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NPA l'Anticapitaliste 06 et 83 : le blog - Page 55

  • Quels moyens pour répondre à la souffrance des jeunes ?

    La première réponse serait évidemment de s’attaquer aux causes de cette souffrance, c’est-à-dire l’absence d’avenir offert par cette société à sa jeunesse et sa violence, ce qui supposerait d’en finir avec la précarité, le chômage, les discriminations, de promouvoir, la solidarité et les droits pour toutes et tous, à l’opposé des politiques libérales promues par le pouvoir.

    Il s’agirait ensuite d’apporter une réponse cohérente et satisfaisante en termes de soins. Aujourd’hui, la réponse à la souffrance psychique est extrêmement éclatée et peut être un véritable labyrinthe pour les enfants, les jeunes et leurs parents. 

    Une kyrielle de dispositifs qui s’empilent les uns sur les autres, sans parler des listes d’attente de 3 à 12 mois pour rencontrer unE professionnelE de soins.

    Elle recoupe de nombreux champs sociaux et professionnels. Les prises en charge psychiques s’articulent avec plus ou moins de cohésion entre la pédopsychiatrie publique, la psychiatrie libérale, le médico-­social, le social, l’associatif, l’Éducation nationale, comme les CAMPS (centres d’action médico-­sociale précoce), les CMPP (centres médico-­psycho-pédagogiques) ou encore les IME (instituts médico-éducatifs), faute de temps pour penser les prises en charge.

    Hospitalisation de secteur

    Dans le secteur public, l’ensemble du territoire a été découpé en secteurs géographiques de 80 000 habitantEs et 200 000 habitantEs pour les inter-secteurs de psychiatrie infanto-juvénile. Chaque secteur devait être doté de services d’hospitalisation complète, mais aussi de structures extra-­hospitalières : CMP (centre médico-­psychologique), hôpital de jour et CATTP (centre d’accueil thérapeutique à temps partiel). L’organisation prévoit qu’une même équipe pluridisciplinaire assure l’ensemble des soins de prévention, de cure et de post-cure. Le plus souvent ce sont des coquilles vides par manque de professionnelLEs, au mieux avec 10 % de temps médicaux.

    Coupes budgétaires

    Les coupes budgétaires des services sociaux, médico-­sociaux et de l’Éducation nationale n’améliorent pas le suivi de ses jeunes. Alors qu’il y a une réelle augmentation du nombre de jeunes sollicitant ces différents dispositifs, leurs budgets sont en diminution.

    Tout comme pour l’ensemble des hôpitaux, ces manques de budget n’ont pas épargné la psychiatrie et encore moins la psychiatrie infanto-juvénile.

    C’est pire depuis 2020, avec le nouveau financement de la psychiatrie qui repose sur une part majoritaire d’environ 75 % correspondant à une « dotation populationnelle ». Les critères de répartition prennent en compte le nombre d’habitantEs, mais aussi le niveau de précarité de la population ainsi que le nombre de mineurEs. Ensuite, viennent pour 15 % les dotations liées à l’activité, par des appels à projet : la fameuse tarification à l’activité (T2A) qui a dévasté les hôpitaux généraux 

    Contrôle des orientations thérapeutiques

    Les ARS (agences régionales de santé) multiplient ces dernières années ces appels à projet que l’on nomme les Fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie (FIOP).

    Ce fonctionnement est un puissant moyen d’imposer des visions et des orientations définies en amont par les pouvoirs publics. Le financement n’étant pas pérenne, il peut être stoppé si vous ne respectez pas les orientations dictées par les autorités. Les professionnelLEs concernéEs en viennent à intérioriser les injonctions et à s’autocensurer au moment de penser des dispositifs de soins. Car, à quoi bon s’investir dans des projets qui seront à coup sûr refusés par les instances décisionnaires ? Ou bien les personnelEs s’y investissent mais apprennent à faire plus sans réels moyens, avec des équipes en dessous des besoins.

    Faute de moyens, en raison de la pénurie de professionnelEs, des vacances de poste de pédopsychiatres (14 départements n’en ont plus) et de paramédicaux, les listes d’attente ne cessent d’augmenter. Il faut attendre entre 3 à 14 mois pour rencontrer unE professionnelLE de soins.

    Pour les jeunes les plus en difficulté, les places en IME (instituts médico-éducatifs) sont denrée rare. Quant à l’inclusion scolaire, c’est un miroir aux alouettes, sans véritables moyens, avec des AESH (accompagnantEs des élèves en situation de handicap), le plus souvent des femmes, payéEs au lance-pierres, avec une seule formation d’un an, sans véritable statut et qui jonglent sur plusieurs accompagnements.

    De ce point de vue, il n’y a rien à attendre de plus du gouvernement Bayrou en constitution que de son prédécesseur. Les effets d’annonce sur la « grande cause nationale » ne resteront que des phrases creuses si les mobilisations sociales ne s’en mêlent pas.

    En 2018, la psychiatrie avait connu un « printemps de luttes » radicales avec notamment la grève à Sotteville-lès-Rouen, accompagnée d’une grève de la faim, celle du Havre avec les « perchés » ou celle d’Amiens. Faute d’une généralisation et d’un rapport de forces suffisantes, ces luttes n’ont pu empêcher la poursuite du démantèlement de la psychiatrie camouflée par des mesures de façade comme quelques consultations gratuites de psychologues, sans possibilité de suivi, du dispositif « mon psy ».

    Là comme ailleurs, il n’y a d’autre voie que de lever les obstacles à la reprise de la mobilisation pour reprendre confiance et espoir.

    Commission santé sécu social du NPA
     
  • Le mal-être des jeunes...

    La crise du covid a mis en lumière le mal-être de la jeunesse. Malheureusement, il n’est pas nouveau, même s’il s’est accentué ces dernières années.

    Parmi les étudiantEs, 41 % présentent des symptômes dépressifs ; ils étaient 26 % avant le covid. C’est 15 points de plus en seulement quatre ans. 

    Dépression

    Leurs angoisses sont connues : difficultés économiques, études de plus en plus sélectives et donc stressantes, chômage… Et pour ne rien arranger, certains facteurs sociétaux viennent plomber le moral des jeunes. Ils citent presque tous le contexte géopolitique, avec les conflits internationaux et le dérèglement climatique, qui rend leur futur toujours plus incertain.

    Les résultats d’une enquête nationale (EnCLASS 2022) publiés le 9 avril 2024 révèlent qu’unE adolescentE sur sept présente de graves risques de dépression. La tendance est beaucoup plus marquée chez les jeunes filles. La progression la plus importante a été observée chez les jeunes adultes (18-24 ans), avec une hausse de 9 points entre 2017 (11,7 %) et 2021 (20,8 %). 

    Les personnes plus à risque d’épisode dépressif sont les jeunes de 18-24 ans, les femmes, les personnes vivant seules, les familles monoparentales, celles se déclarant pas à l’aise financièrement, au chômage ou celles ayant ressenti un impact négatif de l’épidémie de covid-19 sur leur moral.

    Suicide

    Le suicide est l’une des principales causes de décès dans le monde. Selon l’OMS, il s’agit de la 3e cause de mortalité chez les jeunes entre 15 et 29 ans. La France n’échappe pas à ce constat alarmant puisque le suicide reste la deuxième cause de mortalité.

    Selon le 5e Rapport de l’Observatoire national du suicide (2022),1 lycéenE sur 10 a déclaré avoir fait une tentative de suicide au cours de sa vie. Entre 2019 et 2021, le nombre de tentatives de suicide a augmenté de 30 % chez les 11-17 ans et 24 % des lycéenEs déclarent des pensées suicidaires ; 13 % avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie et environ 3 % une tentative avec hospitalisation.

    Des réponses inadaptées

    Le gouvernement démissionnaire avait présenté le 11 octobre 2024 les quatre objectifs prioritaires pour promouvoir la santé mentale, érigée Grande Cause nationale pour l’année 2025. La santé mentale des jeunes en faisait partie en lien avec le Collectif Santé, dont fait partie FondaMental. 

    FondaMental est une fondation de recherche psychiatrique principalement financée par le secteur privé « qui développe et promeut une vision exclusivement biologisante de la maladie mentale et des soins inspirée strictement des paradigmes neuro-comportementaux ». Elle fonctionne sur le modèle d’autres lobbys libéraux et est liée à l’Institut Montaigne, « think tank » libéral. Bref, la grande cause nationale à la sauce Macron, bien loin d’un renforcement de la psychiatrie publique… et des réponses sociales et politiques capables d’enrayer le stress des jeunes !

    Commission santé sécu social du NPA
     
  • Rotographie : une imprimerie au service des révolutions !

     

    Le NPA lance une campagne de dons pour racheter le bâtiment de Rotographie, l'imprimerie de la LCR puis du NPA et ainsi continuer l'activité de l'imprimerie au service des luttes et faire de ce lieu un local militant avec une librairie et des espaces de réunion. Créée en 1976, Rotographie s'est aussi mis au service des luttes internationales et notamment des mouvements révolutionnaires en Amérique du Sud, et ailleurs. Découvrez une partie de cette histoire grâce à cette séquence d'images inédites du documentaire "Rouge, la couleur qui annonce le journal"

    Campagne de dons :
    http://don.npa-lanticapitaliste.org

    Infos et dates de projections du documentaire :
    https://lanticapitaliste.org/videos/un-documentaire-sur-rouge-le-quotidien-de-la-lcr

  • À Mayotte, même dans la mort, ils restent des clandestins...

    Combien de morts à Mayotte après le passage du cyclone Chido ? Pour l’instant plusieurs dizaines sont certaines, mais de manière assez ahurissante, le préfet de Mayotte parle de plusieurs centaines, plusieurs milliers peut-être.

    Le nombre précis a-t-il une quelconque importance pour les autorités françaises, totalement indifférentes aux milliers de noyades survenues dans le bras de mer entre Anjouan et Mayotte depuis vingt ans ?

    Un bilan très lourd

    Il est d’ailleurs précisé que si le bilan est aussi lourd c’est parce que les gens n’ont pas voulu se rendre dans les abris avant l’arrivée du cyclone de peur d’être victimes d’arrestation et d’expulsion. C’est de leur faute en quelque sorte ! On oublie par là que la chasse aux clandestins accélérée par les opérations Wuambushu de Darmanin en 2023 et 2024 s’est déroulée autour des rares points d’eau collectifs, devant les hôpitaux et les centres de santé avec l’aide des milices locales, autour ou dans les écoles dans lesquelles des groupes de « citoyennes » venaient extraire les enfants dits non-MahoraisEs.

    Les raisons de se méfier étaient en effet sérieuses, la crainte des forces de l’ordre et des milices s’est révélée plus forte que celle du cyclone.

    Une solidarité nationale à géométrie variable

    Alors que l’île a pris des allures apocalyptiques, que les familles cherchent partout leurs disparus sous les décombres, sur l’antenne de France Inter le 17 décembre, la députée de Mayotte, Estelle Youssouffa, bien connue pour ses propos incendiaires anti-ComorienNEs, appelle à un renforcement des effectifs de police et de gendarmerie au prétexte que « des pillages et des exactions se seraient produits ». Dans le même temps des soignants indiquent qu’il n’y plus de soluté de perfusion, aucun vaccin et que plus de 500 personnes sont en attente pour les services de traumatologie à l’hôpital, que le nombre des disparus est « invraisemblable ».

    Et on entend sur les ondes de la radio publique « qu’il faut aider nos compatriotes ». Les clandestins sont sous les radars de la solidarité nationale.

    La situation actuelle est dramatique parce que l’État français a considéré depuis longtemps que le sort des populations locales importait peu. La majorité des habitantEs de Mayotte ont été placés dans une situation de précarité et de vulnérabilité extrême, ce qui a considérablement amplifié l’impact du cyclone. Les problèmes de logement, d’accès à l’eau, d’accès aux soins, aux services publics tout cela est parfaitement connu depuis longtemps. Mais pour des raisons dégueulasses, le choix a été fait d’enfoncer encore davantage la population dans la misère et le désespoir. Dans ce domaine également la responsabilité des gouvernements Macron est immense.

    Dans l’immédiat tout doit être fait pour réparer les dégâts du cyclone mais aussi de la politique coloniale française. En particulier aucune condition de nationalité ne doit s’opposer à la nécessaire solidarité en direction de TOUTES les habitantEs de Mayotte. Cela quoiqu’en dise des gens comme Youssouffa et ses miliciens.

    Philippe Azema

  • Gaza : chaque heure qui passe est une heure de génocide de trop...

    Nous publions le texte de notre camarade lu lors de la manifestation en soutien au peuple palestinien. Sans relâche.

    Les symboles protègent-ils des bombes ? De la famine ? Quand on est face à l’horreur absolue, un geste symbolique n’est que cynisme et médiocrité. Les PalestinienNEs attendent le cessez-le-feu. Pas trois mots couchés sur le papier par 158 pays votant une résolution qui restera lettre morte. Une manière simple, pour ces États, de faire bonne figure à peu de frais et de se donner bonne conscience. Quelle hypocrisie ! Les mots ne suffisent pas à se ranger du côté du droit. Nous attendons de ces 158 pays des actes, maintenant, un embargo sur les armes et des pressions concrètes, drastiques, sur Israël. Maintenant. Chaque heure qui passe à Gaza est une heure de génocide de trop ; une heure de massacres, de souffrance, de dévastation, de faim. L’humanité perd deux enfants toutes les heures à Gaza. Les enfants comme leurs parents survivent avec 240 calories par jour1.

    Où le droit international ?

    Les PalestinienNEs n’ont que faire d’une faveur de papier. Ils ne demandent pas la charité, mais le respect du droit. Le cessez-le-feu est un impératif catégorique, mais aussi juridique. « Aucun endroit au monde n’a connu des violations du droit international et du droit humanitaire international aussi outrancières qu’à Gaza. Ce qui se passe à Gaza montre qu’il n’y a pas de droit international. Le droit international obéit aux puissants », dénonce Mustafa Barghouti2.

    Israël n’a pas le droit de réduire à néant toute une société. Israël n’a pas le droit de transformer Gaza en cimetière – cimetière pour enfants, cimetière du droit. Quelles que soient les excuses qu’on lui trouve. Riyad Mansour : « Rien ne peut ni ne pourra jamais justifier un génocide. Il n’existe aucun droit – ni celui à la légitime défense, ni aucun autre – qui autorise le massacre et la destruction d’un peuple3. »

    Pour imposer le droit, il existe un moyen simple : la fin de l’impunité, des sanctions envers l’État génocidaire. Mais voilà, les dirigeants occidentaux ont besoin d’être appuyés par les groupes d’influence pro-israéliens, ils ont envie d’être plébiscités par les lobbys sionistes. Ils veulent continuer à collaborer avec Israël au sein d’un même complexe militaro-industriel ; ils veulent œuvrer à toujours plus de convergence idéologique et d’intérêts avec Israël. Israël a réussi à faire accepter les attaques sur les civilEs, y compris les médecins et les humanitaires, la famine organisée, la destruction massive et délibérée de toutes les infrastructures civiles, le déplacement forcé de masse, la torture systématique et la colonisation comme des agissements légitimes tant qu’ils sont commis par Israël.

    « Les Palestiniens n’attendent plus rien des Occidentaux. Ils attendent la mort », exprime le poète palestinien Mosab Abu Toha4.

    Un administrateur du Programme de développement des Nations unies, témoignant d’une longue expérience de situations de désastre, déclare n’avoir « jamais vu un tel niveau de dévastation qu’à Gaza dans toute [sa] carrière5. »

    Génocide

    Mais quand les médias daignent évoquer Gaza, c’est pour justifier tel massacre de civilEs par telle « cible militaire ». Les médias répètent ad nauseam la fable des « boucliers humains ». Or la présence de combattants dans des zones peuplées de civilEs ne fait pas de ceux-ci des boucliers humains. À ce propos, qui a son QG militaire en plein centre de Tel Aviv ? En outre, la présence de combattants dans des zones civiles n’annule pas le statut protégé de ces zones, en d’autres termes elle n’en fait pas une cible militaire légitime. Heureusement pour Israël, dont les hôpitaux civils, tout comme les quartiers et les écoles regorgent de soldats armés. D’autre part, si les rapports successifs émanant de différentes ONG au fil des années6, ainsi que les témoignages recueillis depuis quatorze mois7, ont tous démenti l’usage de boucliers humains par la résistance palestinienne, tous ont aussi conclu au recours systématique à cette pratique illégale par l’occupant depuis 1967 au moins. De toute façon, quoi qu’il en soit, les principes élémentaires de précaution, de distinction et de proportionnalité doivent toujours prévaloir, au regard de la 4e Convention de Genève. « Le problème n’est pas ce que nous faisons ; le problème est que nous existions », résume un autre poète palestinien, Mohammed al Kurd8.

    Imaginons un court instant, avec Susan Abulhawa, une inversion des rôles : « Si depuis 80 ans, les PalestinienNEs volaient les maisons des Israéliens ; s’ils les emprisonnaient, les empoisonnaient, les torturaient, les tuaient, les violaient ; si les PalestinienNEs avaient assassiné 300 000 IsraélienNEs en un an, ciblant leurs journalistes, leurs intellectuelLEs, leurs soignants, leurs artistes ; si les PalestinienNEs avaient bombardé chaque hôpital, chaque université, chaque bibliothèque, musée, centre culturel ; si les PalestinienNEs bombardaient les IsraélienNEs dans des zones désignées comme sûres, les brûlaient vifs, leur coupaient la nourriture, l’eau, les biens médicaux ; si les enfants israéliens étaient contraints de recueillir dans des sacs en plastique les restes de chair de leurs parents, d’enterrer leurs frères et sœurs, leurs cousins, leurs amis ; si nous les terrorisions tant que leurs enfants en perdent les cheveux, la mémoire, la raison et que des enfants de 4 ou 5 ans meurent de crise cardiaque ; si nous condamnions les bébés à mourir dans leurs couveuses, privés d’oxygène et de chaleur, les laissant seuls jusqu’à leur décomposition ; si nous ouvrions le feu sur la foule israélienne affamée ; si un sniper palestinien se vantait d’avoir ciblé quarante-deux rotules en un jour [comme l’a fait un sniper israélien en 2018] ; si un Palestinien se vantait sur CNN d’avoir écrasé des centaines d’IsraélienNEs avec son tank ; si nous violions systématiquement les médecins, les patientEs et les autres prisonnierEs avec des tiges de métal brûlant et des baguettes électrifiées, parfois à mort comme le Dr. Adnan al-Bursh et d’autres ; si nous décorions nos tanks avec les jouets des enfants israéliens que nous aurions massacrés ; si le monde assistait en live au génocide des IsraélienNEs, il n’y aurait pas de débat pour savoir s’il s’agit de terrorisme ou de génocide9. »

    Je voudrais terminer par une pensée pour Said Jouda, le dernier chirurgien orthopédiste de Gaza, assassiné jeudi lors d’un trajet entre l’hôpital Kamal Adwan et l’hôpital al-Awda. Il s’agit du 1057e soignant assassiné par l’occupant à Gaza. Il avait perdu son neveu la veille et son fils la semaine précédente.

    Une pensée pour la journaliste Iman al-Shanti, 36 ans, assassinée chez elle, à Sheikh Radwan, mercredi, avec son mari et trois de ses enfants. Son dernier tweet : « Comment se fait-il que nous soyons encore en vie ? Que Dieu accorde sa miséricorde aux martyrs10. » Une pensée pour Shadi al-Salafati et Wassim al-Shawa, photojournalistes assassinés hier par l’occupant à Nuseirat. Pour Mohammed al-Balusha, journaliste assassiné ce matin à al-Saftawi. Il s’agit du 195e journaliste assassiné à Gaza par l’occupant. C’est lui qui avait révélé au monde les prématurés décomposés dans les couveuses de l’hôpital al-NAsser, auxquels fait allusion Susan Abulhawa.

    Une pensée pour ces deux petits garçons très dignes, priant à travers leurs larmes, à côté des linceuls alignés de leur famille.

    Une pensée pour cette vieille femme, courant, seule, courbée sur un nouveau-né qu’elle serre contre elle. Puissent ces quatre vies fragiles, à la merci des bombes et de la famine, traverser saines et sauves le génocide.

    Marie Schwab, le 14 décembre 2024

    • 1. Oxfam, People in northern Gaza forced to survive on 145 calories a day, 3 avril 2024.
    • 2. Experts: International law has failed Gaza (vidéo), Al Jazeera, 10 décembre 2024.
    • 3. Riyad Mansour, General Assembly Security Council, Tenth emergency special session, A/ES-10/1012-S/2024/719, 8 octobre 2024.
    • 4. Mosab Abu Toha, 17 novembre 2024. Source : probablement Al Jazeera, Live updates (pages non archivées après clôture). Désolée pour cette approximation.
    • 5. Haoliang Xu cité dans : Israeli drone attack on aid convoy kills 12 as hunger crisis deepens, Al Jazeera,12 décembre 2024.
    • 6. Craig Mokhiber, Every accusation a confession: Israel and the double lie of ‘human shields’, Mondoweiss, 21 septembre 2024.
    • 7. Voir notamment Alain Gresh, Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir, Les Liens qui libèrent, 2024, p. 19.
    • 8. Mohammed El-Kurd | This House Believes Israel is an Apartheid State Responsible for Genocide | 1/8 (vidéo), Oxford Union, 5 décembre 2024.
    • 9. Susan Abulhawa | Israel is an Apartheid State Responsible for Genocide | 7/8 (vidéo), Oxford Union, 14 décembre 2024.
    • 10. Palestinian Information Center, 11 décembre 2024.
  • Université en danger : Réagir face au désinvestissement de l’État...

    Le 3 décembre, France Universités a été à l’initiative d’une action de mobilisation inédite pour contester les coupes budgétaires imposées à l’Enseignement supérieur et la Recherche. 

    De nature avant tout symbolique et orchestrées par le haut, les fermetures administratives des établissements n’ont toutefois pas permis une coordination avec la journée de grève de la fonction publique du 5 décembre, ­particulièrement suivie par le secteur de l’éducation. 

    Des décennies de politiques austéritaires 

    Les syndicats ont pointé à juste titre que l’étranglement budgétaire actuel est la suite logique des politiques austéritaires appliquées avec zèle par les directions depuis des décennies. L’autonomie des établissements mise en place par Sarkozy-Pécresse à partir de 2007 avec la loi Libertés et responsabilités des universités (LRU) et via les « responsabilités et compétences élargies » a accéléré le désinvestissement de l’État, la mise en concurrence des établissements et leur soumission aux lois du marché.

    Aujourd’hui, la plupart des universités sont sous-dotées et les conditions de travail et d’étude se détériorent : gel du point d’indice ; gel de postes ; délabrement des bâtiments ; individualisation du salaire ; précarité à tous les étages ; fermetures et restrictions d’accès aux formations…

    À l’Université de Lille, 40 % des emplois sont précaires, 16 amphithéâtres ont été fermés à cause de la présence d’amiante dans les systèmes d’aération. Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé : le patrimoine immobilier universitaire se trouve dans un état de délabrement très avancé et sa réhabilitation est chiffrée à 15 milliards d’euros.

    Des baisses budgétaires indécentes 

    Pour 2025, le ministère avait demandé un effort de 350 millions, représentant environ 3 % du budget des universités. La structure des dépenses a significativement évolué ces dernières années, avec une baisse régulière de la part de l’État et des collectivités locales au profit des entreprises1. Le budget de l’enseignement supérieur par étudiantE a baissé de près de 22 % entre 2012 et 2023. À cela, il faut ajouter les coupes budgétaires de 954 millions d’euros en 2024. D’une façon générale, à travers les 7,8 milliards d’euros du CIR (Crédit impôt recherche), niche fiscale qui profite à quelques grands groupes capitalistes et bien peu à la recherche, ou encore les 25 milliards de l’apprentissage, l’État opère un transfert d’argent public massif vers le privé. 

    La guerre au statut de fonctionnaire

    Jugé trop protecteur en matière de libertés académiques et syndicales et accusé d’encourager la « fainéantise », le statut de fonctionnaire constitue la cible privilégiée des réactionnaires. Le gouvernement de Michel Barnier n’a pas dérogé à cette règle. Avant la censure, il avait proposé trois journées de carence pour les agentEs publics en cas d’arrêt maladie et la baisse de l’indemnisation (90 % au lieu de 100 %) sous prétexte de rétablir une égalité entre fonctionnaires et salariéEs du privé. Une vieille recette pour diviser les ­travailleurEs et détourner leur attention de la crise.

    Sauver l’ESR ! Sauver nos services publics !

    Pour sauver l’ESR, il faudra s’opposer à l’acte II de l’autonomie, lutter contre l’atomisation, les mesures qui détruisent les protections collectives, les baisses du budget et la privatisation. Nous devrons nous saisir des prochaines dates de mobilisation pour construire un mouvement social puissant contre l’austérité et la casse des services publics, pour l’augmentation du SMIC et du point d’indice des agentEs, pour l’interdiction des licenciements et le financement pérenne de l’ESR et de toute la fonction publique.

    Hélène Marra

  • Lafarge, laisse béton !

    Les 19 et 20 décembre, aura lieu le procès des 9 « inculpéEs Lafarge », à Évreux dans l’Eure.

    Un procès très politique à l’image de la répression qui s’abat sur les opposantEs à la marche destructrice du système capitaliste. La solidarité et la combativité s’imposent.

    Le béton : 8 % des émissions de CO2 par an

    En décembre 2023, des actions ont été menées par plus de 200 organisations écologistes, paysannes, syndicales, comités locaux des Soulèvements de la Terre et collectifs d’habitantEs en lutte contre l’artificialisation des terres, pour « mettre à l’arrêt la machine de mort » que représente l’industrie du béton. Le site Lafarge de Val-de-Reuil, dans l’Eure, fut investi par une soixantaine de militantEs pendant une dizaine de minutes. L’occasion aussi de protester contre le projet autoroutier A133-134 qui menace de détruire des centaines d’hectares de terres agricoles et forestières.

    C’est qui les terroristes ?

    En avril 2024, 17 personnes supposées avoir participé à l’action ont été interpellées chez elles, par des membres de l’antiterrorisme cagoulés et armés, défonçant les portes au bélier, y compris en se trompant d’adresse, traumatisant des voisins plongés dans l’incompréhension. Arrêtées, emmenées à différents endroits, interrogées 76 heures durant pour certaines d’entre elles, dont deux camarades du NPA d’Alençon (dont Christine Coulon, institutrice retraitée, militante depuis longtemps de notre courant politique et conseillère municipale durant trois mandats), elles ont été traitées comme de dangereux criminels : 8 furent relaxées par le tribunal d’Évreux, 9 seront jugées pour « association de malfaiteurs, dégradations de biens privés, séquestration » et encourent jusqu’à 10 ans de prison et une amende de 540 000 euros de dommages et intérêts réclamés par Lafarge. Or, des dirigeants de Lafarge, leader mondial du ciment seront jugés en 2025 pour « financement d’une entreprise terroriste », « complicité de crimes contre l’humanité », « violation d’un embargo » et « mise en danger de la vie d’autrui » en raison du soupçon de financement entre 2011 et 2015 de plusieurs organisations terroristes, dont l’État islamique, dans le but de maintenir son activité en Syrie. 

    La solidarité, notre arme 

    Une tribune de soutien a été signée par des organisations et des personnalités, dont nos camarades Christine Poupin, Philippe Poutou et Olivier Besancenot, ainsi que Clémence Guetté et Mathilde Panot de LFI, Guillaume Meurice, Cyril Dion, le député PS Philippe Brun. Des visuels circulent sur les réseaux sociaux, une cagnotte solidaire est en place. Le 14 décembre, une fête est organisée à Alençon (expo, concerts). Les 19 et 20 décembre, deux jours de soutien se préparent à Évreux : conférence de presse à l’entrée au tribunal, des tables rondes sur l’industrie du béton et sur la répression avec Cathy Billard pour le NPA-l’Anticapitaliste, un concert, des stands et un marché de Noël militant. Le NPA y prend toute sa part dans le refus de la criminalisation des mouvements de riposte à la destruction du monde. 

    Commission nationale écologie

  • Attal, Barnier, Bayrou : les dénis de Macron...

    Toujours pas ! Le compte n’y est toujours pas. En nommant cette fois-ci son vieux parrain François Bayrou, Macron croit, comme avec Michel Barnier hier, pouvoir démontrer que « c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes ».

    Officiellement, Macron a reçu cette semaine les partis, sauf LFI et le RN, en expliquant que « personne autour de la table ne voulait être dans la dépendance du Rassemblement national », comme l’a confié Boris Vallaud, chef de file des députés PS. En réalité, Macron bégaye. Il nomme un Premier ministre qui ne peut survivre qu’avec la bienveillance de Marine Le Pen. Il poursuit dans le déni démocratique en ne reconnaissant pas la nécessité de nommer un Premier ministre issu du NFP et il continue d’ignorer totalement son illégitimité de président !

    François Bayrou rêvait du poste. Macron ne s’y est pas trompé. Il place son parrain pour continuer à être bienveillant avec le RN. D’autant que François Bayrou partage avec Marine Le Pen les mêmes problèmes judiciaires et qu’il pourrait être compréhensif pour les petits soucis de Le Pen. Jordan Bardella vient d’ailleurs de confirmer qu’« il n’y aura pas de censure a priori ».

    Plus que jamais, le RN est au centre du jeu politique : c’est lui qui va définir les lignes rouges du futur budget, imposer de nouvelles lois racistes et faire tomber la marionnette Bayrou quand il en aura envie. Un nouveau sondage présidentiel montre de plus que le RN a encore gagné du terrain cet automne. Drôle de fin de carrière pour le démocrate-chrétien Bayrou que d’être à la tête d’un gouvernement libéral-autoritaire et la marionnette du RN !

    Notre réponse doit être immédiate. « Deux choix s’offriront aux députés : le soutien au sauvetage de Macron ou la censure » a déclaré Mathilde Panot, représentante des députés LFI. Mais la censure d’un tel gouvernement, avec la menace que représente le RN pour les intérêts de tous les travailleurEs, pour la justice sociale et le partage des richesses, pour la démocratie et l’écologie, ne peut avoir lieu seulement à l’Assemblée nationale. 

    Le NFP dans son ensemble – partis, syndicats et associations – doit se mobiliser, renforcer la construction de comités à la base, promouvoir au quotidien des combats antiracistes et impliquer largement toutes celles et ceux qui ont voté pour son programme dans un vaste mouvement démocratique capable de remettre en cause les institutions anti-démocratiques de la 5e République, vers un processus constituant. Aucune solution ne viendra d’un homme ou d’une femme providentielle. Celles et ceux qui se sont battuEs et se battent contre l’extrême droite et la politique de Macron ont la clé pour les faire dégager et imposer les mesures sociales, écologiques et démocratiques du NFP. 

    L’ensemble des composantes du NFP doit se réunir pour prendre toutes initiatives nécessaires afin de mettre fin à cette mascarade dangereuse.

  • Journée internationale des migrant·es : solidarité et mobilisation !

    L’origine de cette journée est l’adoption le 18 décembre 1990 de la Convention internationale des « Droits des travailleurs migrants et de leur famille » par l’OIM (Organisation internationale des migrations, agence de l’ONU). Comme la CIDE (Cour internationale des droits de l’enfant), ses pouvoirs sont limités et piétinés par les États, les droits des exiléEs sont bafoués. Tandis que les marchandises et les capitaux circulent librement sur la planète, les déplacements des humains sont surveillés, entravés, empêchés, interdits, réprimés. La date du 18 décembre a été reprise au cours des luttes comme rendez-vous annuel international des mobilisations pour la défense des migrantEs. Par Victorine Laforge et Julie Piedra

  • Grève du 5 décembre, pour la défense des services publics...

    Le gouvernement Barnier avait promis des attaques frontales contre les services publics, déjà bien amochés par sept ans de macronisme féroce. Bien sûr, le point d’indice des salaires des fonctionnaires est resté gelé, alors que l’inflation se fait sentir pour toutEs. 

    Au-delà, Kasbarian — que personne ne regrettera à son poste de ministre de la Transformation de l’action publique — avait décidé de s’attaquer à la santé des fonctionnaires en décrétant trois jours de carence d’indemnisation en cas d’arrêt maladie et un plafonnement à 90 % des remboursements des journées d’arrêt maladie. 

    Anne Genetet, éphémère ministre de l’Éducation nationale et députée des Français hors de France se croyait encore à Koh-Lanta et voulait une sentence irrévocable pour la scolarité des jeunes : l’obtention du diplôme du brevet devait devenir obligatoire pour passer au lycée. Avec l’acte II du « Choc des savoirs », les « groupes de besoins » allaient se généraliser et ainsi empêcher toute poursuite d’étude aux élèves les plus faibles dès la sixième… 

    La crise institutionnelle s’approfondit, notre colère aussi

    La journée de grève du 5 décembre, appelée par les 7 centrales syndicales de la fonction publique, prenait une autre ampleur lorsque nous apprenions, la veille au soir, que le gouvernement Barnier était censuré par l’Assemblée nationale, une première en France depuis 1962. Cela n’a pas entamé la détermination des grévistes : 65 % des enseignantEs dans le premier degré et 54 % dans les collèges et lycées, selon la FSU. Des assemblées générales, aux effectifs certes limités, de grévistes se sont tenues dans diverses villes pour discuter des suites de cette journée, dont les plus déterminées parlaient de reconduire la grève le jeudi 12 décembre. Les 180 manifestations ont rassemblé plus de 200 000 personnes.

    Le plan Barnier est inadmissible pour l’ensemble de la population. Après sa chute, le RN se met en embuscade pour gouverner le pays, ce qui serait un danger mortel pour les services publics et pour l’école1. Nous devons mettre en place un rapport de forces suffisant pour exiger quatre revendications élémentaires. D’abord, le retrait immédiat de la dernière réforme des retraites ; ensuite qu’il n’y ait plus aucun jour de carence pour les fonctionnaires ; que les salaires soient indexés sur l’inflation, seul moyen de lutter efficacement contre cette dernière. Et enfin, nous voulons un plan d’urgence d’embauches et d’augmentation de salaires dans tous les services publics, à l’image des revendications des enseignantEs de Seine-Saint-Denis l’année dernière. Et si Macron refuse cela, alors il dégage. Simple. Basique.

    Des rebonds en demi-ton

    Malheureusement, les centrales syndicales de la fonction publique ont sans doute été refroidies par les frimas de l’automne finissant. L’intersyndicale à 8 constate que « notre pays traverse une situation inédite », mais ne propose pas qu’elles restent « en contact étroit ». Plus restreint, la CGT, la FSU et Solidaires « appellent les agentEs publics à se mobiliser lors d’une semaine d’actions sectorielles et territoriales, de rassemblements, et d’expression revendicative, à compter du 9 décembre, avec un temps fort pouvant aller jusqu’à la grève. » Nous ne sommes pas certainEs que cela fera tousser l’Élysée. Il nous paraît indispensable de construire pied à pied un mouvement de grève massif et auto-organisé pour obtenir satisfaction de nos revendications. On ne sait pas si on aura un gouvernement dans les prochains jours mais notre objectif pour le 12 décembre est de renforcer l’avertissement : l’exécutif sera sous surveillance des salariéEs du public et du privé, prêt à livrer bataille contre eux et l’extrême droite.

    Commission Éducation nationale

    • 1. Lire Raphaël Alberto, Tamara DeVita, « L’extrême droite, un danger mortel (aussi) pour l’école », revue l’Anticapitaliste n° 160, octobre 2024.