Après une courte période de reprise du dialogue, la tension entre l’Algérie et la France s’est accentuée et a escaladé encore d’un cran. Démarrée en août dernier à la suite de la reconnaissance de la légitimité coloniale du Maroc sur le Sahara occidental, elle n’a fait que s’aggraver depuis et représente le niveau le plus grave jamais atteint depuis l’indépendance en 1962.
Actualités internationales... - Page 3
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Tension avec l’Algérie, les frustrations du colon...
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Chikungunya à la Réunion : chronique d’un fiasco...
L’épidémie précédente de « chik » en 2005-2006 avait très fortement marqué la population réunionnaise. Tout d’abord, il avait fallu un certain temps pour identifier la maladie, puis les personnes infectées en très grand nombre, près de 260 000 au total, avaient été très diminuées dans leurs capacités physiques, parfois pendant des mois. Plus de 200 personnes étaient décédées et un très grand nombre (les proportions varient de 15 à 70% selon les études) présentaient encore des douleurs importantes plusieurs années après. On est donc assez loin d’un rhume.
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Gaza : « La démission du monde est plus douloureuse que la guerre elle-même »...
Des lits d’hôpitaux chargés de blessés qu’on pousse dans un noir d’encre, achoppant sans cesse contre les gravats ; des parents qui arrachent leur enfant au respirateur artificiel et l’emportent en courant dans la nuit. Yousef Abu Sakran raconte comment il a saisi son fils Mohammad, 5 ans, brûlé au troisième degré au dos et aux jambes : « J’ai pris mon fils et j’ai couru avec lui. Il hurlait de douleur, ses brûlures et ses blessures saignaient énormément. Ils bombardent nos maisons sur nos têtes puis les hôpitaux où les blessés sont soignés. Où aller à présent ?»1
L’hôpital al-Ahli, bombardé par l’occupant dans la nuit du 13 avril, recevait chaque jour des dizaines de blessés. La pharmacie a été détruite, privant les patientEs du peu de médication qu’ils recevaient. Aujourd’hui à Gaza, être blessé de blessures que partout ailleurs au monde on pourrait soigner, c’est être condamné à mort. « À présent, Gaza est sans hôpital », commente Anas el-Sharif. « Cet hôpital était la vie des familles palestiniennes. Nous mourrons en silence, sans soins médicaux, dans les massacres qui continuent. L’occupant extermine toute vie ici2. »
Des crimes de guerre qui sont la règle depuis 2006
Le bombardement d’al-Ahli est choquant, mais tout sauf surprenant dans la logique de l’impunité. Dans un monde cynique où les puissants se rangent aux côtés des plus forts, la force fait le droit. C’est aussi simple que ça. Le 17 octobre 2023, l’occupant avait bombardé une première fois al-Ahli, assassinant au moins 500 PalestinienNEs. C’était le test ultime, passé avec succès. À l’époque, l’occupant avait jugé bon de faire gober qu’un missile artisanal palestinien était à l’origine de ce cataclysme que seules des bombes d’une tonne ultra perfectionnées peuvent occasionner. Une fois de plus, l’Occident avait fait semblant de croire à ces mensonges, et depuis tout est permis. Mais rappelons que de fait, le crime de guerre que constitue le ciblage des hôpitaux, des ambulances et des soignants est la règle à Gaza depuis 2006.
Partout dans le monde, en cas d’urgence, les secours affluent de toute part pour renforcer la réponse médicale et humanitaire. À Gaza, le processus est inversé : plus les besoins augmentent, moins il y a de quoi y faire face. L’occupant empêche les médecins d’entrer, bloque toute arrivée de biens médicaux depuis le 2 mars, et empêche les évacuations de patients. « Gaza n’est pas un endroit où il fait bon être malade », constate Ahmad al-Najjar, journaliste à Gaza3.
Gaza est aussi le dernier endroit au monde où naître, où grandir, où être parent – où vivre. À Gaza, il n’y a plus que deux couleurs : le gris de la mort, des gravats, qui colle aux visages, aux cheveux, et le rouge du sang. « Mieux vaut être en enfer qu’à Gaza », résume le Dr. Mads Gilbert4.
Soutien occidental à la Nakba
Cela n’est pas le résultat d’une malédiction qui frapperait les PalestinienNEs, mais la conséquence logique de 77 ans de soutien occidental sans faille à la politique de « Nakba structurelle » menée par l’occupant, selon les termes du juriste international Ardi Imseis5.
« Quelle armée au monde est assez lâche, assez sadique pour attaquer, en pleine nuit, des blessés et des malades, des médecins et des infirmiers ? On n’assiste pas seulement à l’effondrement d’un système de soins, mais à l’effondrement de la colonne vertébrale morale des gouvernements occidentaux qui ne réagissent pas », dénonce Dr. Mads Gilbert. « L’armée d’occupation n’a pas le courage de s’attaquer à la résistance armée mais s’attaque à la société civile. Leur but est de briser la fabrique sociale de la société palestinienne, c’est pourquoi ils détruisent les universités, les écoles, les archives, les bibliothèques, les hôpitaux, les ambulances. Le but n’est pas d’éradiquer le Hamas mais le peuple palestinien ; ça porte un nom : le nettoyage ethnique6. »
À Gaza, tout le monde a perdu quelqu’un. Et certains ont perdu tout le monde. En trois semaines, l’ONU a répertorié 36 bombardements ayant tué uniquement des femmes et des enfants7.
Aucun parent au monde ne devrait embrasser le petit visage de son enfant enveloppé dans un linceul blanc maculé de sang. Aucun enfant au monde ne devrait se retrouver seul, s’agrippant au corps sans vie de ses parents qu’on emporte. Personne ne devrait jamais être amené à entendre, impuissant, les appels de son ami coincé sous les décombres, que rien ni personne ne pourra secourir.
80 personnes n’ont pu être sorties des gravats mercredi dernier dans un énième massacre à Shuja’iya. Aucun parent au monde ne devrait connaître la peine de Um Ibrahim et Zaki Abu Mahadi, qui en une fraction de seconde ont perdu leurs six fils, ciblés alors qu’ils distribuaient de l’aide lundi à Deir el Balah – le plus jeune avait 10 ans. Aucun médecin au monde ne devrait regretter d’avoir choisi d’amputer des deux bras un bébé de huit mois plutôt que de le laisser mourir. Aucun parent au monde ne devrait être confronté, dévasté, à l’agonie de son enfant par malnutrition. Aujourd’hui, 60 000 enfants de moins de 5 ans encourent de grands risques de présenter des complications et des troubles neurologiques irréversibles en raison du manque d’eau et de nourriture8. Aujourd’hui, à Gaza, le risque de mourir de déshydratation est encore plus grand que le risque de mourir bombardé9.
L’occupant est perpétuellement considéré comme la victime
L’impunité mène dans un implacable mécanisme à la banalisation de l’horreur, à la normalisation d’un processus d’escalade en termes de violations du droit, de violence infligée à une population occupée. Les PalestinienNEs sont délibérément abandonnés à la violence coloniale, sacrifiés sur l’autel de la domination blanche, du suprémacisme sioniste, et l’occupant est perpétuellement considéré comme la victime, quels que soient les crimes qu’il commet.
« En tant que fils de survivants de l’Holocauste, il m’était difficile de faire l’analogie avec les Nazis. Mais au fil des mois, il est devenu très difficile de regarder le génocide à Gaza sans penser aux images atroces de ce que les Nazis ont fait aux Juifs », selon Andrew Feinstein. « La puissance occupante, dotée de l’arme nucléaire, armée jusqu’aux dents par la superpuissance américaine, se pose en victime. C’est une psychose. Ce qui se passe à Gaza est un holocauste. Netanyahou et Trump parlent ouvertement de leur intention finale, qui est le nettoyage ethnique du peuple palestinien. Celui qui marche comme un fasciste, qui parle comme un fasciste, qui assassine les enfants comme un fasciste est un fasciste sanguinaire10. »
Répétons qu’alors que l’occupation est fondamentalement illégale et reconnue comme un crime de guerre par la plus haute cour du monde (CIJ 19.7.2024), le droit international reconnaît la légalité de la résistance palestinienne, « par tous les moyens à disposition »11. Rappelons, avec Daud Abdullah, qu’« aucun mouvement de libération ne s’engage dans la lutte armée dans le simple but de se battre ; il s’agit toujours d’un des moyens pour atteindre un but, pas d’un but en soi. […] Comme Khaled Meshaal, ancien chef du bureau politique du Hamas l’explique : “Le Hamas n’est pas un groupe militaire, mais un mouvement de libération nationale” »12. Rappelons, à toutes fins utiles, qu’un acte illégal de résistance ne délégitime pas la résistance.
Chaque souffle de vie est un combat à Gaza
Rappelons que le Hamas demande depuis 2009 la tenue d’élections et s’est toujours dit prêt à laisser le pouvoir immédiatement à tout gouvernement d’union nationale intérimaire.
Rappelons qu’à de nombreuses reprises, le Hamas a proposé de déposer les armes dans le cadre d’une trêve de plusieurs décennies en échange de la fin de l’occupation. Ahmad Yassine, Abdelaziz al-Rantissi et Ahmad Jabari ont été assassinés par l’occupant pour avoir fait une telle offre13. En avril 2024, le Hamas a réitéré la même proposition, ainsi qu’en mars dernier. L’occupant a réagi promptement par le carnage de centaines de PalestinienNEs le 18 mars.
Rappelons enfin que le 16 janvier a été conclu un accord de cessez-le-feu devant mener à la libération de tous les captifs israéliens, à la fin totale de la guerre et au retrait de l’occupant. Durant le cessez-le-feu, comme nous le savons, plus de 150 PalestinienNEs ont été assassinés par l’occupant par ciblage direct, et Israël impose depuis 50 jours un blocus total sur tout : nourriture, biens médicaux, fuel, capacité à fournir de l’eau. Israël dit ouvertement se servir du blocus comme moyen de pression. L’objectif est clair et claironné : le nettoyage ethnique de la bande de Gaza.
Comment attendre de la résistance palestinienne qu’elle libère les captifs sans aucun horizon politique ? L’occupant réduit sa proposition de trêve à un échange de prisonniers pour ensuite à nouveau bombarder, affamer, occuper, confisquer. Quelle injure, quel cynisme ! Comment nos médias peuvent-ils laisser entendre que les cartes seraient dans les mains de la résistance ? C’est obscène et grotesque. En revanche, le Hamas se dit prêt à toute proposition menant à un cessez-le-feu permanent et au retrait de l’armée d’occupation. «Nous ne reviendrons pas sur nos demandes légitimes : arrêt total de la guerre, retrait des forces israéliennes, reconstruction de Gaza», pose le Hamas14. Il s’agit, ni plus ni moins, de ce à quoi l’occupant s’était engagé le 16 janvier lors de la conclusion des termes du cessez-le-feu. À maintes reprises, le Hamas a proposé de libérer tous les captifs en une fois en échange du retrait de l’armée d’occupation et de la fin de la guerre, et a encore rappelé sa position jeudi15.
« Il n’y a pas une occupation du terrain et une indépendance des personnes. C’est le pays global, son histoire, sa pulsation quotidienne qui sont contestés, défigurés, dans l’espoir d’un définitif anéantissement. Dans ces conditions, la respiration de l’individu est (…) une respiration de combat. », Franz Fanon16.
Je voudrais terminer par une pensée pour Alaa Manoun, enceinte, survivante dimanche à Jabaliya d’un bombardement qui a assassiné son mari, sa mère et sa fille de 2 ans.
Une pensée pour Maissa, 3 ans, sauvée des décombres, le visage en sang, dont la première parole, encore sous le béton, et sans cesse répétée depuis, déchire le cœur : « Où est maman ? ».
Marie Schwab, le 18 avril 2025
Le titre est issu des propos de Nooh al-Shaghnobi, secouriste.
- 1. Maram Humaid, How the sick and injures fled as Israel bombed Gaza’s al-Ahli Hospital, Al Jazeera, 13.4.2025 https://www.google.com/u…
- 2. Israeli forces put Gaza’s Christian hospital out of service on Palm Sunday (vidéo), Al Jazeera, 13.4.2025 https://www.google.com/u…
- 3. Can Israel continue bombing Gaza’s health services ? (vidéo) Inside story, Al Jazeera, 14.4.2025 https://www.google.com/u…
- 4. ‘I would prefer to be in hell than be in Gaza rignt now’ (vidéo), Al Jazeera, 13.4.2025 https://www.google.com/u…
- 5. The Nakba and the UN’s Permanent Responsibilitry for the Question of Palestine by Prof. Ardi Imseis, Welcome to the United Nations, 17.5.2024 https://www.google.com/u…
- 6. Can Israel continue bombing Gaza’s health services ? (vidéo) Inside story, Al Jazeera, 14.4.2025 https://www.google.com/u…
- 7. UN says 36 Israeli attacks in Gaza killed ‘only women and children’, Al Jazeera, 11.4.2025 https://www.google.com/u…
- 8. Over 60.000 children age five and under face malnutrition: UN coordinator for Mideast peace, Anadolu, 12.4.2025 https://www.google.com/u…
- 9. Gaza residents share fears of thirst after Israel destroys water ressources (vidéo), Newsfeed, Al Jazeera, 10.4.2025 https://www.google.com/u…
- 10. Andrew Feinstein, Gaza is a Holocaust and Israel is a Fascist State (vidéo), Double Down News, 9.4.2025 https://www.doubledown.n…
- 11. résolutions 2955 et 3034 de 1972, résolution 3246 de 1974, résolution 45/130 de 1990
- 12. Daud Abdullah, Histoire de la politique étrangère du Hamas, Ed. Erick Bonnier, 2023, p. 289. Traduction de Christophe Oberlin.
- 13. Respectivement en mars 2004, avril 2004, 2012.
- 14. Hamas says its approach to Cairo talks is ‘responsible and positive’, Al Jazeera, 14.4.2025.
- 15. Hamas’ Gaza chief says group ready to release all hostages (vidéo), Reuters, 17.4.2025. https://www.google.com/u…
- 16. Franz Fanon, L’an V de la révolution algérienne, Ed. François Maspero, 1959.
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Trump persiste sur l’automobile...
Après la pause ou le revirement annoncé par Trump, l’automobile demeure la seule industrie dont les taxes à l’importation aux États-Unis en provenance de tous les autres pays du monde passent de 2 % à 25 %.
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Les NoirEs, les Latinos et les immigréEs paient le prix du racisme de Trump...
L’idéologie machiste, blanche et nationaliste du président Donald Trump l’amène à s’en prendre aux femmes, aux personnes LGBT, aux travailleurEs, aux pauvres, aux handicapéEs et à d’autres personnes, mais son racisme est particulièrement frappant.
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Gaza, nous sommes toujours avec toi !
L’enfer continue à Gaza et en Cisjordanie. L’armée israélienne a rompu la trêve et repris le génocide, tuant à nouveau des milliers de femmes et d’enfants, des journalistes, des personnels médicaux. Elle ordonne une fois de plus à des milliers de Gazaouis de quitter leurs abris de fortune pour fuir on ne sait où. Et en Cisjordanie Israël continue son plan d’annexion des territoires occupés, par le nettoyage ethnique.
Que fait la communauté internationale? Rien!
Pire, ils mêlent l’insulte à l’indifférence. Il y a quelques jours, Ursula Von der Layen, la Présidente de la Commission européenne, a osé annoncer que l’Europe allait donner 1,5 milliards pour « stabiliser » Gaza et la Cisjordanie ! Comme si la tragédie en cours en Palestine était due à une catastrophe naturelle. Comme si un petit milliard pouvait suffire à stopper la machine de mort israélienne et l’immensité de ses destructions.
Quant à Macron, il vient d’annoncer que, peut-être, dans un an, il pourrait reconnaître un Etat Palestinien. Quel cynisme…dans un an, que restera-t-il de la Palestine ?
Honte à ces gouvernements qui soutiennent, accompagnent et se rendent complices des crimes de l’Etat d’Israël ! Nous le savons, la seule chose qui pourrait arrêter Netanyahou ce sont des sanctions financières, culturelles et économiques. C’est un embargo sur les armes. Et c’est bien la seule chose que nos gouvernements occidentaux se refusent à faire.
Solidarité avec les voix qui s’élèvent pour dénoncer le génocide
Nous serons toujours du côté de la justice et de la liberté. C’est pourquoi nous saluons nos amis et camarades, le chercheur François Burgat, Anasse Kazib, porte parole de Révolution permanente et tous ceux et celles mis.es en examen ou déjà jugé.es pour apologie du terrorisme. Avec elles et eux, nous refusons de plier, de détourner le regard. Nous devons continuer de nous battre pour contre le génocide, pour la liberté des palestiniens et des palestiniennes.
Nous saluons la grève de jeudi dernier des salarié.es de l’entreprise STMicroelectronics, à Grenoble, qui refusent que leur travail serve à alimenter la machine génocidaire israélienne ! D’autres actions similaires doivent avoir lieu partout où cela est possible. Dans les ports français où transitent les cargos d’armements israéliens. Dans les magasins où se vendent les produits israéliens. Le Boycott, les Désinvestissements et les Sanctions sont les armes du peuple contre la boucherie en Palestine.
Un premier mai internationaliste et pour la Palestine!
Dans quelques jours, nous allons descendre dans la rue pour un premier mai offensif pour nos droits et nos conquis sociaux. Ce devra être aussi un premier mai internationaliste et les drapeaux palestiniens devront flotter bien haut ! En attendant une manifestation nationale pour la Palestine ! Face au néo-fascisme de Trump et de Poutine, face à la barbarie Israélienne, face à l’hypocrisie et à l’autoritarisme de Macron, le mot Palestine veut dire « Liberté » ! Crions-le partout !
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Gaza : « Un sentiment de mort imminente »...
«Ça suffit ! Stop !», crie Uthman en sortant un à un des corps d’enfants d’une ambulance. «Stop ! Nous n’en pouvons plus ! Soit vous nous bombardez tous une fois pour toutes, soit vous arrêtez le carnage. Ça suffit ! Vous en voulez encore ? 51 000 morts, ça ne vous suffit pas ? Combien vous en faut-il encore ?1»
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Trump : Je te taxe, moi non plus...
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Trump réinvente le capitalisme guerrier...
Estimant les États-Unis maltraités dans le commerce international, Trump, devant un parterre de syndicalistes de l’automobile réunis à la Maison Blanche, a annoncé des mesures qui ne seraient rien de moins qu’une « déclaration d’indépendance » économique…
Les droits de douane fonctionnent sur le même principe qu’une taxe mais transfrontalière, ils viennent augmenter le prix des produits importés. Ainsi, un droit de douane de 20 % conduit à ce qu’un bien importé valant 100 dollars voit son prix augmenter à 120 dollars une fois sur le territoire étatsunien.
Avec ces mesures, Trump vise quatre objectifs économiques : une réduction du déficit commercial (les États-Unis importent davantage qu’ils n’exportent) ; une réindustrialisation ; des créations d’emplois et des recettes fiscales permettant de compenser la diminution des recettes fédérales à venir du fait des baisses d’impôts promises. Ces objectifs seraient atteints par trois effets. Les entreprises étrangères vont s’implanter pour produire sur place afin de contourner les barrières douanières. La production intérieure va remplacer les importations. Et les droits de douane perçus sont des recettes fiscales directes. Mais Trump se garde bien de mettre en avant les conséquences à court terme : hausse des prix des biens pour les ménages, qui pourraient perdre 3 800 dollars de pouvoir d’achat, hausse des coûts de production pour les entreprises (inflation) et représailles des autres pays.
Une politique qui a déjà échoué et précipité le monde dans la guerre
Le même type de mesures furent déjà prises par Trump en 2018 et 2019, sans aucun effet sur le déficit commercial ni sur l’emploi, produisant des recettes douanières anecdotiques (entre 1 et 2 % du budget fédéral). Pas de quoi compenser les baisses d’impôts !
Surtout, c’est le type de mesures que l’ensemble des pays industrialisés appliquèrent dans les années 1930, alimentant une spirale dépressive (les importations des uns étant les débouchés des autres, toute mesure visant à restreindre les importations conduit à réduire la production mondiale…) et inflationniste. C’est d’ailleurs ce scénario de la stagnation économique et de l’inflation qui affole le FMI, la Banque mondiale et les places boursières de la planète.
Une accentuation du nationalisme autoritaire
La hausse des droits de douane est-elle provisoire, à des fins de négociation politique et commerciale (comme avec le Mexique ou le Venezuela), ou bien un choix économique de long terme ? Difficile de trancher à ce stade. En revanche, dans le cadre d’une accentuation de la concurrence inter-impérialiste pour récupérer les fruits d’une croissance mondiale atone et contrainte par la baisse des taux de profit, il semble clair que Trump a fait le choix de revenir à la guerre commerciale et au protectionnisme économique des années 1930. C’est un changement de paradigme qui enterre la manière dont les relations commerciales entre impérialismes étaient gérées jusque-là — c’est-à-dire par des négociations régulières visant l’abolition des droits de douane, de manière différenciée selon les secteurs et la richesse des pays. Et c’est un pas de plus dans le développement d’un nationalisme autoritaire qui voit dans la fermeture des frontières une réponse à la crise.
Un début de contestation
Trump pourrait bien sortir fragilisé de la séquence actuelle si ses annonces ne conduisent pas très vite à une amélioration de la position du capitalisme étatsunien dans les rapports internationaux (par des accès aux ressources ou des accords commerciaux avantageux). Les licenciements dans les services publics et la chute des cours boursiers affectent d’ores et déjà le pouvoir d’achat et l’épargne de millions d’ÉtatsunienEs, dont l’électorat de Trump. La perte de l’élection à la Cour suprême locale dans le Wisconsin début avril (où Musk s’était particulièrement investi), les critiques qui émanent du camp républicain lui-même et, surtout, les milliers de manifestantEs réuniEs dans les quelque 1 200 rassemblements du mouvement « Hands Off » (voir article page 4) montrent qu’un retournement est peut-être en train de s’opérer.
William Donaura, groupe de travail économie
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Plus que jamais il faut parler de Gaza !
Les images se suivent et se ressemblent. Des explosions, des cris, des pleurs et des tragédies. Des personnes affamées ayant dû survivre aux déplacements et aux bombardements. L’accès à l’eau potable redevient un problème car Israël a détruit la deuxième usine de désalinisation de Gaza. On a l’impression de revivre les horreurs d’il y a un an.
Les mêmes mensonges aussi. L’armée israélienne a assassiné une quinzaine d’ambulanciers et des premiers secours qu’on a retrouvés les mains attachées dans une fosse commune, ensevelis à l’aide d’un bulldozer. Les autorités militaires ont d’abord indiqué qu’ils avaient identifié 9 agents du Hamas parmi elles, puis que les véhicules se seraient déplacés de manière suspecte. Mais voilà, sur l’un des corps retrouvés se trouvait un téléphone portable dans lequel une vidéo de la victime montrait ses derniers moments. La vidéo est poignante… et glaçante. Elle montre les atrocités commises par l’État israélien et l’assassinat délibéré de personnels de santé, de la même manière que pour les journalistes. Des dizaines de médecins ont été arrêtés et enlevés, et on est toujours sans nouvelles du Dr Abu Safia.
Netanyahou en visite chez Orbán et Trump
Pendant ce temps, Netanyahou peut parader chez son ami néofasciste Orbán, dont le parti est pourtant antisémite. La Hongrie vient d’annoncer qu’elle entame une procédure pour quitter la Cour pénale internationale.
Netanyahou se rend ensuite aux États-Unis, où le premier week-end d’avril, des foules impressionnantes notamment à New York et dans la capitale ont défilé. La contestation du génocide, rejoignant les mobilisations contre la politique de Trump, y trouve un second souffle. Même au niveau politique général, les démocrates les plus mous dénoncent timidement l’implication des États-Unis : « Cette guerre a été menée presque entièrement avec des armes américaines et quelque 18 milliards de dollars du contribuable américain », a déclaré Bernie Sanders. « Israël a largué des bombes de 2 000 livres [907 kg]fournies par les États-Unis dans des quartiers bondés, tuant des centaines de civils pour éliminer une poignée de combattants du Hamas, et n’a guère fait d’efforts pour faire la distinction entre les civils et les combattants. Ces actions sont immorales et illégales. Les dernières ventes de Trump prévoient près de 8,8 milliards de dollars supplémentaires en bombes et autres munitions américaines, dont plus de 35 000 bombes de 1 tonne ». Cette déclaration — tardive, mais bienvenue — a précédé une proposition de loi déposée au Sénat pour stopper les ventes d’armes à Israël. Elle n’a recueilli que 15 voix contre 82… : « Les États-Unis ne doivent pas continuer à fournir une aide militaire et d’armement illimitée au gouvernement Netanyahou ». Après 18 mois, c’est le minimum vital.
Purification ethnique
Car, comme depuis 18 mois, l’armée israélienne déplace les populations. Elle vient d’annoncer la création d’un nouveau corridor — une zone sans construction et qui sert de tampon en empêchant tout déplacement — entre Khan Younès et Rafah au sud. Comme un sarcasme sordide, ce corridor porte le nom de l’ancienne colonie (Morag) qui se trouvait à Gaza avant son démantèlement en 2005. Le cessez-le-feu n’est qu’un souvenir lointain. Israël n’ayant jamais réellement voulu arrêter le génocide ni délivrer les « otages ». Il ne reste que la colonisation, la purification ethnique au profit d’un projet colonial. Les réactions de la « gauche américaine » et surtout de la rue aux États-Unis sont peut-être le début d’un mouvement de blocage — dans des conditions plus difficiles pourtant — pour l’arrêt du soutien militaire américain à l’entreprise génocidaire. C’est une des conditions majeures de sa fin.
Édouard Soulier