforcer (y compris financièrement) les opposantEs de la Cal’Arbre, de la Crem’Arbre, du Verger pour bloquer ce projet qui doit être abandonné.

    Commission nationale écologie