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Actualités nationales... - Page 27

  • Construire une gauche de rupture...

    Le coup de force de Macron après les résultats de juin dernier est loin d’être fini. Nous vivons une crise de légitimité du pouvoir institué sans précédent. À nous de construire des luttes pour en finir avec ce pouvoir.

    Les élections européennes et législatives sont révélatrices des crises sociales, écologiques et guerrières en Europe et dans le monde. En particulier en Ukraine, où les populations continuent à vivre au quotidien sous les bombes, comme le détaille l’article d’Oleksandr Kitral (p. 10). En France, les attaques libérales et les défaites de ces dernières années offrent un espace important à la propagande populiste et raciste de l’extrême droite au sein de la classe ouvrière, comme le démontre Thomas Coutrot (p. 6). Le nouveau front populaire (NFP) a permis « d’éviter le pire » à l’Assemblée nationale et de regrouper toute la gauche. Nous nous en sommes saisis pour inscrire dans cet espace, notamment avec la campagne de Philippe Poutou dans l’Aude (p. 4) où le NPA-A s’est retrouvé confronté à une double injonction : celle de soutenir l’unité politique, syndicale et associative de la gauche et, en même temps, de pousser des propositions radicales pour tenter de contrer l’extrême droite.

    Un gouvernement de droite prêt pour le combat

    Après cinquante jours sans gouvernement, la nomination de Michel Barnier, vieux briscard de la droite réactionnaire, sexiste et homophobe, constitue un abus de pouvoir et une provocation majeure, dans la continuité autoritaire d’un quinquennat marqué par le recours extensif à la répression de toute opposition et des mesures d’exception. Macron désavoue sa propre norme parlementaire. Le Premier ministre est issu d’un parti totalement défait et ne tient qu’avec l’accord et la pression du RN, dont dépend à présent la pérennité de cette usurpation. La 5e République semble paralysée par la division en trois blocs de l’Assemblée nationale. Mais le régime présidentiel montre sa toute-puissance. Les ministres-démissionnaires qui devaient se limiter aux « affaires courantes », ont continué leur politique libérale et tout mis en place pour faire voter un budget d’austérité pour 2025, poussant les travailleurs·euses dans les bras du RN. En sept ans, Macron à tout fait pour favoriser l’extrême droite, en menant une politique néolibérale offensive (dont Henri Wilno nous rappelle l’histoire et la portée dans sa critique du livre de David Harvey, p. 34). Tout en réprimant de plus en plus massivement les révoltes populaires. Le patronat français a de plus en plus besoin d’un État fort pour survivre, pour espérer tirer leur épingle du jeu dans la redéfinition des sphères d’influences mondiales, à l’image de l’Argentine ou de l’Italie.

    Construire nos luttes

    Face à cela, la gauche ne peut rester l’arme au pied. Nous avons souhaité, dans le dossier de ce numéro, expliquer ce qui nous semble nécessaire pour une gauche de rupture. L’unité, dans le Nouveau front populaire, en est le premier élément. Nous y défendons, pour convaincre sans cliver, nos positions féministes, antiracistes, écologistes et internationalistes. Cette unité n’a de sens que si elle agit, si elle cherche à transformer la société. C’est pourquoi il nous semble indispensable de mettre à l’ordre du jour dix mesures de rupture sur des questions économiques (salaires, retraites) ; de société et internationales (Palestine, Ukraine…). Par ces revendications pour la rupture, nous entendons favoriser des manifestations qui se confrontent réellement au pouvoir. C’est dans les manifestations et les grèves massives qu’émerge la conscience d’être un collectif, une force suffisante non seulement pour renverser le vieux monde, mais également pour en bâtir un nouveau.

    Développer nos organisations

    Nous sommes pleinement conscient·es que les institutions de l’État exercent une pression sur le mouvement ouvrier, tant au niveau politique (sur les député·es, une fois élu·es), qu’au niveau syndical (par le « dialogue social ») et des partis (la pression des appareils pour leur propre maintien). Tout concourt pour maintenir le vieux monde en place. C’est pourquoi nous défendons un fonctionnement totalement démocratique, où chacun·e discute et prend des décisions et agit pour le collectif. C’est ce que nous voulons construire au NPA-A, et c’est en ce sens que nous nous insérons dans toutes les dynamiques qui forment l’unité de notre camp social, avec les forces politiques du NFP, comme dans la construction d’une union avec les forces qui soutiennent un projet unitaire et anticapitaliste. Nous continuons à développer et étendre les comités locaux du Nouveau front populaire, pour l’unité de notre camp social. En même temps, nous nous efforçons de regrouper les forces politiques qui soutiennent une vision unitaire et anticapitaliste. Il faut faire bouger les lignes aujourd’hui pour construire les luttes de demain et en finir avec le clair-obscur actuel d’où surgissent les monstres. 

  • Contre le déchaînement meurtrier d’Israël, renforçons nos solidarités avec les peuples palestinien et libanais !

    Dans la continuité de sa guerre génocidaire contre le peuple palestinien, l’État d’Israël s’est lancé dans une intervention dévastatrice au Liban. Après l’épisode meurtrier du piégeage des bippers et des talkies walkies qui ne constituent ni plus ni moins que des crimes de guerre, les bombardements intensifs menés par l’armée Israélienne sur Beyrouth, le sud et l’est du Liban, ont fait déjà plus de 1500 morts (dont de nombreux enfants et une majorité de civilEs), des milliers de blésséEs et des dizaines de milliers de déplacéEs. L’élimination du dirigeant du Hezbollah, Hassan Nassrallah, et de cadres du parti s’inscrit dans la fuite en avant criminelle de Netanyahou et de son gouvernement.

    La guerre génocidaire contre la population palestinienne de Gaza et la guerre de destruction massive menée contre le Liban ne peuvent exister sans le soutien des grandes puissances et des États de la région.

    Ce ne sont pas les appels hypocrites au cessez-le-feu et à la raison qui émanent des chancelleries occidentales qui mettront fin à l’entreprise criminelle de Netanyahou et de son gouvernement. Pour mener la région au désastre, l’État d’Israël bénéfice de milliards de dollars octroyés par l’administration Biden et d’armes et de composants militaires livrés par les États-Unis et les pays européens, dont la France.

    Cette agression sur le Liban est sûrement un prélude à une autre sur l’Iran. Une telle guerre plongerait encore un peu plus le Moyen Orient dans le chaos.

    Il est urgent de mettre fin à la dynamique meurtrière de l’État d’Israël. Nous exigeons du gouvernement français et de l’Union européenne qu’ils suspendent immédiatement toutes les coopérations militaires, économiques et commerciales avec l’État d’Israël, et ce afin d’obtenir l’arrêt de la guerre génocidaire à Gaza et la fin de l’agression contre le Liban. Les mobilisations doivent s’amplifier et imposer un boycott institutionnel et international pour stopper la vague meurtrière. Seule la fin de l’occupation des territoires occupés palestiniens et des politiques coloniales et impérialistes pourront mettre un terme aux enchaînements de guerres et de violences.

    Le NPA-l’Anticapitaliste appelle à intensifier les mobilisations en solidarité avec les peuples palestinien et libanais.

  • La dernière réforme d’AMLO, un cadeau empoisonné ?

    Le 15 septembre dernier, fête nationale mexicaine, Andres Manuel Lopez Obrador a fait un discours « d’adieu » devant 300 0000 personnes enthousiastes rassemblées sur le Zocalo, la grande place de Mexico. Il quittera en effet ses fonctions le 1er octobre prochain et laissera sa place à la nouvelle présidente triomphalement élue en juin dernier, Claudia Sheinbaum.

    Il s’est félicité de ses six années au pouvoir. L’économie en termes généraux affiche des chiffres largement positifs : les mesures d’augmentation des salaires minimaux, des pensions, des bourses pour les jeunes n’ont pas été effacées par l’inflation qui reste très en dessous de celle de la plupart des pays d’Amérique latine.

    Pour les travailleurEs, les communautés indigènes et la population pauvre du Mexique, on reste bien en dessous des promesses de la « Cinquième Transformation » du début du sexennat mais la différence est telle avec tous les gouvernements précédents depuis des dizaines d’années qu’Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) se « retire » dans sa propriété du Chiapas avec une cote de popularité à un niveau jamais atteint au Mexique (plus de 70 %).

    La justice : bastion
    de la droite

    Il laisse à celle qu’il a adoubée et aux parlementaires de son parti, MORENA, qui ont la majorité absolue au Parlement, le soin de faire appliquer la dernière grande loi constitutionnelle qu’il a fait passer au grand dam de l’opposition et de larges secteurs de la bourgeoisie. Il s’agit de la réforme du pouvoir judiciaire.

    Au Mexique, jusqu’à cette loi, les juges, du haut en bas de la hiérarchie, étaient sélectionnés par des procédures complexes et souvent opaques. Ce qui laissait la place aux trafics d’influence, au népotisme et à une corruption très largement répandue. Le sommet du pouvoir judiciaire, la Cour suprême de Justice fonctionnait en outre comme une machine à couvrir les intérêts des classes privilégiées et avait plusieurs fois fait barrage à des lois sociales ou antilibérales qu’AMLO avait voulu promulguer. Bien qu’en tant que président il ait eu le pouvoir de désigner certains de ses membres, sur les 11 membres actuels de cette cour, seuls trois lui étaient favorables. D’une façon générale, le pouvoir judiciaire au Mexique représente clairement un bastion de la droite et des possédants. Et AMLO ou même la nouvelle présidente pouvaient craindre des « coups d’État institutionnels » comme ceux opérés au Brésil contre Lula ou Dilma Rousseff.

    La population soutient la loi constitutionnelle

    La loi qui vient d’être votée prévoit l’élection par la population de tous les juges au Mexique. Elle a été approuvée par des majorités qualifiées à la Chambre des députéEs et au Sénat (après quelques manœuvres tout sauf démocratiques). Mais elle s’est heurtée à l’opposition frontale non seulement de la coalition des partis de droite (PAN, PRI, PRD…) mais aussi de l’immense majorité des fonctionnaires et travailleurEs de la justice. Les 55 000 travailleurEs de la justice ont fait grève pendant plus d’un mois et manifesté par dizaines de milliers dans les rues contre cette loi. Bien sûr, ils ont été soutenus à grands cris par les partis de l’ancien régime et par les grands médias. Par contre, la grande majorité de la population soutient cette loi, parce qu’elle n’a aucune confiance dans le pouvoir judiciaire actuel et parce que c’est AMLO qui la propose et la droite qui s’y oppose.

    Une loi imposée sans concertation

    Cette loi pose cependant de nombreux problèmes sociaux, politiques et démocratiques. Si une bonne partie des travailleurEs de la justice, bien qu’étant pour beaucoup électeurs d’AMLO, s’y opposent c’est parce qu’elle leur a été imposée sans aucune concertation et qu’elle va mettre fin à de nombreuses possibilités de promotions internes. Il est évident que le parti de Lopez Obrador, va dans la conjoncture actuelle disposer du contrôle des trois pouvoirs — exécutif, législatif et judiciaire — notamment grâce à la procédure de sélection des candidatEs aux postes de juge qui reste très opaque et risque de n’empêcher ni les manœuvres ni la corruption à de nombreux échelons.

    Au bout du compte cette réforme est caractéristique de la nature du gouvernement sous AMLO : une part de volonté transformatrice réelle, une application d’en haut et largement imparfaite s’appuyant sur le seul prestige du guide suprême et en aucun cas sur la mobilisation et le contrôle populaire.

    Commission Amérique latine

  • Et à Nice aussi : Journée internationale pour le droit à l'IVG...

    Samedi 28 septembre
    Journée internationale pour le droit à l'IVG
    DÉFENDONS LE DROIT À L’AVORTEMENT PARTOUT DANS LE MONDE
    12 h 00 - place de la Libération à Nice
     
    Le 28 septembre, Journée internationale pour le droit à l’avortement, nous afficherons haut et fort notre solidarité avec toutes les femmes du monde et en particulier celles des pays où est interdit totalement ou partiellement le droit à l’avortement !
     
    Chaque année, nous manifesterons pour que ce droit soit établi, appliqué, respecté, dans le monde, en Europe et en France.
     
    En Argentine, le Président Milei cherche à revenir sur le droit à l’avortement, acquis de haute lutte en 2020.
    Les conséquences de la décision de la Cour suprême états-unienne de 2022, continuent à peser sur les femmes des USA dont certaines se rendent au Mexique où la Cour suprême a dépénalisé l’avortement en septembre 2023.
    Partout où l’extrême droite arrive au pouvoir elle n’a de cesse de vouloir restreindre voire interdire les droits des femmes. C’est le cas dans différents pays européens comme en Italie, en Hongrie ou en Pologne. Les femmes polonaises en paient encore le prix fort malgré un changement politique qui peine à rétablir le droit à l’avortement. Il est essentiel d’inscrire le droit à l’avortement dans la Charte Européenne des Droits Fondamentaux.
     
    En France, parmi les député.e.s du RN, il y a de farouches militant.e.s anti avortement ! Le nouveau gouvernement doit pénaliser les activistes anti IVG qui notamment attaquent des locaux du Planning familial, propagent de fausses informations sur le net, dénigrent les séances d’Éducation à la vie affective et sexuelle à l’école, essaient de dissuader les femmes d’avorter. Il est urgent de dissoudre ces associations anti-IVG.
     
    En mars 2024, la « liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interrup­tion volontaire de grossesse » a été inscrite dans la Constitution française, ce dont nous nous réjouissons. Cependant, cette avancée ne suffit pas. Les conditions dans lesquelles s’exercent la « liberté garantie » pourraient toujours être revues à la baisse. Rien ne garantit les moyens humains et matériels, la double clause de conscience du personnel médical existe toujours.
    En outre, la nomination de Michel Barnier, qui a voté en 1982 contre le remboursement de l’IVG, requiert encore plus notre vigilance.
     
    NOUS EXIGEONS AFIN DE GARANTIR L’APPLICATION DE LA LOI :
    - l’accès aux soins, pour toutes, sur tous les territoires, tout le long de l’année avec la réouverture des CIVG fermés, des maternités et hôpitaux de proximité, le maintien de l’offre en ville ;
    - la garantie pour toutes du choix des méthodes pour l’IVG et la contraception ;
    - une politique claire et forte impulsant des campagnes publiques d’informations sur les droits sexuels et reproductifs ainsi que les séances d’éducation à la vie affective et sexuelle en milieu scolaire prévues par la loi du 4 juillet 2001 ;
    - une politique de production publique des médicaments essentiels, incluant ceux nécessaires à l’IVG, pour éviter toute pénurie. Cela passe par la création d’établissements pharmaceutiques nationaux et européens financés par des fonds publics, pour produire, diffuser et gérer les stocks de médicaments. Depuis les effets d’annonce de juin 2023, rien ne s’est concrétisé.
     
    Nous manifesterons donc le 28 septembre 2024 pour la défense et l’application effective du droit fondamental à l’avortement partout dans le monde.
    Rendez-vous , place de la Libération (Charles de Gaulle) pour manifester jusqu'à la place Masséna
    Collectif Droits des Femmes 06

    Premières signatures : À Corps Tribal I ADN I Alternative Communiste 06 I Attac 06 I Centre LGBTQIA + Côte d’Azur I CGT 06 I CGT Educ’action 06 I CIDFF 06 I Collectif Queer 06 I Elles voient rouge I Ensemble! 06 I Front Populaire Étudiant I FSU 06 I La France Insoumise 06 I Le Mouvement de la Paix des Alpes Maritimes I Les écologistes 06 I MRAP 06 I Nice au coeur I NousToutes 06 I Parti communiste 06 I Parti de gauche 06 I Planning Familial 06 I PS 06 I Rassemblement citoyen ViVA! I SUD- Solidaires 06

    DÉFENDONS LE DROIT À L’AVORTEMENT PARTOUT DANS LE MONDE

  • Ni ordre patriarcal ni désordre impérialiste : Opposons un féminisme internationaliste et lutte de classes !

    Face à l’accélération des conflits guerriers, les femmes sont en première ligne.
    Elles sont aussi fortement touchées par les inégalités sociales que le capitalisme destructeur engendre.
    Construire un mouvement féministe autonome, internationaliste en lien avec le mouvement ouvrier passe notamment  par la construction de la grève du 8 mars.
    Dossier coordonné par la CNIF.

  • Mon corps, mon choix ! S’organiser pour s’émanciper...

    Ce 28 septembre, nous sommes des dizaines de milliers à manifester dans toute la France, à l’appel du collectif national « Avortement, les femmes décident » et des regroupements locaux d’associations, de syndicats et de partis progressistes. 

    Cette journée mondiale pour le droit à l’IVG est un moment de mobilisation incontournable pour les féministes, particulièrement depuis que ce droit a été remis en question aux États-Unis en 2022 avec l’abrogation de l’arrêté Roe vs Wade.

    Le droit à disposer de son corps est une condition pour la réalisation des autres droits et l’émancipation de chacune. La date du 28 septembre doit donc être inscrite dans tous les agendas, comme le 25 novembre contre les violences faites aux femmes et aux minorités de genre, et évidemment le 8 mars.

    Le droit à l’avortement en recul dans le monde

    Selon un rapport publié par le Sénat en février dernier, le droit à l’avortement est en recul dans le monde : 41 % des femmes en âge de procréer résident dans des pays où la législation est restrictive, en particulier en Afrique et en Amérique du Sud. 

    Même en Europe, 20 millions de femmes n’ont toujours pas accès à l’avortement, nos droits sont menacés par des gouvernements réactionnaires ou mal appliqués faute de moyens alloués (comme en France). L’Initiative citoyenne européenne pour un mécanisme financier de l’UE obligeant les États à garantir un accès sécurisé à l’avortement pour toutes est par conséquent bienvenue et doit être ­soutenue. Lancée en avril dernier par une coalition d’associations féministes de 8 pays (au départ en Slovénie, puis en Pologne, Irlande, Autriche…), elle a besoin d’un million de signatures européennes. La campagne est à suivre sur myvoice-mychoice.org1. La constitution de réseaux internationaux de lutte est à encourager pour l’avenir.

    Partout, les mouvements antichoix sont de plus en plus offensifs, en France, sur les réseaux sociaux, et ils s’en prennent à des locaux du Planning familial ! La nomination de Barnier, qui a voté contre le remboursement de l’IVG en 1982, laisse craindre une aggravation. Et ce n’est pas le rabaissement de la cause de l’égalité femmes-hommes, qui ne bénéficie même plus d’un ministère, qui va nous rassurer...

    Préparer des mobilisations massives

    Au-delà du 28 septembre, faisons le lien avec les mobilisations contre les violences sexistes et sexuelles. Consacrons les semaines à venir à préparer des initiatives de rue les plus massives possibles autour du 25 novembre. Car c’est le rapport de forces qui imposera les mesures qui, comme dans l’État espagnol, permettent que les violences reculent : une loi-cadre de protection intégrale et un budget 3 fois supérieur à celui alloué en France. Dans chaque entreprise, service, université, école ou quartier, il est possible de profiter de la date pour une action de sensibilisation, discutons­-en ! Nous avons besoin de l’engagement de toutes, mais aussi de tous pour déconstruire le machisme.

    Plus largement, c’est par la mobilisation tout au long de l’année que nous gagnerons l’égalité. Cela nécessite de grossir les associations anti-patriarcales, de renforcer les commissions féministes dans les syndicats, de réunir des assemblées sur les lieux de travail, d’étude ou dans les localités, de construire des collectifs locaux qui fassent converger toutes ces énergies. Comme le dit notre hymne, « Debout » les femmes, organisons­-nous !

    Commission nationale d’intervention féministe

  • Combattre l’austérité, défendre la Sécu !

    La fonction du gouvernement Barnier est, pour Emmanuel Macron, de poursuivre, malgré sa défaite aux législatives, les politiques libérales d’austérité et de privatisation menées depuis 2017. L’échéance immédiate consiste pour lui à obtenir le vote, avant la fin de l’année, du budget de l’État et la loi de financement de la Sécurité sociale. 

    Un débat en trompe-l’œil

    Les tensions apparues, lors de la constitution du gouvernement, entre macronistes refusant toute augmentation d’impôts et Barnier défenseur d’un effort « partagé » et de plus de « justice sociale », portent seulement sur la meilleure manière de faire accepter l’austérité.

    Selon la formule de Romaric Gaudin « les proches de Michel Barnier estiment que les dégâts sociaux et politiques sont tels qu’il faut une stratégie de contournement pour pouvoir poursuivre cette politique de classe » 1.

    Quelques mesures conjoncturelles (taxation provisoire de grandes entreprises et des plus fortunés) apparaissent aujourd’hui nécessaires... pour faire avaler la poursuite de la destruction des services publics et de la protection sociale. Il s’agit de créer ­l’illusion que « tout le monde » est mis à contribution. Les premières indications transmises par le nouveau Premier ministre confirment, derrière cet écran de fumée, la volonté de tailler toujours plus (10 ou 15 milliards ?) dans les dépenses publiques (à l’exception bien sûr de l’armée et de la police).

    La Sécu au cœur des politiques d’austérité

    Si le débat public se concentre actuellement sur le vote du budget de l’État, les politiques d’austérité couvrent un domaine beaucoup plus vaste. Les collectivités locales sont contraintes chaque année de faire plus avec moins et d’économiser sur leurs missions de service public. Mais c’est la Sécurité sociale qui reste une cible déterminante pour ce gouvernement, en raison de son rôle central dans la répartition de la richesse produite entre salaires et profits.

    Le budget de la « Sécu », c’est une masse de 640 milliards d’euros 2, plus du quart du PIB (richesse produite) du pays. Elle reste encore aujourd’hui financée à 56,4 % 3 par des cotisations sociales, c’est-à-dire une partie de la masse salariale que les patrons sont dans l’obligation de verser aux caisses de Sécurité sociale pour financer des besoins sociaux fondamentaux : l’éducation des enfants (allocations familiales), la santé, les retraites.

    Transformer ces droits sociaux pour toutes et tous en une assistance minimum « aux plus démunis », en reporter le financement sur des impôts injustes pour maintenir les profits a été l’enjeu des contre-réformes pratiquées par tous les gouvernements « de droite » ou « de gauche ».

    Qu’il suffise ici de rappeler que les allègements de cotisations sociales s’élèvent aujourd’hui à la somme vertigineuse de 83 milliards d’euros dont sont privées les caisses de retraites et le système de santé. Une somme à mettre en face du prétendu « déficit » de 16,6 milliards de la Sécurité sociale annoncé pour 2024.

    Étatisation et fiscalisation au service des politiques libérales

    La Sécurité sociale, fondée en 1945 comme institution au moins partiellement indépendante de l’État, financée par des cotisations et sous le contrôle des représentantEs éluEs des assuréEs sociaux a été démantelée au fil du temps au moyen de deux outils complémentaires : la fiscalisation et l’étatisation.

    En créant la CSG, en 1990, le gouvernement de Michel Rocard (PS) a ouvert la voie à une transformation en impôt (avant tout payé par les salariéEs et retraitéEs) des cotisations versées par les employeurs. Les gouvernements successifs ont poursuivi dans cette voie. Aujourd’hui le MEDEF veut aller encore plus loin en instaurant une TVA dite « sociale » (l’impôt le plus injuste) à la place des cotisations.

    En instaurant le vote chaque année des lois de financement de la Sécurité sociale par le Parlement, la réforme Juppé de 1995 a définitivement privé les assuréEs sociaux de toute forme de contrôle sur les dépenses et recettes de la Sécu. La Sécurité sociale est devenue pour le ministère des Finances une sous-branche des « comptes publics » dont il a la gestion.

    « La Sécu, elle est à nous » !

    Face à un gouvernement illégitime qui entend poursuivre une austérité aggravée, il faudra des mobilisations à l’occasion du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale, pour imposer le retrait de la réforme des retraites et le financement du système de santé à la hauteur des besoins. Elles doivent se situer dans la perspective de réappropriation de leur « Sécu » par les assuréEs sociaux qu’illustre la formule si souvent scandée dans les manifestations « la Sécu, elle est à nous ».

    J.C. Delavigne

    • 1. Romaric Gaudin, « Hausses d’impôts : le faux débat entre Attal et Barnier », Mediapart : https://www.mediapart.fr…
    • 2. Le budget de l’État s’élève à 492 milliards en 2024.
    • 3. Les chiffres clés de la Sécurité sociale 2023.
  • Service public de santé de proximité contre les déserts médicaux...

    À la campagne comme au pied des tours, la désertification médicale s’aggrave. Les délais pour obtenir un rendez-vous s’allongent. Impossible de trouver un médecin traitant pour 7 millions de personnes, dont 650 000 en affection de longue durée, tandis que l’effondrement des petites urgences en ville sature les urgences hospitalières.

    Une pénurie qui va s’aggraver quand on sait que 47 % des médecins ont plus de 55 ans, et que seuls 7 984 postes d’interne ont été ouverts cette année, alors que Gabriel Attal avait promis dans le Parisien de former 16 000 médecins par an d’ici 2027 !

    Former et titulariser

    La première exigence, c’est de former plus de médecins et de professionnels de santé. C’est un tout autre chemin que suit le projet de budget d’austérité de l’État et des universités, alors qu’il faudrait un plan pluriannuel avec des moyens, pour aller très vite vers 16 000 médecins formés chaque année. La deuxième exigence, c’est celle d’un salaire étudiant pour touTEs, couplé avec un engagement de service public, dans une filière élitiste qui compte moitié moins de boursiers que les autres filières universitaires. Le meilleur moyen d’avoir des installations dans les banlieues populaires et à la campagne, c’est de former des jeunes qui en sont issus et qui y feront aussi leur formation !

    Mais former un médecin prend au moins 10 ans. Alors, il y a urgence à multiplier les formations passerelles pour permettre aux infirmierEs de devenir médecins, et de reconnaître les diplômes des Padhue (PraticienNEs à diplômes hors Union européenne) qui font vivre l’hôpital depuis des années avec des statuts précaires et mal payés. Ils représentent jusqu’à 8 % des inscriptions à l’Ordre des médecins.

    Un service public de santé communautaire, avec les usagerEs !

    Profitant de la pénurie, organisée par tous les gouvernements libéraux, fleurissent les solutions de « médecine sans médecin ». Une ubérisation, synonyme de financiarisation, qui menace autant la qualité de prise en charge des patientEs que la qualité du travail et l’indépendance des professionnels. Alors le mouvement social doit porter ses propres réponses à la pénurie, à la répartition inégale et à l’exercice solitaire de la médecine libérale, centré essentiellement sur le curatif et le paiement à l’acte. D’autant que le vieillissement de la population et les polypathologies chroniques imposent une autre organisation de la médecine de ville, avec les patientEs au centre du dispositif, notamment d’éducation à la santé, les travailleurEs sociaux, l’école… Une solution globale, qui passe par la création d’un service public de santé de proximité, de centres de santé communautaire, prenant en charge le soin pluridisciplinaire, physique et psychique, la prévention, la formation des futurs médecins, la recherche, la démocratie sanitaire, en lien avec l’hôpital, dans le cadre de la gratuité permise par un 100 % Sécu.

    Ces centres de santé publics doivent d’abord ouvrir dans les déserts médicaux pour constituer demain un véritable service public de santé de proximité sur tout le territoire. Des centres de santé publics de proximité assurant aussi les petites urgences de début de nuit. Avec des médecins salariés, déchargés donc des tâches administratives chronophages de la médecine libérale, dont l’indépendance serait garantie, avec un temps de travail, des vacances, repos compensateurs et congés de maternité garantis. Une solution bien plus efficace qu’une contrainte ajoutée à l’installation des libéraux, toujours contournée en situation de pénurie, et susceptible d’attirer les jeunes médecins qui se détournent de l’exercice libéral, pour en finir avec les déserts médicaux.

    Frank Prouhet